Sébastien Delogu

syndicaliste et politicien français

Sébastien Delogu, né le à Marseille (Bouches-du-Rhône), est un syndicaliste et homme politique français. Vendeur, agent de sécurité puis chauffeur de taxi, il devient le porte-parole des chauffeurs de taxi marseillais en grève contre Uber en 2016.

Sébastien Delogu
Illustration.
Sébastien Delogu en 2024.
Fonctions
Député français
En fonction depuis le
(2 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 19 juin 2022
Réélection 30 juin 2024
Circonscription 7e des Bouches-du-Rhône
Législature XVIe et XVIIe (Cinquième République)
Groupe politique NUPES-LFI
Prédécesseur Saïd Ahamada
Biographie
Nom de naissance Sébastien Victor Delogu
Date de naissance (38 ans)
Lieu de naissance Marseille (France)
Nationalité Française
Parti politique PCF
LFI (depuis 2017)[1]
Profession Chauffeur de taxi[2]

Signature de Sébastien Delogu

D’abord engagé au Parti communiste français, il rejoint ensuite La France insoumise et participe à la campagne législative de Jean-Luc Mélenchon en 2017. Il est élu député de la septième circonscription des Bouches-du-Rhône en 2022 puis réélu en 2024.

Biographie

Origines et jeunesse

Fils d'une mère responsable syndicale de la CGT des Bouches-du-Rhône et vice-présidente du conseil prud'hommal d'Aix-en-Provence, d’origine algérienne et espagnole, et d'un père chauffeur de taxi, d’origine arménienne et italienne, Sébastien Victor Delogu[3],[4] grandit dans les quartiers nord de Marseille, à la cité Consolat dans le 15e arrondissement[5],[1],[6].

Formation et débuts professionnels

Après une formation dans la vente dans un lycée professionnel, il obtient le brevet en candidat libre et travaille à sa majorité comme vendeur de prêt-à-porter, serveur et agent de sécurité[7]. À la suite de la naissance de son premier enfant, il reprend ses études[5].

En 2012, expulsé de son logement, le bail étant au nom de sa mère, il est un temps sans domicile fixe et dort dans sa voiture[8]. Il s'investit alors dans la Confédération nationale du logement (CNL)[8].

Chauffeur de taxi

Chauffeur de taxi la nuit pendant neuf ans, il travaille à la station Jean-Ballard du Vieux-Port de Marseille et participe à la mobilisation de 2016 contre l’ubérisation de la profession avec le slogan « Pas de taxi, pas d’impôt, pas de lits d’hôpitaux »[8]. Il devient ainsi le porte-parole de la grève des taxis marseillais contre Uber[8]. Il est aussi le délégué des chauffeurs marseillais dans l’assemblée de « Taxi de France » à l'échelle nationale[8], ce qui l'amène à rencontrer Danielle Simonnet en 2016, puis à rejoindre La France insoumise en 2017.

Entre-temps, Jean-Luc Mélenchon annonce après l'élection présidentielle de 2017 sa candidature dans la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône à l'occasion des législatives de 2017. Il se propose comme chauffeur et garde du corps pour la campagne[1], sans être payé, comme le souligne la directrice de cabinet de Jean-Luc Mélenchon[8]. Après avoir quitté son activité de chauffeur de taxi pour la campagne électorale, il ne la reprend pas ensuite et organise en la rénovation d'une école maternelle de la cité de la Viste pour dénoncer l'état des services publics de la ville de Marseille[9]. Il travaille à l'occasion comme barman et dans des salles de concert[1].

Engagement politique

Débuts au Parti communiste

Sébastien Delogu s'engage au sein du Parti communiste français, avant de le quitter en raison de ce qu'il perçoit comme un « manque de diversité » au sein du parti[1].

Campagnes électorales de 2017 et 2019

Sa première campagne électorale est celle de Jean-Luc Mélenchon lors des législatives de 2017 à Marseille.

Lors des élections européennes de 2019, il est candidat en vingt-quatrième position sur la liste de la France insoumise conduite par Manon Aubry, qui obtient 6,3 % des suffrages exprimés et six des 74 sièges français[10]. Pendant la campagne, il organise des actions symboliques à Marseille, comme l'utilisation de fumigènes à L'Estaque pour dénoncer la pollution des navires de croisière[11].

Après avoir annoncé sa candidature pour être tête de liste à Marseille lors des élections municipales de 2020, il se retire en après le faible score de son parti lors des élections européennes[11].

Député

Lors des législatives de 2022, il est candidat de La France insoumise - NUPES dans la septième circonscription des Bouches-du-Rhône. En tête au premier tour, il est élu au second avec 64,68 % des voix[12].

Le 7 mars 2024, il dépose une demande de commission d'enquête parlementaire sur « Marseille en grand », un « plan d'investissement massif » annoncé par Emmanuel Macron en 2021, qui comporte des « dysfonctionnements » et « fragilités », selon un rapport de la Cour des comptes et la Chambre régionale des comptes[13] selon BFMTV[14].

Le , il est exclu pour 15 jours de l'Assemblée nationale pour avoir brandi, lors d'une séance de questions au gouvernement, un drapeau de la Palestine, et privé de la moitié de son indemnité parlementaire pour deux mois, sanction la plus sévère. Les quatre partis de gauche, PS, écologistes, communistes et LFI ont tous voté contre. Cette action s'inscrit dans un contexte de bombardements israéliens sur des camps de déplacés à Rafah (sud de la bande de Gaza) ayant fait une cinquantaine de morts[15],[16]. Le motif est une « manifestation troublant l’ordre ou une scène tumultueuse », cas prévus par l'article 70 du règlement intérieur[17]. Naïma Moutchou, vice-présidente Horizons de l’Assemblée souligne que cette sanction disproportionnée met en jeu la « crédibilité en tant qu’institution » de l'Assemblée car Sébastien Nadot (ex-LREM) avait écopé d’un simple rappel à l’ordre pour une autre banderole dans l'hémicycle[18], tandis que LFI souligne que Yaël Braun-Pivet a porté dans l’hémicycle un drapeau israélien sur sa veste. La sanction correspond à une « application souple du droit à l’Assemblée » pour l'universitaire Benjamin Morel : la sanction est « très élevée, plus que ce qui se pratique pour ce type d’acte » et « reste une appréciation politique, en fonction de la sensibilité du sujet, liée à sa lecture conjoncturelle et politique ». Sébastien Delogu saisit la Cour européenne des droits de l'homme deux jours plus tard[19].

Lors des législatives de 2024, Sébastien Delogu, candidat de La France insoumise - Nouveau Front populaire, est réélu au premier tour avec 59,67 % des voix[20]. Il siège à la Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire.

En septembre 2024, une vidéo de Sébastien Delogu en commission des finances devient virale : sa lecture hésitante est moquée par ses détracteurs de droite et d'extrême droite, certains relayant une vidéo trafiquée et ralentie pour amplifier l'effet. De nombreux élus de LFI apportent leur soutien à Delogu et dénoncent un « mépris de classe »[21].

Il reçoit une lettre de menace de mort avec une balle d'arme à feu jointe en janvier 2025 signée par un « comité "732" », groupe d’extrême droite identitaire dont le nom fait référence à la bataille de Poitiers . D'autres députés, dont Thomas Portes, avaient précédemment reçu des lettres de menaces signés par ce même « comité »[22],[23].

En mai 2025, dans le livre d'enquête La Meute, il est décrit comme se vantant de sa notoriété et de ses conquêtes féminines, déclarant : « Mélenchon c’est Dieu, et moi je suis le fils de Dieu ». Le livre rapporte qu’il recevrait de nombreux messages de femmes, notamment issues de la téléréalité ou originaires de l’étranger. Les auteurs indiquent également que certains dénoncent des méthodes de « charognard prêt à tout », évoquant des attitudes jugées déplacées voire inquiétantes, comme draguer une femme en deuil. Des propos particulièrement violents à l’égard des femmes lui sont également attribués, dont des insultes misogynes et des menaces de viol proférées en public[24].

Affaires judicaires

Condamnation pour violences volontaires sur fonctionnaires

Sébastien Delogu comparaît en pour « violences aggravées » et « refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques » lors d'une altercation devant le lycée Saint-Exupéry de sa circonscription le [25],[26],[27]. Le député était venu soutenir les ouvriers grévistes d'une entreprise située à proximité de l'établissement scolaire avant d'intervenir lors d'une altercation entre des élèves souhaitant bloquer leur lycée dans le cadre de la contestation de la réforme des retraites et des membres du personnel. Il est accusé d'avoir causé « une incapacité totale de travail (ITT) d'une journée » par des coups de pied dans les chevilles du proviseur adjoint et de la conseillère principale d’éducation du lycée[28].

Un communiqué des syndicats CGT, FO, Snes et SUD affirme que des violences ont été exercées initialement par des membres de la direction de l'établissement contre des élèves participant aux blocages, conduisant des enseignants et Sébastien Delogu à tenter de s'interposer. Selon le communiqué, le député a alors « lui-même été pris à partie physiquement par un membre de la direction »[29].

Lors du procès, le procureur a requis six mois de prison avec sursis et une amende de 1 000 . Les débats ont mis en lumière des récits contradictoires : d’un côté, les plaignants accusent le député d’actes de violence ; de l’autre, Sébastien Delogu se défend en affirmant avoir voulu protéger les élèves et avoir été agressé en retour.

Il est condamné en à 5 000  d'amende pour violences volontaires sur des membres du personnel de l’Éducation nationale et doit également verser 1 600  d'indemnités aux deux fonctionnaires par le tribunal correctionnel de Marseille[30],[31]. Son avocat annonce vouloir faire appel de la décision judiciaire[30].

Enquête pour vol et recel de vol de documents

Le 15 mai 2025, le domicile et la permanence parlementaire de Sébastien Delogu sont perquisitionnés dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte en octobre 2024 à la suite de la plainte d'Isidore Aragones, contre Sébastien Delogu et Manuel Bompard, affirmant que des documents personnels lui ont été volés[32]. Cette enquête, confiée à la brigade financière de la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS), porte sur des soupçons de vol, recel de vol, mise en danger par révélation d'informations relatives à la vie privée par communication publique en ligne, et atteinte au secret des correspondances[33]. En septembre 2024, Delogu avait saisi le procureur de la République de Marseille, en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale, concernant la gestion de la société Laser Propreté, prestataire de services de nettoyage pour la gare Saint-Charles et la Régie des transports métropolitains (RTM), soupçonnée de détournements de fonds. Il a déclaré que les perquisitions visaient à obtenir les documents ayant étayé son signalement[34],.

Résultats électoraux

Élections européennes

Année Liste Circonscription Position sur la liste Voix % Rang Sièges
2019 LFI France entière 24e 1 428 548 6,31 5e
6  /  79

Élections législatives

Année Parti Circonscription Premier tour Second tour Issue
Voix % Rang Voix % Rang
2022 LFI 7e des Bouches-du-Rhône 6 904 37,88 1er 11 960 64,68 1er Élu
2024 21 124 59,67 1er Élu

Références

  1. a b c d et e Cédric Mathiot, « Est-il vrai que le chauffeur de Jean-Luc Mélenchon est sur la liste LFI pour les européennes ? », sur Libération, (consulté le ).
  2. Axel Perru, « Sébastien Delogu, le chauffeur de taxi (et de Mélenchon) anti-Uber devenu député », sur Marianne, (consulté le ).
  3. « Sébastien Delogu - Who's Who »  , sur whoswho.fr (consulté le )
  4. « Qui est Sébastien Delogu, le député sanctionné pour avoir brandi un drapeau palestinien ? », sur 20 minutes,
  5. a et b Pauline Guigou et AFP, « Législatives 2022 : Sébastien Delogu, de chauffeur de taxi des quartiers Nord de Marseille à député des Bouches-du-Rhône », sur France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, (consulté le ).
  6. Charlotte Belaïch, « Sébastien Delogu, priorité à gauche »  , sur Libération, .
  7. « La gauche vole au secours de Sébastien Delogu, moqué pour ses difficultés de lecture et de calcul à l’Assemblée », lefigaro.fr, 10 septembre 2024.
  8. a b c d e et f Alexandre Vella, « Marseille : Enfant des quartiers nord, de taxi à SDF, le député Nupes Sébastien Delogu "est un hybride" », 20 minutes,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Gilles Rof, « A Marseille, la très politique rénovation d’une école par La France insoumise », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Ministère de l'Intérieur, « Résultats des élections européennes 2019 », sur mobile.interieur.gouv.fr (consulté le ).
  11. a et b Léo Purguette, « Marseille : Sébastien Delogu, l’insoumis qui tire sa révérence », sur lamarseillaise.fr, (consulté le ).
  12. « Les résultats du second tour des élections législatives dans la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône. », Le Monde, (consulté le ).
  13. Cour des comptes, « "Marseille en Grand" (rapport, 155 p.) », sur ccomptes.fr,
  14. Article de Florian Bouhot, le 7 mars 2024 sur BFMTV.
  15. AFP, « Le député LFI Sébastien Delogu exclu quinze jours de l’Assemblée nationale pour avoir brandi un drapeau palestinien dans l’hémicycle », sur Le Monde, (consulté le ).
  16. Hugues Garnier, « Drapeau palestinien brandi à l'Assemblée : le député LFI Sébastien Delogu "se fout" des sanctions », sur BFMTV, (consulté le ).
  17. Juliette Marie et Erwan Alix, « Député exclu après avoir brandi le drapeau palestinien : 4 questions sur les sanctions à l’Assemblée », sur Ouest-France, (consulté le ).
  18. « Exclusion temporaire d’un député LFI pour avoir brandi un drapeau palestinien : une sanction disproportionnée pour la députée Horizons Naïma Moutchou », Chez Pol, Libération, (consulté le ).
  19. Hugo Septier, « Drapeau palestinien brandi à l'Assemblée : Sebastien Delogu saisit la CEDH après sa sanction », sur BFM TV, (consulté le ).
  20. « Les résultats du premier tour des élections législatives dans la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône. », Le Monde, (consulté le ).
  21. Anaïs Condomines, « La vidéo virale moquant la lecture du député LFI Sébastien Delogu a-t-elle été trafiquée ? », sur Libération, (consulté le )
  22. « "Ne te crois pas protégé": Sébastien Delogu reçoit une lettre de menaces accompagnée d’une balle », sur BFMTV (consulté le )
  23. Le «Comité 732», un mystérieux groupe d’extrême droite derrière des menaces de mort contre des députés, Libération, 20/1/2025
  24. Lucas Jakubowicz, « La Meute : l’enquête qui fait trembler LFI et Jean-Luc Mélenchon », sur DECIDEURS MAGAZINE - Accédez à toute l’actualité de la vie des affaires : stratégie, finance, RH, innovation, (consulté le )
  25. Marc Leras, « Le procès pour violences du député LFI sortant Sébastien Delogu reporté au mois de janvier », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. Article de Juliette Moreau Alvarez le 14 décembre 2023 [1]
  27. Clara Martot Bacry (Marsactu), « À Marseille, au procès du député Delogu, trois coups de pied et un « contexte » politique », sur Mediapart, (consulté le )
  28. Article d'Alexandre Vella le 13/12/2023 dans 20 Minutes [2]
  29. V.G. et AFP, « Le député LFI Sébastien Delogu visé par des plaintes pour violence après le blocus d'un lycée marseillais », La Dépêche,‎ (lire en ligne).
  30. a et b « Marseille : le député LFI Sébastien Delogu condamné à 5000 euros d’amende pour des violences devant un lycée », sur Le Figaro.fr, Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  31. Clara Martot Bacry (Marsactu), « Marseille : le député insoumis Sébastien Delogu condamné à 5 000 euros d’amende pour violences volontaires », sur Mediapart, (consulté le )
  32. « Le député LFI Sébastien Delogu entendu vendredi après les perquisitions à son domicile et à sa permanence », sur Le Figaro, (consulté le )
  33. Gilles Rof, « Marseille : Sébastien Delogu, député LFI visé par une double perquisition, dénonce un « coup de pression à l’approche des élections » », sur Le Monde, (consulté le )
  34. « Marseille: le domicile et la permanence parlementaire du député Sébastien Delogu perquisitionnés », sur BFMTV, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes