Tréhorenteuc
Tréhorenteuc | |
![]() La mairie Tréhorenteuc en 2019 | |
Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Bretagne |
Département | Morbihan |
Arrondissement | Pontivy |
Intercommunalité | Ploërmel Communauté |
Maire Mandat |
Michel Gortais 2020-2026 |
Code postal | 56430 |
Code commune | 56256 |
Démographie | |
Gentilé | Tréhorenteucois |
Population municipale |
119 hab. (2018 ![]() |
Densité | 22 hab./km2 |
Population agglomération |
5 592 hab. |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 00′ 32″ nord, 2° 17′ 16″ ouest |
Altitude | 93 m Min. 69 m Max. 155 m |
Superficie | 5,42 km2 |
Type | Commune rurale |
Aire d'attraction | Ploërmel (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | Canton de Ploërmel |
Législatives | Quatrième circonscription |
Localisation | |
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Tréhorenteuc [tʁeɔʁɑ̃tœk] est une commune française située dans le département du Morbihan, en région Bretagne et à la frontière avec l'Ille-et-Vilaine.
Avec à peine plus de 100 habitants, c'est la deuxième plus petite commune de son département. Terre d'agriculture, Tréhorenteuc subit un important exode rural au cours du XXe siècle, mais aussi un fort accroissement de sa fréquentation touristique grâce à la légende arthurienne. Après 1942, l'abbé Gillard restaure l'église communale qui se fait connaître sous le nom de « chapelle du Graal », et fait visiter le Val sans retour.
En 1996, la commune a obtenu le Label "Communes du Patrimoine Rural de Bretagne" pour la richesse de son patrimoine architectural et paysager[réf. nécessaire].
GéographieModifier
La commune de Tréhorenteuc s'étend sur 542 hectares, pour une altitude de 92 mètres au niveau du bourg[1]. Elle touche la forêt de Paimpont, assimilée à la légendaire forêt de Brocéliande. La proximité d'un site populaire de cette forêt, le Val sans Retour (qui doit son nom à la fée Morgane), en a fait une destination touristique prisée. Tréhorenteuc est entourée de landes et des collines du Val sans retour, dont les plus élevées culminent à 240 et 256 mètres[1]. Les pierres de schiste rouge typique de cette région de Bretagne s'y trouvent en abondance[2], particulièrement à la carrière située au lieu-dit la Troche.
HydrographieModifier
Trois ruisseaux traversent la commune. La Grenouillère et le Rauco proviennent de la forêt de Paimpont, le ruisseau des Rouliers prend source à Pertuis-Néanty. Ils se rejoignent près de la commune et se jettent plus loin dans l'Yvel, à hauteur de Néant-sur-Yvel[2].
Quartiers et lieux-ditsModifier
La commune compte plusieurs quartiers : le Pâtis, les Ruées, le Gué Ronçin, les Vignes, Gautro et Rue neuve, ainsi que le village la Touche-Robert, et des hameaux ou lieux-dits qui en dépendent : Trébotu, la Troche, le Terrier, le Val aux Fauvettes, la Tenue, le Champ au Mur, Bellevue et le Mazerin[2].
UrbanismeModifier
TypologieModifier
Tréhorenteuc est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[3],[4],[5].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Ploërmel, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 19 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[6],[7].
ToponymieModifier
Attesté sous la forme Trehorentuc (sans accent) en 1330, Tregaranteuc et Treharanteuc en 1444[8].
Trec'horanteg en breton[9].
Le nom de Tréhorenteuc a vraisemblablement été donné par des familles de Bretons insulaires déplacées au IVe siècle : « Tré » désigne les habitations d'une même famille ou de petits hameaux communautaires bâtis autour d'un centre religieux, Tréhorenteuc pouvant signifier « village de Carentec »[10]. D'après la communauté de communes de Mauron en Brocéliande, qui ne cite pas ses sources, ce nom signifierait « pays de la charité »[11]. D'après Jacky Ealet, la commune est historiquement connue sous un autre nom, « Trégarantec », qui signifierait « l'habitation aimable »[10]. En gallo, langue parlée historiquement sur le territoire de la commune, le nom est Terhantoec[réf. nécessaire]. La commune n'est pas signataire de la charte Ya d'ar brezhoneg (oui à la langue bretonne)[12].
HistoireModifier
L'occupation du territoire de Tréhorenteuc remonte du Néolithique à l'âge de bronze, comme en témoignent les monuments mégalithiques des environs[13]. Une église aurait été fondée au VIIe siècle, pour concurrencer le centre druidique de la Butte-aux-Tombes[11]. La commune reste très longtemps rurale : elle ne possède aucune route en macadam jusque dans les années 1950[14], et si l'électrification du bourg central est décidée le 26 mai 1929, il faut attendre 1942 pour que les finances communales permettent aux habitants d'avoir l'électricité chez eux[15].
Construction de l'économie touristiqueModifier
Après les années 1940, l'histoire de Tréhorenteuc se mêle à la légende arthurienne. Par son action, l'abbé Gillard popularise la mystique du Val sans retour, notamment à travers sa célèbre expression « la porte est en dedans »[16]. Percevant la beauté du lieu et le potentiel de la légende arthurienne christianisée[17], dès 1943, il fait éditer à ses frais de petits guides de visite aux « éditions du Val »[18]. Son sens de la communication et sa personnalité construisent la notoriété de ce petit village, qui attire dès lors des visiteurs depuis toute la France. L'abbé Gillard assiste dans le même temps au déclin de l'économie agricole et à un exode rural massif. En favorisant le tourisme, il permet à la commune de trouver de nouveaux débouchés[19]. Moins qu'un lieu de culte, l'église Sainte-Onenne devient un centre culturel, « faute d'habitants »[20], où l'on peut aujourd'hui admirer une belle mosaïque, le « Cerf blanc » réalisée en 1955 par Jean Delpech d'après un dessin d'Odorico, et un grand vitrail présentant des éléments majeurs de la légende arthuréenne.
Dans les années 1970 et 1980, plusieurs actions de valorisation du patrimoine sont menées dans ce sens[19]. La création de l'association de sauvegarde du Val sans retour, en 1979, vise à nettoyer les abords du village pour éloigner les risques d'incendie. En 1990 est érigé l'Arbre d'Or à l'entrée du Val sans retour. En 2000, la mairie est rénovée et une salle des fêtes est créée dans l'ancienne école[21].
Politique et administrationModifier
Située dans le département du Morbihan en région Bretagne, Tréhorenteuc se rattache au canton de Mauron et à l'arrondissement de Vannes. Un tiers de sa limite communale forme une frontière avec le département voisin d'Ille-et-Vilaine [1].
Population et sociétéModifier
DémographieModifier
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[23]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[24].
En 2018, la commune comptait 119 habitants[Note 3], en augmentation de 6,25 % par rapport à 2013 (Morbihan : +2,32 %, France hors Mayotte : +2,36 %).
C'est la commune la moins peuplée du Morbihan, avec 112 habitants recensés en 2005[1]. Comme l'explique Jacky Ealet, la fréquentation touristique a augmenté avec le lien de la commune à la légende arthurienne, tandis que les usages agricoles ont reculé et avec eux, le nombre des habitants[27].
EnseignementModifier
La commune a longtemps disposé d'un établissement scolaire, installé le 12 aout 1796 dans le presbytère. Malgré la pénurie d'enseignants, il se maintient et passe même par un déménagement dans un bâtiment mixte, construit en 1882 pour servir à la fois d'école et de mairie. L'exode rural et le désenclavement de la commune ont finalement entraîné la fermeture de l'école primaire en 1986, alors qu'il ne reste plus que 7 enfants scolarisés[28]. Ces enfants suivent désormais l'enseignement primaire dans la commune voisine de Néant-sur-Yvel[29].
SantéModifier
Il n'existe aucun médecin généraliste et aucune pharmacie à Tréhorenteuc, les plus proches se trouvant dans les villages voisins de Néant-sur-Yvel et Campénéac.
ÉconomieModifier
La commune est essentiellement tournée vers le tourisme[1] ; elle possède notamment un office de tourisme qui dessert tout le canton et plusieurs gîtes ruraux. Une halle d'accueil est destinée à recevoir les visiteurs, et l'ancien presbytère est aménagé pour recevoir des randonneurs. Toute l'année, de nombreux groupes scolaires et des autocaristes sont de passage[21].
Culture locale et patrimoineModifier
Lieux et monumentsModifier
Manoir des Rues-NeuvesModifier
Le manoir des Rues-Neuves[30] ou château de Gerwan dont on peut associer le nom à celui d'un prince breton du IXe siècle. Restauré depuis son classement au Monument Historique, ce manoir est lié à plusieurs légendes de la forêt de Brocéliande et a servi de décor pour un téléfilm avec Jean Markale.
Ce bâtiment présente une double porte charretière et piétonne. Il est aussi accosté d’une tourelle d’escalier polygonale. Une loggia donne accès à la cour. Dans cette cour, une belle porte moulurée du XVIe siècle se mélange parmi les bâtiments de la ferme.
Jardin aux MoinesModifier
Le Jardin aux Moines est un site mégalithique, au croisement de la route menant à Mauron et de celle reliant Paimpont à Néant-sur-Yvel. Il est rattaché à cette dernière commune, mais sa légende l'associe au vil seigneur Gastern de Tréhorenteuc. Menant une chasse le jour de la Toussaint, ce mauvais seigneur aurait été pétrifié et changé en pierres blanches avec son équipage, et les moines corrompus qui l'accompagnent. Ce tertre néolithique mesure 25 sur 6 mètres, et remonte à une période située entre 3 000 et 2 000 ans av. J.-C. Les fouilles ont révélé des céramiques et des pointes de flèche en silex[31].
Val sans retourModifier
Le Val sans retour est un prolongement naturel du massif forestier de Paimpont, dont l'entrée est située près de Tréhorenteuc. À l'origine, il porte le nom de val de Rauco et sert de lieu de pacage pour les animaux. La localisation du légendaire Val sans retour, domaine de la fée Morgane dans la légende arthurienne, s'y substitue vers 1850[Note 4]. Des poteaux indicateurs placés durant la seconde moitié du XIXe siècle entérinent cette nouvelle identité[32], que Félix Bellamy fixe définitivement dans les années 1890[33]. Le Val sans retour, situé administrativement dans le département d'Ille-et-Vilaine, compte différents points d'intérêt comme la création artistique l’Arbre d'Or, le site mégalithique dit Hotié de Viviane ou Tombeau des druides, le siège de Merlin ou Roche Dentelée (une roche sculptée par l'érosion).
Église Sainte-Onenne ou chapelle du GraalModifier
Tréhorenteuc possède une église unique en son genre, dont la restauration et la popularité découlent de l'action de l'abbé Gillard. Alors que l'édifice est en ruine, l'abbé Gillard est envoyé dans ce petit édifice en pleine campagne en 1942, en raison de conflits avec sa hiérarchie[19]. Il restaure l'église à ses frais. Le premier vitrail dit « de la Table ronde » est réalisé et posé en 1943 par le peintre verrier nantais Henri Uzureau. En 1945, l'abbé est aidé par deux prisonniers allemands, l'ébéniste Peter Wissdorf, qui fabrique les bancs et la voûte en coque de bateau ainsi qu'un artiste peintre, Karl Rezabeck, qui réalise quatre tableaux représentant à la fois le monde celte, la légende arthurienne et le christianisme. Dans cette église, les vitraux, les tableaux et la mosaïque du Cert blanc au collier d'or créée par l'artiste contemporain Jean Delpech, représentent des éléments de ces trois mondes que l'abbé veut en harmonie. Pour cela, il trouve un tronc commun entre ces trois mondes, qui est le Graal. Ce dernier est fréquemment représenté, c'est pourquoi l'église porte aussi le nom de chapelle du Graal. Elle est dédiée à sainte Onenne.
Personnalités liées à la communeModifier
Henri Gillard, le recteur de Tréhorenteuc qui a reconstruit l'église, est sans conteste la personnalité la plus marquante de la commune. Réhabilité par sa hiérarchie, il est enterré en 1979 sous l'église qu'il a restaurée[19]. Il a écrit un grand nombre d'ouvrages, disponibles à l'office de tourisme[34].
Voir aussiModifier
BibliographieModifier
- Henri Gillard, Vérités et légendes de Tréhorenteuc, St. Joachim, , 48 p.
- Jacky Ealet, Tréhorenteuc en Brocéliande, Ploërmel, Les oiseaux de papier, coll. « De Brocéliande à... », , 207 p. (ISBN 978-2-916359-28-1).
- Marcel Calvez, « Druides, fées et chevaliers dans la forêt de Brocéliande : de l'invention de la topographie légendaire de la forêt de Paimpont à ses recompositions contemporaines », Festival international de géographie. Programme scientifique, Saint-Dié-des-Vosges, (lire en ligne)
Articles connexesModifier
Liens externesModifier
Notes et référencesModifier
NotesModifier
- Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
- La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.
- M. Cayot Delandre cite le Val sans retour dans le chapitre consacré à Tréhorenteuc, dans le livre Le Morbihan, son histoire et ses monuments paru en 1847. Il est certain que le Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, paru en 1853, place le Val sans retour près de Tréhorenteuc et non plus de Paimpont.
RéférencesModifier
- Ealet 2008, p. 8.
- Ealet 2008, p. 7.
- « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le 31 mars 2021).
- « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le 31 mars 2021).
- « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le 31 mars 2021).
- « Liste des communes composant l'aire d'attraction de Ploërmel », sur insee.fr (consulté le 31 mars 2021).
- Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le 31 mars 2021).
- Hervé Abalain, Noms de lieux bretons - Page 109, Editions Jean-paul Gisserot, (ISBN 2877474828).
- Office public de la langue bretonne, Liste officielle des formes normalisées des communes de Bretagne, page 25 Office public de la langue bretonne
- Ealet 2008, p. 33.
- « Tréhorenteuc » (consulté le 11 mars 2014).
- http://www.geobreizh.com/breizh/fra/villes-fiche.asp?insee_ville=56256
- Ealet 2008, p. 14.
- Ealet 2008, p. 83.
- Ealet 2008, p. 99.
- Ealet 2008, p. 146.
- Ealet 2008, p. 148.
- Ealet 2008, p. 149.
- Ealet 2008, p. 11.
- Gillard 1971, p. 4.
- Ealet 2008, p. 12.
- « Municipales à Tréhorenteuc. Les élections du maire Michel Gortais et des adjoints, en famille », sur Ouest-France, (consulté le 30 mai 2020).
- L'organisation du recensement, sur insee.fr.
- Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
- Ealet 2008, p. 166.
- Ealet 2008, p. 85-89.
- Ealet 2008, p. 91.
- Architecture de Tréhorenteuc - Base Mérimée
- Jacques Briard, Dolmens et menhirs de Bretagne, Paris, éditions Jean-Paul Gisserot, , 64 p. (ISBN 2-87747-042-3 et 978-2877470421, lire en ligne), p. 15-16.
- Ealet 2008, p. 165.
- Calvez 2010, p. 6.
- Yves Guilloux, Le triskell et l'écharpe: la transceltique d'un maire breton, Coll. Une mémoire, éditions Cheminements, 2004, (ISBN 2844782515 et 9782844782519), p. 250