Georges Ronin

militaire français

Georges Ronin
Georges Ronin
Georges Ronin en 1923

Nom de naissance Georges Marie Abel Louis Ronin
Naissance
Cherbourg, Manche, Normandie
Décès (à 60 ans)
5e arrondissement de Paris
Origine France
Arme Armée de l’air
Formation École spéciale militaire de Saint-Cyr
Grade Général de brigade
Commandement SR Air
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Distinctions Commandeur de la Légion d’honneur[1]

Georges Ronin (1894-1954) est un général français de l’Armée de l’air. Directeur de la section aérienne du Deuxième Bureau à partir de 1936, il est nommé en 1940 au Bureau des menées antinationales à Vichy. Il organise clandestinement un service de renseignement en zone occupée et des transmissions radio avec Londres. Il quitte Vichy pour Alger en novembre 1942 et se rallie à Henri Giraud.

Biographie modifier

Georges Ronin, né le 20 janvier 1894 à Cherbourg, est le fils d’Emmanuel Marie Auguste Ronin (capitaine de vaisseau dont le père et le grand-père étaient eux-mêmes officiers) et d’Anna Bergasse du Petit Thouars (fille du vice-amiral du Petit Thouars). Il est le frère cadet du général de division Emmanuel Auguste Abel Ronin (1886-1953)[2].

Il intègre en 1913 la 98e promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et devient sous-lieutenant au 2e escadron du 16e régiment de dragons de la 5e division de cavalerie.

Le , cerné par l’ennemi, son escadron se trouve dans la forêt à quelques kilomètres au sud-ouest de Soissons, non loin de Mortefontaine. Au crépuscule, un paysan signale aux dragons français la présence d'une escadrille de huit Aviatik stationnés pour la nuit. À une heure du matin, les 40 dragons chargent les avions allemands. Le commandant de l’escadron Gaston de Gironde et le sous-lieutenant Gaudin de Villaine sont tués par des tirs de mitrailleuse, tandis qu’Henri de Kérillis est gravement blessé. Le chef d'escadrille allemand est tué et les huit avions sont détruits. Ce combat, qui précède la bataille de l’Aisne, eut un écho important pour sa portée symbolique (la chevalerie médiévale se mesurant à l’artillerie moderne et à l’aviation). Ronin fait partie des 27 survivants français et reste captif jusqu'à l'armistice de 1918[3].

SR Air modifier

Georges Ronin rejoint l’Armée de l’air en 1921, d’abord comme observateur puis comme pilote. À partir de 1936, élevé au grade de colonel, il commande la section Air du Deuxième Bureau dirigé par le général Louis Rivet. Il prend contact avec Wilfred Dunderdale et Frederick Winterbotham, son alter ego britannique[4] (officier de liaison de la Royal Air Force au MI6), avec lequel il échange des informations sur la Luftwaffe et l’Aeronautica Militare. En 1938, il supervise avec Winterbotham une opération de reconnaissance aérienne qu’il confie à Paul Badré[5].

En juin 1940, après la bataille de France, il se rend en Algérie et au Maroc pour tenter de remobiliser les aviateurs. Rappelé en août, il est placé sous l’autorité de Louis Rivet (chef de services speciaux), de Jean Bergeret (ministre de l’aviation) et de Charles Huntziger (ministre de la guerre). Il prend la tête du SR Air au sein du Bureau des menées antinationales de l'Armée d'Armistice, installé à l'Hôtel International de Vichy[6]. Le SR Air est organisé en zone occupée par Alfred Heurtaux[5].

Au printemps 1941, Dunderdale et Winterbotham sont mis en lien avec le SR Air par l’intermédiaire du colonel de Berroëta, qui rencontre Winston Churchill à Londres. Les liens du SR avec l’Angleterre s’ébruitent presque immédiatement, après le retour d’Angleterre de Georges Groussard, membre de la Cagoule et proche de Ronin, qui se vante d’avoir secrètement rencontré Churchill à la demande de Pétain en juin. L’amiral Darlan met Ronin aux arrêts avec son adjoint Jean Bezy[7]. Le général Bergeret intervient en sa faveur et Ronin est réhabilité, après avoir été sermonné au garde-à-vous par Darlan[8]. Il recevra même la Francisque des mains du maréchal Pétain[9].

Plusieurs postes du SR Air sont créés. À Vichy, Paul Badré recrute Robert Masson comme agent en zone occupée et transmet par radio des informations à Londres, notamment des retranscriptions de la source K. À Marseille, André Sérot assure une liaison du SR Air avec Paul Paillole, le chef des services secrets français. D’abord en poste à Perpignan, René Gervais devient l’adjoint de Badré à Vichy en juillet 1941. En zone occupée, des officiers de Paillole et de Ronin subventionnent Les Petites Ailes de France, Combat Zone Nord, et le réseau Hector d’Alfred Heurtaux[10].

Informé de l’imminence de l’opération Torch par Bergeret, il s’envole pour l’Afrique du Nord le 6 novembre 1942, rejoignant Rivet qui a décollé la veille[11]. Il se rallie à Giraud qui le nomme général, et coordonne la mission Pearl Harbour à l’origine de la libération de la Corse[12],[13]. Winterbotham se rend à Alger en décembre et l’emmène à Londres. À son retour en janvier, après l’assassinat de l’amiral Darlan, Giraud lui confie avec Rivet et Paillole la direction des services spéciaux. Badré est envoyé à Londres en liaison avec le MI6 et le BCRA du colonel Passy, chef du renseignement gaulliste. Resté en France après l’invasion de la zone libre, René Gervais prend le commandement du SR Air et rétablit des émissions radio vers Londres et Alger[5].

Les relations sont exécrables avec Charles de Gaulle, qui refuse de recevoir Ronin à Londres, lui reprochant - ainsi qu’aux autres officiers des services secrets - de ne pas l’avoir suivi à Londres en 1940. Après la proclamation du Comité français de libération nationale, les renseignements d’Alger fusionnent avec les services du colonel Passy pour former la DGSS. Comme nombre de ceux ayant prêté allégeance à Giraud, il est écarté à la Libération[14].

Georges Ronin meurt dans le 5e arrondissement de Paris le 8 mai 1954 à l’âge de soixante ans. Il avait épousé trente ans auparavant Odette Dubois de Saran (1907-1990), dans le 16e arrondissement.

Références modifier

  1. « Georges Ronin - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  2. « Acte de décès (Paris 5e) »
  3. « L’escadron de Gironde », Netnal.net,‎ (lire en ligne)
  4. « Frederick William Winterbotham (histoire orale) - 36 pistes d’entretiens avec Winterbotham enregistrées en 1984 par l’Imperial War Museum de Londres », .
  5. a b et c Le SR Air, Jean Bezy, Paris, éditions France Empire, 1979, 318 p.
  6. Robert Belot, Les secrets de la Résistance, 8 novembre 2013, 336 p.
  7. Mes missions au clair de lune, Robert Masson, 1975.
  8. Michèle Cointet, Vichy capitale (1940-1944), (ISBN 978-2-262-01013-3, 2-262-01013-7 et 978-2-262-05797-8, OCLC 950877054, lire en ligne)
  9. Enquête sur l'histoire, 4e tri-1992 Trimestriel page 50, (ISSN 1166-1232)
  10. Henri Frenay, La nuit finira, éd. Laffont, 1973 ; Général Chevance-Bertin, Vingt mille heures d'angoisse, éd. Laffont, 1990.
  11. Les espions de l’Armée de l’air française, Jean Danis, 2010.
  12. Henri Amouroux, La Grande Histoire des Français sous l'occupation – Un printemps de mort et d'espoir : novembre 1943-6 juin 1944, t. VII, Robert Laffont, 1985 (ISBN 978-2221048979) pages 102-103
  13. François Marcot (dir.), La Résistance et les Français – Lutte armée et maquis, Presses universitaires de Franche-Comté, 1996, p. 119-121
  14. François Romon, les écoutes radio dans la Résistance française: 1940-1945, Nouveau Monde éditions, page 121, à lire en ligne ici : [1]

Liens externes modifier