Pierre Georges Jeanniot

peintre, dessinateur et graveur français (1848-1934)

Pierre Georges Jeanniot, né à Plainpalais (Suisse[1]) le et mort à Paris le , est un peintre, illustrateur et graveur français.

Pierre Georges Jeanniot
Pierre Georges Jeanniot,
photographie de Pierre Petit.
Naissance
Décès
Période d'activité
Pseudonyme
DiénayVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Élève
Lieu de travail
Distinction

Biographie

modifier
 
Élie-Frédéric Forey

L'éducation artistique de Pierre Georges Jeanniot a commencé auprès son père, Pierre-Alexandre Jeanniot (1826-1892), longtemps directeur de l'école des beaux-arts de Dijon. Pourtant, petit-neveu d'Élie-Frédéric Forey (1804-1872), maréchal de France, et ainsi « oscillant dès son plus jeune âge entre l'épée et le pinceau »[2], Jeanniot entame tout d'abord une carrière militaire, en tant qu'officier d'infanterie (1866-1881), sans jamais cesser de dessiner. Il expose pour la première fois en 1872 au Salon des artistes français où il présente une aquarelle sous le titre Intérieur de forêt. Ainsi, chaque année, il y présente des œuvres avec des vues de Toul, Paris, Troyes, des bords de Seine et quelques portraits, ainsi que des eaux-fortes (la première d'entre elles, Madame Jeanniot à sa fenêtre, date de 1877[3]) qu'il fait tirer d'abord chez Cadart[4].

En 1881, alors que l'armée lui propose le grade de commandant, il démissionne pour se consacrer exclusivement à la peinture et à la gravure. Les œuvres de cette époque représentent des scènes de la vie militaire qui lui permettent de se forger une réputation. Jeanniot s'établit de manière permanente à Paris en 1882 et obtient sa première récompense l'année suivante (médaille de troisième classe au Salon de Paris) avec sa toile les Flanqueurs (1883, anciennement à Paris au musée du Luxembourg). En 1886, la Ligne de feu, souvenirs de la bataille de Rezonville (musée des Beaux-Arts de Pau) assure sa notoriété.

À Paris, il se lie d'amitié et laisse de précieux souvenirs sur Édouard Manet[5] — dont il fait le portrait gravé en 1882[4] —, Pierre Puvis de Chavannes, Jean-Louis Forain, Paul César Helleu, mais surtout sur Edgar Degas[6] qu'il vénérait comme un maître et avec qui il partagera beaucoup de temps dans sa maison familiale de Diénay (Côte d'Or).

 
Georges Charpentier
 
Divers personnages dans la rue, dessin, coll. Calvé-Cantinotti

En qualité de dessinateur, il a été un des collaborateurs assidus de la première heure de la revue La Vie moderne, fondée en 1879 par Georges Charpentier, qui publiait également les signatures de Théodore de Banville, Alphonse Daudet, Giuseppe De Nittis, et contribua à d'autres revues illustrées comme La Lutte moderne, La Vie parisienne, L'Assiette au beurre et Le Courrier français.

 
Pierre Georges Jeanniot, Portrait de l'auteur (vers 1910), huile sur toile, Paris, musée d'Orsay.

Sa fille Marcelle (il en a fixé les traits en 1896 dans une toile que conserve le Petit Palais à Paris[7]), comédienne au théâtre de l'Odéon, ayant épousé en troisièmes noces Charles Dullin en 1920, Jeanniot va également participer au début de la jeune troupe du théâtre de l'Atelier, exécutant des dessins sur le vif en répétition et des essais de costume, qui sont de véritables outils de travail et de mémorisation pour le metteur en scène[8].

 
Recrues, gravure d'Abel Faivre d'après un dessin de Pierre Georges Jeanniot pour Les Misérables de Victor Hugo.

Le dessin fut toujours sa passion et sa force. Son trait vivant, expressif et animé excellait à rendre avec humour les scènes pittoresques de la vie de ses contemporains[9]. Pendant les trois décennies suivantes, il illustre un grand nombre de livres et manuscrits, y compris Le Voyage de Paris à Saint-Cloud, Germaine Lacerteux, Tartarin de Tarascon, Adolphe de Benjamin Constant, Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, Le Misanthrope de Molière et Contes choisis de Maupassant (1886), Le Calvaire d'Octave Mirbeau (1901), Les Paysans d'Honoré de Balzac (1911), Candide de Voltaire et de nombreuses autres œuvres littéraires.

Plus tard, il devient directeur artistique du Journal amusant en même temps qu'il collabore au Rire et à L'Écho de Paris.

Le Gouvernement français le nomme chevalier de la Légion d'honneur en 1906, puis le promeut officier du même ordre par décret du .

Grand collectionneur des toiles de ses contemporains, il possédait entre autres le Dîner au pavillon d'Armenonville[réf. nécessaire] d'Henri Gervex (1852-1929).

Il est à sa mort, le 2 janvier 1934, salué comme « un des derniers survivants des amis de Claude Monet, Pierre Puvis de Chavannes, Edgar Degas et Jean-Louis Forain… Ses illustrations pour les œuvres de Guy de Maupassant, d'Émile Zola, les frères Goncourt, Victor Hugo, Octave Mirbeau, ont été le point de départ de toute l'école des illustrateurs modernes »[10].

Son œuvre porte dans son ensemble la marque d'une grande probité, d'une originalité, d'un sentiment soutenu et d'une rare virtuosité d'exécution. Ainsi, en 1924, L. Leipnik écrit : « Pierre-Georges Jeanniot représente les types parisiens à la lumière d'une imagination fantastique. Les plats soigneusement imprimés rapportent aux preuves harmonieuses délicieusement expressives des types cette gamme du ralenti à la mode aux pauvres pittoresques[pas clair]. Jeanniot observe ses sujets au polo ou sur la plage d'un bord de mer, dans un restaurant ou au Bois de Boulogne ; et il dépeint sans moins de sympathie l'ouvrier sur son chemin à l'usine ou se reposant à la terrasse d'un petit café appréciant une boisson et une discussion politique animée. Le Polo, La plage et Marchande de quatre saisons sont typiques de l'observation vive de Jeanniot et de son modèle, dans lequel une imagination parfois fantastique est équilibrée par un sens de la proportion sensible. »[11].

Comme graveur, Jeanniot s'est d'abord spécialisé dans l'eau-forte de sujets parisiens, aux côtés d'artistes tels que Paul César Helleu, Henry Somm ou Norbert Gœneutte. Chroniqueur de scènes de vie parisienne, il montre une France ironique où les marionnettes du snobisme sont saisies d'un trait cursif, aigu, dans une gamme de tons rares. Son talent de graveur l'apparente parfois à Toulouse-Lautrec ou Mary Cassatt. D'autres techniques de gravure lui permettent de s'exprimer comme la pointe sèche, le vernis mou, l'aquatinte et la lithographie (dès 1892)[4]. Parallèlement à l'eau-forte, Jeanniot emploie la technique xylographique qui, par de violents découpages, permet aux surfaces largement encrées de s'opposer sans transition aux sources claires. L'inventaire de l'œuvre gravé n'a pu être achevé par son ami, le critique Noël Clément-Janin[12].

Réception critique

modifier
 
Armand Dayot
  • « Il fut au front en 1870, "et comment !"… Les inoubliables et tragiques visions dont s'emplirent ses yeux d'artiste pendant que, le sabre à la main, sous l'uniforme de capitaine de chasseur à pied, il se battait comme un lion dans les champs de Lorraine, le poursuivent sans cesse. On peut dire que Jeanniot est toujours au front… Rarement récit de guerre fut plus vécu et impression d'art plus nettement analysée.. Jeanniot nous fait assister avec un rare bonheur d'expressions et une surprenante puissance d'évocation au terrible drame dont il fut l'un des acteurs les plus actifs. » - Armand Dayot[13]
  • « Graveur, Jeanniot affectionne l'eau-forte. Il a donné les raisons de cette prédilection : “l'eau-forte m'amuse beaucoup plus parce que c'est un procédé dont on reste le maître jusqu'au bout, parce qu'elle correspond mieux à mes habitudes de précision par le trait. Avec l'eau-forte, on est en présence d'un art très difficile qui ne permet pas d'à peu près, mais qui donne des résultats bien plus tranchants que la lithographie” […] Jeanniot parait dédaigner la lithographie, mais quand il s'adresse à elle, il lui infuse ses qualités. Il n'en fait point un procédé expéditif et lâché. Les lithographies de Jeanniot ne sont pas d'un lithographe, mais d'un dessinateur. Elles ont le métier qui convient à leur spontanéité. » - Noël Clément-Janin[14]
  • « Sa spontanéité, ses couleurs vives et claires conviennent particulièrement à l'aquarelle, mais il réussit à doter ses toiles du même sentiment de liberté. » - Gérald Schurr[15]

Expositions

modifier

Œuvres dans les collections publiques

modifier

  Argentine

modifier

  Autriche

modifier

  Belgique

modifier

  Danemark

modifier

  États-Unis

modifier

  Finlande

modifier

Œuvres de Pierre Georges Jeanniot

modifier
 
Les Flanqueurs
 
Émile Friant, Portrait de Pierre Georges Jeanniot

Portrait de Pierre Georges Jeanniot

modifier

  Norvège

modifier

Collections privées

modifier

Estampes

modifier
  • Le Buveur d'Absinthe, 1900, eau-forte et crayon.
  • Spectateurs au Polo, 1900, eau-forte.
  • Après le bain, 1908, eau-forte.
  • Le Vaguemestre, 1915, lithographie.

Illustrations

modifier
 
Germinie Lacerteux (1897

Publications

modifier
  • Le Rire, la morale avant tout, Éditions Tonnelle, 1889.
  • « Les Maîtres humoristes » Georges Jeanniot, Société d'Édition et de Publications Librairie Félix Juven, Paris, 1906.

Élèves

modifier

Notes et références

modifier
  1. Né au 161, chemin du Vieux-Pont, aujourd'hui boulevard du Pont-d'Arve.
  2. a b c d e f et g Noël Clément-Janin, « Peintres-graveurs contemporains : Pierre-Georges Jeanniot », La Revue de l'art ancien et moderne, juin 1922, pp. 177-191.
  3. a b et c Jean Adhémar, Jacques Lethève et Françoise Gardey, Inventaire du fonds français après 1800, Bibliothèque nationale - Département des estampes, tome onzième, pp. 348-361.
  4. a b et c Bailly-Herzberg 1985, p. 161.
  5. Dans la Grande Revue (1907).
  6. Dans la Revue illustrée (L. Baschet, 1903).
  7. a et b Petit Palais, "Portrait de Marcelle Jeanniot à quinze ans" dans les collections
  8. Ces carnets sont pour partie visibles sur le site Gallica de la BnF[réf. incomplète].
  9. « Il faut bien dire ceci, il n'y a de viables que les choses bien dessinées ou très bien composées, quand les deux sont réunis, on a un chef-d'œuvre, hors de là pas de salut.[réf. nécessaire] », Pierre Georges Jeanniot.
  10. « Le peintre et graveur Georges Jeanniot est mort », Comœdia, 3 janvier 1934, p. 1
  11. (en) A History Of French Etching, Londres, 1924.
  12. Bailly-Herzberg 1985, p. 162.
  13. Armand Dayot, « Au Front », L'Art et les Artistes, 1915, pp. 1-37]
  14. Noël Clément-Janin, « Pierre Georges Jeanniot », La revue de l'art ancien et moderne, juin-.
  15. Gérald Schurr, « Pierre Georges Jeanniot », in Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'amateur, 1993, p. 542.
  16. Dépôt du musée des Beaux-Arts de Pau.
  17. Reproduit dans L'Exposition Universelle de 1889 de F.-G. Dumas et L. de Fourcaud (1889).
  18. Julie Demarle, « Trois aquarelles et un dessin de la collection Delauney pour Rouen », latribunedelart.com, .
  19. Camille Mauclair, « La peinture à la Société nationale », Art & Décoration, tome XXI, janvier-juin 1907, pp. 177-186.
  20. Centre national des arts plastiques, "Scène de guerre" dans les collections
  21. Metropolitan Museum of Art, "La maison de Balzac" dans les collections
  22. Metropolitan Museum of Art, "Portrait inachevé d'Edgar Degas" dans les collections
  23. Centre national des arts plastiques, "Sur le banc, Impérial du tramway place de la Concorde" dans les collections
  24. Notice de l'œuvre sur le site du musée d'Orsay.
  25. Notice de l'œuvre sur le site du musée d'Orsay.
  26. Centre national des arts plastiques, "Bords de l'Aube à Arsonval" dans les collections
  27. Centre national des arts plastiques, "Portrait de l'auteur" dans les collections
  28. a et b Musée Carnavalet, Pierre Georges Jeanniot dans les collections
  29. Notice de l'œuvre sur le site du musée d'Orsay.
  30. « Femme se peignant », sur la base Joconde.
  31. Notice de l'œuvre sur le site du musée d'Orsay.
  32. [zoom=0&tx_damzoom_pi1[xmlId]=078485&tx_damzoom_pi1[back]=fr%2Fcollections%2Fcatalogue-des-oeuvres%2Fresultat-collection.html%3Fno_cache%3D1%26zsz%3D9 Notice de l'œuvre sur le site du musée d'Orsay.]
  33. Petit Palais, "La Présentation" dans les collections
  34. Centre national des arts plastiques, "L'orage" dans les collections
  35. « Conseil de révision », sur la base Joconde.
  36. « La Ligne de feu, épisode de la bataille du 16 août 1870 à Rezonville », sur la base Joconde.
  37. Centre national des arts plastiques, "Une chanson de Gibert" dans les collections
  38. « Portrait de Léon Hennique », sur la base Joconde.
  39. Centre national des arts plastiques, "Châtaigneraie en Corrèze" dans les collections
  40. Centre national des arts plastiques, "Flanqueurs" dans les collections
  41. Site Julien Le Blant, Les amis peintres : Pierre Georges Jeanniot
  42. Musée d'Art et d'Histoire de Genève, "Le jeu de polo" dans les collections
  43. BnF, Gallica, Le pompon vert, consultation du livre.

Annexes

modifier

Bibliographie

modifier

Liens externes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :