Discussion:Marie-Antoinette (film, 2006)

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Controverse de neutralité modifier

Il y a un bandeau de controverse de neutralité sur l'article, mais je constate que la page de discussion est vide ... serait-il possible d'exposer les problèmes ici, afin de faciliter les débats ? Personnellement, je n'ai pas lu l'article en détail, mais j'ai globalement constaté de nombreux passages POV ainsi qu'un ton très journalistique et peu adapté à un article encyclopédique. Je ne dis pas pour autant qu'une analyse du film n'a pas sa place ici. Mathounette discuter 30 mai 2006 à 23:01 (CEST)Répondre

Je n'ai aucun point de vue sur la question, je dis juste qu'à partir du moment où on met un bandeau sur une controverse de neutralité, c'est qu'il y a des raisons, et il faut en discuter sur la page de discussion, sinon ça ne sert à rien. En l'absence de débat, j'ai enlevé le bandeau (c'était surtout pour vous faire réagir, mais apparemment ça n'a pas fonctionné ...) Mathounette discuter 14 juin 2006 à 18:50 (CEST)Répondre

Premier point de vue de Sahara modifier

Second point de vue de Sahara modifier

Bonjour,
Le problème concernant donc l'article sur Marie-Antoinette, c'est que dans sa présentation actuelle on dirait plus 1/une analyse de la place de la femme à l'époque de Louis XVI 2/une présentation générale de la vie de Marie-Antoinette, avec tous ses détails. Dans les deux cas, ça n'a rien à voir avec une fiche "cinéma", on est plus dans l'analyse historique et sociologique.
Il y a d'autres façons d'étoffer l'article consacré à ce film sans entrer dans ces détails *qui ne le caractérisent pas en propre* (à savoir, qui pourraient s'appliquer quasiment à tous les films ayant Marie-Antoinette comme sujet. Pour ma part, je supprimerais les développements historiques (qui sont en plus très commentés/orientés) pour les remplacer par deux trucs au choix (ou les deux si tu te sens de le faire) :
1/la place de ce film en particulier dans la trilogie de Sofia Coppola / qu'est-ce qu'il apporte, précise, etc. par rapport aux deux autres ?
2/ce qui distingue ce film des autres films réalisés sur Marie-Antoinette (s'il y a des choses pertinentes à dire sur la question).
Par sécurité, ce serait peut-être pas mal de contacter un des organisateurs du projet cinéma, pour voir si, dans tous les cas, on n'entre pas trop dans la "thèse personnelle" plus que dans l'article neutre, mais bon, je suppose que ça dépend de la façon dont c'est fait.
Dans tous les cas donc, recentrer sur le film, et pas sur le personnage dont il parle et le contexte historique (idem pour les images d'ailleurs : en montrer une de Versailles en précisant que l'équipe de tournage a eu une autorisation spéciale pour tourner sur les lieux, ok ; en montrer une de la Galerie des Glaces, à la limite, pour dire qu'elle était en travaux à l'époque mais que Sofia Coppola a quand même pu y tourner la salle du bal, bon... on peut dire que c'est de l'anecdote intéressante, mais je virerais toutes les autres photos qui sont sans rapport aucun avec le film, et accompagnées de commentaires qui auraient leur place dans une section histoire et non cinéma.)
Voilà pour mon avis. Je reste dans le coin pour en discuter de toute façon. --Sahara 30 mai 2006 à 20:11 (CEST)Répondre

Coupes franches ? modifier

Suite aux nombreuses suppressions de Superb0y, tout n'était peut-être pas à jeter ... Certaines analyses n'étaient-elles pas tout de même intéressantes ? Qu'en pensez-vous ? Mathounette discuter 16 février 2007 à 11:41 (CET)Répondre

Salut,
Je suis tout à fait d'accord avec ton point de vue. Je suis d'avis de rétablir toutes les informations perdues à cause de ces coupes franches.
Salutations. Gemini1980 13 mars 2007 à 02:22 (CET)Répondre
Bon, j'ai pris mes responsabilités ! J'ai révoqué les modifications de Superb0y. On ne peut pas laisser supprimer des pans entiers du travail des contributeurs sans véritable justification en page de discussion sans craindre leur découragement. Le seul prétexte évoqué étant la promotion du film et de sa réalisatrice est insuffisant à mon goût. Au contraire, les informations données relevaient d'une véritable analyse de fond. D'ailleurs, je m'étonne que le (les) auteur(s) n'aient pas défendu leur point de vue ; je dirais même leur cause.
Salutations. Gemini1980 13 mars 2007 à 17:13 (CET)Répondre
Je reviens en page de discussion pour dire que malgré tout, j'ai apposé le bandeau {{à sourcer}} en tête de l'article, car malgré sa pertinence, l'analyse ne doit pas être un travail inédit, donc c'est le moindre mal. Attention a contrario au copyright.
Gemini1980 19 mars 2007 à 19:28 (CET)Répondre

oulalah modifier

Je trouve cet article terrible. Déjà je ne suis pas complètement d'accord avec l'analyse du film, mais le style me semble ça et là un peu téléphoné : [...] les films mettant en boîte le Palais de Versailles et leur style de représentation... Mettant en boite ? Hmmm... Il y a beaucoup d'exemples de ce genre. (->Jn) 2 avril 2007 à 00:13 (CEST)Répondre

Seigneur, j'ai jamais vu une telle tartine pour un article de film. Vous êtes vraiment sûr qu'il est nécessaire de commenter chaque scène l'une après l'autre ? Exemple : "Pâtisseries fourrées pour animaux de compagnie

Montrer des images de chiens mignons picorant dans les pâtisseries de luxe pourrait suggérer une critique du luxe éhonté des possédants alors que la famine ronge le peuple : il n'en est rien. Le traitement de la satire sociale, montrant l'unique disparité entre le dénuement des roturiers et le luxe des nantis n'est pas le propos de Sofia Coppola. L'évocation concerne le standing de la vie de cour dans la France de l'Ancien Régime, comme dans les deux premiers opus, du reste, le niveau de vie des WASPs des classes moyennes habitant les banlieues suburbaines (appelées Suburbia en anglais4) et la sophistication de la jeunesse jet-set dans le Tokyo post-moderne."

Huh ? D'ailleurs, que veut dire cette phrase "comme dans les deux premiers opus", (quels deux premiers opus ?) "du reste, le niveau de vie des WASPs des classes moyennes habitant les banlieues suburbaines (appelées Suburbia en anglais4) et la sophistication de la jeunesse jet-set dans le Tokyo post-moderne."

C'est une phrase ?

Sahara a raison, il faut refondre l'article. Son idée de faire un développement sur la place de ce film dans la filmographie de Sofia Copolla et un autre sur une comparaison avec les autres "Marie-Antoinette" me semble bonne.

Bande originale modifier

Les titres actuellement connus qui composent la bande originale du film semblent être dans un registre New wave, avec des groupes des années 1980 tels que New Order et Bow Wow Wow. Ce choix est assez inhabituel et peut paraître singulier, les films historiques étant rarement accompagnés de musiques contemporaines, d'où le surnom de Barbie-Antoinette. Le teaser et la bande annonce du film sont accompagnée de chansons du groupe New Order, avec les titres Age Of Consent et Ceremony.

On pourrait trouver kitsch l'insertion de musique électronique dans un "film à costumes" … C'est le trait d'union des trois films, avec pour les deux premiers respectivement les partitions de Air (le groupe des Versaillais) et Mellow.

Le tournage modifier

La réalisatrice n'a pas lésiné sur les moyens pour susciter l'ambiance : sur le plateau, omniprésence des macarons de la maison Ladurée et profusion de champagne Dom Pérignon, appartements de location à Saint-Germain-des-Prés, vie de la jet-set friquée au club le Baron : la production a vécu le style de vie de ces courtisans portraitisés dans le film le temps du tournage.

Mise en scène modifier

Clôture d'une trilogie modifier

Sofia Coppola achève avec la sortie de ce film une trilogie dont le fil directeur est la condition d'adolescentes évoluant dans un milieu aisé et normatif.

Voir l'article détaillé Trilogie de Sofia Coppola donnant la structure commune de ces films.

Sa dimension de grande cinéaste à part entière, c'est-à-dire sortie de l'ombre de son père, est confirmée avec ce troisième film. L'accueil du premier (Virgin suicides) par la critique avait laissé entendre qu'elle avait bénéficié d'une aide paternelle ; le second, sur le Japon, était l'occasion de sortir de la thématique « Girlie » correspondant au portrait qu'elle avait donné jusqu'ici des colifichets et des babioles liés à l'univers des adolescentes : avant Lost in translation, elle ne semblait pas sortir de cette tendance.

Cette fois la maîtrise d'un pari si risqué qu'un film d'époque ne permet plus le doute sur son talent.

La première image modifier

Relaxée sur un divan, Marie-Antoinette exposée en majesté est apprêtée par une servante. Voici quelqu'un qui est né avec une cuiller d'argent dans la bouche, comme nous le suggère cette image liminaire. Elle met le doigt à une pâtisserie parmi celles qui l'entourent, tout en s'apercevant de notre présence par un clin d'œil ; nous voici invités dans son univers.

Représentation de la royauté française modifier

Le soin apporté à la reconstitution historique donne un point de vue sur la royauté française digne de considération.

Liberté de ton modifier

Une production cinématographique nationale serait bien en peine d'obtenir cette liberté de ton[réf. nécessaire]. Réunir les fonds permettant de lancer la production d'un film en costumes nécessite le respect d'un certain nombre de standards, ce qui n'empêche un traitement moqueur des institutions royales sous le couvert du bon ton. La seule expérience tentée du Libertin[1] laisse un souvenir de vulgarité associée à un flop[réf. nécessaire].

Voir l'article Versailles au cinéma décrivant les films mettant en boîte le Palais de Versailles et leur style de représentation.

Le discours dominant de la république au sortir de la révolution impose une détestation de la société d'Ancien Régime[2] vouant aux gémonies le souvenir de la monarchie absolue française. L'académisme qui en résulte ne saurait faire l'économie des scènes clés de la biographie, dont la décapitation finale pour relier au renversement symbolique de la monarchie qu'effectue le pouvoir révolutionnaire ; ce point de vue est celui adopté dans le film historique Marie-Antoinette reine de France (1956), mais ne figure pas ici.

C'est l'ellipse que se permet Sofia Coppola dans sa version très personnelle d'un biopic : la scène n'aurait rien apporté au corpus de son portrait, selon la thématique qu'elle a choisi de développer. Les passages historiques sont subordonnés à ce qu'ils amènent à la situation du personnage principal[3].

Cette liberté par rapport à l'Histoire est par moments explicite. Par exemple, une paire de baskets Converse se glisse dans la collection d'escarpins de la reine.

Cela dit, le trait fait mouche dans le sens où l'enjeu du film est la naissance d'un héritier mâle, ce qui illustre du fait que les préoccupations dynastiques de l'élite régnante sont complètement en décalage par rapport aux besoins de la nation française en plein marasme lors de la convocation des États généraux (voir causes de la Révolution française).

Pâtisseries fourrées pour animaux de compagnie modifier

Montrer des images de chiens mignons picorant dans les pâtisseries de luxe pourrait suggérer une critique du luxe éhonté des possédants alors que la famine ronge le peuple : il n'en est rien. Le traitement de la satire sociale, montrant l'unique disparité entre le dénuement des roturiers et le luxe des nantis n'est pas le propos de Sofia Coppola. L'évocation concerne le standing de la vie de cour dans la France de l'Ancien Régime, comme dans les deux premiers opus, du reste, le niveau de vie des WASPs des classes moyennes habitant les banlieues suburbaines (appelées Suburbia en anglais[4]) et la sophistication de la jeunesse jet-set dans le Tokyo post-moderne.

Contexte historique modifier

Prêt à tomber, le pouvoir n'est plus que fantoche à Versailles, laissant le champ libre aux conventions issues de la tradition et à la décadence nobiliaire : ceci est parfaitement compatible avec l'orgie baroque de plaisirs aristocratiques que laisse l'impression générale du film. Après avoir vécu les guerres en dentelle, la noblesse gouvernant l'Europe était devenue cousine par alliance par le biais des mariages arrangés. La fuite opportuniste des princes du sang pour l'Étranger était donc plus naturelle pour eux que tenter de maintenir la royauté dans cette France à la veille de la Révolution : le temps n'était plus à la Réaction nobiliaire.

Le film évoque également les affaires étrangères françaises avec :

Ces citations peuvent évoquer ce que le public américain peut avoir retenu des liens historiques avec la France.

Article détaillé : la France dans la guerre d'indépendance américaine.

Critique négative d'un historien modifier

Jean Chalon, historien et auteur de Chère Marie-Antoinette[5], rejette ce film comme étant «un navet absolu». Pour lui, «Tout est faux dans ce film […] à l'exception du lever de la Reine rapporté par Mme Campan dans ses mémoires».

Représentation de Marie-Antoinette modifier

«Marie-Antoinette qui ne buvait que de l'eau et de l'eau de Ville-d'Avray, même à la Conciergerie est montrée à longueur de séquences une coupe de champagne à la main. […] Elle dînait d'une aile de poulet et d'un petit pain viennois. Dans le film elle se goinfre en permanence de gâteaux. En fin de compte ce n'est pas un film sur Marie-Antoinette, c'est une publicité pour Veuve Clicquot et Ladurée».

«Sofia Coppola a confondu Marie-Antoinette et Diana. […] L'actrice Kirsten Dunst est une sorte de top model sortie d'une série télévisée du niveau des Feux de l'amour. Elle passe son temps à gambader, à sautiller. C'est invraisemblable, surtout quand on sait que Marie-Antoinette était une Habsbourg élevée à la cour d'Autriche. Elle se déplaçait avec une majesté qui faisait l'admiration de tous. Il y a une scène qui frise le ridicule : on y voit Marie-Antoinette embrasser son coiffeur. Jamais elle n'aurait embrassé le coiffeur Léonard, Diana peut-être, mais pas Marie-Antoinette».

L'époque et l'entourage modifier

«C'est pire que tout. Prenons l'exemple de la Comtesse du Barry qui sortait sans doute du ruisseau. Mais quand elle est arrivée à la Cour, même ses ennemis ont reconnu qu'elle avait acquis le fameux ton de Cour. La grande révérence qu'elle a faite lors de sa présentation fit l'admiration de tout le monde. Cette femme était la grâce même. Dans le film, c'est un pruneau teigneux qui fait des agaceries à Louis XV. Ce dernier n'aurait jamais permis ça dans un dîner à la cour de Versailles. Sofia Coppola fait de Versailles un lupanar de luxe. Intolérable ! Autre chose encore, Fersen, qui était suédois et blond, est une espèce d'Italien bellâtre, un Casanova de bazar»[6].

Grille de lecture modifier

La mal-aimée modifier

Sofia Coppola dresse le portrait d'une Marie Antoinette généreuse au regard des prérogatives liées à son rang, projetée dans une cour princière remplie de ressentiment à son égard ; elle ne baisse pas les bras et ne se laisse aller à la frivolité oisive qu'une fois comprise le caractère inique de sa condition de nymphe qui ne sera reconnue que par sa maternité, alors que de manière persistante son conjoint joue les faux-fuyants.

L'Autrichienne. Voici le surnom qu'aura laissé dans les manuels d'Histoire de la République française, que les opposants royalistes défaits de leurs privilèges nommaient alors "la Gueuse", la dernière reine de France de l'Ancien Régime. On pourrait croire que cette image de haine fut placée par Robespierre. L'historienne anglaise Antonia Fraser suggère que cette opinion du public sur la personne de Marie-Antoinette fut forgée dans les rangs mêmes de la noblesse de cour du palais de Versailles. Son image est à la fin du film fait l'objet des quolibets des agitateurs publics qui vont contribuer au climat révolutionnaire, ce qui est suggéré par le portrait en peinture sur lequel des bandeaux dénonçant la ruine de l'État se succèdent : le luxe dont s'entoure Marie-Antoinette devient le symbole de l'incurie au sommet de l'État français envers les préoccupations de la population.

Ce surnom ramenant la future Reine à sa nationalité d'étrangère lui est affublé dès les premiers plans du film, parmi les favorites du cortège royal venu accueillir la promise du Dauphin. Les messes basses des courtisans égrènent ensuite de ce poison les allées et venues de la Dauphine à la Cour. Les déceptions perdurent à propos de la tâche qui lui est personnellement assignée, et rappelée à l'envi par tous ses référents[7] : doter la famille royale d'un héritier mâle, perpétuateur d'une lignée de princes de sang bourbon.

Autrichienne donc, elle s'enhardit à faire évoluer les conventions établies par le règne des Bourbons : à la fin d'une représentation de théâtre à laquelle assiste la famille royale, il est prohibé d'applaudir. Telle est la loi du silence établie par la structure du pouvoir en place : elle le brise et fait applaudir l'assistance, montrant enthousiasme et joie de vivre.

Forte de ce succès, elle continue à le faire au sortir d'une tragédie, quelques années plus tard : le public complet du théâtre se retourne pour l'observer taper seule dans ses mains, dans un silence glacial de ressentiment : l'Autrichienne, même reine de France, ne sera jamais appréciée des Français.

Dauphine modifier

Elle a 14 ans lorsqu'elle quitte la Maison d'Autriche des Habsbourg. Fille capricieuse et frivole de petits rires de fraîcheur, elle est présentée entichée d'un chiot de compagnie qui ne quitte pas ses bras.

La remise modifier

Même une archiduchesse de la maison d'Autriche peut être cédée dans le cadre transactionnel du mariage arrangé. La diplomatie européenne associe alors les alliances des pays avec celle de leurs têtes couronnées, dissociant l'union maritale du sentiment amoureux, au plus grand bénéfice de l'histoire de l'Adultère.

Cette cession a son rite, des plus corsés et vraisemblablement des moins connus pour ce qui concerne la Maison de France : le chapiteau de tentures symbolique du passage de la frontière entre les deux pays a été dressé, y entre une adolescente autrichienne chérie en prenant définitivement congé de sa suite, et une dauphine de France en sort, revêtue d'une toilette préparée : même les vêtements ne sauraient venir d'une cour étrangère.

Elle est présentée au jeune Louis Auguste, petit-fils de Louis XV.

 
Un cérémonial sempiternel : le lever de la Reine permet pour les nobles de recevoir les honneurs de la Cour dans la chambre même de la Reine, par ordre strict de préséance.

Une fois parvenue à Versailles, le ton très clair des images d'intérieur du palais contraste énormément avec le style baroque surchargé du palais de la Hofburg, soulignant la différence de mœurs qui a été indiquée à la jeune benjamine des Habsbourg lors de son départ.

L'étiquette modifier

Dès le premier contact, la comtesse de Noailles est chargée de veiller à ce que "l'Autrichienne" apprenne l'Étiquette valant à la cour de France.

Le respect drastique du protocole de la cour, institué sous Louis XIV, est applicable pour le couple royal. Le lever de la Reine et la préséance est une surprise de taille qui confine au ridicule mais, comme le dit la première demoiselle d'honneur, "c'est Versailles". Pendant le "premier service" du Roy au moment du déjeuner, le couple côte à côte est assisté de tant de valets attachés à l'office de la Maison du Roi que toute conversation est mort-née. Pendant qu'elle passe ses après-midi avec ses dames de compagnie, la chasse à courre occupe le Dauphin : impossible par les usages de lier conversation.

La monotonie de cette cérémonie du déjeuner en devient crispante, impression confirmée par le fait que ces scènes sont les seules où le fond sonore soit la musique d'époque.

 
Les jardins de Versailles sont un lieu de promenade pour les courtisans, parmi lesquels se distingue Mme du Barry accompagnant le Roi.
Article détaillé : Us et coutumes à la cour de Versailles

La scandaleuse modifier

Jouée par Asia Argento, la comtesse du Barry est une favorite méprisée de tous qui vit à la cour pour le bon plaisir du Roi. Libertine, elle le mignonne à satiété, contraste saisissant entre ces ébats de maîtresse avec le grand-père et l'audace d'un soir du petit-fils qui s'aventure maladroitement pour étreindre Marie-Antoinette : la besogne le répugne.

Elle a un singe comme animal de compagnie alors que les autres dames ont des chiens toilettés ; ses robes de couleur cramoisi ou bleu foncé, au parfum de scandale, contrastent avec les couleurs pastel environnantes.

Marie-Antoinette lui voue un mépris irréconciliable dès les premières rencontres, la qualifiant de catin du fait de son rôle introduit à la Cour de Louis XV.

Alors que Louis XV est au plus mal, la comtesse du Barry est répudiée par l'ordre moral catholique[8].

Frigidité et serrurerie modifier

 
La chapelle royale où se déroule le mariage : un contrat d'alliance diplomatique susceptible de rupture, les dogmes catholiques gouvernant les relations entre les époux, et l'obligation pour elle d'enfanter sont les causes des tourments de la Dauphine.

L'étiquette de la Cour de France est catégorique : l'épouse d'un roi ne peut inviter ce dernier à consommer l'acte que par ses charmes féminins, ne suggérant l'acte sexuel que par des moyens détournés, jamais en lui adressant la parole ni en le contraignant. Là aussi un rappel de l'inique condition féminine apposée par la société patriarcale, qui stipule que la responsabilité de la maternité incombe à l'épouse alors que le dauphin est libre de s'adonner à ce que bon lui semble.

Prenant à cœur sa mission, la Dauphine y trouve sa pire déception, toute la cour cristallisant sur elle l'espoir nuptial d'un mariage consommé. La blessure morale de son aliénation est alors la plus profonde.

Cette union est une affaire d'État : le roi lui-même bénit le lit nuptial le premier soir au nom du salut de la France.

Après des siècles de dogmatisme catholique, la royauté française s'en remet à Dieu pour donner des héritiers aux Bourbons ; ni le roi, ni les carabins n'ont la moindre notion d'éducation sexuelle. Les conventions sociales telles qu'exposées par Sofia Coppola sont affligeantes et en disent long sur la permanence des rôles sexués dans la civilisation occidentale qui émanera du régime défunt : elle doit s'en tenir à inspirer le dauphin par la patience et le charme, considérées comme des vertus collées à la féminité dans le modèle archaïque traditionnel, charge à l'homme, principe actif selon ce même schéma de représentation, de provoquer l'étreinte afin d'obtenir la conception. La rencontre d'une nymphe et d'un hussard : voilà symboliquement le seul moyen de concrétiser l'alliance franco-autrichienne.

Louis Auguste se révèle plus doué en serrurerie qu'à la hussarde. Il est intéressant de rajouter que le roi Louis XVI souffre d'une malformation nommée phimosis. C'est un resserrement du prépuce qui l'empêche de combler la reine ! C'est d'ailleurs le frère de cette dernière qui va se rendre compte de ce "léger" souci et pousser le roi à se faire opérer. Ne serait-ce pas là la clef du problème ?

Ce ne sont pas les précepteurs de l'éducation princière respectueuse des dogmes religieux qui ont pu le préparer à cette tâche de reproduction dynastique, pourtant fondamentale pour la perpétuation de la lignée monarchique. Son hobby pour la serrurerie et ses fuites vers la chasse à courre parachèvent son étrangeté du sujet.

Confinée à une passivité par l'hypocrisie des normes qui l'entourent, Marie-Antoinette couche dans de très beaux draps. Par ailleurs, elle est sommée par sa mère de confirmer par une naissance le mariage, par de multiples lettres venant d'Autriche, avec la perspective d'une annulation de l'alliance si le mariage s'avère stérile.

 
La photographie a été très soignée dans le film, et montre un ensoleillement sur les bassins bien différent de ce cliché.

Elle craque lorsque naît le premier enfant bourbon de la famille royale par la « délivrance » de la comtesse de Provence[9]. La naissance de cet enfant le place premier dans l'ordre de succession, sauf si Marie-Antoinette accouche un jour. Contrariée dans ses rôles magistraux, haïe par ses plus proches, le désarroi ne lui laisse plus que la fuite dans la recherche de l'ivresse.

Frivolités courtisanes modifier

Sur le passage d'un morceau complet de musique électronique, le film comprend un clip évocateur de la vie de château : chiens de compagnie, délices de desserts en pièces montées, jeux de hasard et bijoux précieux ; profusion d'escarpins de confection et choix de robes d'essayage. La vie de cour, c'est "tripant" ! Léonard, le maître des perruques, l'arbore d'un couvre chef qu'elle découvre exaltée, telle une précieuse ridicule.

La vie de Marie-Antoinette est une fête sans discontinuité, hors des moments de monotonie suggérés par des flâneries en barque ou l'écoute de la mandoline.

Des acrobates chinois viennent divertir la cour, et Marie-Antoinette apprécie le thé de l'Empereur de Chine à la vraie fleur de jasmin. Ces chinoiseries attestent de l'attrait de l'Orientalisme au XVIIIe siècle dans l'aristocratie royale, transférée à la société bourgeoise le siècle suivant.

 
Image du sacre : armorial du royaume de France
Sous le Masque, les convenances s'envolent

La discothèque du dernier chic parisien est une salle de bal costumé où l'aristocratie vient danser et s'encanailler en portant un loup au visage. Le dauphin incognito y fait la mauvaise rencontre d'un larron qui s'enquière de la nuptialité du couple héritier.

La rencontre que fait la dauphine est plus appréciée, et aura des suites quelques années plus tard.

La musique trance remplace avantageusement la rythmique du menuet pour les spectateurs.

Ces nuits blanches s'achevant sur un lever de soleil au matin clair devant des têtes encore grisées de la nuit passée est un classique adolescent. Les jeunes courtisans de cette monarchie absolue moribonde n'ont pas à pâtir de la jeunesse contemporaine.

Reine modifier

Marie-Antoinette a 19 ans à la mort de Louis XV. N'étant plus élève du Protocole mais reine de France, elle peut enfin se révéler pleinement dans ses choix de vie.

Le sacre est célébré sur un parterre de Lys, l'académique musique de Lully étant éclipsée par The Cure pour la sonorisation[10].

 
La mort prématurée du quatrième enfant[11] est suggérée par les retouches effectuées sur le tableau d'Élisabeth Vigée Le Brun : le couffin est vide.

Les enfantements modifier

C'est bien des années après les premiers ébats manqués que la visite du frère de Marie-Antoinette, alors empereur du Saint-Empire, permet de résoudre la question de la fertilité du couple. Un tel sujet ne saurait être abordé auprès d'une personne telle que le roi de France que par une personne de son rang : un autre chef d'État. C'est donc par la comparaison infantilisante avec la clef entrant dans la serrure que se déverrouille le royal blocage.

Marie-Antoinette en tombe littéralement de félicité dans l'herbe tendre, comme Lux le fit sur la pelouse du stade de « superbowl ».

Son premier enfant est une fille, elle n'entre donc pas dans l'ordre de succession. Mais la fertilité de la reine n'est plus mise en doute.

le petit Dauphin : la mise en scène du film, de part la succession des scènes, laisse planer le doute sur la paternité du deuxième enfant[12].

Le petit Trianon modifier

Lorsque le roi lui confie la clé du Petit Trianon, Marie-Antoinette obtient un début de vie privée dans l'éloignement de la cour du palais.

Elle monte une pièce d'opérette la montrant en bergère idéalisée chantant au bord du puits, d'un kitsch saisissant même pour le XVIIIe siècle au vu des bouches bées de l'auditoire.

On peut s'interroger sur le rapport entre la dimension artistique et créatrice révélée par le personnage dans cet espace de liberté inespéré d'une part, et la jeunesse de la réalisatrice dans la Napa Valley avec le clan Coppola de cinéphiles branchés d'autre part. Sofia a-t-elle fantasmé être une petite enfant pauvre pendant sa jeunesse ? Le moins qui laisse paraître de sa trilogie est son choix de types féminins adolescents :

 
 
La ferme du hameau de la Reine
En récompense pour la première naissance, le Roi offre à son épouse les clés du Petit Trianon. Elle s'y réfugie pour échapper au protocole en vigueur au palais.

stratégies féminines lycéennes dans le premier film, jeune femme immature en pleine transition de vie dans le second, où princesse rêvant l'escapade de son milieu social dans le troisième.

Le Hameau de la Reine modifier

Le Hameau de la Reine, que le film montre telle une reconstitution idéalisée de vie à la ferme, représente la tour d'ivoire de pureté dans lequel se réfugie cette inaccessible prisonnière. Elle s'y invente la vie de paysanne idéalisée qu'elle n'a jamais pu avoir : poulaillers, cabris, agneaux de race.

Ces moments sont dévolus à l'enfance de sa fille, "Madame Royale".

Référence au siècle des Lumières

Elle fait la lecture à ses suivantes de l'État de nature de Rousseau au milieu des pâtures, le passage tiré du livre étant associé à des scènes de jeunes filles en herbe sur fond bucolique: cette inspiration panthéiste provient, d'après les dires de la réalisatrice, de la Balade sauvage de Terrence Malick[13].

Son beau Suédois modifier

 
La sensibilité artistique de Marie-Antoinette s'illustre dans l'épisode du Petit Trianon. Lors de la revue du corps expéditionnaire revenu d'Amérique pour le traité de Paris, la reine et ses suivantes, venues du Trianon à la cour, offrent aux officiers cités des couronnes de fleurs tressées.
Peinture de Le Brun, membre de l'Académie Royale que l'on voit dans le film faire le portrait de Marie-Antoinette.

Rencontré au bal masqué, le militaire suédois Axel de Fersen réapparaît en juin 1783 lors de la présentation au roi du corps expéditionnaire français.

Il s'avère un amant d'expérience avec le palmarès qui fait sa réputation mondaine. Il a donc toutes les chances que laisse promettre son minois attirant.

Pudiquement revêtue d'un éventail, Marie-Antoinette fait un accueil royal à son hôte. La Reine lui demande vainement de continuer à la ravir lorsqu'il prend congé.

Elle le revoit ensuite par des regards fuyants dans une image mentale de conquérant sortant vainqueur du champ de bataille, son cheval se cabrant comme dans une peinture de souverain porté en triomphe. Fine évocation d'un fantasme érotique féminin compatible avec cette époque d'uniformes et de prestige guerrier.

Citoyenne modifier

Marie-Antoinette a 34 ans lors de la prise de la Bastille. La biopic ne montre pas la période révolutionnaire, l'arrivée des Sans-culottes à la cour fournissant l'essentiel pour la fin du film.

La fin de la vie de Cour modifier

Après la prise de la Bastille, un rapport concernant une altercation de la populace envers la Duchesse de Polignac parvient à la cour : on veut porter atteinte à la vie de la famille royale.

L'influence prise par l'ambassadeur de la cour d'Autriche devenu un confident tout au long de la vie de Marie-Antoinette suggère une continuité dans le rapprochement diplomatique connu sous le nom du comité autrichien pendant la Révolution.

L'exil en Suisse est décidé pour la Cour, hormis la famille royale.

Marie-Antoinette vit un second arrachement en voyant partir précipitamment tous les courtisans et les princes du sang pour l'exil. Jusqu'ici, elle n'a connu que la vie de palais et n'a vu le Monde réel qu'à la sauvette depuis les lucarnes d'un carrosse. Rien de ce qu'elle a pu observer ou de ce qu'on lui a transmis n'a pu la préparer à vivre une chute de régime. Tel est le luxe cruel de cette vie molletonnée que montre Sofia Coppola.

Une révérence pour les Sans-culottes modifier

Le point de vue reste jusqu'au bout la vision subjective du personnage, les masses populaires n'étant représentées que par les remontrances beuglantes à l'extérieur du palais pendant une nuit noire (2-3 octobre) alors que le couple prend un dernier repas cérémoniel, l'ambiance sombre étant signe de fin de règne.

Les Sans-culottes, plus précisément les femmes qui viennent chercher de la farine à Versailles et aussi pour en finir avec Marie-Antoinette, elle se confronte à son image négative en sortant sur le balcon du palais et en prenant sur le rebord une posture d'humble révérence. La foule estomaquée demande alors que le couple royal soit ramené à Paris aux Tuileries.

Ayant choisi de ne pas traiter la période de l'enfermement de la famille royale, la réalisatrice achève le film sur le départ en carrosse du couple, ramené à Paris par les autorités révolutionnaires. Ils ne savent pas encore que ce trajet va mener à leur dernier voyage des condamnés, cependant la réponse de Marie-Antoinette à Louis est ferme et résolue : elle fait ses adieux aux arbres du parc Versailles, car elle sait qu'elle ne les reverra pas.

Notes et références modifier

  1. Réal. Gabriel Aghion.
  2. À commencer par le terme connoté négativement qui affuble lui-même la période : « ancien » « régime ».
  3. À ce titre, l'affaire du collier de la reine, intrigue politique, n'est pas un sujet dans le film.
  4. Expression anglo-saxonne renvoyant aux Suburbs américaines entourant les centre-villes urbains : voir (en) Suburbia.
  5. Jean Chalon, Chère Marie-Antoinette, Perrin, 476 p.
  6. Propos recueillis par Pauline Lecomte et parus dans la NRH n°25 de juillet-août 2006.
  7. Famille autrichienne, ambassadeur d'Autriche près la cour de Versailles.
  8. La France est fille ainée de l'église vaticane, et le roi de saurait recevoir la confession d'aumône s'il ne se sépare pas de "la Du Barry" quite à en périr de chagrin.
  9. Les plus importants membres de la cour assistent à l'accouchement d'un enfant de sang royal.
  10. La descente des marches de Versailles par le couple royal au moment du couronnement, sur un parterre de fleurs de Lys et sous une envolée des Cure est une nouveauté qui fera date parmi les contributions de Versailles au cinéma.
  11. Marie-Sophie-Béatrice (9 juillet 1786 - 19 juin 1787).
  12. La liaison de Marie-Antoinette avec son amant, de Fersen, est montrée dans le film au petit Trianon quelques scènes avant la naissance : alors, ce pourrait-il qu'il s'agisse d'un bâtard ?
  13. Source : article de Première au moment de la sortie du film.

Pâtisseries modifier

C'est le chef Marc Meneau qui a concocté les gâteaux et pâtisseries du film, à l'exception des macarons Ladurée.

Recyclage modifier

J’ai corrigé la typographie de la section Réception pour être en confirmité avec les Conventions. Cependant, la structure complète de la section me semble à revoir, j’ai donc retiré le bandeau {{Modèle:typo}}, mais je l’ai remplacé par {{Modèle:à recycler}}. —Fulax (d) 19 décembre 2012 à 15:37 (CET)Répondre

Productions ? modifier

Dans la mesure où il s’agit d’un film réalisé par Sofia Coppola et dont le père est, avec elle, un des producteurs, c vraiment pas évident de comprendre et partager clairement les différents rôles de production ci-dessus, sur 5 lignes distinctes ! Any help welcome --Bibliorock (discuter) 8 juin 2014 à 03:00 (CEST)Répondre

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