Les hommes modifier

Chronologie des principaux acteurs de la construction de la tour Eiffel
 


Le contexte modifier

 
Plan technique préparatoire de la partie supérieure de la tour Eiffel.
   Phases de conception, d'édification et d'exploitation de la tour Eiffel, utile pour effectuer une comparaison avec la vie des acteurs de l'édifice.

Pour concevoir la tour Eiffel, 40 dessinateurs et calculateurs ont travaillé pendant deux ans sur les dessins industriels. Le monument, qui est un assemblage de 18 000 pièces, a demandé 700 dessins d'ensemble réalisés par le bureau d'études et 3 600 dessins réalisés par l'atelier.

Pour édifier la tour, 150 ouvriers sont affectés aux ateliers de Levallois-Perret où deux tiers des 2 500 000 rivets que possède la tour sont directement posés. Sur le site de construction, qui durera de 1887 à 1889, 250 ouvriers sont présents et élèveront la tour de 300 mètres en précisément 2 ans, 2 mois et 5 jours.

L'exploitation de la tour sera donnée en 1889 à Gustave Eiffel pour une durée de 20 ans qui sera renouvelée pour 70 ans supplémentaires en 1910. En 1980, le nouveau concessionnaire devient la Société Nouvelle d'Exploitation de la Tour Eiffel (SNTE) et en 2006, la gestion de l'édifice est confiée pour 10 ans à la Société d'Exploitation de la Tour Eiffel (SETE)

Les concepteurs modifier

   Stephen Sauvestre (1847-1919) [1], l'architecte qui permit de rendre le projet crédible.
 

Diplômé de l'École spéciale d'architecture en 1868, il est inspecteur pour la reconstruction du théâtre de Brest, l'année suivante. Pour l'Exposition universelle de 1878, il s'occupe du pavillon du Gaz et en 1889 il l'architecte en chef des projets des entreprises Eiffel. A ce titre, Émile Nouguier et Maurice Koechlin qui ont réalisé les premiers plans de la tour, lui demandent de rejoindre le projet avec l'accord de Gustave Eiffel. Il y ajoutera un vernis décoratif qui permettra de manière décisive à faire passer dans l'opinion le projet qui était initialement plus « brutal ». De simple pylône de grande taille et défi technique, le projet s'orne d'un aspect esthétique non négligeable auprès du grand public, ce qui permettra à Gustave Eiffel d'en faire une promotion plus efficace.

Pour l'Exposition universelle de 1889, il sera également l'architecte de différentes sections des Colonies françaises, de la galerie des Machines et du pavillon du Nicaragua.

   Émile Nouguier (1840-1898) [2], un des deux ingénieurs à l'origine du projet.
 
Le viaduc de Garabit.

Suite à son diplôme de l'École des Mines obtenu en 1862, il rentre à la maison Ernest Gouin où il fut, de 1867 à 1876, d'abord chef de bureau des études, puis ingénieur des chantiers. A ce titre, il participera à la construction du palais de l'Exposition de 1867 et à plusieurs ponts (rue Brémontier, sur le Volga à Rybinsk, pont de l'île Marguerite sur le Danube à Pest).

En 1876, il rentre dans l'entreprise Eiffel, comme ingénieur chargé de la direction des études techniques et des montages. En tant que tel, il participera notamment au grand vestibule de l'Exposition universelle de 1878, au pont-route de Cubzac sur la Dordogne ou encore à des viaducs (Tardes et Garabit).

Avec Maurice Koechlin, il dresse l'avant-projet d'une tour de 300 mètres, présenté en juin 1884 à Gustave Eiffel qui ne se dit pas intéressé par sa concrétisation, jusqu'à ce que Stephen Sauvestre en redessine les plans.

Il a ensuite suivi l'exécution de la tour et en a étudié et dirigé les fondations, la maçonnerie et le montage de la structure métallique. A la suite de ce travail, Nouguier fut nommé chevalier de la Légion d'honneur.

Gustave Eiffel avait dans un premier temps déposé un brevet, en son nom et ceux de Koechlin et Nouguier, « pour une disposition nouvelle permettant de construire des piles et des pylônes métalliques d'une hauteur pouvant dépasser 300 mètres ». Après quoi, il rachète leurs parts afin de posséder la propriété exclusive du brevet mentionné. En contrepartie, Eiffel s'engage, si la tour est réalisée, à verser à chacun d'eux une prime de 1% des sommes qui « lui seront payées pour les diverses parties de la construction », ce qui au final, rapportera 50 000 francs or à Koechlin et Nouguier.

   Maurice Koechlin (1856-1946) [3], un des deux ingénieurs à l'origine du projet.
 
1er croquis de ce qui deviendra la tour Eiffel.

Diplômé du « Polytechnikum » de Zurich, il rejoint les entreprises Eiffel le 1er novembre 1879 pour y exercer la fonction de chef du bureau des études. C'est à ce titre qu'il fut impliqué dans la construction du viaduc ferroviaire de Garabit et qu'il prit part au projet et aux calculs de l'ossature intérieure de la statue monumentale « La liberté éclairant le monde » du sculpteur Bartholdi, destinée à être érigée à l'entrée du port de New York.

En 1884, en compagnie d'Émile Nouguier, est lancée l'idée de construire au centre la future Exposition universelle de 1889 se tenant à Paris, une tour métallique très haute, destinée, comme le dit Koechlin lui-même, à "donner de l'attrait à l'Exposition".

Le 6 juin 1884, il dessine le tout premier croquis de ce que sera la tour Eiffel. Les plans seront revus par Stephen Sauvestre avec que Gustave Eiffel ne se dise intéressé par le projet et en fasse sa promotion.

Une fois la tour achevée, il reçut la Légion d'honneur et 50 000 francs or, en vertu des dispositions du rachat du brevet par Gustave Eiffel.

Quand on lui demandait s'il n'était pas déçu que la gloire de la tour, qui aurait pu s'appeler « tour Koechlin », revienne intégralement à Gustave Eiffel, celui-ci disait rétrospectivement de son ancien patron qu'« il fit tout le nécessaire, avec la persévérance qui le caractérisait, pour faire adopter le projet et le réaliser ».

Les « promoteurs » modifier

   Gustave Eiffel (1832-1923) [4], le père adoptif.
 

Né en 1838, il fait des études de chimie à l'École Centrale des Arts et Manufactures et sort 13e de sa promotion en 1855. Il intègre les établissements parisiens Nepveu & Cie., spécialisés dans les constructions métalliques. Eiffel y apprend les rudiments de cet art et en 1858, il se voit confier la direction des travaux du pont de Bordeaux.

En 1866, il créé sa propre compagnie et fait l’acquisition d’ateliers de constructions métalliques à Levallois-Perret.

Pendant dix ans, sa société conçoit et construit des ponts en France, en Espagne, en Autriche, en Roumanie, en Égypte, au Pérou et en Bolivie. La période 1876-1879 verra la construction du pont Maria-Pia sur le Douro près de Porto et de ponts à treillis transportables pour les colonies françaises. En 1880, sera construit le pont sur la Tisza près de Szeged (Hongrie), en 1881, l'armature en fer de la Statue de la Liberté, dessinée par Frédéric Auguste Bartholdi et inaugurée à New York en 1886, et en 1884, est achevé le viaduc de Garabit dont le chantier avait commencé en 1880.

En 1884, les établissements Eiffel ont réalisé de nombreuses structures (ponts, viaducs, mais aussi gares, hangars ou encore des charpentes métalliques comme pour l'observatoire astronomique du Mont gros à Nice) et ils se classent au 5e ou 6e rang des sociétés françaises du secteur. La réputation de l'ingénieur est internationale.

Bien que la tour Eiffel porte son nom, ce n'est pas lui qui fut à l'origine du projet, projet auquel, du reste, il ne s'intéressait pas au début. L'idée vient des ingénieurs Émile Nouguier et Maurice Koechlin, qui lui présentèrent un projet purement technique ne retenant pas son attention, mais qui, une fois amélioré au niveau esthétique par Stephen Sauvestre, le convainc.

On a beaucoup dit qu'il a dépossédé ses trois employés en s'appropriant la gloire qui leur revenait. C'est en partie faux et injuste puisque, dans un premier temps, Gustave Eiffel avait déposé en 1884 un brevet, en son nom et ceux de Koechlin et Nouguier, « pour une disposition nouvelle permettant de construire des piles et des pylônes métalliques d'une hauteur pouvant dépasser 300 mètres ». Mais il est tout aussi vrai que peu de temps après, il rachetait leurs parts afin de posséder la propriété exclusive du dit brevet. La récompense des trois véritables géniteurs du projet fut une Légion d'honneur et 50 000 francs or. Ce qui est très raisonnable pour l'époque, mais peu en comparaison des sommes gagnées par Eiffel en exploitant commercialement le tour qui porte son nom.

Quand la tour Eiffel fut construite, Eiffel avait donc 52 ans, mais c'est avec un enthousiasme de jeune homme qu'il la défendit. C'est grâce à lui qu'elle a pu exister, par sa promotion active du projet, de 1884 à 1886, auprès des autres scientifiques, auprès de ses relais dans le monde politique, dont fait partie Édouard Lockroy et auprès du grand public. C'est aussi grâce à lui que la tour échappa en 1909 à la démolition promise. Après s'être retiré définitivement des affaires en 1893, il consacra les trente dernières années de sa vie à la défense de « sa » tour, en autorisant de nombreuses expérimentations scientifiques sur les lieux, parfois en payant de sa poche, démontrant ainsi tout l'intérêt scientifique qu'elle avait.

   Édouard Locroy (1838-1913)[5], le parrain bienveillant.
 

Né en 1838, journaliste, radical de gauche, il se fait élire en 1876 à l'Assemblée Nationale en tant que député des Bouches-du-Rhône. Auteur dramatique renommé pendant sa jeunesse, il entre malgré lui dans les annales de la littérature en épousant Alice, veuve de Charles Hugo, le second fils, mort prématurément, de Victor Hugo. Sans connaître le succès de l'écrivain, il partage avec lui un certain sens du panache et de la formule. Quand des artistes célèbres s'élèveront en 1887 contre l'édification de la tour Eiffel, il y répondra dans une lettre non dénuée d'humour, d'ironie et démontrant un sens certain de la répartie.

Participant à quatre gouvernements de 1886 à 1898, il occupe la fonction de ministre de l'Industrie et du Commerce en 1886-1887, où il se montrera un ardent défenseur du projet de tour de Gustave Eiffel. Le 1er mai 1886, c'est lui qui signe un arrêté qui déclare ouvert « un concours en vue de L’Exposition universelle de 1889 ». L’article 9, qu’on dirait soufflé par Gustave Eiffel lui-même, dispose que « les concurrents devront étudier la possibilité d’élever sur le Champ-de-Mars une tour en fer à base carrée, de 125 mètres de côté à la base et de 300 mètres de hauteur. Ils feront figurer cette tour sur le plan du Champ-de-Mars [...] ». Le 8 janvier 1887, c'est encore lui qui signe une convention avec Eugène Poubelle, préfet de la Seine et Gustave Eiffel, afin d'autoriser celui-ci à construire sa tour sur le Champ-de-Mars. Enfin, en tant que commissaire général de l'Exposition universelle de 1889, il a évidement son mot à dire sur les installations qu'elle doit comporter et ne s'en prive pas. Il est indéniable que ce fidèle soutien au plus haut niveau de l'État a aidé Gustave Eiffel a promouvoir son projet et à le réaliser.

Les bâtisseurs modifier

   Les ouvriers (Janvier 1887- Mars 1889) [6], bien payés pour un travail à gros risque.

La tour Eiffel fut montée très rapidement, précisément en 26 mois, dont 4 pour les fondations, par une équipe de 250 ouvriers travaillant sur le site de construction du Champ-de-Mars.

À titre de comparaison, il a fallu 23 semaines seulement pour construire l'Empire State Building, plus haut gratte-ciel du monde pendant quarante ans (1931-1972 avec ses 381 mètres (contre 300 mètres à l'origine pour la tour Eiffel) et une structure constituée de 60 000 tonnes d'acier (contre 10 100 tonnes pour la tour Eiffel), pour un coût, terrain compris, de 40 948 900 $US (contre 7 800 000 francs or pour la tour Eiffel). Mais il est vrai que son édification mobilisa 3 400 ouvriers travaillant directement sur les lieux, au moment fort de sa construction [7].

 
Ouvrier boulonnant une poutre pendant la construction de l'Empire State Building (Lewis Hine, 1930).

Le nombre de 250 ouvriers peut paraître faible, mais il faut savoir que deux tiers des 2 500 000 rivets que possède la tour ont été directement posés par 150 ouvriers travaillant aux ateliers des entreprises Eiffel à Levallois-Perret.

Lors du chantier, on ne déplora qu'un seul accident mortel, chiffre faible par rapport aux risques encourus. On peut le comparer avec les 366 morts dénombrées sur les lieux de la tour Eiffel depuis le début.

Les équipes techniques se composent de différents métiers, dont les riveteurs forment une part importante. Il y a six équipes de riveteurs par palier, puis deux au-delà du deuxième étage. Chaque équipe de riveteurs comprend quatre hommes :

  • le « mousse » qui chauffe le rivet au rouge dans une forge ;
  • le « teneur de tas » qui enfonce le rivet dans le trou en le maintenant par la tête déjà formée ;
  • le « riveur » qui forme l'autre extrémité en frappant sur la tête opposée ;
  • le « frappeur » qui achève l'écrasement de la tête à coup de masse.

Les ouvriers prennent des risques et travaillent beaucoup (9 heures de travail en hiver et 12 l’été), mais ils sont dans l'ensemble mieux payés que leurs confrères qui travaillent sur d'autres chantiers en France. Les mieux lotis sont les charpentiers. Toutefois, cela n'empêchera pas le lancement de deux grèves. La première, en septembre 1888, débouchera sur des augmentations de salaire, tandis que Gustave Eiffel tiendra tête à la seconde, trois mois plus tard.

Le concurrent modifier

   Jules Bourdais (1835-1915) [6], un adversaire de taille.
 
Vue du palais du Trocadéro pendant l'Exposition universelle de 1900.

Ingénieur né en 1835, il est diplômé de l'École Centrale des Arts et Manufactures de Paris en 1857. En 1876-1878, il construit, avec l'architecte Gabriel Davioud, le palais du Trocadéro à l'occasion de l'exposition universelle de 1878. Détruit puis remplacé par le palais de Chaillot en 1937, il s'agit de sa principale réalisation.

Sur idée de l'ingénieur Sébillot, il imaginera un projet concurrent à celui de Gustave Eiffel: une tour de 300 mètres en granit de cinq étages entourés de galeries, à la manière de la tour de Pise, le tout étant couronné par une lanterne métallique. Ce projet qui prend peu en compte le problème de la résistance des matériaux ne verra jamais le jour.

Mais lors du concours de mai 1886 pour la construction d'une tour de 300 mètres à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889, il dépose un nouveau projet, en fer cette fois ci. Fort de sa réputation acquise pendant l'édification du palais du Trocadéro, il fera comme Gustave Eiffel, la promotion de son projet auprès des journalistes, des scientifiques, des gouvernants et du grand public.

107 dossiers furent déposés au concours de 1886, Jules bourdais n'est donc pas le seul concurrent d'Eiffel, on compte aussi par exemple Neve et Hennebique, J.-B. Laffiteau ou encore Cassien-Bernard et Nachon, mais il reste le plus connu et peut-être un des plus redoutables de ses adversaires.

Témoignages d'époque modifier

Le tableau ci-dessous retranscrit fidèlement des biographies de 1889 sur les principaux acteurs de la conception et promotion de la tour Eiffel. Bien qu'élogieux, ces textes permettent d'inscrire ces hommes dans le contexte de leur temps et d'éclairer sur la manière dont leur travail a pu être perçu à l'époque[8].

 
Biographies d'époque de Gustave Eiffel, Maurice Koechlin, Stephen Sauvestre, Émile Nouguier et Édouard Lockroy, issues de :
L'Exposition de 1889 et la tour Eiffel, d'après les documents officiels. Gombault et Singier.
Exposition internationale (1889 ; Paris). Éditeur scientifique.208 p. : ill. ; in-18.
 
M. EIFFEL
Ingénieur-Constructeur de la Tour de 300 mètres.
       M. EIFFEL (ALEXANDRE-GUSTAVE) est né à Dijon en 1832. Sorti de l’École Centrale des Arts et Manufactures à l’âge de vingt et un ans, le jeune ingénieur trouva bientôt l’occasion de se distinguer.
       En 1858, il fut attaché à l’exécution du grand pont métallique de Bordeaux, où il fit avec succès l’application toute récente de l’air comprimé à la fondation des piles. Depuis lors, et notamment aux Expositions précédentes, il dirigea une masse de travaux, dont la parfaite réussite lui fait grand honneur.
       Il s’occupa surtout de la construction des ponts en arcs, et le fameux viaduc de Garabit, dans le Cantal, le mit hors de pair. C’est à 122 mètres de hauteur sur 165 mètres que passe la voie aérienne. La colonne Vendôme sur les tours Notre-Dame attendraient juste la hauteur de la clef de voûte de ce colossal arc-en-ciel de fer.
       Il serait trop long d’énumérer tous les travaux gigantesques qui ont classé M. Eiffel parmi nos constructeurs les plus distingués et les plus illustres ; mais ces travaux n’avaient pas fait franchir à sa renommée le cercle du monde savant, qui sait comprendre et apprécier des œuvres en se basant sur des données purement techniques.
       La foule passe et admire ces travaux d’art de la Science moderne, mais ne connaît pas toujours le nom du constructeur et ne songe même pas à le rechercher.
       Il fallait à M. Eiffel, pour acquérir le renom populaire dont il jouit aujourd’hui, que la Tour du Champ-de-Mars vînt frapper l’attention publique ; il fallait que l’éminent ingénieur étonnât les esprits par cette prodigieuse audace de planter sur le sol de Paris un monument dépassant de 140 mètres, presque du double, le plus haut monument connu, l’Obélisque de Washington, construit par les Américains en l’honneur de Washington, pour marquer le premier centenaire de l’Indépendance des États-Unis.
MAURICE KŒCHLIN
Né à Buhl (Alsace) en 1856.
       M. Kœchlin sorti premier de l’ École Polytechnique de Zurich en 1877, est depuis 10 ans un des collaborateurs de M. Eiffel ; il a dirigé les études et établi les calculs de toutes les grandes constructions exécutées par la maison Eiffel.
M. STEPHEN SAUVESTRE
Architecte de la Tour de 300 mètres.
       Né à Bonnétable (Sarthe) en 1847, ancien élève de l’École spéciale d’architecture, obtint une médaille d’or au Salon de 1869 pour un grand relevé fait avec son confrère M. Gautier, sur la merveille du Mont Saint-Michel.
       Cet architecte de beaucoup de talent fut longtemps attaché à la maison Eiffel où il étudia notamment la gare de Buda-Pest et fit en 1878 le pavillon d’exposition de la Compagnie du Gaz.
       On lui doit également de nombreux hôtels et villas fort remarqués à Paris.
       En mai 1884, il devint le collaborateur et l’un des auteurs de la Tour Eiffel et en mai 1886, il obtint avec M. Eiffel une des trois premières primes pour son grand concours de l’Exposition de 1889.
       Il fut alors chargé par le Ministère de la Marine et des Colonies, comme architecte en chef, des travaux de la section des Colonies françaises à l’Esplanade des Invalides.
ÉMILE NOUGUIER
Né à Paris le 17 février 1840,
Ingénieur civil, sorti de l’École nationale supérieure des Mines en 1866.
       Pendant 10 ans, Ingénieur du service des ponts à la maison Ern. Gouin (Société de Construction des Batignolles) ; depuis 1876, Ingénieur à la maison G. Eiffel où, chargé de la direction des études techniques et de la direction des chantiers il a pris la part la plus importante à tous les magnifiques travaux accomplis depuis 12 ans par cette dernière maison, notamment au pont du Douro et au viaduc du Garabit.
M. ÉDOUARD LOCKROY
Député de la seine. – Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts.
Ancien Commissaire général de l’Exposition de 1889.
       M. Lockroy est né à Paris le 17 juillet 1840.
       Ayant fréquenté les célébrités de tout genre qui se réunissaient journellement dans le salon paternel, le jeune Lockroy, doué d’une intelligence précoce et d’une grande vivacité, s’initia de bonne heure aux sentiments élevés qui ressortaient des différentes conversations qu’il entendait.
       Il fit en Orient de longs voyages dont il publia des impressions et des souvenirs très intéressants dans diverses Revues.
       A son retour il collabora à plusieurs journaux et pendant toute la durée du siège fit vaillamment son devoir de soldat et de citoyen.
       Par son brillant mariage Édouard Lockroy fut appelé à vivre dans l’intimité de Victor Hugo. Il venait de conduire le grand poète au Panthéon, quand eurent lieu les élections du 18 octobre 1885 : le peuple voulut récompenser le député qui lui était si constamment dévoué et par quatre cent mille suffrages le nomma premier député de France. Cette magnifique élection lui valut de nouveau l’offre d’un portefeuille et il n’hésita pas à choisir le portefeuille du Ministère du Commerce et de l’Industrie, comme étant celui où il pourrait faire passer ses idées de la théorie à la pratique.
       Dès son entrée au ministère, M. Lockroy déploya une activité prodigieuse. « C’est un homme terrible, disent quelquefois ses collaborateurs ; il passe à travailler le temps que le autres mettent à manger et à dormir. »
       Aussi fallait-il une intelligence si fortement trempée pour mettre sur pied cette énorme affaire de l’Exposition universelle Internationale de 1889, devant laquelle plusieurs ministres étaient demeurés sans pouvoir prendre de résolutions. Le Conseil Municipal s’étant prononcé, M. Lockroy a obtenu le vote des Chambres : il a formé la Société de garantie, nommé les Directeurs généraux, élaboré le règlement général, formé les Commissions, et prenant lui-même le titre et les fonctions de Commissaire général, il a tenu à assumer la responsabilité pleine et entière de l’Exposition, à en tenir tous les fils dans sa main, et à se charger de la conduire à ses destinées.
       Il ne se sera certes pas trompé dans ses espérances : car cette colossale Exposition tiendra toutes ses promesses, et ce sera un grand titre de gloire pour M. Lockroy d’en avoir été le promoteur.


  1. Source : (fr) Sa fiche sur structurae (http://fr.structurae.de/persons/data/index.cfm?ID=d000646).
  2. Source : (fr) Sa fiche sur structurae (http://fr.structurae.de/persons/data/index.cfm?ID=d000645).
  3. Source : (fr) Sa fiche sur structurae (http://fr.structurae.de/persons/data/index.cfm?ID=d000286).
  4. Sources : (fr) Sa fiche sur structurae (http://fr.structurae.de/persons/data/index.cfm?ID=d000009) et La Tour Eiffel. Publiée par SEP-Trésors IDF (Le Parisien et les Éditions Fabbri). Septembre 2005.
  5. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées le parisien
  6. a et b Source : La Tour de Monsieur Eiffel. Bertrand Lemoine. Paris : Gallimard, 1989. - 143 p. : ill.(Découvertes Architecture). (ISBN 2-07-053083-3) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « lemoine » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  7. Source : (fr) http://www.infrastructures.com/0999/empire.htm.
  8. Source : (fr) L'Exposition de 1889 et la tour Eiffel, d'après les documents officiels. Gombault et Singier. Exposition internationale (1889 ; Paris). Éditeur scientifique.208 p. : ill. ; in-18. Disponible gratuitement à la BNF, sur Gallica : [PDF] http://gallica.bnf.fr/document?O=N061693. Biographies de Gustave Eiffel (pages 11 à 14), Maurice Koechlin (pages 17 et 18), Stephen Sauvestre (pages 19 et 20), Émile Nouguier (pages 15 et 16) et Édouard Lockroy (pages 67 à 70) et liste des plus hauts bâtiments en 1889 (page 53).