Joseph Boczov

résistant hongrois-français
Joseph Boczov
Portrait conservé dans les archives fédérales allemandes, dans une pose similaire à celle de l'Affiche rouge.
Biographie
Naissance
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Batiz (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 38 ans)
SuresnesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Wolf FerencVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Boczor JózsefVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
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Autres informations
Membre de
Conflit
Distinction

Joseph Boczov ou József Boczor, né Fransisc ou Ferenz Wolf (, Felsőbánya (Hongrie) - , fusillé au fort du Mont-Valérien), est un ingénieur chimiste, militant et résistant communiste hongrois, soldat volontaire de l'armée française de libération (FTP-MOI de la région parisienne), fondateur, en 1942, et chef du 4e détachement dit des « dérailleurs », puis dirigeant du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman de résistants.

Arrêté le 27 novembre 1943, son nom et son portrait sont placardés par les nazis sur l'affiche rouge avec la description « juif hongrois », aux côtés de huit de ses camarades des FTP-MOI.

Grand spécialiste en explosifs, il s'était aguerri à la vie combattante durant la guerre d'Espagne, au sein des Brigades internationales.

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Ferenz Wolf est né à Baia Sprie, ville appartenant alors à l’empire austro-hongrois. Le père de Ferenz, un juif hongrois, est un prêteur d’argent plutôt aisé[1]. Après le Traité de Versailles, en 1920, la ville de Baia Sprie et sa région sont cédées à la Roumanie. La famille Wolf décide de rester dans la ville et devient roumaine. Ferenz Wolf peut donc s’inscrire au collège de Cluj[2]. Durant ses études il milite au jeune Parti communiste roumain et rencontre Ana Pauker, une des dirigeantes du parti[3]. Son diplôme d’ingénieur en poche, il devint permanent du Parti communiste roumain et milita à Iași[4]. Il décide de s’engager dans la lutte antifasciste et de combattre en Espagne. Pour protéger sa famille, il change de nom et prend celui de Joseph Boczov[5].

À l'âge de 32 ans, il quitte la Roumanie pour se rendre, à pied, en Espagne, combattre dans les rangs des Brigades internationales. Il perd six mois sur les routes et dans les prisons avant d'atteindre son but. Après la défaite de la République espagnole, il se retrouve interné avec ses camarades de lutte dans les camps d'Argelès et de Gurs. Joseph Boczov est le chef du groupe roumain du camp. Avec nombre de ses compatriotes, il est déchu de sa nationalité. En tant qu'apatrides, ils sont déportés vers l'Allemagne. Pendant le trajet en train, il organise leur évasion[6].

Seconde Guerre Mondiale modifier

Il vient à Paris et, lorsque sont formés les premiers groupes de FTP, il devient le chef du premier détachement FTP-Immigrés, composé d'éléments hungaro-roumains de la région parisienne. Il organise la première attaque à la grenade contre la gare de Belleville où de grandes quantités de marchandises sont stockées dans les dépôts.

Son détachement se spécialise dans le déraillement des trains de SS et de la Wehrmacht. Les déraillements, qui se font d'abord à l'aide de simples outils, sont perfectionnés car la surveillance allemande se fait de plus en plus rigoureuse. L'ingénieur-chimiste Boczov, aux prises avec mille difficultés, fait preuve d'ingéniosité et d'initiative. Ensuite, lorsque la lutte clandestine se développe et prend des formes toujours plus élaborées, Boczov, fort de ses connaissances techniques et de son expérience acquise pendant la guerre d'Espagne, devient le chef du 4e détachement, qui se consacre à des actions d'envergure contre les chemins de fer utilisés par l'armée allemande[6],[7]. Sa formation de chimiste lui permet de concevoir des mines et des « charges en cisaille » efficaces pour faire dérailler les trains[8].

Filé depuis le par la Brigade Spéciale no 2 (BS2) des Renseignements généraux, Joseph Boczov se cache : à Paris, au 85, rue de Turbigo ; au 1bis, rue de Lanneau ; au 9, rue Caillaux. Le , Joseph Boczov, Léon Goldberg et quatre autres combattants partent en mission pour faire stopper un convoi allemand sur la ligne Paris - Troyes, à Grandpuits près de Mormant. Dans la nuit du au , le train déraille, mais ils n'ont pas repéré qu'ils étaient filés par la BS2. Une fusillade s'engage. Trois résistants sont tués ou faits prisonniers, et les trois autres s'enfuient, mais sont repérés. L'étau se resserre.

Joseph Boczov est arrêté le . Accusé d'avoir accompli 20 attentats (chiffre éloigné de la réalité), il est traduit devant le Tribunal militaire. Il est fusillé au fort du Mont-Valérien le avec les 22 autres membres de l'Affiche rouge[9],[10],[11].

Affiche rouge modifier

Son nom figure sur l'« affiche rouge » éditée par les Allemands, avec le texte suivant :

« BOCZOV JUIF HONGROIS CHEF DÉRAILLEUR 20 ATTENTATS »

.

Divers modifier

  • Profession : Ouvrier menuisier
  • Lieu d'habitation : Paris 13e

Mémoire modifier

En 1974 l'administration postale de la République populaire de Hongrie émet un timbre-poste, d'une valeur de trois forint, illustré, sur fond bleu-blanc-rouge, des effigies de trois hongrois « héros de la Résistance française » : Jószef Boczor, Imre Békés et Tamás Elek[12]

Le , il est cité « Mort pour la France », ainsi que ses 23 autres camarades, avec l'entrée de Missak et de Mélinée Manouchian lors de la cérémonie de panthéonisation en présence d'Emmanuel Macron, président de la République française. Une plaque portant son nom et ceux des 23 résistants du groupe Manouchian est apposée au Panthéon[13]. Son portrait figure avec les autres camarades du groupe des FTP-MOI de l'Ile-de-France.

Liste des membres du groupe Manouchian exécutés le 21 février 1944 modifier

 
Mémorial de l'Affiche rouge à Valence.

La liste suivante des 23 membres du groupe Manouchian exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l'Affiche rouge :

Filmographie modifier

Notes et références modifier

  1. Viviane Janouin-Benanti, Ils sont venus pour nous – Joseph Boczov et Olga Bancic, deux de l’Affiche rouge, LA BAULE, 3E éditions, , 316 p. (ISBN 979-10-95826-64-4), p. 40
  2. Viviane Janouin-Benanti, Ils sont venus pour nous – Joseph Boczov et Olga Bancic, deux de l’Affiche rouge, LA BAULE, 3E éditions, , 316 p. (ISBN 979-10-95826-64-4), p. 127
  3. Viviane Janouin-Benanti, Ils sont venus pour nous – Joseph Boczov et Olga Bancic, deux de l’Affiche rouge, LA BAULE, 3E éditions, , 316 p. (ISBN 979-10-95826-64-4), p. 190
  4. Viviane Janouin-Benanti, Ils sont venus pour nous – Joseph Boczov et Olga Bancic, deux de l’Affiche rouge, LA BAULE, 3E éditions, , 316 p. (ISBN 979-10-95826-64-4), p. 235
  5. Viviane Janouin-Benanti, Ils sont venus pour nous – Joseph Boczov et Olga Bancic, deux de l’Affiche rouge, LA BAULE, 3E éditions, , 316 p. (ISBN 979-10-95826-64-4), p. 241
  6. a et b Daniel Grason, Alexis Spire, « BOCZOR Joseph, dit Pierre écrit parfois BOSCOV [WOLF Fransisc ou Ferenz, dit] », sur Le Maitron, 25 mai 2017, dernière modification le 18 novembre 2020.
  7. Dimitri Manessis, « Manouchian et ses camarades : qui sont les 23 martyrs de l’Affiche rouge ? / Joseph Boczor : le « chef dérailleur » de l’Affiche rouge », sur L'Humanité, .
  8. Viviane Janouin-Benanti, Ils sont venus pour nous – Joseph Boczov et Olga Bancic, deux de l’Affiche rouge, LA BAULE, 3E éditions, , 316 p. (ISBN 979-10-95826-64-4), p. 264.
  9. Paris-Soir du 21 février 1944 : « Le mouvement ouvrier immigré était dirigé par des Juifs qui prenaient leurs ordres de Moscou »
  10. Paris-Soir du 22 février 1944 : « Le procès des 24 terroristes judéo-communistes - Le Juif Rajman et Alfonso complices de Missak Manouchian font aux juges le récit de l'assassinat du Dr Ritter - Le Hongrois Poczor, les Juifs Glasz, Fingerzweig, Waisbrot, Goldberg, Schapira, et Elek organisaient les déraillements de trains »
  11. Paris-Soir du 6 mars 1944 : « Épilogue du procès des terroristes judéo-communistes - Vingt-deux-des condamnées à mort ont été exécutés »
  12. « 1944 FRANCIA ORSZÁGBAN HALTAK MEG A SZABADSÁGÉRT, BOCZOR JÓSZEF, BÉKÉS IMRE, ELEK TAMÁS », cat. Michel, N° 2928.
  13. Louis Hausalter, « « Vous entrez ici en soldat » : Macron accueille Manouchian au Panthéon »  , sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).

Articles connexes modifier

Source bibliographique modifier

Liens externes modifier