Maxime Real del Sarte

sculpteur français
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Maxime Real del Sarte
Maxime Real del Sarte photographié par Henri Manuel, années 1920.
Fonction
Président des Camelots du Roi
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Maxime Louis Camille Real del SarteVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Père
Désiré Réal del Sarte (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Fratrie
Enfant
Guy Réal del Sarte (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Conflit
Distinctions
Liste détaillée
Médaille militaire ()
Grand prix des beaux-arts de la Ville de Paris (d) ()
Chevalier de la Légion d'honneur‎ ()
Ordre de la Francisque
Croix de guerre 1914-1918Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales

Maxime Louis Camille Real del Sarte, né le au 88 boulevard de Courcelles dans le 17e arrondissement de Paris[1] et mort le à la même adresse, est un sculpteur français, héros de la Première Guerre mondiale, mutilé de guerre, militant monarchiste, fondateur et chef des Camelots du roi.

Biographie modifier

Famille modifier

La famille, d'ancienne bourgeoisie, est originaire du Cambrésis[2]. Elle est issue de Jean-Baptiste Réal (né en 1755), maire de Solesmes (Nord).

Né dans un milieu artistique, il est le fils du sculpteur Désiré Real del Sarte et du peintre Magdeleine Real del Sarte (elle-même fille du musicien François Delsarte et cousine de Georges Bizet). Maxime Real del Sarte a également pour cousine le peintre portraitiste Thérèse Geraldy.

Carrière artistique et politique modifier

Il entre à l’École des beaux-arts de Paris en 1908. Le matin même du concours, il s'engage politiquement, du côté des antidreyfusards : pénétrant au palais de justice de Paris, il se présente à l’audience solennelle de rentrée de la cour de cassation et, apostrophant les magistrats, les accuse de « forfaiture » à propos du dernier pourvoi de l'affaire Dreyfus. C’est après cet incident qu’il prend contact avec les représentants de l’Action française.

Le chef des Camelots du roi est dès lors de tous les combats du mouvement nationaliste et monarchiste, parmi lesquels la célèbre affaire Thalamas, du nom de cet historien qui essaya de professer à la Sorbonne un cours sur Jeanne d'Arc jugé insultant par l'Action française. Elle vaut à Maxime Real del Sarte un séjour de dix mois à la prison de la Santé.

En 1910, Maxime Real del Sarte, jeune royaliste, est exclu de l’avancement militaire, ce qui entraîne des incidents suscités par l’Action française, mais désapprouvés par le duc d’Orléans, dans un entretien accordé au journal Le Gaulois le [3].

Maxime Real del Sarte, catholique fervent et militant de l'extrême droite, est un admirateur de Jeanne d’Arc à laquelle il consacre de nombreux travaux. « Sa personne », écrit le baron de Tupigny, « fut dominée par la sainte dont il dira plus tard : "Je fus toujours son serviteur." Il s’est battu pour elle toute sa vie. »

Première Guerre mondiale modifier

Alors aspirant au 106e régiment d'infanterie, Real del Sarte est blessé aux Éparges, sur le front de Verdun le , et doit être amputé de l’avant-bras gauche[4].

« Excellent sous-officier qui a toujours fait son devoir avec la plus belle vaillance, et qui a donné, en toutes circonstances, l’exemple de la plus grande bravoure. Très grièvement blessé le 29 janvier 1916 en prenant la place d’un guetteur. Amputé de la main gauche. »

— Journal officiel de la République française du 9 mars 1916

Il n’en reprend pas moins son métier de sculpteur et l’œuvre qu’il a conçue en , Le Premier Toit, reçoit le grand prix national des Beaux-Arts en 1921. Anne André Glandy l'a décrit : « Un homme et une femme agenouillés l’un en face de l’autre : dans un geste de protection l’homme relève la femme et la maintient tandis qu’avec tendresse elle cherche à s’appuyer sur lui. C’est le principe de la clef de voûte, la base de toute architecture[5]. » Charles Maurras écrira un poème sur cette œuvre.

 
À gauche, Charles Maurras ; à droite, Maxime Real del Sarte, en 1923.

Dès lors, la notoriété de l’artiste alla grandissant, tant parmi ses amis que dans le monde officiel dont il reçut de nombreuses commandes. « De la main qui lui restait », note René Brécy, « il a modelé cent ouvrages très variés, davantage peut-être conçus dans une méditation à la fois enflammée et subtile. Ne pouvant manier le ciseau, il a dirigé avec une étonnante maîtrise celui des praticiens, choisis entre tous, auxquels il lui fallait confier l’exécution de ses maquettes. »

L'activité de son atelier de sculpteur ne change rien à son militantisme, ni à ses idées et ses amitiés : Philippe d’Orléans d’abord, qu’il connaissait depuis 1913, le duc de Guise et enfin le comte de Paris ; il fonde une association qu’il nomme Les Compagnons de Jeanne d'Arc, sous l’égide de laquelle il travaille à obtenir la levée de la condamnation prononcée par le Vatican à l'encontre de l’Action française, en 1926 (la levée est obtenue en ). Son œuvre comporte plusieurs représentations de Jeanne d'Arc, dont une statue funéraire des années 1930, à Bar-le-Duc, assez proche du monument de Jeanne d'Arc à Rouen, à ceci près que des fleurs y remplacent les flammes.

Il participe à l'émeute antiparlementaire du , à l'occasion de laquelle il est blessé.

Seconde Guerre mondiale modifier

La statue du général Mangin, qu'il sculpte grâce à une souscription lancée par le maréchal Foch et érigée sur la place Denys-Cochin, est détruite par les Allemands qui occupent Paris en octobre 1940, sur ordre d'Adolf Hitler. Seule a subsisté la tête, conservée aujourd'hui à la Caverne du Dragon[6].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, réfugié à Saint-Jean-de-Luz, il parvient à empêcher des excès de l’occupant et favorise le passage de fugitifs vers la zone libre ou l’Espagne. Apprenant que des otages devaient être fusillés à Bordeaux, il prit le train pour Vichy, intervint auprès du maréchal Pétain et parvint ainsi à empêcher ce drame.[réf. nécessaire]

En 1952, il intervient, avec Henry Bordeaux, auprès du président de la République Vincent Auriol pour obtenir la grâce médicale de Charles Maurras, condamné à la réclusion à perpétuité pour intelligence avec l'ennemi, par la cour de Justice de Lyon en 1945.

En mauvaise santé, il se retire dans sa maison dans les Pyrénées, près de Saint-Jean-de-Luz[7], et meurt le au 88 boulevard de Courcelles dans le 17e arrondissement de Paris[8]. Il repose au cimetière ancien de Saint-Jean-de-Luz[9].

Décorations modifier

Postérité modifier

Anne de Roux-Glandy lui a consacré un livre-souvenir, publié en 1954 par les Éditions d’Histoire et d’Art. En 1956 paraissait un album de photographies de ses œuvres[11], préfacé par le baron Meurgey de Tupigny, un proche sur le plan idéologique, qui note : « L’amour de la patrie, la poursuite de son idéal, son culte pour Jeanne d’Arc se confondent, se pénètrent et s’enroulent autour de ce pivot que fut pour lui l’idée monarchiste. »

En , le bulletin Lecture et tradition consacra un numéro au cinquantième anniversaire de sa mort.

L'Action française étudiante, le mouvement de jeunesse de l'Action française, a donné son nom à ses universités d'été, appelées camps Maxime Real del Sarte.

Œuvres modifier

Sculptures modifier

Jeanne d'Arc modifier

 
 
Jeanne au bûcher, Montréal (Canada) ; réplique de la statue originale de 1928 à Rouen.

Jeanne d'Arc est nettement présente dans l'œuvre statuaire de Maxime Real del Sarte :

Autres sujets modifier

Monuments aux morts modifier

Maxime Real del Sarte est l'auteur de la statuaire de nombreux monuments aux morts de la Première Guerre mondiale :

Publications modifier

  • Au pays de Franco, notre frère latin. Suivi de : Sous le signe de Jeanne d'Arc, discours prononcé à Domrémy le . Avec une lettre-préface de Charles Maurras, Le Croquis, Paris, 1936.
  • « Préface » à Henry Planche, Un chevalier de Jeanne d'Arc, pièce en 3 actes, Imprimerie Moderne, Chambéry, 1942.
  • « Préface » à M. Dufrénois, Jeanne d'Arc qui revient sauver la France et le XXe siècle, d'après une antique prophétie, Eugène Figuière, Paris, 1936.

Notes et références modifier

  1. Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 17/1410/1888, avec mention marginale du décès (consulté le 14 octobre 2012).
  2. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire-Français, éd. Sedopols, 2012, p. 668.
  3. Robert Burac, Œuvres en prose complètes de Charles Péguy, tome III, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1992, Note 1 p. 1505.
  4. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  5. Anne André Glandy, Maxime Real del Sarte, Plon, 1955.
  6. « Dossier presse exposition des tirailleurs » [PDF], sur caverne-du-dragon.com, (consulté le ), p. 8.
  7. Eugen Weber, L'Action française, Hachette Pluriel, 1990, p. 501.
  8. « acte de décès no 404 de Maxime Real des Sarte », sur Les archives de Paris (consulté le ), p. 8.
  9. Cimetières de France et d'ailleurs
  10. « Le dossier de Légion d'honneur de Maxime Real des Sarte », sur La base de données Léonore des archives nationales (consulté le ).
  11. L’Œuvre de Maxime Real del Sarte, préface du baron Meurgey de Tupigny, conservateur aux Archives nationales, Plon, 1956.
  12. Maxime Real del Sarte à Buenos Aires.
  13. « Jeanne au bûcher | Maxime Real del Sarte », sur artpourtous.umontreal.ca, (consulté le ).
  14. « Patrimoine - À Limoges, la statue de Jeanne d’Arc va quitter la place Fournier », sur lepopulaire.fr, (consulté le ).
  15. Maryline Rogerie, « Patrimoine - La statue de Jeanne d’Arc a quitté la place Fournier à Limoges », sur lepopulaire.fr, .
  16. « Patrimoine - La statue de Jeanne d'Arc de retour à Limoges », sur www.lepopulaire.fr,
  17. Notice no PA76000060, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  18. Mickael Leclerc, « Cholet. "Le Vendéen", une statue à l’histoire explosive », sur ouest-france.fr, Courrier-de-l'Ouest, (consulté le ).
  19. « Du cimetière Saint-Vincent au parc Louis-Pasteur », sur archives.orleans.fr, Archives municipales d'Orléans (consulté le ).
  20. Dominique Perchet, « Monument à Alexandre Ier de Yougoslavie et Pierre Ier de Serbie – Paris (75016) », sur e-monumen.net, (consulté le ).
  21. Journal de Rouen, 16 novembre 1925, p. 2-3.
  22. Ghilaine Lhermitte, Le Quartier Jouvenet : 2 siècles d'histoire, Rouen, Roussel, , 239 p. (ISBN 2-911408-03-9, OCLC 492045554), « Le monument aux morts des forains », p. 40-42.
  23. Patrice Quéréel (préf. Patrice Pusateri et Michel Nouvellon), XXe un siècle d'architectures à Rouen, Rouen, ASI, , 157 p. (ISBN 2-912461-03-0), p. 40-41.
  24. Guy Pessiot, Rouen photos inédites, t. 2, Rouen, éditions des Falaises, , 289 p. (ISBN 978-2-84811-253-4), p. 53.

Annexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Léon Daudet, Maxime Réal del Sarte, en collaboration avec ses frères. Dessins de guerre, De Boccard, Paris, [sans date]
  • René Brécy (préf. Jacques Meurgey de Tupigny), L'œuvre de Maxime Real del Sarte, Paris, Plon,
  • Nadine-Josette Chaline, « Le sculpteur Maxime Real del Sarte et son œuvre normande », Bulletin des Amis des monuments rouennais,‎ 2013-2014, p. 51-61 (ISBN 978-2-918609-06-3)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier