Le groupe radical-socialiste est un groupe parlementaire actif entre 1892 et 1958, sous les Troisième et Quatrième Républiques françaises. Ayant connu différentes dénominations durant son existence, il regroupe les députés des mouvances radicale et radical-socialiste.

Groupe radical-socialiste
Chambre Chambre des députés
Constituante de 1945
Constituante de 1946
Assemblée nationale
Fondation 1892
1895
Disparition 1893
1958
Ancien(s) nom(s) Républicain radical-socialiste
Gauche radical-socialiste
Républicains radicaux-socialistes
Parti républicain radical et radical-socialiste
Parti radical et radical-socialiste
Radical et radical-socialiste
Fusionné dans Entente démocratique
Président Camille Pelletan
Positionnement Centre
Idéologie Radicalisme

Historique

modifier

1892-1914 : aile gauche de la famille radicale

modifier

À la fin du XIXe siècle, le groupe de l'Extrême gauche qui regroupait à son origine des républicains radicaux dits « intransigeants » (issus de l'Union républicaine) et des socialistes indépendants, donne naissance à l'idéologie radicale-socialiste. Celle-ci consiste à marier les idées républicaines radicales (plutôt étatistes) à certaines positions socialistes, encore révolutionnaires à cette époque. Les radicaux-socialistes représentent alors l'aile gauche du camp républicain.

Le groupe est créé une première fois en mars 1892, sous le nom de « groupe républicain radical-socialiste », par des anciens députés de l'Extrême gauche, avant de revenir à sa dénomination initiale en 1893. C'est en que le groupe d'Extrême gauche se fond définitivement dans le « groupe radical-socialiste », en soutien au premier gouvernement entièrement composé de radicaux et dirigé par Léon Bourgeois.

Avec l'arrivée de députés socialistes (issus du Parti ouvrier français, de la Fédération des travailleurs socialistes de France…), les députés radicaux-socialistes se retrouvent poussés peu à peu vers le centre de l'hémicycle. Le groupe représente, à l'aube du XXe siècle, la gauche française, située entre les socialistes réformistes et le groupe de la gauche radicale, avec lequel il forme la coalition du Bloc des gauches en 1899 (rejoint par les républicains de gauche, l'aile pro-Dreyfus des modérés).

Après les élections législatives françaises de 1898, le groupe comprend une dizaine de nationalistes qui sont expulsés en décembre de la même année. Malgré les divisions sur l'attitude à adopter face au gouvernement Pierre Waldeck-Rousseau, dont l'origine méliniste crispe les radicaux, ils votent la confiance dans ce gouvernement, à l'exception de Camille Pelletan, Gustave Mesureur et Louis-Lucien Klotz qui démissionnent du groupe jusqu'à l'appel de Léon Bourgeois et de la franc-maçonnerie à soutenir le gouvernement ouvertement à l'automne. Cela ouvre la voie à l'unification des radicaux[1].

En 1901 est créé le Parti républicain, radical et radical-socialiste, qui souhaite rassembler tous les élus du radicalisme afin de peser face à la structuration de la droite républicaine issue du rapprochement entre l'aile conservatrice des républicains modérés et de royalistes ralliés aux idées républicaines à la suite de l'affaire Dreyfus. Avec les élections de 1902, le groupe radical-socialiste devient la première force du Bloc des gauches.

Une première crise traverse le groupe à la suite de l'élection manquée de Fernand Dubief au poste de vice-président de la Chambre en janvier 1904. La majorité des membres, en désaccord avec la stratégie de leurs dirigeants, forme le groupe de la « Gauche radicale-socialiste ». Les minoritaires constituent le groupe de « l'Extrême gauche radicale-socialiste » avant de rejoindre la GRS à l'issue des élections de 1906.

L'unité des radicaux et radicaux-socialistes à la Chambre des députés n'est effective qu'après les élections législatives de 1914, les élus ayant eu jusqu’alors la liberté de siéger soit dans le groupe de la gauche radicale-socialiste soit dans celui de la gauche radicale. Après 1914, ce dernier accueille les radicaux indépendants, qui pour diverses raisons n'ont pas voulu rejoindre le Parti radical-socialiste, ou d'autres qui l'ont quitté au nom du refus des alliances avec les socialistes sans toutefois adhérer formellement à l'Alliance démocratique.

1914-1940 : principale force de la IIIe République

modifier

À partir de 1914, il est l'unique groupe des députés du Parti républicain, radical et radical-socialiste, dont les plus modérés siégeaient jusque-là au sein du groupe de la gauche radicale. Durant l'entre-deux-guerres, il est le principal groupe parlementaire et soutient l'ensemble des gouvernements qui se succèdent entre 1924 et 1940.

1945-1958 : un groupe charnière de la IVe République

modifier

Refondé en 1945, le groupe ne retrouve pas son importance passée mais a un rôle de charnière durant la Quatrième République, au côté du groupe de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance.

En 1958, avec l'instauration de la Cinquième République, les députés du Parti radical se retrouvent au sein de la Formation administrative des non-inscrits, avant de constituer, avec d'autres députés de centre-gauche, le groupe de l'Entente démocratique.

Évolution

modifier
Chambre Année Nom Nombre de députés Évolution
Chambre des députés 1892 Républicain radical-socialiste (RRS) 49
1895 Radical-socialiste (RS) 30
1898 104   74
1902 115   9
1904 Gauche radical-socialiste (GRS) 85   30
1906 139   54
1910 Républicains radicaux-socialistes (RRS) 150   11
1914 Parti républicain radical et radical-socialiste (PRRRS) 172   22
1919 Parti radical et radical-socialiste (PRRS) 86   86
1924 Radical et radical-socialiste (RRS) 139   53
1928 Républicain radical et radical-socialiste (RRRS) 125   14
1932 160   35
1936 110   50
Constituantes 1945 Radical et radical-socialiste (RRS) 29
juin 1946 32   3
Assemblée nationale nov. 1946 Républicain radical et radical-socialiste (RRRS) 43
1951 74   31
1956 58   16

Voir aussi

modifier

Références

modifier
  1. Serge Berstein, « Histoire du Parti Radical »  , Académique, sur Cairn, Paris, Presses de Sciences Po, (ISBN 9782724604375, DOI https://doi.org/10.3917/scpo.berst.1980.01, consulté le ), p. 21