Ibrahim Maalouf

trompettiste et compositeur franco-libanais
Ibrahim Maalouf
Ibrahim Maalouf en 2006.
Biographie
Naissance
Nationalités
Formation
Activités
Période d'activité
depuis Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Nassim Maalouf (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Autres informations
Instruments
Genres artistiques
Site web
Distinctions

Ibrahim Maalouf (arabe : إبراهيم معلوف), né le à Beyrouth au Liban, est un trompettiste franco-libanais, également compositeur — notamment de musiques de films —, arrangeur, producteur.

Biographie modifier

Enfance et famille modifier

Ibrahim Maalouf naît le [1],[2] à Beyrouth dans une famille d'intellectuels et d'artistes : fils de Nassim Maalouf (en)[3] (trompettiste) et de Nada Maalouf (pianiste).

Sa famille fuit le Liban et Ibrahim Maalouf grandit en banlieue parisienne avec ses deux parents et sa sœur Layla, de deux ans son aînée. Il y fait ses études jusqu'à l'âge de 17 ans et obtient un baccalauréat général scientifique avec une spécialité mathématiques au lycée Geoffroy-Saint-Hilaire d'Étampes (Essonne).

Le , il épouse à Paris la chanteuse, actrice et réalisatrice libanaise Hiba Tawaji[4],[5],[6].

Formation et début de carrière modifier

Ibrahim Maalouf commence l'étude de la trompette à l'âge de sept ans avec son père Nassim Maalouf[7], ancien élève de Maurice André au Conservatoire de Paris. Son père lui enseigne ainsi la technique classique, le répertoire baroque, classique, moderne, contemporain et également la musique arabe classique[7] et l'art de l'improvisation et des modes arabes. Après un voyage à Beyrouth faisant suite à sa venue en France, il compose Beirut qui deviendra son « morceau fétiche »[8].

Années 2010 modifier

En France, le grand public le découvre lors de la cérémonie des Victoires de la musique du retransmises sur France 2. Ibrahim reçoit une victoire de la musique pour son 5e album Illusions dans la catégorie « Meilleur Album de Musiques du Monde »[9].

 
Ibrahim Maalouf au Deutsches Jazz festival (en) (2013).

Le , sortent simultanément Kalthoum, hommage à l'Astre d'Orient, et Red & Black Light, contenant huit compositions originales[10]. Il s'ensuit un concert en hommage à Oum Kalthoum à la Philharmonie de Paris[11] puis deux tournées différentes de 140 dates qui emmène Ibrahim Maalouf des États-Unis à la Turquie, du Royaume-Uni à l'Égypte.

Le , peu après les attentats en France, il est retenu par la police à la Gare de Paris-Nord ; son passeport est confisqué car signalé « Interpol positif ». Il peut néanmoins se rendre à Londres pour un concert car il dispose de sa carte d'identité[12].

Pour célébrer ses dix ans de scène, il se produit à Paris au Zénith puis à l'AccorHotels Arena fin 2016[11]. Via sa page Facebook, il propose alors à ses fans de sélectionner quelques-uns des morceaux qu'il jouera ce soir-là. Cette année-là, c'est une centaine de dates qu'il effectue[11].

Accusations d'agression sexuelle modifier

En , Maalouf est visé par une enquête préliminaire à la suite d'une plainte de parents l'accusant d'avoir embrassé à plusieurs reprises leur fille de quatorze ans et d'avoir mimé un acte sexuel en l'attrapant par le bassin[13], à la fin de l'année 2013. L'atteinte sexuelle est retenue par la procureure chargée du dossier au tribunal de Créteil (Val-de-Marne)[14],[15],[16].

Il est condamné par le Tribunal correctionnel en 2018[17].

Le , il est relaxé par la cour d'appel de Paris[18]. Selon lui, « l’adolescente a menti, ses parents l’ont crue, la presse en a parlé en gonflant l’histoire, tout le monde en a souffert et 3 ans et demi plus tard, la justice a simplement fait son travail »[19].

Les juges ont néanmoins observé que « Ibrahim Maalouf n’a pas adopté un positionnement adéquat à l’égard [de la] jeune fille de 14 ans, nécessairement suggestible, en échangeant avec elle des messages totalement inadaptés, attitude qu’il a lui même qualifiée de nauséabonde », mais rappellent qu’ils n’étaient pas saisis pour ces faits précis[20].

En parallèle, Le Parisien et un de ses journalistes sont condamnés en 2021 à Paris pour un article de 2017 qui révélait ces accusations d’agression sexuelle[21].

Années 2020 modifier

En 2023, il est juré de l'émission Prodiges Pop sur France 2.

Engagements et prises de position modifier

Le , lors d’une cérémonie organisée au siège de l’UNESCO, Ibrahim reçoit le titre de « Jeune artiste œuvrant pour le dialogue interculturel entre les mondes arabe et occidental » par la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova[22].

Un an après les attentats du , il participe, le , avec le chanteur Sting au concert de réouverture du Bataclan[23].

En 2019, il collabore avec la troupe Aven Savore, troupe d'enfants et de jeunes issus des bidonvilles, hôtels sociaux et quartiers populaires du Nord de l'Essonne, lors de sa tournée avec Haïdouti Orkestar[24].

En , il réagit en ces termes à la mort de Nahel Merzouk sur Twitter : « Un policier a tué Nahel. Les émeutiers le tuent chaque nuit un peu plus. Une idée : si on avait appris à tous ces jeunes à jouer des instruments de musique quand ils étaient petits, les émeutes seraient de grands orchestres de protestation et tout le monde adhérerait à la cause ». Le tweet suscite une polémique, reprochant au musicien d'associer avec naïveté le manque d'éducation musical des émeutiers à la cause du meurtre[25].

Enseignement modifier

Ibrahim Maalouf commence à enseigner au conservatoire de Viry-Châtillon[26]. Entre 2006 et 2013, il est professeur de trompette au conservatoire à rayonnement régional d'Aubervilliers[27].

Style musical modifier

Ses collaborations avec des chanteurs de pop et de rock lui font découvrir d'autres couleurs que le jazz, que le classique ou la musique arabe[11].

Il compose un album, Myriad Road sorti en , aux tonalités jazz principalement chanté en anglais pour Natacha Atlas : « nous nous étions déjà rencontrés, mais nous nous sommes vraiment parlé pour la première fois il y a trois ans lors d’un concert, à Istanbul, du oudiste Smadj, que l’on retrouve sur l’album. Nous sommes tous les deux le produit d’une dualité, à mi-chemin entre l’Orient et l’Occident, nous avons des goûts communs pour la musique d’Oum Kalthoum, de Fairuz ou des Libanais de Soapkills[28]. ».

Compositeur modifier

La pièce Point 33 a été créée avec l'Orchestre de chambre de Paris et la Maîtrise de Paris[29],[30]. Plus récemment Parachute créé avec l'Orchestre Symphonique de Bretagne en 2015 et où pour la première fois, un orchestre dans son ensemble doit improviser[31].

En 2016, Maalouf compose la musique pour la chorégraphie de Brûlent nos cœurs insoumis de Christian et François Ben Aïm, créée à La Garance[32]. En 2017, il écrit la musique de Wade in the Water de la compagnie 14:20 de Clément Debailleul et Raphaël Navarro[33].

Musiques de film modifier

Il compose également pour le cinéma. Le réalisateur Jalil Lespert fait appel à lui en 2013 pour le biopic sur Yves Saint Laurent[7].

En 2017, Maalouf signe la bande originale du film franco-japonais de Naomi Kawase Vers la lumière[34] qui a été en sélection officielle au Festival de Cannes la même année.

Il reçoit en 2017 le César de la meilleure musique de film pour Dans les forêts de Sibérie[35].

Compositions écrites modifier

Discographie modifier

Solo modifier

Participations modifier

Filmographie modifier

Comme compositeur modifier

Longs métrages modifier

Courts métrages modifier

  • 2010 : L'Homme du Pont Levant de Claudio Todeschini
  • 2011 : Octobre noir ou Malek, Saïd, Karim et les autres... de Florence Corre et Aurel
  • 2012 : Comme une ombre de Baptiste Debraux
  • 2013 : Jardin des deux rives d'Amel El Kamel
  • 2015 : Run the World (Girls) de Jérôme de Gerlache (à la fois court métrage et clip pour sa reprise de Run the World (Girls) de Beyoncé) - également scénariste et acteur
  • 2017 : Ensemble, c'est possible! de Safy Nebbou
  • 2018 : La Hchouma d'Archaf Ajraoui

Comme musicien modifier

Outre ses propres compositions, Ibrahim Maalouf a participé à plusieurs bandes originales en tant qu'interprète :

Publication modifier

Distinctions modifier

Récompenses modifier

Nominations modifier

Décorations modifier

Notes et références modifier

  1. Pascal Ory, Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, Robert Laffont, (lire en ligne).
  2. « IBRAHIM MAALOUF : Sa biographie, ses albums, ses concerts », sur Jazz Radio.
  3. Samuel Chalom, « Les Maalouf, le Liban et la trompette orientale », Le journal international,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Rania Hoballah, « Ibrahim Maalouf s'est marié avec une ex-candidate de "The Voice" », sur le site de la chaîne TF1, (consulté le ).
  5. Yannick Vely, « Ibrahim Maalouf et Hiba Tawaji se sont mariés », sur le site du magazine Paris Match, (consulté le ).
  6. Aurélie Robert, « Ibrahim Maalouf s'est marié... avec Hiba de "The Voice" », sur le site Le Journal des femmes, (consulté le ).
  7. a b et c Fabre 2016, p. 104.
  8. Fabre 2016, p. 102.
  9. Benjamin Chapon, « Les vrais vainqueurs des Victoires de la Musique sont Ibrahim Maalouf et Christine & The Queens », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  10. Radio Aix Les Bains, « Ibrahim Maalouf présente 'Kalthoum' au Casino Grand Cercle », (consulté le ).
  11. a b c d et e Fabre 2016, p. 103.
  12. Elena Amalou, « Moi, Ibrahim Maalouf, fiché par Interpol », sur clique.tv, (consulté le ).
  13. « Agression sexuelle sur mineure: Ibrahim Maalouf condamné à quatre mois de prison avec sursis », sur FIGARO, (consulté le ).
  14. « Ibrahim Maalouf soupçonné d’« atteinte sexuelle » sur une mineure », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Qui est Ibrahim Maalouf, trompettiste dans la tourmente? », sur Le Figaro, (consulté le )
  16. Pierre Alonso et Balla Fofana, « Ibrahim Maalouf visé par une enquête pour «atteinte sexuelle» sur une ado », sur Libération (consulté le )
  17. Ouest-France, « Le trompettiste Ibrahim Maalouf condamné à quatre mois de prison avec sursis pour agression sexuelle », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  18. Le Monde avec AFP, « Jugé pour agression sexuelle sur mineure, le trompettiste Ibrahim Maalouf est relaxé en appel », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. huffingtonpost.fr, « Ibrahim Maalouf, relaxé de l'accusation d'agression sexuelle, déplore le "déchaînement" médiatique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « “Pas un seul journaliste n’était présent” : relaxé, Ibrahim Maalouf fustige son traitement médiatique », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. Ouest-France, « Le Parisien condamné pour diffamation envers Ibrahim Maalouf », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  22. « Ibrahim Maalouf, trompettiste prodige », sur Franceinfo, (consulté le )
  23. Laurent Carpentier, « Un an après les attentats, Sting au Bataclan pour une liesse cathartique », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  24. « Ibrahim Maâlouf au Festival de musiques du monde à Arles : «L’identité, c’est des cultures qui s’additionnent» | El Watan », sur www.elwatan.com (consulté le )
  25. « Mort de Nahel : avec son tweet sur les émeutes, Ibrahim Maalouf s'attire les railleries et supprime son compte », sur www.midilibre.fr (consulté le )
  26. « Orchestres en fête : Ibrahim Maalouf, parrain de l'édition 2013 », (consulté le ).
  27. « Rencontre entre Ibrahim Maalouf et Baptiste Trotignon », France Culture,‎ (lire en ligne)
  28. Léo Pajon, « Musique : Natacha Atlas sort du désert avec un album concocté par Ibrahim Maalouf », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  29. Sylvie Chapelle, « Ecoutez, vous risquez d’aimer : Ibrahim Maalouf au Festival de Saint-Denis », C'est du classique mais c'est pas grave, sur franceinter.fr, (consulté le ).
  30. Mathilde Riou, « Festival de Saint-Denis : le premier concert retransmis sur écran géant », sur France 3 Paris Île-de-France, (consulté le ).
  31. Jean-François Picaut, « « Parachute », d’Ibrahim Maalouf, Théâtre national de Bretagne à Rennes », Les Trois Coups,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  32. Nathalie Yokel, « Brûlent nos cœurs insoumis », La Terrasse, no 254,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  33. Gilles Renault, « «Wade in the Water», cycle de l’autre », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ). .
  34. a et b Laura Terrazas et Athénaïs Keller, « Vers la lumière: Ibrahim Maalouf évoque son travail «pas évident» avec Naomi Kawase », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
  35. a et b « César 2017: meilleure musique pour Ibrahim Maalouf (Dans les forêts de Sibérie) », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  36. Réécoute, sur le site de France Musique.
  37. (en) « Dalida By Ibrahim Maalouf », sur allmusic.com (consulté le ).
  38. « Ibrahim Maalouf honoré aux Victoires du jazz », sur Le Parisien.
  39. Décret du 20 novembre 2015 portant promotion et nomination.
  40. Aurélie Filippetti, « Arrêté du 9 juillet 2014 portant nomination et promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres », ministère de la Culture et de la Communication, .

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Thierry Fabre, « Ibrahim Maalouf : la victoire du métissage », Challenges, no 499,‎ 24-30 novembre 2016, p. 102-104 (lire en ligne, consulté le ).  
  • Samuel Chalom, « Les Maalouf, le Liban et la trompette orientale », Le Journal international,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Documentaire modifier

  • Souffle !, documentaire réalisé par Christophe Trahand entre 2005 et 2006, et produit par la société Cocottesminute productions - Christophe Trahand l'a suivi pendant quelques mois à la recherche de son inspiration et de son rapport avec son pays d'origine et la distance qui l'en sépare.

Liens externes modifier