Utilisateur:Fabius Lector/Brouillon2

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Épistémologie modifier

Plan / ébauche pour épistémologie modifier

RI modifier

L'épistémologie est l'étude de la « science » entendue soit comme la connaissance seulement scientifique, soit comme la connaissance en général. Le sens restreint aux sciences est particulièrement adopté en France[2] tandis que le sens large s'est imposé au niveau international par la littérature de langue anglaise autour des questionnements du courant de la philosophie analytique. La première approche part de l'étude des sciences pour s'élargir à des questions de connaissance en général, tandis que la seconde part des théories de la connaissance en général pour ne se consacrer que secondairement au domaine scientifique.

Terminologie et définitions modifier

Ambiguïté de l'« episteme » modifier
  • Origine : James Frederick Ferrier créée epistemology pour une theory of knowing autour de thèses se réclamant de l'idéalisme allemand mais le terme sera finalement utilisé par des courants qui, justement, s'y opposent comme Russell.[3]
  • Bertrand Russell (1901) l'utilise au sens de théorie de la connaissance en général[4].
  • Louis Couturat (1901) traduit Russell en faisant l'équivalence avec les sciences au sens restreint[8].
    • Cet usage est rapidement adopté en France[3]. Meyerson dans Lalande : « Le mot anglais epistemology est très fréquemment employé (contrairement à l'étymologie) pour désigner ce que nous appelons "Théorie de la connaissance" ou "gnoséologie". [...] En français, il ne devrait se dire correctement que de la philosophie des sciences [...] et de l'histoire philosophique des sciences. »
    • XXe siècle, une épistémologie française se développe comme discipline d'étude des sciences, notamment avec l'épistémologie historique
    • le mot reste cependant en usage pour renvoyer aussi aux théories de la connaissance de divers auteurs.
    • XXIe siècle, des usages anglo-saxons reviennent en français au sens de théorie de la connaissance comme avec l'épistémologie sociale :

      « La théorie de la connaissance – l’Erkenntnistheorie des Allemands, l’epistemology au sens anglo-saxon – a pour objet le problème de la possibilité de toute connaissance en général (scientifique ou non) et les problèmes connexes comme celui de l’objectivité et de la vérité. L’épistémologie désigne normalement en français une discipline qui couvre la seule théorie de la connaissance scientifique et qui se pose plus précisément la question de la validité des théories scientifiques [...]. L’épistémologie s’identifie à la limite à la philosophie des sciences (ce que les Anglo-Saxons appellent « philosophy of science ») ou, à tout le moins, en constitue une branche essentielle si l’on décide de distinguer de l’épistémologie stricto sensu, d’une part l’ontologie des sciences, i.e une réflexion sur les présupposés ontologiques de celles-ci, d’autre part la méthodologie. [...] L’épistémologie proprement sociale hérite des questions posées par ce renouveau « naturaliste » de la théorie de la connaissance. »- Alban Bouvier et Bernard Conein, « Présentation », dans L'épistémologie sociale. Une théorie sociale de la connaissance, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, coll. « Raisons Pratiques », (lire en ligne)

Définitions diverses modifier
  • 1901, Couturat : « Épistémologie (en anglais epistemology) [...] signifie étymologiquement théorie des sciences [...] correspond au mot allemand Erkenntnistheorie [...] (théorie de la connaissance et à l'expression française Philosophie des sciences. [...] L'Épistémologie est la théorie de la connaissance appuyée sur l'étude critique des sciences, ou d'un mot, la Critique telle que Kant l'a définie et fondée »[9]
  • 1926, Lalande : « Wissenschaftlehre, Epistemology, Epistemologia . [...] la philosophie des sciences mais avec un sens plus précis [...] l'étude critique des principes, des hypothèses et des résultats de diverses sciences, destinée à déterminer leur origine logique (non psychologique), leur valeur et leur portée objective »[10]
  • 1967, Piaget : « l’étude de la constitution des connaissances valables » [11]

Approches internaliste et externaliste modifier

Que ce soit pour la connaissance en général ou le domaine scientifique seulement, l'internalisme et l'externalisme désignent l'étude du domaine soit par le biais de son fonctionnement propre soit par celui de son intégration dans un environnement le conditionnant.

Pour les sciences, l'internalisme étudiera la production scientifique elle-même (hypothèses, théories, expériences etc.), tandis que l'externalisme étudiera les sciences en tant que prises dans un contexte plus large (économie, société, idéologie etc.). L'internalisme est l'attitude privilégiée par l'épistémologue, tandis que l'externalisme concerne aussi la philosophie en général, l'histoire (épistémologie historique), la sociologie, la politique ou l'éthique (bioéthique).

Pour la connaissance en général, l'internalisme étudiera les normes du vrai, de la justification, les mécanismes cognitifs etc., tandis que l'externalisme mettra en avant les conditionnements externes (épistémologie féministe, épistémologie sociale).

Thèmes privilégiés modifier

  • L'épistémologie centrée sur les sciences : elle s'organise autour d'une philosophie des sciences en général et des thèmes portés par les sous-domaines. Du point de vue internaliste, on peut ainsi avoir le thème de la différence entre vérité et démontrabilité porté par une épistémologie des mathématiques et de la logique, celui du réalisme scientifique induit par la quantique dans une épistémologie de la physique, la question du normal et du pathologique pour une épistémologie de la médecine etc. Du côté externaliste, les thèmes concerneront la construction historique de la pensée scientifique (Foucault), ceux de la place des sciences et techniques dans la société (sociologie des sciences, épistémologie complexe).
  • L'épistémologie concernant la connaissance en général : elle rejoint d'abord tout l'historique des théories de la connaissance depuis l'Antiquité. C'est en ce sens qu'on parlera par exemple d' « épistémologie kantienne » pour la conception de Kant du fonctionnement de la connaissance voire d'une « métaphysique ramenée à une épistémologie » par la réorientation même de la philosophie vers des questions de connaissance[12]. Scepticisme, rationalisme, empirisme, criticisme, positivisme, phénoménologie etc. seront les divers courant concernés en ce qu'ils déterminent des approches de la connaissance elle-même. Dans le monde anglophone, les thèmes actuels de l' epistemology sont dominés par l'historique issus du tournant linguistique centré d'abord sur la question de la connaissance comme croyance vraie justifiée puis de sa mise en question depuis les années 60 et le développement d'approches internalistes rejoignant les sciences cognitives (épistémologie naturalisée, épistémologie génétique) et externalistes interrogeant les conditions de construction de connaissance (épistémologie sociale, épistémologie féministe, connaissance située).

Discussions : De quoi doit parler l'article ? modifier

Wikipédia:Principe_de_moindre_surprise

  • Argument par Racconish :

Discussion_Projet:Philosophie#Break_arbitraire

    • « Il existe en effet une tradition philosophique en France, représentée notamment par Bachelard, Canguilhem et Granger, selon laquelle l'épistémologie porte exclusivement sur la science. [...] Cette notion de « sens français » est toutefois problématique du point de vue du projet encyclopédique de Wikipédia, qui ne se limite pas aux théories de France (prenant en considération notamment d'autres points de vue francophones et notamment celui du Canada, très ouvert à la philosophie analytique anglo-saxonne), respecte le principe de neutralité et se veut ouverte aux approches contemporaines. Il y a donc lieu de se demander si cette compréhension « classique » du sens dit français justifie que l'on considère que l'épistémologie, telle qu'elle doit être traitée dans Wikipédia en français, ne concerne que la théorie de la science et non la théorie de la connaissance. [...] Pour ce qui nous concerne, les liens interwikis, il me semble que la conséquence à tirer est de rapprocher épistémologie de en:epistemology et de de:Épistémologie (plutôt que de:Erkenntnistheorie), à l'instar de Wal Suchting[sujet_article 1] »
  • Il y a une petite nuance : un article de « désambiguïsation » est, à proprement parler, une page d'homonymie, à laquelle je suis opposé car il il est plutôt question de polysémie. Il s'agirait plutôt, selon moi, d'une page d'épistémologie de l'épistémologie, de présentation de ce que j'ai appelé les aventures du concept en français, qui expose comment le concept a été développé en français dans diverses directions, dans quelles conditions historiques et par le truchement de quelles constructions intellectuelles (cf. (en) Hans-Jörg Rheinberger, On Historicizing Epistemology : An Essay, Stanford, Stanford University Press, , p. 2-3) mais sans prendre parti sur ce que serait un emploi correct de ce concept (comme je l'ai dit, poser épistémologie en français = épistémologie française manque de neutralité). Je précise encore que mes contributions sur ce point ici s'inscrivent dans le cadre de la question initiale posée par Nadjiwill et qu'il me semble que les liens interlangues que j'ai proposés (épistémologieen:epistemology et épistémologie françaisede:Épistémologie) sont de nature à répondre correctement à cette question.
  • Je répète donc la proposition que tu as acceptée : coexistence d'un article général sur l'épistémologie, sur les aventures du concept en français, lié à en:epistemology, qui permettrait donc au lecteur d'appréhender les nuances entre les ententes du concept en français et celles en anglais, et d'un article détaillé sur l'épistémologie française (et non épistémologie (France), lié à de:Épistémologie. Bruinek, Nadjiwill, Dominic Mayers, Fabius Lector, cela vous convient-il ?
  • D Cat Laz Le terme "désambiguïsation" était peut être trop flou mais je pense donc que nous convergeons vers une solution commune. Ce que vous décrivez "une page [..] de présentation de ce que j'ai appelé les aventures du concept en français, qui expose comment le concept a été développé en français dans diverses directions, dans quelles conditions historiques et par le truchement de quelles constructions intellectuelles" me convient parfaitement et je pense que s'est raccord avec la proposition de Fabius Lector à laquelle Dominic Mayers]] souscris également.
Je suis également d'accord avec le lien en anglais je suis moins opposé avec le lien en anglais si on transforme l'article actuelle en une vrai page de polysémie/"désambiguïsation"/explication du l'histoire du concept mais qu'on ne dévellope pas un des sens particulier (on les développe les sens particulier dans des articles particulier).
  • Nadjiwill : Je pense qu'il faut relier Epistemology à Épistémologie et évoquer la spécificité de l'usage qu'on en a fait traditionnellement en France (plus étroitement lié à la connaissance scientifique). En France, on distingue classiquement l'épistémologie et la gnoséologie, qui concerne toute forme de connaissance
  • Argument par moi-même : le sens premier doit être celui des dictionnaires et ouvrages grand public correspondant à l'utilisateur lambda de Wikipedia. Si il y a des différences de sens communs entre pays francophones alors on a un problème d'homonymie et il ne s'agit pas de trancher ici mais de rediriger vers les articles correspondant aux sens voulus, et ceci sans lier plus particulièrement l'article "épistémologie" à un des sens.
    • Sens commun dans la biblio française
      • Définition du Larousse : Discipline qui prend la connaissance scientifique pour objet.

      • Encyclopedia Universalis, , article par G.-G. Granger : « [...] l'épistémologie est, étymologiquement, la théorie de la science. Bien que la forme anglaise du vocable ait existé avant que le français ne l'assimile, c'est pourtant avec le sens différent et plus large de « théorie de la connaissance » qu'il est généralement utilisé par les Anglo-Saxons. »
      • Que sais-je ? L'épistémologie : « L’épistémologie est l’étude de la science, ou plutôt des sciences. »
    • Sens dans la biblio académique

« Le terme épistémologie est en anglais et en allemand synonyme de théorie de la connaissance […] Mais sous l'influence de Bachelard, notamment, il est devenu synonyme de " Philosophie et histoire des sciences "  »

La communauté philosophique qui publie à l'international, qui écrit en anglais est gênée par cette spécificité française mais en attendant que soient réécris les dictionnaires, "épistémologie" en français parle spécifiquement de connaissance scientifique et pas de connaissance en général contrairement à en:epistemology.

    • Comparaison avec les pages étrangères
      • [[:en:Epistemology] : « It is important to note that the French term épistémologie is used with a different and far narrower meaning than the English term "epistemology", being used by French philosophers to refer solely to philosophy of science. For instance, Émile Meyerson opened his Identity and Reality, written in 1908, with the remark that the word 'is becoming current' as equivalent to 'the philosophy of the sciences.'[sujet_article 2],[sujet_article 1] »
      • c'est en comparant avec en:philosophy of science qu'on trouvera des références communes (Duhem, Popper, Quine, Kuhn, Foucault...).

[sujet_article 3].

  1. a b c et d (en) Wal Suchting, « Epistemology », Historical Materialism, vol. 14, no 3,‎ (DOI 10.1163/156920606778531770). accès Biblio Wikimedia
  2. a et b (en) Émile Meyerson, Identité et réalité, Paris, F. Alcan, (lire en ligne), i
  3. Catherine Chevalley, « Épistémologie : Dictionnaire des intraduisibles », dans Barbara Cassin, Vocabulaire européen des philosophies, Paris, Le Seuil, , p. 358-363.

Plan pour Connaissance (philosophie) modifier

Logique du plan : présentation des questions telles que traitées actuellement dans divers courants. Après des sections d'introduction sur les questions de terminologie, de domaine d'étude et de définitions, on a des présentations d'approches regroupées selon la logique Objet/Contexte/Sujet : les approches d'abord soucieuses d'objectivité, celles orientées sur les contextes (sociaux, historiques, culturels, linguistique) et celles centrées sur le sujet (phénoménologie, existentialismes, valeurs etc.)

Plan pour l'historique des questions de connaissance : Connaissance (histoire de la philosophie) modifier

  • Introduction
  • Antiquité gréco-romaine
    • Du mythos au logos : Grèce archaïque, "pré-socratique", sortie du discours mythique pour aller vers le philosophique
    • Questionner la connaissance : ironie socratique, relativisme sophiste, cyniques et sceptiques
    • Assurer la connaissance : logique, métaphysique et physique
      • Raisonnement, langage et logique : maïeutique socratique et dialectique platonicienne, logique stoïcienne et organon aristotélicien
      • Métaphysique et connaissance : idéalisme et universaux, Platon et Aristote.
      • Physique et connaissance : atomes et physique de l'âme. Épicuriens, Stoïciens
  • Moyen-âge méditerranéen : entre foi et raison
    • Lumières de la foi, de la Révélation Illuminativisme, platonismes : connaître par révélation, intuition, néo-platonisme et Idées en Dieu. Plotin, Augustin d'Hippone Avicenne, Ibn Arabi ?
    • Lumières de la raison, naturelles, Aristotélicismes : Averroès, Thomas d'Aquin
    • Situation de la connaissance technique ?
  • Modernité européenne :
    • Humanisme et individu : la connaissance humaine d'abord, Descartes et le Cogito
    • Rationalisme : le modèle mathématique
    • Empirisme : Hume etc.
    • Criticisme : Kant
  • XIXe-XXe : L'âge des sciences et des idéologies

Plan pour Sciences (philosophie) modifier

Liens : en:Philosophy of science, de:Wissenschaftstheorie, de:Épistémologie

Archives modifier

Connaissance : Page d'orientation vers les différents domaines traitant de connaissance A voir : usage du modèle {{Crédit d'auteurs}}, p.e. {{Crédit d'auteurs|interne|Théorie de la connaissance}} pour des références croisées entre pages.

  1. La philosophie de la connaissance pourrait être vue de manière plus large que simplement les Théories de la connaissance au sens strict, que les thèmes équivalent de l'"epistemology" anglo-saxonne.
  2. lien avec les "Sciences studies", pluridisciplinarité, Latour & autres, pédagogie, sociologie, politique... Voir pour Edgar Morin : "Connaissance de la connaissance"[14] semble bien un essai de théorie de la connaissance mais faudrait voir si il a eu une influence notable.
  • Théorie de la connaissance : ne devrait concerner que le thème particulier de la nature et la constitution de connaissances. Innéisme, rationalisme, empirisme etc. jusqu'au réductionnisme menant aux sciences cognitives.
  1. Y transférer l'essentiel de la partie "Historique" de Epistémologie : Nous, Bacon, Descartes, Kant
  2. Enrichir l'historique (occidental) avec des renvois vers articles existants plus spécialisés
  3. Voir ce qu'on fait de E. Morin

Fusion de Gnoséologie, Connaissance (philosophie), Théorie de la connaissance modifier

Pour l'heure, différences d'usages possibles entre :

Problème définition de épistémologie modifier

Problème : ambiguïté entre les usages d'"épistémologie" comme discipline, étude des sciences, et comme élément de philosophie équivalent à théorie de la connaissance, "l'épistémologie de X" = "gnoséologie de X" = "théorie de la connaissance de X". Cf. Précis de philosophie des sciences, Barberousse & al. avec des usages d'épistémologie comme équivalent de philosophie de la connaissance ou domaine spécial (épistémologie bayésienne, épistémologie du témoignage, épistémologie des sciences, épistémologie sociale, épistémologie vs ontologie...).

  • option : mettre pour "épistémologie" une page orientant soit vers théorie de la connaissance soit vers philosophie des sciences selon le sens qu'on vise
  • répartir les contenus de épistémologie entre théorie de la connaissance et philosophie des sciences
  • épistémologie-Philosophie des sciences : cadrer sur le sens français d'épistémologie comme étude des sciences à partir de la fin du XIXe.

Philosophie de la connaissance modifier

Théorie de la connaissance : page actuelle pour la philosophie de la connaissance. Connaissance (Philosophie) : à relire mais semble un bon cadrage des problèmes classiques en philo dans l'approche analytique. Cf. page brouillon : à reprendre, approche conceptuelle, analytique comme base et complément avec d'autres courants actuels (phénoménologie, section pour Morin et ses adeptes).

Historique de philosophie de la connaissance modifier

Cf page brouillon article détaillant l'historique

Résumés de références modifier

Lumières de la foi vs naturelles modifier

La lumière et les lumières

Lalande, 1997 modifier

  • article « Connaissance »[15] : (...) 1°) l’acte de connaître ; 2° la chose connue ; (...) s’applique : a) à la simple présentation d’un objet ; b) au fait de le comprendre d’où quatre sens fondamentaux
    • A. Acte de la pensée qui pose légitimement un objet en tant qu’objet, soit qu’on admette, soit qu’on n’admette pas une part de passivité dans cette connaissance (...). La théorie de la connaissance est l’étude des problèmes que soulève le rapport du sujet et de l’objet (…) de:Erkenntnis, en:Cognition
    • B. Acte de la pensée qui pénètre et définit l’objet de sa connaissance. La connaissance parfaite d’une chose, en ce sens, est celle qui, subjectivement considérée, ne laisse rien d’obscur ou de confus dans la chose connue ; ou qui, objectivement considérée, ne laisse rien en dehors d’elle de ce qui existe dans la réalité à laquelle elle s’applique. Voir adéquat*. C’est en ce sens que les choses en soi sont dites par Spencer inconnaissables (unknowable) quoiqu’on puisse les connaître au premier sens (= en connaître l’existence) et même en définir le domaine.[16] de:Erkenntnis, en:Knowledge
    • C. Contenu de la connaissance au sens A (peu usité). de:Kenntnis, en:Knowledge
    • D. Contenu de la connaissance au sens B. Très fréquent, surtout au pluriel : les connaissances humaines. de:Kenntnis, en:Knowledge
    • Pour M. Blondel : 1) acte de connaître, subjectif 2) fait de connaître, objectif 3) le résultat détaché par abstration (objet connu). Connaître et connaissance diffèrent surtout de croire et croyance où le motif d’adhésion ne réside pas dans la clarté directe et intrinsèque de l’objet considéré.
    • Lalande : connaître se distingue de comprendre comme le genre à l’espèce. Connaître au sens de savoir ce qui est, comprendre au sens de s’expliquer pourquoi c’est ceci ou cela.
  • article « Théorie de la connaissance »[17] : « étude du rapport qu’on entre eux le sujet et l’objet dans l’acte de connaître »

Besnier, 2005, « Les théories de la connaissance »[18] modifier

« Pour qu’une théorie de la connaissance soit envisageable, il faut au moins que soient clairement distingués le sujet qui connaît et l’objet à connaître. (...) La connaissance devient un problème théorique et non plus seulement une activité tournée vers le monde, dès lors que le savoir se révèle autre chose qu’une simple reproduction des réalités et s’impose comme le produit de l’élaboration du matériau auquel le sujet est d’abord confronté. Le théoricien de la connaissance se demande alors comment s’effectue cette élaboration qui a conduit au savoir, par quels prismes la réalité est passée avant de devenir un objet pour le sujet qui connaît. Il doit finalement se convaincre du fait que celui-ci a essentiellement à faire avec ses représentations, qu’il n’est pas de connaissance sans le truchement de signes pour interpréter le réel, et que, par conséquent, le mécanisme de production de ces représentations et de ces signes peut seul donner les clés de la compréhension du pouvoir de l’homme de s’assimiler ce qui n’est pas lui. Comment nos concepts, qui sont des synthèses, demandera Kant, peuvent-ils synthétiser des représentations sensibles d’une nature différente de la leur ? Comment ce qui est en-soi, dira Hegel, peut-il devenir pour-moi ? Telle est bien la formulation philosophique du problème de la connaissance qui met au premier plan la notion de représentation. »

L'encyclopédie philosophique modifier

Connaissance modifier

Sarzano, Mélanie (2016). Présentation grand public du thème. Orientation plutôt "analytique", peu de références.

Connaissance formelle modifier

Paternotte, Cédric (2018). Présentation de la logique épistémique : logique modale avec opérateur K, sémantique des mondes possibles. Application du formalisme à la compréhension de la connaissance individuelle (principe de luminosité de la connaissance, problème de l’omniscience logique, paradoxe de Church-Fitch). Formalisation de la connaissance en contexte social (paradoxe des enfants sales, problème des généraux).

Grand dictionnaire de la philosophie[19] modifier

Apparition modifier

ancrage de la connaissance et de la vérité dans la sensibilité

  • Criticisme, Kant : intuition a priori de l'espace et du temps, connaissance objective délimitée et fondée sur une expérience possible
  • Idéalisme spéculatif, Hegel : immédiateté du sensible support et moteur de la découverte de soi en tant qu'esprit
  • phénoménologie : connaître c'est apparaître, apparaître c'est être, première équivalence développée par Husserl, 2nd. par Heidegger

Connaissance, Anouk Barberousse modifier

  • Connaissance propositionnelle ou factuelle : Croyance vraie et justifiée. Internalisme/externalisme.
  • Connaissance pratique, compétence, savoir-faire
  • « La différence entre connaissance propositionnelle et connaissance d’objets singuliers a été thématisées par Russell sous l’opposition entre "knowledge by description" et "knowledge by acquaintance"  ». Pas clair. Quel rôle ça joue par rapport à la connaissance pratique ?
  • « La conception causale de la connaissance est susceptible de donner naissance à une "théorie naturalisée de la connaissance[20] " (naturalized epistemology[21],[22]) qui considère que les questions à résoudre sont plus scientifiques que philosophiques. »

Connaissance tacite, Élisabeth Pacherie modifier

à la suite de P. Engel[23], 1) dispositions ou habitudes visibles dans le comportement 2) conséquences de notre savoir global sans réfléchir au point précis (p.e. chats sont plus petits que les bus) 3) traitement inconscient d’informations, p.e. inférences perceptives automatiques. Critiques : habitudes ou disposition relèveraient de la connaissance pratique/savoir-faire, conscience considérée par certains comme nécessaire pour définir une connaissance (J. Searle[24])

Épistémologie et théorie de la connaissance, Pascal Engel modifier

Même périmètre que en:epistemology et de:erkenntnistheorie, traitement de type analytique autour de la notion de "croyance vraie justifiée", défi sceptique (trilemme d’Agrippa), fondationnalisme/cohérentisme, internalisme/externalisme, faillibilisme (Popper, Kuhn), tendances scientifico-naturalistes (psychologie, science cognitives, évolutionnisme)

Expérience modifier

  • Pascal Engel : « Les expériences sont les contenus conscients et phénoménaux éprouvés dans la sensation. » Si traité comme données sensorielles primitives (Hume, Berkeley, Mach, Russell, positivisme logique) = phénoménisme = risque d’idéalisme, scepticisme. Kant : pas réception passive, implique des formes a priori de l’intuition (espace et temps) et de l’entendement (catégories ou concept). Efforts sans succès pour éliminer l’aspect subjectif (cf. Qualia).
  • Claudine Tiercelin : « Concept fondamental du pragmatisme contemporain qui ne fait pas de l’expérience une réception passive mais un principe actif de connaissance (...) Le courant pragmatiste se caractérise ainsi par le double souci de ne pas dissocier la connaissance de l’action, qui en est le guide et le correcteur, et de retrouver dans les structures du monde les traces de l’universel et de l’idéal qui se réaliseront, selon les différentes conceptions, dans la communauté sociale, dans l’éthique ou dans la religion ». Peirce : source de l’enquête scientifique, philosophie de l’autocorrection de croyances communes, métaphysique évolutionniste. James : "empirisme radical" ouvert à l’expérience mystique. Dewey : naturalisme social fondée sur une idée de continuité entre nature et culture.

Expérience vécue, Nathalie Depraz, Gérard Raulet modifier

  • distinction de:Erleben (vécu) et de:Erlebnis (expérience vécue) de de:Erfahrung, expérience empirique, empirie scientifique. A voir : Erlebnis correspondrait-il au sens C. du Lalande ?
  • philosophie de la vie : Dilthey à la suite de Fichte et des Romantiques oppose à la psychologie naturaliste qui se développe au XIXe la nécessité d’appréhender les réalités psychiques de l’intérieur [25]. L'implication du sujet connaissant dans ce qu’il connaît requiert que l’on distingue « explication » (Erklären) et « compréhension » (Verstehen). Faits de conscience, intuition de la liberté et des valeurs, sont inexplicables par les sciences naturelles. Originalité des « sciences morales »[26] : l’ensemble est au fondement de la connaissance vs sciences de la nature acquérant progressivement les connaissances. Intelligentsia allemande a retenu que la réalité spirituelle est accessible par « l’expérience intérieure » condition nécessaire de toute « compréhension ».
  • Henri Bergson : expérience vécue relève de la durée. A rajouter : Intuition vs intellect, évolutionnisme cognitif[27].
  • Phénoménologie, Edmund Husserl : Erlebnis comme thème central. Une Erlebnis sans référence intentionnelle reste inobjectivable, c’est-à-dire inconnaissable. Le monde de la vie est cet a priori communautaire, corrélatif de l’a priori qu’est la subjectivité transcendantale, qui tente de tenir ensemble la possibilité immanente d’une auto-organisation du monde naturel des vivants et son irréductibilité à la conscience vécue communautaire qui en émane.
  • Francisco Varela : L’approche cognitive contemporaine la plus anti-réductionniste nomme par le terme d’"émergence" et par l’expression "couplage structurel autopoiétique" entre la conscience et le monde ce fondement du vivre-ensemble[28]
    • sociologie de la modernité, Walter Benjamin : modernité conduit à la perte de l’expérience collective, sensation remplace tradition, expérience vécue réduite à l’individu, conception de la mémoire en 3 termes (Erinnerung souvenir, Gedächtnis mémoire, Eingedenken remémoration).

Gnose modifier

Connaissance parfaite des vérités divines permettant syncrétisme ésotérique.

  • Idée, Suzanne Simha
  • eidos
  • Philosophie médiévale, Jean-Luc Solère : idées platoniciennes, formes choses ; sont dans l'intellect divin (Augustin), pensées de Dieu développées par son Verbe ; Jean Scot Erigène les place au niveau de la nature créée et créante ; connaissance par illumination ; en se pensant/connaissant, pense lui-même ou le monde (Thémistius, Thomas d'Aquin) ; participation, similitude, connaissance s'explique par la présence dans l'intellect connaissant de la ressemblance de l'objet connu : espèce intelligible chez l'homme, Idée chez Dieu ; Duns Scot inverse rapport platonicien entre intelligible et intellect, intellect divin ne constate pas passivement une ressemblance, il produit l'intelligible (cf. entendement intuitif de Kant), se l'oppose en tant qu'"être connu", essences comme objets absolus sans médiation d'une comparaison ; Ockam supprime l'idée comme intermédiaire
  • Modernes, Suzanne Simha : idée est quelque chose d'idéel et non une réalité en soi, faudra attendre Hegel pour que "idée" distingué de "concept" retrouve une dimension ontologique ; Descartes, sujet pensant, représentation ne signifie pas ressemblance à la chose représentée (p.e. idée du Soleil en astronomie vs Soleil perçu) ; Spinoza, concept formé activement, pas perception passive/ressemblance ; Kant revient à Platon pour ce qui est de la force causale des idées dans le domaine "pratique" (morale, histoire...), philosophie transcendantale de la connaissance, entendement/raison, raison érige la connaissance en un système organique.

Intentionnalité, Roger Pouivet modifier

Intérêt, Gérard Raulet modifier

  • Intervention de motivations ou mobiles subjectifs et / ou moraux dans la connaissance ou le jugement esthétique
  • Esthétique désintéressée de Kant ; le jugement de goût n'est pas logique, pas un jugement de connaissance ; analogue de la moralité réussie
  • Nietzsche : critique Kant, contestation de la pureté du cognitif ; Marxisme conteste aussi connaissance distincte de l'intérêt ; école de Francfort, la théorie de la connaissance doit être conçu comme théorie de la société Habermas, "Connaissance et intérêt".

Intuition, Sébastien Bauer, Natalie Depraz modifier

  • Mode de la connaissance immédiate, Platon, Kant, Bergson
  • Phénoménologie : la manière dont les choses apparaissent à la conscience

Métaphysique, Didier Ottaviani modifier

  • Métaphysique s'occupe de l'être et des principes premiers, prend des sens différents en fonction des auteurs ; peut-être considérée comme une philosophie première, qui interroge les principes de la connaissance ou recouper les objets de la théologie en tentant de s'élever à la connaissance du suprasensible.

Principe, Laurent Gerbier modifier

commencement de l'être d'une chose en tant qu'il conditionne aussi la possibilité d'une connaissance adéquate.

Raison, Suzanne Simha modifier

Raison et communication, Alexandre Dupeyrix modifier

Habermas, Frege, Apel, Wittgenstein, Lyotard

Relativisme, Léna Soler modifier

Vinck, Feyerabend, Rorty, Quine, Kuhn,

Collège de France, chaire Philosophie de la connaissance modifier

Godin, 2018, article Connaissance[30] modifier

  • Nature de la connaissance
    • « Aux yeux de Husserl, une théorie de la connaissance n’est pas déductive, elle n’a rien à expliquer (erklären), elle doit plutôt élucider (aufklären) »
    • « Dans sa Logique, Kant distinguait le savoir (kennen en allemand, noscere en latin) et le connaître (erkennen, cognoscere) qui est le savoir avec conscience. "Les animaux aussi savent les objets mais ils ne les connaissent pas"[31] »
    • « Le bouddhisme ne faisait pas de distinction entre la faculté de connaître et la connaissance elle-même ou son résultat[32] »
    • Affect et connaissance : « Nietzsche saura reconnaître en Spinoza un précurseur à cet égard : le philosophe qui le premier a discerné dans la connaissance le plus puissant des affects. (...) D’où le paradigme de l’amour — sous les deux formes du désir et de la possession. La compréhension de la connaissance (posséder la vérité) sous le schème de l’union sexuelle (posséder une femme) est marquée par le vocabulaire même : dans la Bible, connaître signifie s’unir à une femme. (...) La question de la distance — que le désir, à la différence provisoire de la possession, maintient — sera capitale en toute gnoséologie. (...) De Platon à Freud, en passant par la libido sciendi des scolastiques, le lien établi entre le désir sexuel et le désir de connaissance n’est pas de simple analogie ; il marque une communauté d’essence. (...) ni les ignorants ni les connaissants (les dieux) n’ont le désir de connaître (...) Y aurait-il recherche s’il n’y avait pas désir ? On supposera donc chez l’homme un désir « naturel » de connaître. (...) On comprend que Socrate et Platon aient identifié le vrai et le beau : la connaissance, comme le désir amoureux, idéalise ses objets. Mais elle peut également les dégrader : en l’objectivant la connaissance désenchante le monde et dépossède autrui de sa subjectivité. L’homme de la connaissance est un profanateur de sépulture, ou un embaumeur. »
    • Représentation adéquate, identité formelle (Aristote) : « Thomas d’Aquin parla de similitude (assimilatio) entre le sujet connaissant et l’objet connu ou encore d’accord (concordia) et Locke définit la connaissance comme « la perception de la convenance ou de la disconvenance de nos idées »[33]. Mais comment une telle adéquation entre deux mondes aussi hétérogènes est-elle possible ? »
    • Connaissance propositionnelle, connaissance et langage : « l’empirisme logique détermine la connaissance non comme le mouvement qui va du connu à l’inconnu mais comme la mise en correspondance d’une série de concepts avec la réalité empirique. Wittgenstein songeait à l’image cinématographique : chaque plan est un tableau du monde. La réalité se présente comme une structure d’ordre intégrable dans le système reconstruit des propositions. La question de l’essence — de la réalité comme de la connaissance — est métaphysique. Elle doit laisser place à l’analyse de la corrélation — donc de la syntaxe. La connaissance n’est pas révélation de l’Être mais grammaire. Une connaissance peut se présenter sous la forme d’une simple proposition (l’association d’un sujet et d’un prédicat est l’unité cognitive minimale) — mais toutes les propositions ne correspondent pas à des connaissances — soit parce qu’elles sont purement constatives (sans être descriptives) soit parce qu’elles sont prescriptives, soit encore parce qu’elles sont invérifiables. Toute connaissance repose sur des principes (ne serait-ce que le postulat d’une objectivité possible) mais les principes eux-mêmes ne sont pas des connaissances. »
    • Être et connaitre : « Parménide avait posé l’identité de l’être et de la pensée (...). Hegel est allé plus loin (...) en posant l’identité finale de l’Être et du savoir. L’auteur de La Phénoménologie de l’Esprit est parti d’une récusation du projet criticiste kantien consistant à analyser la connaissance à partir de la faculté de connaître. Il n’y a pas, selon Hegel, de différence essentielle entre le contenu et la forme de la connaissance. Or c’est cette différence présupposée qui permet à Kant d’élaborer son projet d’une critique de la raison pure. Connaître la faculté de connaître avant de connaître, c’est, dit Hegel, comme vouloir nager avant d’aller à l’eau. Le criticisme tombe dans un cercle logique : puisque l’examen de la faculté de connaître est lui-même connaissant, il ne peut parvenir à ce à quoi il entend parvenir pour la raison même qu’il est déjà avec la Chose, chez lui avec elle. En fait, c’est l’idée même de fondement que Hegel récuse. »
  • Genres de connaissance
    • Connaître et savoir ; Français connaître et savoir, Allemand kennen et wissen, Latin scire, noscere, cognoscere. Avoir un savoir (animaux) mais sans connaissance. Formel/matériel, idéel/empirique favorise connaissance vs savoir. Hegel : savoir/connaissance absolue par dépassement forme/contenu (forme/matière ?).
    • Sagesse, sapientia, sophia vient de savoir. Sophia plus que épistèmè, connaissance suprême des principes ou de l'essence [réf. nécessaire] ;
    • Ignorance/connaissance spirituelle, la plus haute. Upanishad : avidyâ (ignorance, non-savoir), vide spirituel, nuit de l'âme vs illumination, connaissance véritable = conscience que tout est Un, brahman (absolu) et atman (âme) ne sont pas séparés[34]. Logique occidentale est formelle, la logique indienne — nyaya — est une logique de connaissance. Ignorance comme marque de l'absolu, Nicolas de Cues, docte ignorance.
    • Degrés de connaissance : Doxa, opinion, entre ignorance et connaissance, inconnu et connu, être et non-être (Platon). Simulations entre réel et idée, Simulacre#Le_simulacre_chez_Platon. Probable : admis comme connaissance par stoïciens et Nouvelle Académie. Descartes Règles pour la direction de l’esprit rejeter « toutes les connaissances qui ne sont que probables ». Leibniz : admet connaissance confuse, simple reconnaissance, connaissance est distincte lorsqu’elle saisit les propriétés de l’objet (Discours de métaphysique, § 24). Réhabilité par Antoine-Augustin Cournot[35] après dominance du déterminisme laplacien (Rajout :

      « Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée, et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvemens des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir comme le passé, serait présent à ses yeux. »

      — Essai philosophique sur les probabilités

      .
    • Méconnaissance, erreur ; curiosité au sens des cabinets de curiosité, le sensationnel, cf. société de l'attention, captation de l'attention.
    • Théories de la connaissance : degrés/genres de connaissance ont le même présupposé : il existe entre la connaissance et la non-connaissance des types intermédiaires. Dans une théorie de la connaissance la distinction entre degrés et genres est plus formelle que réelle : les degrés déterminent des genres, et inversement les genres sont distingués hiérarchiquement selon des degrés spécifiques.
      • tripartition sensation, raison, intuition : Platon, Hegel, Spinoza... constante de la gnoséologie occidentale. Pensée triple qui saisit a) immédiatement les choses par la sensation, b) médiatement par la réflexion, c) immédiatement par la vision. Ce schéma triadique place la raison dans une position médiane entre une connaissance infra-rationnelle (celle du corps) et une connaissance supra-rationnelle (celle du « ciel »).
      • Religieux : tripartition M.-A. et âge classique, révélation comme source de connaissance, la raison et l’expérience étant les deux autres ; Ramanuja : autorité scripturaire (shruti, Révélation primordiale, divine et prajna la connaissance au-delà de l’intellect, pure illumination transcendant le jugement et l’analyse), raisonnement et perception. La théosophie orientale a admis à côté d’une connaissance représentative une connaissance intuitive, que Henri Corbin appelle connaissance présentielle (En Islam iranien, tome 2, Gallimard, 1971, p. 63). La connaissance spinozienne du 3e genre est une connaissance présentielle sans transcendance.
      • Platon : noèsis > dianoia ; Denys l'Aréopagite, illumination = connaissance suprême ;
      • Aristote : De l’âme aïsthèsis la sensation, doxa l’opinion, épistèmè le savoir et noûs l’intuition. Dans les Seconds Analytiques (II, 19, 99 b 15-100 b 17) : connaissance (gnôsis) = sensation & expérience & mémoire & science (épistèmè) d'où 4 instances de connaissance : sens externes, sens commun (ou imagination), mémoire et entendement. Repris dans les sciences cognitives qui traitent aussi bien de la mémoire que de la perception, du raisonnement que du langage.
      • Spinoza : imaginatio, ratio, scientia intuitiva : analogue noèsis platonicienne, connaissance angélique Thomas d'Aquin, distance sujet-objet abolie (Hegel définira ainsi la Raison), passage de l'universel au singulier, indifférence abstraite devient engagement actif
      • Hegel inverse hiérarchie entre logos (ratio) et le noûs (intellectus), attribue à l’entendement la discursivité et à la raison la saisie adéquate de son objet.
      • Emmanuel Kant : intuition suprasensible impossible, raison est hors du domaine de la connaissance, connaissance réservée à sensation, imagination et entendement. Dans Logique[36] : du simple représenter (vorstellen) au comprendre (begreifen), 7 degrés de connaissance ; les deux genres extrêmes de la tradition, la perception et l’intuition métaphysique ont disparu.
      • Positivisme : science restreint au domaine de la connaissance positive (démonstrations mathématiques, observations dûment vérifiées), connaissance est scientifique, gnoséologie se spécialise en épistémologie.
        • Jürgen Habermas [37] : le positivisme a mis fin à la théorie de la connaissance pour la remplacer par une théorie de la science, positivisme a mis hors circuit la phénoménologie.
        • Scientisme va plus loin : n’accorde de sens (pas seulement la vérité) qu’aux énoncés scientifiques.
    • victoire de Kant et du positivisme : sensation et intuition ne sont pas des moyens de connaissance, car ils n’ont pas de règles. Vision béatifique, « science intuitive » de Spinoza, intuition de Schelling et de Bergson, éliminés des formes de connaissances.
      • obstacle épistémologique de Bachelard : d’origine kantienne et comtienne, voisin des offendicula de Roger Bacon et des idola de Francis Bacon.
      • Des genres de connaissances doivent continuer à être différenciés selon les objets sur lesquels ils portent : la connaissance de l’art, par exemple, n’est pas du même genre que celle de la nature.
  • Origine et fondement de la connaissance
    • Transcendance : Paradoxe, Ménon (Platon) : pour connaître, il faut reconnaître, or pour reconnaître, il faut connaître. Fond de connaissance avant l'acte (humain) de connaître, idées innées, attribut de Dieu (cf. scolastiques, Spinoza encore Cognitio attribut de Dieu).
    • Fondation dans le sujet
      • dualisme cartésien, postulat d’objectivité : le sujet et l’objet de connaissance sont face à face. Savoir = absorption symbolique de l’objet par le sujet, du monde extérieur par le monde intérieur
      • Rationalisme/empirisme : rationalisme innéiste fonde bien la nécessité et l’universalité des connaissances, mais sans lien avec l’expérience ; l’empirisme, philosophie de l’acquis, établit à bon droit le lien des connaissances avec l’expérience mais s’avère incapable de légitimer leur nécessité et leur universalité, et donc tombe dans le subjectivisme et le scepticisme.
      • Kant, la dite « révolution copernicienne » : Préface 2nd édition de la Critique de la raison pure : « On admettait jusqu’ici que toute notre connaissance devait se régler sur les objets (...). Que l’on essaie donc de voir une fois si nous ne serions pas plus heureux (...) en admettant que les objets doivent se régler sur notre connaissance »[38]. solution transcendantale de Kant repose sur la distinction entre la forme et la matière de la connaissance[39] : la forme est a priori (ce sont les cadres a priori de la sensibilité, l’espace et le temps, et les douze catégories de l’entendement), la matière, a posteriori.
      • Fichte : Wissenschaftslehre, procès de la connaissance est acte autocréateur du Je.
      • Husserl : connaissance est accomplissement (Erfüllung) de l’intention. Intentionnalité de la conscience pure et corrélation entre noèse et noème : connaissance est à la fois description de contenus eidétiques et présence à soi de la conscience. Une connaissance empirique est une contradiction dans les termes : il n’y a de connaissance que des essences obtenues par la suspension (épochè) des faits du monde.
      • Logique dite épistémique : intègre l’inhérence de la conscience de soi comme connaissant à l’acte de la connaissance : si je connais P, je sais que je connais P. Version réaliste : si je sais P, alors P (croire savoir, ce n’est pas savoir). (Complément : cf. Spinoza, quand je sais, je sais que je sais)
    • Fondation dans l'objet : Empirisme, tabula rasa, la connaissance n’est rien d’autre que l’empreinte des choses en nous. Cudworth : conduit à l'athéisme, monde existe avant son idée, donc avant Dieu. Implique historicité, pas de sub specie aeternitatis, pas de dogmatisme, ni universalité, ni éternité, au risque du scepticisme.
    • Co-opération du sujet et de l’objet
      • Aristote et Leibniz : précurseurs lointains d’une théorie de la connaissance qui fait de celle-ci le résultat d’un commun travail (d’une coopération) entre le sujet connaissant et l’objet connu.
      • Constructivisme piagétien (Jean Piaget et cognitivisme : connaissance est relation, pas d'autre fondement., sur autre chose que sur la relation elle-même. Dépassement non kantien de rationalisme/empirisme. C’est par l’action et non par la perception que l'interaction se fait, réaménagement constant de circuits neuronaux, apprentissage par désapprentissage, inné/acquis entremêlés
      • sciences cognitives : mettent entre parenthèses la subjectivité vs théories philosophiques classiques de la connaissance, tendance behaviorisme, bottom-up (traitement dirigé par les données) vs top-down (traitement dirigé par le concept) <=> empirisme vs rationalisme, connexionnisme, computationnalisme
      • « Reste à savoir si les sciences cognitives méritent leur nom (...) les sciences dites cognitives, traitant davantage de la pensée que de la connaissance proprement dite (laquelle constitue un travail par et sur la pensée) devraient être plutôt appelées sciences noétiques. »
  • Le problème des limites de la connaissance
    • Le secret
    • Le doute
    • La borne et la limite
    • L'inconnaissable inconnaissable

Notes et références modifier

  1. Alban Bouvier (dir.) et Bernard Conein (dir.), L'épistémologie sociale. Une théorie sociale de la connaissance, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, coll. « Raisons Pratiques », (lire en ligne), présentation : « La théorie de la connaissance – l’Erkenntnistheorie des Allemands, l’epistemology au sens anglo-saxon1 – a pour objet le problème de la possibilité de toute connaissance en général (scientifique ou non) et les problèmes connexes comme celui de l’objectivité et de la vérité. L’épistémologie désigne normalement en français une discipline qui couvre la seule théorie de la connaissance scientifique et qui se pose plus précisément la question de la validité des théories scientifiques (avec le cortège de questions qui en découlent : nature de l’objectivité scientifique, problème de l’induction, nature des lois scientifiques et de la modélisation, problèmes de l’indétermination des théories, de la réduction des théories entre elles, du progrès scientifique, etc.). L’épistémologie s’identifie à la limite à la philosophie des sciences (ce que les Anglo-Saxons appellent « philosophy of science ») ou, à tout le moins, en constitue une branche essentielle si l’on décide de distinguer de l’épistémologie stricto sensu, d’une part l’ontologie des sciences, i.e une réflexion sur les présupposés ontologiques de celles-ci, d’autre part la méthodologie. »
  2. Larousse
  3. a et b Dominique Lecourt, La philosophie des sciences, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2-13-058053-9, 2-13-058053-X et 2-13-057055-0, OCLC 660059570, lire en ligne), « Une tradition française », p. 90-104.
  4. p. 2 « La dernière proposition a plus de poids pour Kant, car elle est indissolublement liée à son Épistémologie toute entière », p. 74 « la distinction entre l'analyse et la synthèse, quelle que soit son importance en Logique pure, ne peut avoir aucune valeur en Epistémologie. »
  5. Catherine Chevalley, « Épistémologie », dans Barbara Cassin (dir.), Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, Le Robert, (ISBN 978-2-02-143326-5 et 2-02-143326-9, OCLC 1127535502), p. 358-366
  6. Joëlle Proust, « Les grands courants de l’épistémologie contemporaine », dans Barbara Cassin (dir.), Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, Le Robert, (ISBN 978-2-02-143326-5 et 2-02-143326-9, OCLC 1127535502), p. 358-366
  7. (en) Chienkuo Michael Mi (dir) et Ruey-lin Chen (dir), Naturalized epistemology and philosophy of science, Rodopi, (ISBN 978-90-420-2198-3, lire en ligne  ) – accès gratuit par la bibliothèque Wikipédia
  8. Louis Couturat, « Lexique philosophique - Épistémologie », dans Bertrand Russell, Essai sur les fondements de la géométrie, Gauthier-Villars, (lire en ligne), p. 257
  9. Louis Couturat, « Lexique philosophique - Épistémologie », dans Bertrand Russell, Essai sur les fondements de la géométrie, Gauthier-Villars, (lire en ligne), p. 257
  10. André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, (1e édition : 1926), 3e édition « Quadrige », entrée : « Épistémologie », Paris, PUF, Volume 1 et 2, 1993, p. 293.
  11. DUBOIS Michel J. F, BRAULT Nicolas, « Chapitre 1. Tentative de définition de la science et de l’épistémologie », dans : , Manuel d’épistémologie pour l’ingénieur.e. sous la direction de DUBOIS Michel J. F, BRAULT Nicolas. Paris, Éditions Matériologiques, « Essais », 2021, p. 17-33. URL : https://www-cairn-info.wikipedialibrary.idm.oclc.org/manuel-d-epistemologie-pour-l-ingenieur--9782373612769-page-17.htm
  12. Encyclopædia Universalis, article Idéalisme, Jean Largeault
  13. Expérience Claudine Tiercelin : « Concept fondamental du pragmatisme contemporain qui ne fait pas de l’expérience une réception passive mais un principe actif de connaissance (...) Le courant pragmatiste se caractérise ainsi par le double souci de ne pas dissocier la connaissance de l’action, qui en est le guide et le correcteur, et de retrouver dans les structures du monde les traces de l’universel et de l’idéal qui se réaliseront, selon les différentes conceptions, dans la communauté sociale, dans l’éthique ou dans la religion ». Peirce : source de l’enquête scientifique, philosophie de l’autocorrection de croyances communes, métaphysique évolutionniste. James : "empirisme radical" ouvert à l’expérience mystique. Dewey : naturalisme social fondée sur une idée de continuité entre nature et culture.
  14. Morin 1986.
  15. Lalande 1997a, p. 171.
  16. Différence entre A. et B. ne serait-elle pas celle entre sensibles et intelligibles ?
  17. Lalande 1997b, p. 1129.
  18. Besnier 2005.
  19. Grand dictionnaire de la philosophie, dir. de Michel Blay, lire en ligne
  20. F. Dretske, Knowledge and the Flow of Information, 1981, MIT Press, Cambridge
  21. W. O. Quine, « Epistemology naturalized  » (1969), in Ontological Relativity and Other Essays, New York, Columbia University
  22. H. Kornblith, éd., Naturalized Epistemology, MA, Cambridge, MIT Press, 1985.
  23. Pascal Engel, Philosophie et psychologie, 1996
  24. John Searle, La redécouverte de l’esprit, 1994
  25. Einleintung in die Geisteswissenschaften (1883) in Gesammelte Schriften, t. 1, Leipzig, 1922
  26. Geisteswissenschaften ; Lalande, vol. 2, p. 958, sciences qui ont pour objet l’esprit humain et les rapports sociaux.
  27. s:L’Évolution_créatrice chap. 3
  28. F.J. Varela, Autonomie et connaissance. Essai sur le vivant, Paris, 1989.
  29. Connaître. Questions d’épistémologie contemporaine, J.-M. Chevalier & B. Gaultier (dir.), Paris, Ithaque, 2014.
  30. Godin 2018.
  31. E. Kant, Logique, trad. L. Guillermit, Vrin, 1967, p. 72
  32. E. Guillon, Les Philosophies bouddhistes, P.U.F., 1995, p. 66.
  33. J. Locke, Essai philosophique concernant l’entendement humain, livre IV, 3, trad. Coste, Vrin, 1972, p. 439.
  34. Ishâ Upanishad, in Shri Aurobindo, Trois Upanishads, trad. fr., Albin-Michel, 1972
  35. A voir : Antoine-Augustin Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique (1851) lire en ligne
  36. E. Kant, Logique, trad. L. Guillermit, Vrin, 1967, p. 72.
  37. J. Habermas, Connaissance et intérêt, trad. G. Clemençon, Gallimard, 1976, p. 101
  38. E. Kant, Critique de la raison pure, AK III 11-12, trad. fr., Œuvres philosophiques I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1980, p. 739
  39. Distinction formel/matériel remonte à l’Antiquité : cf. l’Organon d’Aristote, le Canon premier volet d’Épicure a écrit un Canon (les deux autres étant la physique et l’éthique)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

En souligné les titres que je peux consulter

Générale modifier

3 tomes, Antiquité à Renaissance / Modernes / XIXe-XXe

Théorie de la connaissance modifier

Epistémologie - philosophie des sciences modifier

  • Dominique Lecourt (dir.), Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences, PUF, coll. « Quadrige », , 4e éd. (ISBN 978-2-13-054499-9)
  • Dominique Lecourt, La philosophie des sciences, PUF, coll. « Que sais-je ? », , 5e éd. (ISBN 9782130580539)
  • Hervé Barreau, L'épistémologie, PUF, coll. « Que sais-je ? », , 8e éd. (EAN 9782130626077)
  • (dir) A. Barberousse, D. Bonnay et M. Cozic, Précis de philosophie des sciences, Paris, Vuibert, , 709 p. (ISBN 978-2-7117-2070-5)
  • Michael Esfeld, Philosophie des sciences, Une introduction, Presses polytechniques et universitaires romandes, (ISBN 978-2-88915-221-6)
La première partie fait un bilan du débats entre empirisme logique et ses critiques et entend défendre la possibilité d'un réalisme scientifique, la seconde traite de métaphysique de la nature autour des questions que pose la physique contemporaine (Relativité, quantique etc.)

A voir : essais généraux, sociologie, transdisciplinarité etc. modifier