René Gervais

aviateur et officier de renseignement français, compagnon de la Libération

René Gervais (1908-1997) est un pilote de l’air et résistant français, compagnon de la Libération.

René Gervais
René Gervais

Surnom René Gérard
Naissance
La Teste-de-Buch, Gironde
Décès (à 89 ans)
Port-Louis, Morbihan
Formation École polytechnique
Grade Colonel
Conflits Seconde Guerre mondiale

Membre du SR Air de Georges Ronin, il prend la direction du réseau en métropole après le débarquement allié en Afrique du Nord. Recherché par la Gestapo, il est exfiltré en mars 1944 et commande une section de la DGSS.

Biographie

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René Gervais, naît le 22 août 1908 à La Teste-de-Buch[1]. Il est le fils de Louis Gervais, comptable et menuisier, et de l’institutrice Léonie Victorine Courage[2].

Il intègre en 1928 l'École polytechnique[3], avant de rejoindre l'Armée de l’air comme sous-lieutenant en 1930[2]. Commandant d’une escadrille de bombardement, il est affecté à la base de Cazaux en 1934, puis au centre d'essais en vol de Villacoublay en mai 1939[4].

Seconde Guerre mondiale

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À la veille de l’armistice, René Gervais décolle pour Oran où il retrouve Paul Badré et Georges Ronin. Ce dernier décide de reconstituer en métropole un service de renseignement (le SR Air).

Dès septembre 1940, Gervais (nom de code René Gérard) est volontaire pour observer à la frontière espagnole la présence allemande de l'autre côté des Pyrénées[1]. Installé à Perpignan, son poste se révèle d’une utilité moindre, le SR Air étant déjà en lien avec le colonel Malaise à Madrid.

À l’été 1941, il devient l’adjoint de Paul Badré à Bellerive, faubourg de Vichy, où des renseignements sont communiqués par radio au MI6 à Londres. Sa tâche consiste à rassembler des informations sur la Luftwaffe en zone Nord et sur l'industrie aéronautique allemande[4]. En juin 1942, il est placé en réserve au sein du 2e bureau[5].

Chef du SR Air en métropole

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Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1942, la veille de l’invasion de la zone libre, Georges Ronin et ses principaux officiers s’envolent pour l’Algérie, laissant à René Gervais la direction du service en France[6],[7]. Il prend contact avec le capitaine Boiron (chef de l’antenne marseillaise qui a choisi de rester en poste), Philouze (ancien adjoint du poste de Limoges), Henri Pascal (un des fondateurs de Ceux de la Libération, devenu chef du poste de Narbonne) et Raymond Puechberty (qui établit une filière de passage du courrier vers l’Espagne[8]). La liaison radio est rétablie avec le SR Air d’Alger.

Le 8 janvier 1943, entrouvrant la porte du commandant Barberon, responsable du 2e bureau, il aperçoit le SS Hugo Geissler, chef de la Gestapo à Vichy. Il déplace alors en urgence l’émetteur-récepteur qu’il entreposait chez lui. Le lendemain matin, les Allemands perquisitionnent son domicile en son absence[9].

Paul Badré, nommé à la tête d’une nouvelle antenne du SR Air à Londres, organise le parachutage d’un de ses agents, André Duthilleul (Oscar), dans la nuit du 14 au 15 mars 1943[10]. Présenté à Gervais par Philouze, Oscar lui apporte un poste radio et un plan de transmission. La liaison avec Londres débute le 2 avril. Dans la nuit du 11 au 12 avril, c’est au tour de Robert Masson (Samson) d’être parachuté par la Royal Air Force. Il s’entretient à Vichy avec Gervais, qui lui donne son accord pour qu’il mette sur pied un réseau autonome, afin de compartimenter leurs activités[11].

En août 1943, le SR Air compte cinq secteurs (Paris[12], Laon[13], Troyes[14], Bretagne[15] et Normandie[16]) qui, grâce au parachutage de matériel par la Royal Air Force, disposent rapidement de leurs propres liaisons radio avec Londres. Les informateurs d’autres régions sont rattachés aux chefs de ces secteurs. Deux réseaux supplémentaires se greffent au SR Air : celui de Pierre Pontal[17] (Petrus) et celui de Maurice Challe (François-Villon).

Parti le 21 août 1943[18] effectuer une liaison avec Londres puis Alger, Oscar est de nouveau parachuté dans la région de Vichy le 18 septembre. Il est réceptionné par Gervais, qui s’envole à son tour le 16 octobre 1943, depuis un terrain d’Estrées-Saint-Denis dans l’Oise[19]. À Alger, il se coordonne avec la direction du SR Air et s’entretient plusieurs fois avec le général Bouscat (chef d'état-major de l'Armée de l'air[20]).

Un mois après son départ, Gervais atterrit le 13 novembre à 2 heures du matin sur le même terrain d’Estrées-Saint-Denis[21]. À la gare de Vichy, Jourdan, un de ses agents, le prévient que la Gestapo a perquisitionné son domicile le matin même.

Le 30 octobre, Garrisson (Guillemet), le secrétaire de Boiron, chef du poste de Marseille, a été capturé par les Allemands, qui ont trouvé sur lui l’adresse de Gervais ainsi que celles de Boiron, Pascal et Koenig (adjoint de Pascal à Narbonne). Tous les trois sont arrêtés et torturés par la Gestapo[22]. Gervais décide de quitter définitivement Vichy pour s’installer à Paris.

Le 25 décembre 1943, Oscar est arrêté par la Gestapo non loin de l’église Saint-Ferdinand-des-Ternes[23]. Il est blessé par balle en tentant de fuir et condamné à la déportation[24]. Gervais échappe lui-même miraculeusement à une souricière[25].

En février, Robert Masson est de nouveau parachuté en France. Il rencontre Gervais dans un café de l’avenue de Friedland[26] et reçoit la tâche d’intégrer à son réseau Samson les cinq postes du SR Air. Sur la brèche depuis novembre 1942 et traqué par la Gestapo, Gervais est exfiltré lors d’une opération aérienne qui se déroule dans la nuit du 6 au 7 mars 1944, sur le terrain d’Estrées-Saint-Denis[27].

Continuant à aider son réseau depuis Alger, il est nommé à la tête d’une section de la DGSS[1]. À l’approche du débarquement, les agents du SR Air en métropole se focalisent sur la localisation des radars allemands et des rampes de lancement des missiles V1[28].

Après la Libération

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Il travaille à Paris à la DGER jusqu’en 1945, avant de quitter les services secrets pour reprendre l'entraînement aérien. Promu colonel, il quitte l'Armée de l'air en 1946[1].

Gervais exerce comme juge au tribunal de commerce de Lorient et dirige une entreprise de conserves alimentaires[4]. Entre 1963 et 1965, il est conseiller technique chez Ratier-Figeac. En 1972, il devient vice-président de la Fédération française aéronautique.

René Gervais meurt le 22 octobre 1997 à Port-Louis dans le Morbihan, où il est inhumé au cimetière marin de Kerzo[29].

Une plaque porte son nom devant la citadelle de Port-Louis sur le mémorial à la Croix de Lorraine[30],[29]. Une rue a été baptisée en son honneur dans la même ville[29].

Décorations

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Notes et références

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  1. a b c et d « Nécrologie du colonel René Gervais, Le Monde du 25 octobre 1997 »
  2. a et b Dictionnaire des compagnons de la Libération, 2010.
  3. Il est surnommé « le petit Suisse » par ses condisciples, en référence à la fromagerie Gervais.
  4. a b et c « René Gervais, compagnon de la Libération »
  5. Jean Bezy, Le SR Air, éditions France Empire, , p. 126.
  6. Il récupère le poste émetteur-récepteur de Badré, conservé par ses deux « radios » Lemoine (Leprêtre) et Gouriou (Gallic) afin de se préparer à reprendre le contact dès que possible avec Ronin.
  7. Il est mis en contact avec Robert Masson par Madame Badré, restée à Bellerive avec ses enfants, ainsi qu’avec Roger Hardouin, agent double jusqu’alors employé par les Allemands à Villacoublay et récemment muté à Sète, qu’il rencontre régulièrement.
  8. Le 9 mai 1943, Puechberty est arrêté à la frontière espagnole. Condamné à la déportation et interné au camp de Royallieu (sous la fausse identité de Raoul Peraldy), il parvient à s’évader le 19 juin au cours de son transfert à la gare de Compiègne. Il est par Monsieur Geffroy, un fermier des environs, et parvient à rejoindre Gervais qui l’envoie se reposer dans la Nièvre, dans la propriété où résident sa femme et son fils. Après quelques mois, Puechberty s’installe à Toulouse et reprend ses liaisons avec l’Espagne.
  9. Bezy 1979, p. 128.
  10. Bezy 1979, p. 134.
  11. Robert Masson, Mes missions au clair de lune, 1975, p. 112.
  12. Le secteur de Paris est dirigé par Jean Viaud (Le Foc). Arrêté par les Allemands le 29 avril 1943, il s’évade le lendemain avant son premier interrogatoire, en passant par les toits des locaux de la Gestapo avenue Foch. Il est ensuite remplacé par Philouze et Bourguignon, ce dernier échappant de justesse à la Gestapo le 7 août. Viaud, Philouze et Bourguignon sont exfiltrés par avion vers l’Angleterre à la pleine lune d’août. Gervais confiera ensuite le secteur de Paris à leur adjoint Moury (Marcel), puis à Marc et enfin à Mercier, qui en conservera la direction jusqu’à la Libération et deviendra le chef du SR Air après le départ de Gervais en mars 1944 (Bezy 1979, p. 143-147).
  13. L’antenne de Laon, organisée par Bourguignon, est dirigée par Paul Berthe. Son réseau se développe jusqu’à compter 90 agents. Il se consacre à la recherche des localisations et des mouvements des troupes ennemies. Sous la direction d’Oscar, il participe à la réception de parachutages d’hommes et de matériel. Robert Geneix supervise les transmissions radio. Fin 1943, recherché par la Gestapo, Berthe quitte le secteur, remplacé par Robert Pique (Bob).
  14. Le secteur de Troyes est confié à un jeune officier Saint-Cyrien, Maurice Dalit (Deborre), qui dirige un réseau comptant jusqu’à 70 agents. Le poste radio, installé par Gouriou et Lemoine, est sous la responsabilité de Foujols (Faure).
  15. Recruté par Philouze, Jean Lagouche (Jacques ou Yves) organise le secteur breton. Son réseau surveille les terrains d’aviation et transmet des informations sur les défenses côtières. Les émissions radio sont confiées à Perrier et à son adjoint Jacques Philouze (Fifi), frère de Philouze. Tous les trois sont arrêtés en mars 1944 et condamnés à la déportation. Jacques Philouze parvient à s’évader pendant le transport, et les deux autres reviennent vivants en 1945. Le secteur est ensuite couvert par le réseau Samson de Robert Masson.
  16. Le chef du secteur normand est Pierre Michel (Monnier), à la tête d’une cinquantaine d’agents. Il n’a pas de radio et son courrier transite par le secteur de Paris. Après le débarquement allié du 6 juin 1944, Michel traversera les lignes ennemies et se mettra à la disposition des services de renseignements britanniques. Il sera décoré de l’Ordre du Service distingué (Bezy 1979, p. 151).
  17. Jeune lieutenant Saint-Cyrien (promotion 1937) recruté par Henri Pascal (Blaise) à Narbonne au printemps 1943. Gervais recrute pour lui deux sous-officiers radio de l’Armée de l’air, François Ceccaldi et Gérard Hubière, qui assurent la liaison avec Londres. Pierre Pontal est arrêté avec sa famille le 4 juin 1944. Il est deporté à Neuengamme le 15 juillet, puis un mois plus tard dans un chantier de la Kriegsmarine à Brême. Le 7 avril 1945, devant l’avancée alliée, il est transféré vers le camp Stalag X-B. Il y meurt de faim et de soif (Bezy 1979, p. 225-226).
  18. Dans le même avion qui exfiltre Bourguignon et Philouze du secteur de Paris.
  19. Il emmène avec lui l’abbé Vorage, ami et collaborateur de longue date du général Rivet.
  20. Bezy 1979, p. 160.
  21. Il est accompagné du radio Geneix, demandé par Oscar pour être mis à la disposition du chef de secteur de Laon.
  22. Boiron est fouetté, pendu par les pieds au-dessus d’une bassine d’eau. Sa femme est également torturée. Un rapport de codétenu indique que Guillemet serait resté presque six jours debout, les mains attachées derrière le dos, alimenté par ses codétenus et ses geôliers. Koenig est ligoté sur une chaise et battu à coups de nerf de bœuf. Admis à l’infirmerie de la prison des Beaumettes, il parvient à s’en évader le 8 décembre, se cache à Marseille puis dans la Nièvre avec la famille de Gervais (jusqu’à son exfiltration en mars 1944). Henri Pascal, quant à lui, avait mis ses affaires suffisamment en ordre pour qu’aucun grief majeur ne fût retenu contre lui. Il est cependant catégorisé « chef de réseau d’espionnage » à l’instar de Boiron. Comme ce dernier, Pascal mourra en déportation. (Bezy 1979, p. 166).
  23. Son radio Charles a été dénoncé par un voisin et arrêté le matin même.
  24. André Duthilleul (Oscar) est interné au camp de concentration de Neuengamme, où il retrouvera Lagouche, chef du secteur breton, qui lui rendra hommage à son retour, affirmant que c’est beaucoup grâce à lui qu’il était revenu vivant. Oscar meurt le 3 mai 1945, à la veille de sa libération, dans la baie de Lübeck. Battant pavillon hitlerien, le navire de déportés sur lequel il avait embarqué est coulé par la Royal Air Force (p. 306).
  25. Bezy 1979, p. 170.
  26. Robert Masson, Mes missions au clair de lune, 1975, p. 182.
  27. Il est accompagné de Koenig, de son adjoint Jourdan, du radio Gouriou et du magistrat Maurice Rolland (compagnon de la Libération).
  28. Bezy 1979, p. 279.
  29. a b et c « Deux Compagnons de la Libération honorés lors de la cérémonie du 18-juin, à Port-Louis », Le Télégramme,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  30. « Port-Louis. Une plaque commémorative pour deux Compagnons de la Libération », Ouest-France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. « René Gervais », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )

Bibliographie

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Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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