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Amphore de type A attique à figures rouges, signée Euthymidès (egraphsen), Munich, Antikensammlungen 2308, v. 510-500 av. J.-C. Face A : Départ de guerrier.

Euthymidès est un peintre sur vase de la Grèce antique, actif à Athènes entre 515 et 500 av. J.-C. Il fut l’un des premiers représentants du style attique des céramiques à figures rouges.

Contexte artistique modifier

Euthymidès fait partie d’un groupe de céramistes athéniens, principalement actifs dans les dernières décennies du VIe siècle av. J.-C., que John D. Beazley a appelé les Pionniers[1]. Hormis Euthymidès, on peut citer parmi les plus célèbres Euphronios, ou encore Phintias. Bien qu’ils ne soient pas les initiateurs de la technique à figures rouges, les Pionniers sont les premiers à exploiter le potentiel qu’elle offre, par les nouvelles voies de représentation complexe des corps qu’ils explorent. Il y a une pratique bien particulière à ce groupe, ils s’interpellent, se nomment les uns les autres sur leurs vases dans des contextes variés, plus qu’à aucun autre moment dans l’histoire de la céramique attique. Le nom d’Euthymidès se retrouve ainsi sur deux hydries[2], l’une d’entre elles étant attribuée à Phintias.

Les affinités entre l’œuvre de Phintias et d’Euthymidès ont mené les spécialistes à regarder le premier comme le maître du second. De la même manière, il est désormais admis que le Peintre de Kléophradès fut certainement l’élève d’Euthymidès, ses premières œuvres ressemblant beaucoup à celles de son maître. Le Peintre de Dikaios est quant à lui considéré comme un imitateur d’Euthymidès.

Eléments biographiques modifier

A trois reprises, Euthymidès mentionne le nom de son père à la suite de sa signature, par l’inscirption HO POLIO[3]. Il a été assimilé au sculpteur Pollias[4], dont la signature a été retrouvée sur six bases de statues de bronze provenant de l’Acropole[5]. Cette pratique se retrouve dans les signatures en sculpture et en céramique et dans la plupart des cas le nom du père est aussi connu dans la profession. Aussi, il a été suggéré qu’il était coutumier pour un artisan de mentionner le nom de son père seulement s’il l'était aussi[6].

Oeuvre modifier

 
Oenochoé attique à figures rouges, signée Euthymidès (epoiesen), New York, Metropolitan Museum of Art 1981.11.9, dernier quart du VIe s. av. J.-C. Jugement de Pâris.

La signature d'Euthymidès en tant que peintre (EUTHYMIDES EGRAPHSEN) se retrouve sur six vases :

- Deux amphores de type A : Munich, Antikensammlungen 2307 ; Munich, Antikensammlungen 2308 

- Un psykter : Turin, Museo di Antichità 4123

- Une kalpis : Bonn, Akademisches Kunstmuseum 70

- Un plat : Adria, Museo Archeologico Nazionale BC64

- Une coupe (dont les fragments sont conservés dans plusieurs musées) : Boston, Museum of Fine Arts 10.203 ; Florence, Museo Archeologico 7B2 et 7B3 ; Londres, British Museum 1952.12-2.7 ; Vatican, Museo Gregoriano Etrusco Ast.121; New York, Metropolitan Museum of Art 1977.192.2a-d et 1982.386; Haslemere, Haslemere Educational Museum 03.5.

En tant que potier, il signe une oenochoé qu’il n’a pas peinte (EUTHYMIDES EPOIESEN) :

- New York, Metropolitan Museum of Art 1981.11.9[7].

Une vingtaine de vases lui sont par ailleurs attribués[8].

Bien qu’Euthymidès semble préférer les amphores (spécialement de type A, mais aussi à col) et les kalpis, il peint sur une large gamme de vases (coupes, plats, pélikès, psykter, cratère à volutes, support cylindrique).   

Son répertoire figuratif se compose à la fois de scènes mythologiques comprenant des dieux (assemblée des dieux sur l’Olympe, triade apollinienne, Gigantomachie, ou scènes dionysiaques) et des héros (Hector, Thésée ou encore Héraklès), et de scènes de la vie quotidienne (symposion, comos, athlètes à la palestre par exemple).

Deux plaques peintes[9], à fond blanc, ont été retrouvées sur l’Acropole et pourraient être de la main du peintre[10]. D’après son inscription, l’une d’entre elles[11] aurait été dédiée par Pollias, sculpteur et père supposé d’Euthymidès.

Oeuvre célèbre modifier

L’œuvre la plus célèbre d’Euthymidès est l’amphore 2307 conservée à l'Antikensammlungen à Munich[12]. Sur la face A, comprenant la signature du peintre, Hector s’arme en présence de ses parents Priam et Hécube. Sur la face B, trois comastes sont représentés par un jeu complexe de poses anatomiques, remarquable pour cette époque. Au sein de cette même scène, Euthymidès interpelle son contemporain et collègue Euphronios, à travers une inscription devenue notoire et dont l’interprétation fait débat : HOS OUDEPOTE EUPHRONIOS, se traduisant par « Comme jamais Euphronios ».

Cette inscription a longtemps été interprétée comme se rapportant à la qualité du dessin de l'amphore, et particulièrement concernant la scène de la Face B[13]. Elle a ainsi été perçue comme l’expression d’une vanterie de la part d’Euthymidès, d’un défi lancé à Euphronios, plus ou moins amical ou hostile : comme jamais Euphronios n’a peint.

Un autre type d’interprétation émerge cependant à partir de la fin des années 70, proposant de donner à l’inscription une signification interne à la scène figurée et de l’entendre ainsi comme une taquinerie se rapportant aux festivités du vin, en lien avec les comastes représentés[14][15].

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. Sur les Pionniers : J. Boardman, Les Vases athéniens à figures rouges. La période archaïque, Paris, 1997, p. 29-36.
  2. Hydrie attribuée au Groupe des Pionniers, Paris, Louvre G41 ; hydrie attribuée à Phintias, Munich, Antikensammlungen 2421.   
  3. Munich, Antikensammlungen 2307 ; Munich, Antikensammlungen 2308 ; Turin, Museo di Antichità 4123. La mention [HO] POLIO se retrouve également sur un support cylindrique fragmentaire attribué à Euthymidès (Athènes, Musée de l’Agora P4683 et P4744). On peut supposer que celui-ci devait probablement comporter la signature du peintre.   
  4. En premier lieu par C. Robert : C. Robert, Euthymides, Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, 6, 1907, p. 1512-1514.
  5. A. E. Raubitschek, Dedications from the Athenian Akropolis. A Catalogue of the Inscriptions of the Sixth and Fifth Centuries B.C., Cambridge, Massachusetts, 1949, p. 522-523.
  6. En premier lieu par C. Robert : C. Robert, Euthymides, Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, 6, 1907, p. 1512-1514. Voir : M. Robertson, The Art of Vase-Painting in Classical Athens, Cambridge, 1992, p. 32.
  7. M. Robertson remet néanmoins en question l’authenticité de la signature : M. Robertson, The Art of Vase-Painting in Classical Athens, Cambridge, 1992, p. 59.
  8. Une partie des vases attribués à Euthymidès est recensée dans : J. D. Beazley, Attic Red-figure Vase-painters (2nde éd.), Oxford, 1963, p. 26-29, p. 1620-1621.
  9. Athènes, Musée National, Acropolis coll. 1.2590 ; Athènes, Musée National, Acropolis coll. 2.1037. 
  10. H. Stuart Jones, Two Vases by Phintias, JHS, 12, 1891, p. 366-380, p. 380 ; J. C. Hoppin, Euthymides, Munich, 1896, X p. 23, p. 37 ; J. C. Hoppin, Euthymides and His Fellows, Cambridge, 1917, E19 p. 89-91 ; J. Boardman, Some Attic Fragments : Pot, Plaque, and Dithyramb, JHS, 76, 1956, p. 18-25, p. 20-22.
  11. Athènes, Musée National, Acropolis coll. 1.2590.   
  12. « Greek vases 800-300 BC: key pieces - The Classical Art Research Centre », sur www.beazley.ox.ac.uk (consulté le )
  13. Depuis 1831, lorsque E. Gerhard interprète l’inscription comme un sarcasme contre Euphronios concernant « l’art et la beauté du vase » : E. Gerhard, Note e dichiarazioni sul Rapporto intorno I vasi volcenti, di Odoardo Gerhard, Annali dell’ Instituto di Corrispondenza Archeologica, 3, 1831, p. 113-218, p. 185 n°751.  
  14. A. Linfert, Zwei Versuche über antiken Witz und Esprit, RdA, 1, 1977, p. 19-26 ; H. Engelmann, Wie Nie Euphronios, ZPE, 68, 1987, p. 129-134 ; A.-F. Laurens, Les ateliers de céramique, dans A. Verbanck-Piérard et D. Viviers (éd.), Culture et cité. L’avènement d’Athènes à l’époque archaïque. Actes du colloque international organisé à l'Université libre de Bruxelles du 25 au 27 avril 1991, Bruxelles, 1995, p. 161-183, p. 165-168 ; A.-F. Laurens, Jeux d’humeur ou défis d’artistes au Céramique ?, dans M.-C. Villanueva Puig et al., Céramique et peinture grecques : modes d'emploi. Actes du colloque international, école du Louvre, 26-27-28 avril 1995, Paris, 1999, p. 163-168.
  15. G. Amati est en réalité le premier à lier l’inscription à la scène représentée, en l’associant à l’état d’ébriété du comaste de gauche : G. Amati, Sui vasi etruschi o italo-greci recentemente scoperti, Articolo II, Giornale arcadico di scienze, lettere, ed arti, 43, luglio, agosto, settembre, 1829, p. 209-237, p. 229-231. Rapidement contredite par E. Gerhard, l’interprétation de G. Amati tomba néanmoins dans l’oubli : E. Gerhard, Note e dichiarazioni sul Rapporto intorno I vasi volcenti, di Odoardo Gerhard, Annali dell’ Instituto di Corrispondenza Archeologica, 3, 1831, p. 113-218, p. 185 n°751.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

J. C. Hoppin, Euthymides, Munich, 1896.   

J. C. Hoppin, Euthymides and His Fellows, Cambridge, 1917.   

J. Neils, Portrait of an artist : Euthymides, son of Pollias, dans K. Seaman et P. Schultz (éd.), Artists and Artistic Production in Ancient Greece, Cambridge, 2017, p. 23-36.

M. Wegner, Euthymides und Euphronios, Orbis antiquus 30, Münster, 1979.   

Articles connexes modifier

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