Douala (langue)

langue bantoue

Douala
duálá
Pays Cameroun
Nombre de locuteurs langue maternelle : 550 000
total : 1 500 000 (2020)[1]
Typologie SVO, à tons
Classification par famille
Codes de langue
IETF dua
ISO 639-2 dua
ISO 639-3 dua
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Linguasphere 99-AUA-ba

Le douala (duálá ou ɓwambo ɓwa duálá en douala) est une langue tonale parlée dans la région côtière du Cameroun et principalement dans la ville de Douala. Elle est parlée comme langue maternelle par plus de 550 000 personnes et utilisée par plus de 1 500 000 locuteurs voire 2 000 000. Elle appartient à la famille des langues nigéro-congolaises, et au groupe des langues bantoues. Langue de l'ethnie Douala, et langue véhiculaire du grand peuple Sawa ,elle se subdivise en plusieurs dialectes: le douala proprement dit, le pongo, le mongo, le malimba. Par son vocabulaire de base, le douala est aussi à rapprocher d'autres langues telles que : le bakweri, l'ewodi (oli), l'isubu et le bakosi.

Le Duala est parlée en majorité dans la ville de Douala et ses environs, et également dans une bonne partie du Sud-Ouest du Cameroun. Elle est également la langue véhiculaire du peuple Sawa, comprise et parlée majoritairement par ceux-ci.

Le Duala est parlé majoritairement dans la ville de Douala dans des quartiers tels que : Deido, Akwa, Bonanjo, Bonapriso, Akwa Nord, Bonassama, Bonaberi, Bonendale etc. , et également dans des villages proches tels que : Ewodi, Jebale, Yabassi et du côté Nord tels que : Bomono, Dibombari, Bôn, Nkongsamba etc.

ClassificationModifier

Le douala appartient à la famille des langues bantoues et au groupe des langues sawabantu.

  • Classification de Guthrie : A.24, groupe C.20
  • Classification Bastin/Coupé/Mann : A.24

Orthographe et grammaireModifier

Le Douala est une des premières langues à avoir été écrite par les missionnaires au Cameroun, avec une traduction du Nouveau Testament en 1862 par Alfred Saker[2]. Mais c'est à partir de 1927 que pour la première fois, un camerounais, Isaac Moumé Etia, écrit des manuels d'apprentissage du Douala.

En 1927, Isaac Moumé Etia publie La langue de Douala (Cameroun) par vous-même : grammaire, exercices, conversations[3]. En 1928, il publie, Dictionnaire du langage franco-douala contenant tous les mots usuels[4]. En 1929, paraît un second tome de La langue de Douala (Cameroun) par vous-même : grammaire, exercices, conversations. Il publie ensuite en 1930, Grammaire abrégée de la langue Douala (Cameroun)[5] .

Au cours des années, le douala connaît trois orthographes principales, chacune sous l’influence de l’autorité coloniale ou de l’origine des missionnaires : allemand, et français et anglais.

Différentes orthographes du douala[6]
Britannique oa ny ma bola mienge
Allemande wa ń mabola myenge
Française e oa ñ mabola mienge

Alphabet de MeinhofModifier

En 1901, le professeur C. Meinhof et des missionnaires de la Mission protestante de Bâle établissent une orthographe phonétique simplifiée tenant compte principalement de la langue parlée. L’orthographe est assez populaire et est suivie en général[7].

Alphabet de Meinhof (1901)[7]
Majuscules A B C D E F G H I J K L M N Ń O P R S T U W Y
Minuscules a b c d e f g h i j k l m n ń o p r s t u w y
Phonèmes /a/ /b/ /c/ /d/ /e/ /ɛ/ /f/ /ɡ/ /h/ /i/ /ɟ/ /k/ /l/ /m/ /n/ /ŋ/ /ɲ/ /o/ /ɔ/ /p/ /r/ /s/ /t/ /u/ /w/ /j/

Alphabet général des langues camerounaisesModifier

En 1978, l’Alphabet général des langues camerounaises (AGLC) est créé pour uniformiser les règles orthographiques entre les différentes langues camerounaises. De nouvelles règles s’appliquent donc à l’orthographe du douala.

AGLC (1978)
Majuscules A B Ɓ C D Ɗ E Ɛ F G H I J K L M N Ɲ Ŋ O Ɔ P R S T U W Y
Minuscules a b ɓ c d ɗ e ɛ f g h i j k l m n ɲ ŋ o ɔ p r s t u w y
Phonèmes /a/ /b/ /ɓ/ /c/ /d/ /ɗ/ /e/ /ɛ/ /f/ /ɡ/ /h/ /i/ /ɟ/ /k/ /l/ /m/ /n/ /ɲ/ /ŋ/ /o/ /ɔ/ /p/ /r/ /s/ /t/ /u/ /w/ /j/

L’orthographe AGLC utilise les lettres ‹ ɓ › et ‹ ɗ › pour les phonèmes /b/ et /d/ réalisés [ɓ] et [ɗ] devant toutes les voyelles à l’exception des voyelles fermées [i], [u]. La consonne occlusive injective bilabiale voisée [ɓ] et la consonne occlusive injective alvéolaire voisée [ɗ] sont respectivement des allophones de la consonne occlusive bilabiale voisée /b/ et de la consonne occlusive alvéolaire voisée /d/. Cependant l’occlusive injective bilabiale voisée prénasalisée /ᵐɓ/ est un phonème à part entière car il est utilisé de manière distinctive de l’occlusive bilabiale prénasalisée dans quelques pairs minimales[8].

Les tons notés sont :

  • le ton haut noté à l’aide de l’accent aigu : á
  • le ton moyen noté à l’aide du macron : ā
  • le ton bas est noté par la voyelle seule : a
  • le ton montant noté à l’aide de l’accent antiflexe : ǎ
  • le ton descendant noté à l’aide de l’accent circonflexe : â

PhonologieModifier

ConsonnesModifier

VoyellesModifier

GrammaireModifier

PronomsModifier

Pronoms personnels[9]
singulier pluriel
1e personne mbá bisɔ́
2e personne binyɔ́
3e personne mɔ́ babɔ́
Préfixes verbaux[9]
1e sg. n-
2e sg. w-
3e sg. a-, (voir classes nominales)
1e pl. j-
2e pl. l
3e pl. ba-, (voir classes nominales)

Classes nominalesModifier

Préfixes des classes nominales[10]
(devant consonne et voyelle)
Classe Préfixes
nominaux
Préfixes
adjectivaux
Préfixes
verbaux
1 mo- mw- nu- ny- a-
2 ba- b- ba- b- ba- b-
3 mu- mw- mu- mw- mu- n-
4 mi my- mi- ny- mi- mw-, m-
5 di- l-, j- di- l- di- l-, j-
6 ma- m- ma- m- ma- m-
7 e- y- é- y- é- y-
8 be- by-, b- b- bé- ny-
9 n- y- m- ny- e- y-
10 n- ny- i- y- i- y-
11 i- y- i- y- i- y-
12 lo- lo-, l- lo- lo-, l- lo- lo-, l-
13 bo- bw-, b- bo- bw-, b- bo- bw-, b-

LexiqueModifier

Mot Traduction
terre wase, miñangadu
ciel dibobe
eau madíbá
feu wéá
homme moto, mumí
femme múto
l'enfant múna
être humain mot'a benama
manger
boire ñó
grand -ndéne, édène, bodène
gros kolà
petit -sadi, sala, bosadi
nuit bulú, budu
jour búñá, idiba, mwése
amour ndóló
oui ê
non kèm

les mois de l'année[11]Modifier

Mot Traduction
Janvier Dimôdi
Février Ngôndè
Mars Sôè
Avril Dibábá
Mai Emiasèlè
Juin Esôpêsôpè
Juillet Madíbêdibè
Août Dingíndí
Septembre Ñètèki
Novembre Tiníní
Décembre Eláê

le corpsModifier

Mot Traduction
le cœur (les cœurs) muléma (miléma)
la tête mulópō
la bouche mundumbu
la dent (les dents) sóngá (masóngá)
le ventre dibum
l'œil (les yeux) dísɔ̀ (mísɔ̀)



quelques phrasesModifier

Mot Traduction
je sais na bi
je ne sais pas na sí bí
je veux manger na púlá dá
je ne veux pas manger na sí ma púlá dá
je veux boire de l'eau na púlá ñó madíbá
donne - moi de l'eau bolá mbá madíbá
S'il te plait son
Je t'aime Na tondi wa

les chiffresModifier

Mot Traduction
un ewɔ̄ (mɔ, diwɔ, bɔ, pɔ...)
deux béɓǎ (miɓa, maɓa, baɓa, iɓa...)
trois bélálo (milalo, malalo, balalo, ilalo...)
quatre bénɛí (minéi, manéi, banéi, inéi...)
cinq bétánu (mitanu, matanu, batanu, itanu...)
six mutōɓā
sept sǎmbā
huit lɔmbi
neuf dibuā
dix ɗôm

Notes et référencesModifier

  1. Ewane 2020, p. 11.
  2. Dand T. Friesen, Oroko orthography development: linguistic and sociolinguistic factors, University of North Dakota, 1990.
  3. Isaac Moumé Etia, La langue de Douala (Cameroun) par vous-même : grammaire, exercices, conversations, Lomé - Togo, Imprimerie de l'école professionnelle, , 22 p. (lire en ligne)
  4. Isaac Moumé Etia, Dictionnaire du langage franco-douala: contenant tous les mots usuels, Clermont-Ferrand, Imprimerie générale G. de Bussac, , 198 p. (lire en ligne)
  5. Daniel Barreteau ,Evelyne Ngantchui,Terri Scruggs,, Bibliographie des langues camerounaises, Yaoundé - Paris, Orstom - ACCT, , 273 p. (lire en ligne)
  6. Steven Bird, Orthography and Identity in Cameroon, 2001.
  7. a et b Paul Helmlinger, Dictionnaire duala-français, suivi d’un lexique français-duala, éditions Klincksieck, Paris, 1972.
  8. Paulian 1971, p. 70.
  9. a et b Nseme 1998, p. 128.
  10. Nseme 1998, p. 129.
  11. « Apprendre la langue douala et le vocabulaire, dictionnaire thématique », sur duala.douala.free.fr (consulté le )

Voir aussiModifier

BibliographieModifier

  • Valérie Ewane, Parlons douala : langue bantoue du Cameroun, Paris, L’Harmattan, (ISBN 978-2-336-00087-9)
  • Isaac Moumé Etia, La langue de Douala (Cameroun) par vous-même : grammaire, exercices, conversations, vol. 1, Lomé (Togo), Imprimerie de l'école professionnelle, (lire en ligne).
  • Isaac Moumé Etia, Dictionnaire du langage franco-douala contenant tous les mots usuels, vol. 1, Clermont - Ferrand, Imprimerie générale G. de Bussac, (lire en ligne).
  • Isaac Moumé Etia, La langue de Douala (Cameroun) par vous-même : grammaire, exercices, conversations, vol. 2, Clermont - Ferrand, Imprimerie générale G. de Bussac, (lire en ligne).
  • Isaac Moumé Etia, Grammaire abrégée de la langue Douala (Cameroun), Clamart, Imprimerie générale Je Sers, (lire en ligne)
  • Clédor Nseme, « Annexe 5 : Quelques notes théoriques et pratiques destinées à l’enseignement du duala », dans Maurice Tadadjeu, Elisabeth Gfeller et Gabriel Mba, Manuel de formation pour l’enseignement des langues nationales dans les écoles primaires, Département des langues africaines et linguistique, F.L.S.H., Université de Yaoundé, coll. « PROPELCA » (no 32), , p. 127-133
  • Christiane Paulian, « Esquisse phonologique du duala », dans Études bantoues, Société des études linguistiques et anthropologiques de France (SELAF), (présentation en ligne)

Articles connexesModifier

Liens externesModifier

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