Alphonse de Neuville

peintre français
Alphonse de Neuville
Alphonse de Neuville (vers 1880),
photoglyptie par Ferdinand Mulnier.
Biographie
Naissance
Décès
(à 49 ans)
Paris 17e (France)
Sépulture
Nom de naissance
Alphonse Marie Deneuville
Nationalité
Formation
Activité
Période d'activité
Conjoint
Mimi Maréchal (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Mouvement
Maître
Genre artistique
Distinction
Œuvres principales
signature d'Alphonse de Neuville
Signature

Alphonse de Neuville, pseudonyme d'Alphonse Marie Adolphe Deneuville[2], est un peintre, dessinateur et illustrateur français né le à Saint-Omer (Pas-de-Calais)[3] et mort le à Paris.

Élève de François Édouard Picot, il fut l'un des représentants principaux de la peinture militaire du XIXe siècle. Il s'est rendu célèbre par des tableaux relatant la guerre franco-allemande de 1870.

Biographie modifier

Né dans une famille aisée, il est le fils d'Edouard Deneuville, fabricant de chandelles, et de Louise Sophie Reumaux. Alphonse Marie Adolphe Deneuville s'inscrit en 1853, malgré l’opposition de sa famille, à l’École des mousses à Lorient après son baccalauréat, en vue d'une carrière militaire.

Il ne passe qu'un an à Lorient, puis entreprend des études de Droit qui le mènent à Paris.

Ayant commencé à dessiner dès son enfance, il préfère finalement se tourner vers une carrière artistique, qu'il débute comme illustrateur dans des revues telles que L'Univers illustré, L'Illustration, Le Monde illustré, Le Tour du Monde.

Sans y poursuivre ses études, il est admis en 1853 à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de François Édouard Picot.

A partir de 1859, il expose au Salon, où il reçoit, dès sa première participation, une médaille de 3e classe pour son tableau Le 5e bataillon de chasseurs à la batterie Gervais, avec des conseils et des encouragements d'Eugène Delacroix[4].

Au Salon de 1861, il obtient une seconde médaille pour Chasseurs de la garde à l'assaut du Mamelon-Vert[5].

Il a contribué abondamment, par ses dessins d'illustration, à la revue Le Tour du monde d'Édouard Charton, aux revues de théâtre, aux éditions illustrées de Jules Verne et d'autres auteurs, mais son ambition est de devenir un peintre d'histoire.

Il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870 en tant que garde national à Belleville et au Bourget, et devient un « peintre-combattant ».

A partir de 1873, il connaît le succès par sa peinture militaire et ses toiles se vendent de plus en plus cher[6].

En 1880, il expose à Londres et exécute plusieurs oeuvres ayant trait aux campagnes militaires britanniques, en particulier la Guerre des Zoulous.

De 1881 à 1883, il collabore avec Édouard Detaille à la réalisation des panoramas de batailles : La Bataille de Champigny et La Bataille de Rezonville.

Il expose pour la dernière fois au Salon en 1881, où il présente Le Cimetière de Saint-Privat et Le Porteur de dépêche.

Le 1er mai 1885, peu avant sa mort, Il épouse civilement et religieusement l'actrice Mimi Maréchal, qui avait quitté pour lui le théâtre, après 25 ans de vie commune[7].

Ses obsèques ont lieu en l'église Saint François de Sales, en présence d'une importante délégation militaire[8].

 
Alphonse de Neuville en uniforme de la Garde nationale en 1870-1871.

Thèmes picturaux modifier

 
Marie-Désiré Bourgoin, Alphonse de Neuville dans son atelier.

« C'était par excellence le dramaturge de la guerre », écrit Wolff, « dont il retraça les épisodes sanglants avec une rare puissance de mise en scène et une saisissante vérité. Ni dessinateur irréprochable comme Detaille, ni coloriste au sens propre du mot. De Neuville n'en est pas moins parvenu à prendre rang parmi les meilleurs qui ont consacré leur talent à l'armée ».

Parmi ses sujets favoris, on trouve la guerre de Crimée, la guerre franco-prussienne, la guerre anglo-zouloue et des portraits de soldats.

Au sujet de son travail, souvent qualifié de « patriotique[9] », sur la guerre franco-prussienne l'artiste déclare :

« Je désire raconter nos défaites dans ce qu’elles ont eu d’honorable pour nous, et je crois donner ainsi un témoignage d’estime à nos soldats et à leurs chefs, un encouragement pour l’avenir. Quoi qu’on en dise, nous n’avons pas été vaincus sans gloire, et je crois qu’il est bon de le montrer ! »

— Lettre d’Alphonse de Neuville au critique d’art Gustave Goestschy, 1881[10].

Œuvres modifier

États-Unis
France
Russie
 
Représentation de la partie de La Bataille de Champigny (1882) exécutée par Alphonse de Neuville, issue du livret descriptif vendu aux visiteurs du panorama.

Les Dernières Cartouches (1873) modifier

 
Les Dernières Cartouches (1873), Bazeilles, Maison de la dernière cartouche.

Une de ses œuvres les plus célèbres est intitulée Les Dernières Cartouches, présenté au Salon de 1873. Il s'agit d'une représentation d'un épisode de la bataille de Sedan, soit la défense jusqu'aux dernières cartouches d'une maison cernée par l'ennemi à Bazeilles dans les Ardennes durant la guerre franco-prussienne, œuvre qui lui valut la Légion d'honneur[14].

Elle passa en vente à la fin du XIXe siècle et fut alors le tableau le plus cher du monde[réf. souhaitée]. L'original a été racheté en 1960 et est depuis conservé à Bazeilles au musée de la Maison de la dernière cartouche, qui n'est autre que l'ancienne auberge Bourgerie dans laquelle s'est déroulée la scène historique dépeinte dans l'œuvre.

Illustration modifier

Hommages modifier

 
Francis de Saint-Vidal, Monument funéraire d'Alphonse de Neuville (1894), Paris, cimetière de Montmartre.

Distinctions modifier

  • chevalier (1873) puis officier (1881) de la Légion d'honneur

Postérité modifier

Une vente d’œuvres de l’artiste eut lieu à son hôtel particulier au 25, rue Alphonse-de-Neuville à Paris, les 23, 24 et . Elle comportait 64 tableaux et aquarelles de l’artiste, du no 65 au no 91 bis des tableaux anciens et modernes.

Les Dernières Cartouches (1873, Bazeilles, Maison de la dernière cartouche) a été adaptée au cinématographe en 1897 par Georges Méliès dans un court-métrage muet en noir et blanc nommé Bombardement d'une maison, puis par les Frères Lumière entre autres, ce qui en fait le sujet d'un des premiers films de guerre de l'Histoire.

Bivouac après le combat du Bourget (1873, Paris, musée d'Orsay) a inspiré le tableau Le Rêve peint par Édouard Detaille en 1888 (Paris, musée d'Orsay)[17].

Notes et références modifier

  1. Émile Bellier de La Chavignerie, Dictionnaire général des artistes de l'École française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours, t. 2, , p. 157.
  2. La particule fut créée par l’artiste.
  3. Archives départementales du Pas-de-Calais Cote 5 MIR 765/39 - Etat civil de Saint-Omer - 1832-1838 - Vue 591/1339
  4. « Nécrologie - A. de Neuville », La Justice, Paris,‎ (lire en ligne) ; « A. de Neuville », Le Voleur, cabinet de lecture universel,‎ (lire en ligne) ; Lostalot 1885 ; Bellier de la Chavignerie.
  5. Nouveau Larousse illustré - Dictionnaire universel encyclopédique, tome 6, p. 356.
  6. Wolff 1886, p. 302sq.
  7. Wolff 1886, p. 309.
  8. Philippe Chabert, Alphonse de Neuville - L'Epopée de la défaite, Paris, Copernic, , 80 p. (ISBN 2-85984-034-6), p. 11
  9. Wolff 1886, p. 300, entre autres.
  10. « Le cimetière de Saint-Privat - Interprétation », sur histoire-image.org (Paris, musée de l'Armée).
  11. « Le Bourget », sur Musée d'Orsay (consulté le ).
  12. « Attaque d'une maison barricadée », sur Musée d'Orsay (consulté le ).
  13. « Cimetière de Saint-Privat », sur Muse d'Orsay (consulté le ).
  14. Chabert 1979, p. 76.
  15. « Gallica : L'histoire de France : depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, racontée à mes petits-enfants. Tome 1 / par M. Guizot », sur Gallica (consulté le ).
  16. « Monument à Alphonse de Neuville », notice sur anosgrandshommes.musee-orsay.fr.
  17. Bertrand Tillier, « Analyse de l'œuvre, L’Histoire par l’image ».

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Gustave Goetschy, Les jeunes peintres militaires. Deneuville, Detaille, Dupray, Paris, Baschet, (disponible sur Internet Archive).
  • Catalogue des tableaux aquarelle et dessins, armes de guerre, coiffures militaires et pièces d'armement provenant de l'atelier A. de Neuville précédé d'une notice par Gustave Gœtschy, Paris, Drouot, , 114 p. (disponible sur Internet Archive).
  • Alphonse Deneuville dit de Neuville, [catalogue d’exposition], Saint-Omer, Musée de l'hôtel Sandelin, 1978.
  • Philippe Chabert, Alphonse de Neuville : l'épopée de la défaite, Copernic, coll. « Peintres témoins de l'histoire », , 80 p. (ISBN 2-85984-034-6).
  • Alfred de Lostalot, « Alphonse de Neuville », Gazette des Beaux-Arts,‎ , p. 164-172 (lire en ligne).
  • Thomas Jules Richard Maillot (alias Jules Richard), En campagne, deuxième série, tableaux et dessins de Meissonier, Ed. Detaille, A. de Neuville, Paris, chez Boussod, Valodon et Cie Successeurs de Goupil et Cie et Ludovic Baschet Librairie d'Art, [vers 1890] ;
  • François Robichon, Alphonse de Neuville 1835-1885, 2010, Paris, Nicolas Chaudun, 175 pages ;
  • Albert Wolff, « Alphonse de Neuville », dans La capitale de l'art, (lire en ligne), p. 299-.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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