Nicolas Roumiantzoff

militaire français

Nicolas Roumiantzoff
Naissance
Yanovka, Russie
Décès (à 81 ans)
Paris, France
Origine Drapeau de la Russie Russie Drapeau de la France France
Arme Légion étrangère
Grade général
Années de service 19261962
Commandement 4e Régiment de chasseurs d'Afrique.
Groupement mobile n°3 (Tunisie) et n°7 (Saarburg)
Conflits Seconde Guerre mondiale
Algérie
Indochine
Distinctions Légion d'honneur
Compagnon de la Libération
Croix de guerre 1939-1945
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs

Nicolas Roumiantzeff-Pachkevitch dit Nicolas Roumiantzoff, né le à Yanovka en Russie tsariste et mort le à Paris en France, est un officier de la Légion étrangère puis de l'armée de terre française (colonel puis général de brigade à la retraite), de 1926 à 1962.

Jeunesse modifier

Nicolas Roumiantzoff est né, avant la chute de l'Empire de Russie, dans une famille d'officiers militaires russes[1],[Note 1].

Il serait, si l'on se réfère à ses mémoires[3],[1], un descendant du général russe Piotr Alexandrovitch Roumiantsev qui, en 1774, fut promu maréchal et reçut le patronyme d'honneur et de victoire de Zadunaisky (littéralement, "Transdanubien"), après avoir défait l'armée ottomane.

À leur arrivée en France, poussés par la Guerre civile russe qui les a obligés à fuir la Russie, sa grand-mère et lui trouvent refuge au château de Kernévez en Bretagne, auprès des Budes de Guébriant qui les accueillent[3],[5].

Son patronyme aurait ensuite été francisé à l'état civil de Rumyantsev/Roumiantsev à Roumiantzeff (mais se prononce, comme en russe, "Roumiantzoff")[2].

Il est élève au lycée parisien Stanislas[5], puis il entre à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1924, à titre étranger, et en sort sous-lieutenant (« promotion du Rif ») en 1926.

Entre-deux guerres modifier

Le sous-lieutenant Nicolas Roumiantzoff est affecté à la Légion étrangère et sert au 1er régiment étranger de cavalerie (1er REC), en Tunisie (1927-1929), puis au Maroc (1929-1935).

Lieutenant en 1928, il reçoit en 1932 le commandement du 3e escadron des cavaliers Tcherkesses en Syrie (1932-1935). En 1936, il est de nouveau affecté au 1er REC, d'abord au Maroc puis en Tunisie.

Il obtient la nationalité française en juin 1939[1],[6].

Seconde Guerre mondiale modifier

En avril 1940, il participe, avec son escadron à cheval, à la campagne de France, au sein du groupement de reconnaissance divisionnaire no 97 (GRD 97). Blessé le , il est fait prisonnier. Il s'évade puis, après l'armistice, est de nouveau affecté au 1er REC au Maroc. Incarcéré à Ceuta pour avoir essayé de rejoindre la France libre, il s'évade puis rejoint les « Français libres » à Londres, en décembre 1941.

Promu au grade de capitaine, il est affecté à l'état-major du général de Gaulle.

En février 1942, il débarque à Beyrouth et devient commandant en second du Groupement de Reconnaissance de Corps d'Armée (GRCA), unité qui deviendra plus tard le 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains (1er RMSM). Il est de nouveau blessé en août 1942 en Libye. Il se distingue ensuite au combat de l'Himeimat lors de la bataille d'El Alamein.

Chef d'escadrons en 1943, il s'illustre en Tunisie au combat de l’oued Gragour, où il bloque l'offensive du général allemand Rommel. Il est intégré avec son unité à la « force L » du général Leclerc. Le , il est décoré de la croix de la Libération par le général de Gaulle.

Il rejoint la 2e division blindée et fait mouvement vers l'Angleterre avec son unité, le régiment de marche des spahis marocains, en mai 1944.

Promu lieutenant-colonel en juin 1944, il débarque en Normandie le , avec la 3e armée américaine. Il est le premier, avec son groupement léger, à atteindre la place de l'Étoile à Paris, le .

Poursuivant les combats en France, il devient chef d'état-major de la 10e division d'Infanterie fin septembre 1944.

Indochine et Afrique du Nord modifier

À l'issue de la guerre, le lieutenant-colonel Roumiantzoff est affecté au cabinet militaire du ministère de la Défense, puis, après un bref séjour à Beyrouth, rejoint l’Indochine en 1948 en qualité de commandant du secteur de Quảng Trị. En janvier 1949, il est blessé une troisième fois. En octobre de la même année, il prend le commandement du secteur Est du Cambodge. En 1950, il prend le commandement du 4e Régiment de Chasseurs d'Afrique (4e RCA), dans le sud tunisien.

En 1953, il est promu au grade de colonel[7] et sert de nouveau en Indochine, où il commande le groupement mobile n°3.

En 1955, il commande le groupement mobile n°7 à Saarburg (Allemagne) avant de rejoindre l'Algérie, pour y être affecté au commandement du secteur d'Aflou en 1959.

Retour en métropole modifier

De retour en France métropolitaine, le colonel Roumiantzoff est affecté à l’état-major de la 8e Région militaire et prend, en 1961, le commandement de la subdivision de Chambéry.

Titulaire de 22 citations (dont 11 citations à l'ordre de l'armée) durant sa carrière militaire, il est inscrit sur liste d'aptitude et promu au grade de général de brigade en janvier 1962, affecté en 1re section des officiers généraux puis, à sa demande, en 2e section et mis à la retraite au mois de juillet de la même année[6].

Décès modifier

Retiré à Paris, le général Roumiantzoff meurt à l'âge de 81 ans à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, le . Ses obsèques ont lieu en l’église Saint-Louis des Invalides. Il est inhumé à Saint-Pierre-de-Rivière dans l’Ariège.

Vie privée modifier

Le 30 octobre 1947, il épouse Pierrette Adrienne Naudi (10 juin 1918 à Foix – 22 février 2008 en Suisse), qui avait été mannequin (connue après-guerre sous le nom de « Pâquerette »)[1]. Il est le père de Nicolas Pierre Roumiantzoff (né le à Neuilly-sur-Seine)[8],[9], qui est avocat aux barreaux de Paris et de Lausanne[10], et le grand-père de Natacha Roumiantzoff (née en 1988)[11], belle-fille de Marie-Astrid de Luxembourg[12].

D'après l'historienne Marlene Eilers Koenig, la famille des comtes Roumiantsev, dont le général Roumiantzoff disait appartenir, est éteinte en ligne masculine (tout comme celle des comtes Paskevitch) depuis 1838, branches cadettes non-titrées comprises[3]. Il est ainsi plausible, selon elle, que l'histoire familiale des Roumiantzoff/zeff (-Pachkevitch)[2] racontée dans les mémoires du général Roumiantzoff publiés par son fils[13] (« Le Roum : le spahi du Général de Gaulle »)[14], ait depuis longtemps fait l'objet d'un "embellissement"[3] (à l'instar de Vjekoslav Nikola Antun Doimi de Lupis, qui changea son nom en Louis Doimi de Frankopan Šubić Zrinski, se réclamant de la famille princière Frankopan, éteinte, et dont la fille Paola épousa Lord Nicholas Windsor, cousin de la reine Élisabeth II[3], sous le nom de princesse Paola Doimi de Lupis Frankopan Šubić Zrinski[15]).

Décorations modifier

Françaises modifier

Américaines modifier

Britanniques modifier

Autres modifier

Notes et références modifier

Notes
  1. D'après ses mémoires, Nicolas Roumiantzoff serait né "comte" Nikolaï Aleksandrovitch "Roumiantsev Zadunaisky Pachkevitch"[2], fils du "comte" Aleksandr Petrovitch "Roumiantsev Zadunaisky Pachkevitch" (mort en 1913[3]), capitaine de cavalerie au régiment russe des cuirassiers de la garde, et de son épouse "la princesse" Yelena Vladimirovna Belskaïa[1],[4].
Sources
  1. a b c d et e Nicolas Pierre Roumiantzoff, « Le Roum », le spahi du général de Gaulle, Le Cherche midi, , p. 24
  2. a b et c D'après l'historienne Marlene Eilers Koenig, le patronyme Roumiantzeff-Pachkevitch, qui est introuvable dans les annales et registres d'état civil russes, est utilisé en France par la famille, avec certitude, au moins depuis que Nicolas est citoyen français ; ses papiers de naturalisation française (en 1939), ses actes de mariage (en 1947) et de décès (en 1988) utilisaient le double nom de famille.
  3. a b c d e et f (en) Marlene Eilers Koenig, « Archduke Alexander to marry in September », sur Royal Musings, (consulté le )
  4. Yelena Vladimirovna Belskaïa, dite également princesse Hélène Belsky dans les mémoires du général Roumiantzoff, ne peut appartenir à la seule famille princière Belsky connue, celle-ci étant éteinte depuis la fin du XVIe siècle.
  5. a et b François de Sesmaisons, « Cette Chine que j'aime : Jean de Guébriant, 1860-1935 », Editions Publibook, (ISBN 9782342049541, consulté le ), p. 424
  6. a b c et d « Nicolas ROUMIANTZOFF », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
  7. Tirage photographique original représentant le colonel Roumiantzoff (1er RMSM, 1906-1988), Paris Musées : musée de la Libération de Paris — musée du Général Leclerc — musée Jean-Moulin, 1950.
  8. (en) Martindale-Hubbell International Law Directory, Martindale-Hubbell, (lire en ligne), EZ-481
  9. Nicolas Pierre Roumiantzeff-Pachkevitch dit Roumiantzoff est un avocat parisien et lausannois, fils du général Nicolas Alexandre Roumiantzoff et de Pierrette Adrienne Naudi. Marié avec la citoyenne néerlandaise Maria "Myranda" Meeuwissen, ils sont parents de trois enfants (Natacha, Igor et Ivana).
  10. Nicolas Roumiantzoff, ISA-Lex Avocats (consulté le 2 juillet 2023).
  11. (en) Amelia Martyn-Hemphill, « Does A Bilingual Education Spell Success? », sur International School Parent Magazine, (consulté le )
  12. Nicolas Fontaine, « Mariage de l’archiduc Alexander d’Autriche en présence du grand-duc Henri de Luxembourg au château de Belœil », sur Histoires Royales, (consulté le )
  13. Philippe Maxence, « Un héros si discret », Le Figaro Magazine, semaine du 23 février 2018, page 100.
  14. (en) « Roumiantzoff, Nicolas Alexandre, 1906-1988 », sur Library of Congress (consulté le )
  15. (hr) Ivo pl. Durbešić, « Časna plemićka viška obitelj Doimi di Delupis i obmanjivači / Honour Vis Nobility Family Doimi di Delupis and the Delusioner », Glasnik Hrvatskog plemićkog zboraHrvatski plemićki zbor, (ISSN 1845-9463), p. 33–43
  16. « Fondation général-comte N. ROUMIANTZOFF, Grand officier de la Légion d'honneur - Compagnon de la Libération », sur Stiftung Schweiz, (consulté le )
  17. (en) « Nicolas Roumiantzoff », The Hall of Valor Project.

Bibliographie modifier

  • Nicolas Pierre Roumiantzoff, « Le Roum », le spahi du général de Gaulle, Le Cherche Midi, 2018, 256 p.
  • Nicolas Ross, Entre Hitler et Staline. Russes blancs et Soviétiques en Europe durant la Seconde Guerre mondiale, éditions des Syrtes, 2021.

Voir aussi modifier

Sources et bibliographie modifier

Lien externe modifier