Auguste-Henry-Édouard Queux de Saint-Hilaire

helléniste et médiéviste français

Auguste-Henry-Édouard Queux de Saint-Hilaire, dit Marquis Queux de Saint-Hilaire, né le à Hazebrouck et mort le à Paris, est un helléniste et médiéviste français du 19e siècle. Il est également connu pour être un un amateur de musique et un important collectionneur : il dispose notamment d'une importante bibliothèque et possède plusieurs instruments de musique notables. Le Stradivarius Queux de Saint-Hilaire a fait partie de sa collection et est nommé ainsi en son honneur.

Auguste-Henry-Édouard Queux de Saint-Hilaire
Titre de noblesse
Marquis
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière d'Hazebrouck (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Autres informations
Propriétaire de
Membre de
Association pour l'encouragement des études grecques en France
Société des amis des monuments parisiens (d)
Société académique des Enfants d'Apollon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Issu d'une famille noble de Saintonge, Auguste-Henry-Édouard Queux de Saint-Hilaire est le fils de l'homme politique Philippe de Queux De Saint-Hilaire.

Biographie modifier

Auguste-Henry-Édouard Queux de Saint-Hilaire est né le à Hazebrouck[1]. Il est le descendant d'une famille noble de Saintonge[2]. Son père, Philippe de Queux De Saint-Hilaire, a mené une carrière militaire et politique qui l'a conduit dans le nord de la France[3]. Ce dernier épouse en secondes noces Stéphanie Marie Louise Coffyn-Maerten, issue de la bourgeoise dunkerquoise[Note 1],[3]. Auguste-Henry-Édouard est le quatrième enfant du couple et le seul survivant[1].

Auguste-Henry-Édouard Queux de Saint-Hilaire passe les premières années de son enfance à Hazebrouck. Mais, à la mort de son père en , sa mère décide de partir s'installer à Paris. L'enfant et sa mère s'installe dans une maison rue Soufflot qu'ils ne quitteront plus[4].

Sous l'impulsion de sa mère, Auguste-Henry-Édouard s'intéresse à la musique. Il apprend et pratique notamment le violon, l'alto et le violoncelle[5].

Durant sa jeunesse, Auguste-Henry-Édouard Queux de Saint-Hilaire voyage régulièrement avec sa mère. Il visite ainsi plusieurs pays européens, comme l'exposition universelle de 1851 à Londres, et développe ses compétences pour les langues étrangères[6].

Le jeune Auguste-Henry-Édouard réalise sa scolarité au collège Sainte-Barbe[7]. Il y découvre et apprend notamment les bases du grec moderne[8]. Une fois diplômé, il poursuit des études de Droit et obtient sa Licence en [9]. Il s'inscrit au barreau et débute dans la profession en tant que stagiaire[10]. Toutefois, il abandonne rapidement cette carrière[10].

Le Marquis de Saint-Hilaire entretient un réseau de relations avec des personnalités importantes des mondes intellectuel, culturel ou politique[11]. Il connaît par exemple le ministre et poète Lamartine ou les compositeurs Rossini ou Massenet[12],[13]. Par ailleurs, la Marquise de Saint-Hilaire anime toutes les semaines un salon de musique de chambre. Son fils fait régulièrement partie des musiciens qui se produisent[5],[13].

Après son abandon pour la carrière juridique, le Marquis de Saint-Hilaire se tourne vers les activités intellectuelles académiques[14]. Il étudie notamment l'ancien français et le grec moderne[14]. Il publie plusieurs brochures et traductions et occupe également des fonctions d'éditeurs[15]. Surtout, le Marquis intègre plusieurs sociétés savantes et participe activement à la vie de celles-ci[16]. Il fait notamment partie de la Société académique des enfants d'Apollon - dont il est un temps le président -, de la Société des anciens textes français - dont il est l'un des fondateurs et administrateurs - et de la Société des études grecques - dont il est membre du comité et qu'il préside en [17].

Le Marquis de Saint-Hilaire est un relais important du monde grec parisien[18]. Il apporte son soutien aux intellectuels intéressés comme lui par la Grèce et l'hellénisme et également aux émigrés[18]. Le Marquis est notamment le représentant de la Grèce dans le jury de l'exposition universelle de 1889[19].

Lors du siège de Paris en , le Marquis de Saint-Hilaire est mobilisé et nommé commandant d'un bataillon de la garde nationale[20]. Son unité n'est toutefois engagée dans aucun combat pendant cette période[21]. Avec l'avènement du régime révolutionnaire lors de la Commune de Paris, le Marquis est démobilisé[22]. Favorable à Adolphe Thiers et au parti versaillais, il évite l'arrestation et part en Italie avec sa mère[23].

Le Marquis de Saint-Hilaire acquiert la propriété historique de sa famille à Saint-Hilaire en [Note 2],[25]. Sur le plan économique, l'acquisition du domaine de Saint-Hilaire n'est pas profitable[Note 3],[26]. Toutefois, il ressent un plaisir certain à retrouver les racines de sa famille et, à partir de cette date, il se rend deux fois par an sur ses terres de Saintonge[27].

La mère du Marquis de Saint-Hilaire meurt en [10].

Malade, le Marquis Queux de Saint-Hilaire rentre à Paris où il meurt le [28],[29]. La cérémonie funéraire a lieu le à l'église Saint Étienne du Mont[30]. Il est enterré quelques jours plus tard au cimetière Saint Éloi d'Hazebrouck dans le caveau familial[31].

Carrière intellectuelle modifier

Le Marquis de Saint-Hilaire mène ses recherches académiques sur les sujets du grec moderne et de l'ancien français[14]. Ses activités se déploient principalement autour de l'animation de sociétés savantes, de publication de traductions ou de brochures et parfois d'édition[32].

L'homme est principalement reconnu par ses contemporains pour son travail sur le grec moderne[33]. Il s'intéresse à l'ensemble de la culture grecque (antique et moderne) et participe à la vie intellectuelle parisienne qui s'organise entre autres autour des émigrés. Membre actif de la Société des études grecques[Note 4], il écrit plusieurs traductions, articles et notices dans les publications de l'institution. Il ne restreint pas ses activités à la seule sphère du monde grec parisien puisqu'il publie également dans des revues couvrant d'autres domaines culturels (la poésie par exemple)[35].

Concernant le français ancien, le Marquis de Saint-Hilaire mène l'édition des œuvres complètes du poète Eustache Deschamps (publiées entre et ). Il publie également quelques brochures sue ce sujet[15].

Amateur de musique modifier

Le Marquis de Saint-Hilaire est un amateur de musique. Il pratique notamment le violon, l'alto, le violoncelle et le piano[Note 5]. Il se produit parfois lors des concerts de musique de chambre que sa mère organise régulièrement[5],[13].

Le Marquis fréquente les musiciens de son époque ainsi que les institutions musicales parisiennes[Note 6],[5]. Il compte notamment parmi ses connaissances Gioachino Rossini, Jules Massenet, Édouard Lalo, Charles Dancla ou Delphin Alard[12],[13].

Sur le plan esthétique, ses proches indiquent que ses goûts le porte principalement vers les compositeurs classiques, à l'image de Mozart ou Haydn, mais qu'il ne se détourne pas des esthétiques plus modernes[5].

Collectionneur modifier

Bibliophile modifier

Le Marquis était réputé pour être un bibliophile[36].

Collectionneur d'instruments de musique modifier

Amateur de musique, le Marquis Queux de Saint-Hilaire disposait d'une collection d'instruments notables. Elle comprenait notamment le Stradivarius Queux de Saint-Hilaire[Note 7]. Un alto fabriqué par Jean-Baptiste Vuillaume ainsi que plusieurs archets de maîtres archetiers français faisaient également parties de l'ensemble[10],[37].

Pour constituer sa collection, le Marquis de Saint-Hilaire est en relation avec les luthiers parisiens Chanot & Chardon[13].

Par ailleurs, sa bibliothèque d'ouvrages en lien avec la musique était importante. Le Marquis collectionnait également les autographes de musiciens[10].

Objets d'art modifier

Si les goûts du Marquis Queux de Saint-Hilaire le portait vers les livres et la musique, il collectionnait également les objets d'art comme des tableaux ou des gravures[10].

Prêts, dons et legs modifier

En , le Marquis prête le Stradivarius Queux de Saint-Hilaire pour l'exposition universelle[38].

À la fin de sa vie, le Marquis Queux de Saint-Hilaire a donné plusieurs objets précieux, notamment ses instruments de musique, aux institutions culturelles françaises ou à des proches[10],[13]. Il a par exemple cédé plusieurs manuscrits en latin et français à la Bibliothèque nationale de France[10]. Son leg le plus notable est celui de plusieurs de ses instruments de musique et archets, notamment le Stradivarius Queux de Saint-Hilaire, au Conservatoire de Paris[13].

Vie privée modifier

Le Marquis de Saint-Hilaire ne s'est jamais marié[39].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le mariage a lieu en [3].
  2. Auguste-Henry-Édouard Queux de Saint-Hilaire a l'occasion se rapproche des terres familiales par hasard, à l'occasion d'une réunion de sociétés savantes. Il y rencontre un habitant de la région qui le met en contact avec des apparentés et lui apprend notamment que les propriétaires du domaine de Saint-Hilaire sont prêts à vendre leur bien[24].
  3. Le Marquis de Saint-Hilaire a cédé des terres agricoles rentables en Flandre pour acheter un bien qui n'offre pas de perspecvtives économiques[26].
  4. Le Marquis de Saint-Hilaire est élu plusieurs années au comité et il préside la société en [34].
  5. Il dispose d'un piano Pleyel[13].
  6. Auguste-Henry-Édouard Queux de Saint-Hialire suit assidument les concerts donnés au Conservatoire de Paris[5].
  7. Le Stradivarius est nommé Queux de Saint-Hilaire en son honneur.

Références modifier

  1. a et b Bikélas (1890), p. 4-5.
  2. Bikélas (1890), p. 3.
  3. a b et c Bikélas (1890), p. 4.
  4. Bikélas (1890), p. 5.
  5. a b c d e et f Bikélas (1890), p. 8.
  6. Bikélas (1890), p. 7.
  7. Bikélas (1890), p. 5 ; 7.
  8. Bikélas (1890), p. 13.
  9. Bikélas (1890), p. 6-7.
  10. a b c d e f g et h Bikélas (1890), p. 6.
  11. Bikélas (1890), p. 9-10.
  12. a et b Bikélas (1890), p. 9.
  13. a b c d e f g et h Échard (2022), p. 197.
  14. a b et c Bikélas (1890), p. 10.
  15. a et b Bikélas (1890), p. 11.
  16. Bikélas (1890), p. 10-12.
  17. Bikélas (1890), p. 10-12 ; 16.
  18. a et b Bikélas (1890), p. 15-16.
  19. Bikélas (1890), p. 17.
  20. Bikélas (1890), p. 18.
  21. Bikélas (1890), p. 19.
  22. Bikélas (1890), p. 20.
  23. Bikélas (1890), p. 20-21.
  24. Bikélas (1890), p. 22-23.
  25. Bikélas (1890), p. 22.
  26. a et b Bikélas (1890), p. 23.
  27. Bikélas (1890), p. 22 ; 24.
  28. Bikélas (1890), p. 24.
  29. Acte de décès à Paris 5e, n° 3107, vue 8/16.
  30. Bikélas (1890), p. 1.
  31. Bikélas (1890), p. 24-25.
  32. Bikélas (1890), p. 10-17.
  33. Bikélas (1890), p. 12-13.
  34. Bikélas (1890), p. 16.
  35. Bikélas (1890), p. 15-17.
  36. Bikélas (1890), p. 5-6.
  37. (en) « Jean-Baptiste Vuillaume, Paris, 1829 »  , Cozio Archive, sur tarisio.com
  38. Échard (2022), p. 198.
  39. Bikélas (1890), p. 7-8.

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Dimítrios Bikélas, « Le marquis de Queux de Saint-Hilaire », Revue des Études Grecques, vol. 3, no 9,‎ , p. 1-31 (lire en ligne  ).  
  • Μ. Croiset, « Discours prononcé aux obsèques de M. le Marquis de Queux de Saint-Hilaire », Revue des Études Grecques, vol. 2, no 5,‎ , p. LXVIII-LXX (lire en ligne  )
  • Jean-Philippe Échard, Stradivarius et la lutherie de Crémone, Paris, Cité de la musique - Philharmonie de Paris, , 253 p. (ISBN 979-10-94642-48-1), p. 196-203.  
  • François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, t. II, Paris, Librairie de Firmin-Didot & Cie, , 691 p. (lire en ligne), p. 378-379

Annexes modifier