Bataille de Coutras

bataille des guerres de Religion
Bataille de Coutras
Description de cette image, également commentée ci-après
Bataille de Coutras, où fut tué le duc de Joyeuse,
gravure coloriée de Frans Hogenberg.
Informations générales
Date
Lieu Coutras
Issue Victoire des huguenots
Belligérants
Huguenots Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Commandants
Henri de Navarre Anne de Joyeuse
Forces en présence
5 000 fantassins
1 800 cavaliers
5 000 fantassins
1 800 cavaliers
Pertes
40 morts 2 000 morts

Huitième guerre de Religion (1585 – 1598)

Batailles

Guerres de Religion en France


Prélude


Première guerre de Religion (1562-1563)


Deuxième guerre de Religion (1567-1568)


Troisième guerre de Religion (1568-1570)


Quatrième guerre de Religion (1572-1573)


Cinquième guerre de Religion (1574-1576)


Sixième guerre de Religion (1577)


Septième guerre de Religion (1579-1580)


Huitième guerre de Religion (1585-1598)
Guerre des Trois Henri


Rébellions huguenotes (1621-1629)


Révocation de l'édit de Nantes (1685)

Coordonnées 45° 02′ 30″ nord, 0° 07′ 38″ ouest
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Bataille de Coutras
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Bataille de Coutras
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(Voir situation sur carte : Gironde)
Bataille de Coutras

La bataille de Coutras se déroule le , pendant les guerres de Religion. Elle voit la victoire du protestant Henri de Navarre qui écrase l’armée royale commandée par le duc Anne de Joyeuse, lequel meurt dans la bataille.

Contexte modifier

Les guerres de Religion entre les catholiques et les protestants durent en France depuis 1562. Le roi de France Henri III avait mené une politique conciliante, dont témoignent la promulgation de l'édit de Beaulieu en 1576 puis celle de l'édit de Poitiers l’année suivante. Mais une nouvelle crise est provoquée par la mort du frère du roi, François d'Alençon : le huguenot Henri de Navarre devient l'héritier présomptif de la couronne. La Ligue, menée par le duc de Guise, dresse alors le royaume contre le roi, qui se retrouve isolé.

Le 18 juillet 1585, Henri III promulgue l'édit de Nemours annulant tous les édits précédents, accordant des places aux catholiques, payant les mercenaires de la Ligue sur le Trésor royal, interdisant le protestantisme en France, et ordonnant la restitution des places de sûreté protestantes. Les protestants sont expulsés du pouvoir. Et alors que le parti de Guise obtient places et faveurs, le roi de Navarre est déchu de ses fonctions.

Cet édit est une déclaration de guerre contre les protestants. Henri de Navarre cherche des appuis, sans succès. La « bulle privatoire » du pape Sixte Quint lui apporte, dans une certaine mesure, celui des milieux gallicans et royalistes français ; s’y joignent les Politiques français, partisans d’une certaine tolérance (comme le gouverneur du Languedoc, Montmorency-Damville), puis l’Angleterre et le Danemark, mais seulement après l’assassinat de Guillaume d’Orange, la déposition de l’électeur de Cologne (l’évêque était devenu calviniste) et les succès de l’Espagne dans sa lutte contre les protestants des Pays-Bas.

Devant l’intransigeance de Guise, la guerre est inévitable. Fin juillet 1587, une armée commandée par Anne de Joyeuse, l'un des mignons du roi, arrive en Poitou, où se trouve celle d'Henri de Navarre. Celui-ci est rejoint par ses deux cousins catholiques François de Bourbon-Conti et Charles de Bourbon-Soissons, opposés aux menées de la Ligue. Lorsque Joyeuse reçoit le renfort de Mercœur, Henri de Navarre se replie vers le sud. Joyeuse s'élance à ses trousses, souhaitant l’arrêter avant qu'il ne passe la Dordogne et ne trouve refuge en Guyenne[1].

Bataille modifier

Lorsque les deux armées se retrouvent face à face, Joyeuse, dans un premier temps, renonce à attaquer l'armée d'Henri de Navarre qui a commencé à traverser la Dronne. Impulsif, avide de la gloire que peut lui apporter une victoire sur le Béarnais, Joyeuse se ravise[1] et lance sa charge de loin, au grand galop. Quand il arrive au contact, ses chevaux sont épuisés, et ses escadrons de lanciers ont perdu leur cohésion, perdant toute efficacité[2]. De son côté, Henri de Navarre adopte une tactique innovante dans la façon de disposer ses troupes : il intercale des pelotons de fantassins (cinq hommes de front) avec des escadrons de cavalerie, de façon à la soutenir[3]. L’affrontement des deux cavaleries tourne à l’avantage du roi de Navarre[4]. La charge des chevau-légers protestants rompt l’armée royale, qui est mise en déroute. La bataille a duré un peu moins de trois heures[1].

Joyeuse, qui s'est constitué prisonnier, est abattu d'un coup de pistolet en représailles à ses exactions récentes, notamment du massacre dit de Saint-Éloi, au cours duquel huit cents huguenots ont été exécutés à La Mothe-Saint-Héray le 21 juin 1587. Son jeune frère, Claude de Joyeuse (1569 – 1587), seigneur de Saint-Sauveur, est tué d'une arquebusade dans le ventre[1]. Plus de deux mille catholiques, dont trois cents gentilshommes, ont perdu la vie[1], parmi lesquels Jacques d'Amboise, l'aîné de la branche d'Amboise-d'Aubijoux.

Henri de Navarre se comporte de manière chevaleresque, libérant les prisonniers contre la promesse de versement d'une rançon, faisant soigner les blessés et enterrer les morts, et rendant à leur famille les dépouilles de Joyeuse et de son frère[1].

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f Olivia Carpi, Les Guerres de Religion, un conflit franco-français, 1559-1598, Éditions Ellipses, 2012, 720 p.
  2. Frédéric Chauviré, « Le problème de l’allure dans les charges de cavalerie du XVIe au XVIIIe siècle », Revue historique des armées, no 249, 2007, mis en ligne le 1er août 2008. Consulté le 16 août 2010.
  3. Frédéric Chauviré, « La charge de cavalerie, de Bayard à Seydlitz », Cahiers du CEHD no 23, 2004 (ISBN 2-11-094729-2), p. 111. En ligne, consulté le 3 mars 2007.
  4. Maimbourg, Histoire de la Ligue, Paris : Sébastien Mabre-Croisy, 1684, p. 139.

Annexes modifier

Sources primaires imprimées modifier

Bibliographie modifier

  • Association « Henri IV 1989 », Avènement d'Henry IV, quatrième centenaire, vol. 1 : Quatrième centenaire de la bataille de Coutras. Colloque de Coutras, [16-18 octobre 1987] ; organisé par le Groupe de recherches archéologiques et historiques de Coutras (GRAHC), Pau, Henri IV 1989, , 245 p. (ISBN 2-906483-11-7).
  • Olivia Carpi, Les guerres de Religion, 1559-1598 : un conflit franco-français, Paris, Ellipses, coll. « Biographies et mythes historiques », , 720 p. (ISBN 978-2-729-87337-0).
  • Arlette Jouanna, Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi et Guy Le Thiec, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1 526 (ISBN 2-221-07425-4, présentation en ligne).
  • Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, présentation en ligne)., p. 342-344.
  • Pierre de Vaissière, Messieurs de Joyeuse (1560-1615) : portraits et documents inédits, Paris, Albin Michel, coll. « Âmes et visages d'autrefois », , 351 p.

Articles connexes modifier