Robert Witchitz
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait conservé dans les archives fédérales allemandes, dans une pose similaire à celle de l'affiche rouge.
Naissance
Abscon, France
Décès (à 19 ans)
Mont-Valérien, France
Nationalité Drapeau de la France France
Profession
Activité principale
Distinctions

Robert Witchitz (Abscon le - fusillé au fort du Mont-Valérien le ), est un soldat volontaires des FTP-MOI au sein du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman des FTP-MOI de la région parisienne, dont une dizaine avaient leur portrait sur l'Affiche rouge.

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Robert Witchitz naît à Abscon, dans le Nord, d'un père commerçant d'origine polonaise[1] et de mère française. Élevé par ses grands-parents, il reste dans son village natal jusqu'à l'âge de quatre ans, puis vient ensuite dans la région parisienne[1] où il fréquente l'école laïque.

Seconde Guerre mondiale modifier

Au début de la Seconde Guerre mondiale Robert devient télégraphiste. Son père, mobilisé, est fait prisonnier, mais comme ancien combattant de la guerre 1914-1918, il rentre de captivité. Robert, lui, est licencié. Il doit faire des courses à bicyclette, pour le compte d'une distillerie. Devenu ajusteur à l'usine de constructions mécaniques Texier-Dufor, il devient militant dans les Jeunesses communistes, à Ivry-sur-Seine. En 1943, il est réquisitionné dans le cadre du STO pour aller travailler en Allemagne[1]. Avec son ami Roger Rouxel, il rejoint alors, en février 1943, à l'insu de ses parents, la FTP-MOI[1] du 3e détachement italien sous le matricule 10 279 et le nom de guerre de René[2]. Chaque fois que, par la presse ou tout autre moyen, il apprend la mort d'un Allemand ou d'un collaborateur, il se réjouit et dit à son père : « Tu vois, il y a encore des hommes, et de bons Français. »

Un jour qu'il est resté chez lui, vers cinq heures du matin, on crie dehors : « Police ! » Ses parents se rappellent avec angoisse les efforts qu'il fit pour essayer de s'enfuir par la fenêtre. Peine perdue. « Faites entrer les agents », dit-il. Quand ils le voient : « C'est toi, Robert ? D'ici deux ou trois heures, fous le camp ! Mais ne va pas en Corrèze ni dans une région aussi dangereuse. » À partir de ce jour-là, les parents de Robert comprennent enfin quel est le genre d'activité de leur fils.

Le , Robert est arrêté[1], avec Rino Della Negra, à la suite d'une action contre des convoyeurs de fonds allemand au 56 rue La Fayette à Paris. Il prévient ses parents dans une lettre où il s'accuse, pour ne pas incriminer ses camarades de combat, d'avoir fait une « bêtise ». Il reste en prison, exactement cent jours et jamais ses parents, malgré de nombreuses demandes, ne sont autorisés à le voir pendant son incarcération. Traduit avec ses autres frères de combat au procès des 23, il est condamné à mort. Pendant le court laps de temps où il a agi comme résistant, Robert a participé à une dizaine d'actions[3],[4],[5].

Robert Witchitz est fusillé au fort du Mont-Valérien le avec les 23 membres de l'Affiche rouge[1],[6]. Lorsque ses parents reçoivent enfin l'autorisation de lui rendre visite, il est trop tard : les Allemands l'ont fusillé la veille.

Son corps fut déposé au carré des Fusillés au cimetière d’Ivry-sur-Seine, et plus tard, conformément au désir de sa mère, dans le caveau de la famille.

Il est fait chevalier de la Légion d'honneur, à titre posthume, en mai 1959[1].

Une rue d'Ivry-sur-Seine porte son nom[1].

Le , il est cité « Mort pour la France », ainsi que ses 23 autres camarades, avec l'entrée de Missak et de Mélinée Manouchian lors de la cérémonie de panthéonisation en présence d'Emmanuel Macron, président de la République française. Une plaque portant son nom et ceux des 23 résistants du groupe Manouchian est apposée au Panthéon[7]. Son portrait figure avec les autres camarades du groupe des FTP-MOI de l'Ile-de-France.

Affiche rouge modifier

Son nom figure sur l'« Affiche rouge » éditée par les Allemands :
« Witchitz, Juif hongrois, 15 attentats ».

Les nazis ont pris Robert Witchitz pour un Juif et pour un Hongrois alors qu'il n'était ni l'un, ni l'autre. Dans son Journal de guerre, l'aumônier catholique du Mont-Valérien Franz Stock raconte en effet qu'il a confessé ce condamné à mort.

Divers modifier

  • Profession : télégraphiste, coursier
  • Lieu d'habitation : Ivry-sur-Seine

Liste des membres du groupe Manouchian condamnés le 21 février 1944 modifier

 
Mémorial de l'Affiche rouge à Valence.

La liste suivante des 23 membres du groupe Manouchian exécutés par les Allemands signale par la mention AR les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l'Affiche rouge :

AR Celestino Alfonso Espagnol 27 ans
Olga Bancic, Roumaine 32 ans — Seule femme du groupe, guillotinée en Allemagne le 10 mai 1944)
AR Joseph Boczov Hongrois 38 ans — Ingénieur chimiste — [József Boczor, Wolff Ferenc]
Georges Cloarec Français 20 ans
Rino Della Negra Italien 19 ans
AR Thomas Elek Hongrois 18 ans — Étudiant — [Elek Tamás]
AR Maurice Fingercwajg Polonais 19 ans
AR Spartaco Fontanot Italien 22 ans
Jonas Geduldig Polonais 26 ans
Emeric Glasz Hongrois 42 ans — Ouvrier métallurgiste — [Békés (Glass) Imre]
Léon Goldberg Polonais 19 ans
AR Szlama Grzywacz Polonais 34 ans
Stanislas Kubacki Polonais 36 ans
Cesare Luccarini Italien 22 ans
AR Missak Manouchian Arménien 37 ans
Armenak Arpen Manoukian Arménien 44 ans
AR Marcel Rayman Polonais 21 ans
Roger Rouxel Français 18 ans
Antoine Salvadori Italien 24 ans
Willy Schapiro Polonais 29 ans
Amedeo Usseglio Italien 32 ans
AR Wolf Wajsbrot Polonais 18 ans
AR Robert Witchitz Français 19 ans

Notes et références modifier

Bibliographie modifier

  • FFI - FTPF, Pages de gloire des vingt-trois, Immigration, 1951.

Annexes modifier

Liens internes modifier

Liens externes modifier