Sophie Gourion

autrice, blogueuse et féministe française

Sophie Gourion, née le 15 juillet 1973, est une féministe, journaliste et autrice jeunesse française.

Sophie Gourion
portrait de Sophie Gourion par Diane Vo Ngoc
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (50 ans)
Nom de naissance
Sophie RouillerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Formation
Lycée polyvalent Edgar Quinet de Paris (d) (-)
Université Paris-Nanterre (-)
Centre de formation et de perfectionnement des journalistes ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Rédactrice à
Parentèle
Lubna Gourion (nièce)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis (depuis )
Secretariat of Equality between Women and Men (en) ( - )
L'Oréal (-)
Naf Naf (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web

Créatrice du blog Tout à l’égo, elle est à l'origine du podcast Corps et âme et du Tumblr Les Mots Tuent, dénonçant le traitement journalistique des violences faites aux femmes.

Biographie

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Origines et formation

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Sophie Gourion naît Sophie Rouiller[1] le 15 juillet 1973[2].

Elle obtient un BTS commerce international en 1994 et une licence en sciences de l'éducation de l'université Paris-X Nanterre en 1996[3].

Parcours professionnel

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Sophie Gourion travaille de 2000 à 2011 dans le marketing et la communication chez L'Oréal[4],[5]. Elle y est déléguée du personnel[6].

En août 2011, elle publie sur Le Plus du Nouvel Obs l'article L'influence des femmes sur le Net ou l'art de l'auto-sabotage, sur lequel le site d'Arrêt sur images fait un sujet se concluant par le même constat: « Cette constatation, nous la faisons aussi à Arrêt sur images, lors de la préparation des émissions : des invitées refusant parfois de venir, estimant que leurs compétences ne leur permettront pas de prendre part au débat. Rares sont les hommes qui expriment la même crainte »[7].

Elle collabore en tant que journaliste[6],[8],[9] avec des médias tels que Slate, aufeminin, L’Express styles[10] et Rue89[11].

En mars 2016, après un remaniement ministériel, elle rejoint le cabinet de Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes en tant que chargée de mission[12],[13] puis conseillère[14],[15],[16].

En 2019, elle devient consultante en gestion de carrières, accompagnant des femmes dans le cadre de bilans de compétences[17].

Parallèlement à ces activités, elle intervient en tant que conférencière spécialiste des questions d’égalité entre les femmes et les hommes[18]. À la rentrée 2019, elle devient invitée régulière sur France Inter dans l’émission Pas son genre[19].

Elle rejoint ensuite l’association DesCodeuses en tant que responsable de l’insertion professionnelle[20], puis intègre en le conseil départemental de la Seine-Saint-Denis en tant que cheffe de bureau du développement des compétences[21].

Vie personnelle

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Elle est mère de deux enfants[22].

Écrits et engagements

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En 2011, elle crée le blog Tout à l’ego, axé sur l'égalité entre les femmes et les hommes[23],[24] et la dénonciation des publicités ou initiatives sexistes[25].

En mai 2014, en reprenant l'étude citée par le magazine Forbes, elle publie le premier écrit sur la taxe rose en France, concept ensuite repris par le collectif Georgette Sand[26].

À partir de 45 ans, confrontée à l’âgisme en entreprise, elle dénonce les stéréotypes liés aux femmes seniors dans le monde du travail[5] mais réagit également aux propos âgistes de Yann Moix, qui s'était dit « incapable d'aimer une femme de 50 ans »[27]. Elle s'intéresse également aux stéréotypes de genre, et travaille sur les questions d'égalité fille/garçon[28].

En 2015, BMF TV classe Tout à l'ego parmi le top 10 des blogs qui dénoncent les inégalités hommes/femmes[29].

En mars 2016[30], après des mois de militantisme sur Twitter[31], elle crée le Tumblr Les Mots tuent[32] pour dénoncer le traitement journalistique des violences faites aux femmes[24] dans la presse française, notamment la presse quotidienne régionale. Le Tumblr, alimenté jusqu'en 2020 avec le concours d'internautes[33], compile cette même année 350 articles de presse[34]. Elle y donne des exemples de titres accrocheurs « qui se rient des violences conjugales en inversant la faute »: « Ivre, il frappe sa compagne pour des grumeaux dans la pâte à crêpe », « Morte d’avoir été trop belle »… Ce type de titre véhicule selon elle des stéréotypes sur les violences faites aux femmes qui ont tendance à déresponsabiliser l’agresseur et inverser la charge de la faute[35]. Pour beaucoup, ces «perles» sont amusantes et sans gravité. Elle a voulu montrer en compilant leur récurrence que ces expressions sont loin d’être anodines et isolées. Elles constituent une véritable «guerre du langage»[36]. Elle estime que le féminicide est un crime «possessionnel», pas «passionnel»[37] car la rupture est le premier déclencheur du passage à l'acte[38].

Sophie Gourion considère que derrière les expressions de crimes passionnels et drames conjugaux, se cachent des féminicides qui ne portent pas leur nom[39]. Le mot avait pourtant fait son entrée dans Le Petit Robert dès 2015[40].

Son travail bénéficie d'une forte résonance médiatique dans la presse d'information généraliste[41],[42],[43],[44] et est cité dans des avis de la Commission nationale des droits de l'homme (CNCDH)[45] et du HCEF[46],[47]. Il trouve également un écho dans le monde académique[48].

Le Tumblr a, selon Lauren Bastide, contribué à améliorer le traitement journalistique des violences sexistes et sexuelles[49]. Caroline De Haas reconnaît également que « le travail de Sophie Gourion, avec son blog #LesMotsTuent [...] a fait bouger les lignes »[50]. La sénatrice Laurence Rossignol, quant à elle, constate qu’il y a eu une évolution dans la prise en compte de ses meurtres, prenant l’exemple du Tumblr[51].

Son travail sur ce Tumblr fut également source d'inspiration pour l'humoriste Sophia Aram dans l'écriture de son spectacle À nos amours[52],[53].

Campagnes sur les réseaux sociaux

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En 2014, elle est victime d'un bombardement Google via Amazon Mechanical Turk après avoir épinglé le site Seduction by Kamal pour incitation au viol[54].

En 2017, elle lance le hashtag #Balancetonforum[55] pour interpeller les marques et les inciter à interrompre leurs publicités sur Jeuxvideo.com à la suite d'une campagne de harcèlement contre la journaliste Nadia Daam[56]. Selon elle, exercer une pression économique sur le forum renverserait le rapport de force[57]. Cette initiative pousse huit annonceurs à suspendre leurs publicités (dont La Française des jeux, Barilla et Hello Bank!)[58],[59] .

Autres productions

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En 2017, elle crée le podcast Corps et âme, dans lequel, à travers 20 épisodes, elle s’intéresse aux corps des femmes, à leur représentation et interroge toutes les normes que la société y attache[60]. Le magazine Elle classe le podcast parmi les dix meilleurs podcasts beauté[60].

La même année, elle publie chez Gründ Les filles et les garçons peuvent le faire aussi[61], ouvrage jeunesse illustré par Isabelle Maroger[10], contre les stéréotypes de genre[62] chez les enfants[2]. En 2020, l'éditeur publie dans la même collection un ouvrage sur le même thème, avec la même illustratrice, ce qui provoque des problèmes de « loyauté et contrat moral dans l’édition[63] » selon Sophie Gourion ; l'éditeur se défend[64].

Impact et représentativité

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Elle est surnommée par le magazine Elle « La vigie 2.0 du féminisme » en raison de son importante présence médiatique et sa dénonciation permanente du sexisme[65]. Le site Toute la culture la décrit comme « l’électron libre du féminisme »[66].

Selon l'universitaire Hélène Breda, la multipositionnalité en ligne de Sophie Gourion est représentative des féminismes numériques contemporains[33].

Ouvrage

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Notes et références

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  1. « Avis de situation au répertoire Sirene »   [PDF], sur insee.fr,
  2. a et b Virginie Fauroux, « "Les garçons ne pleurent pas, les filles ont peur de tout !" : ce livre invite les enfants à bousculer les clichés de genre », sur TF1 INFO, (consulté le )
  3. « Extrait de la fiche de Mme Sophie Gourion », sur Documentation biographique des quotidiens de la Société Générale de Presse, (consulté le )
  4. Gilles Wybo, « Les auto-entrepreneurs se rebiffent - Stratégies »  , sur strategies.fr, (consulté le )
  5. a et b Mathilde Doiezie, « MONTER SA BOITE POUR CONTOURNER L'ÂGISME EN ENTREPRISE : ENTRE LIBERTÉ ET INSÉCURITÉ », sur j'ai piscine avec Simone, (consulté le )
  6. a et b Myriam Levain, « Je me souviendrai toujours du tweet qui annonçait l'arrestation de DSK », sur Cheek Magazine, lesinrocks.com, (consulté le )
  7. Laure Daussy, « "Futile", "peste" : auto-sabotage des femmes sur le web ? »  , sur Arrêt sur images, (consulté en )
  8. Paul Conge, « Avec #BalanceTonForum, des annonceurs lâchent jeuxvideo.com : "Il faut les frapper au porte-monnaie" », sur RMC, (consulté le )
  9. « Articles de Sophie Gourion », sur L'Express, (consulté en )
  10. a et b Laure Croiset, « Ce livre pour enfants brise les stéréotypes de genre », sur Challenges, (consulté le )
  11. Mymy Haegel, « « Cartographie du corps rêvé », à lire sur Rue89 », sur Madmoizelle, (consulté le )
  12. Gaëlle Picut, « Twitter, un allié pour la recherche d’emploi ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  13. Hélène Jouan, « #8mars : journée internationales des droits des femmes » [audio], La Revue de presse, sur France Inter, (consulté le )
  14. Arrêté du 2 janvier 2017 portant nomination au cabinet de la ministre des familles, de l'enfance et des droits des femmes (lire en ligne)
  15. Vincent Gibert, « Laurence Rossignol a un message pour les candidat(e)s à sa succession », sur Le HuffPost, (consulté le )
  16. Jeanne Sénéchal, « «Crime passionnel»: le combat féministe contre le traitement médiatique des féminicides »  , sur Le Figaro, (consulté le )
  17. Samuel Loutaty, « Reconversion, création d'entreprise... ils ont réussi à reprendre en main leur carrière, ils racontent », sur Capital.fr, (consulté le )
  18. Églantine Éméyé, « Filles ou garçons, et si on arrêtait de les éduquer différemment ? » [audio], C'est déjà demain, sur France Bleu, (consulté le )
  19. AFP, « France Inter prépare des émissions sur l'environnement et le genre », sur L'Express, (consulté le )
  20. « Femme dans la tech : l’importance des modèles et de l’éducation », sur bienvivreledigital.orange.fr, (consulté le )
  21. « Nomination de Sophie GOURION »  , sur La Gazette des Communes, (consulté le )
  22. Juliette Loiseau, « Comment éduquer de façon non genrée ses enfants ? »  , L'Express, (consulté le )
  23. Kim Hullot-Guiot et Juliette Deborde, « Affaire Baupin, tuto gynéco, offensive anti-IVG : mai dans la vie des femmes », sur Libération, (consulté en )
  24. a et b Carole Boinet, « « Les mots tuent »: le tumblr qui dénonce le traitement des violences faites aux femmes dans les médias », sur Les Inrocks, (consulté en )
  25. « Les pires initiatives pour la journée des droits des femmes », sur Libération, (consulté en )
  26. Catherine Robin et Dorothée Werner, « Sexisme : la lutte 2.0 », sur Elle, (consulté en )
  27. Ce que dit Yann Moix sur les quinquagénaires "n'a rien de subversif", LeHuffPost (, 3:22 minutes) Consulté le .
  28. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées lexpress092019
  29. Clémence Floc'h, « Top 10 des blogs qui dénoncent les inégalités hommes/femmes », sur BFM TV, (consulté le )
  30. Kim Hullot-Guiot et Juliette Deborde, « Immersion chez les talibans, Wiki des femmes scientifiques, sportives mobilisées... mars dans la vie des femmes », sur Libération, (consulté en )
  31. Jeanne Sénéchal, « «Crime passionnel»: le combat féministe contre le traitement médiatique des féminicides », sur Le Figaro, (consulté le )
  32. Dominique Perrin, « Féminicide : mot masculin qui tue », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  33. a et b Hélène Breda, « Chapitre 3 – La critique féministe des médias « traditionnels » en ligne », dans Les féminismes à l’ère d’Internet, Institut National de l'Audiovisuel (INA), coll. « Études et controverses », , 55–66 p. (ISBN 978-2-86938-297-8, lire en ligne)
  34. Claude Mesmin et Sonia Bressler, 100 ans de luttes pour l'égalité: Diplômées 272-273, Paris, Éditions La Route de la Soie, (ISBN 979-10-97042-55-4, lire en ligne)
  35. « "Les mots tuent", un Tumblr dénonce les clichés sur les violences faites aux femmes » [vidéo], Brut., sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  36. Carole Boinet, « "Les mots tuent": le tumblr qui dénonce le traitement des violences faites aux femmes dans les médias », sur lesinrocks.com, (consulté le )
  37. « Arrêt sur images », sur www.arretsurimages.net (consulté le )
  38. « « Elle voulait vivre pour elle » : la rupture, premier déclencheur du passage à l’acte des féminicides », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  39. Lorraine de Foucher, « « Crimes passionnels », « drames conjugaux », des féminicides mal nommés », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  40. Raphaëlle Rémy-Leleu, « Une question de vie ou de mort », sur Revue Politique et Parlementaire, (consulté le )
  41. Jeanne Sénéchal, « «Crime passionnel»: le combat féministe contre le traitement médiatique des féminicides »  , sur Le Figaro, (consulté le )
  42. Clémentine Goldszal, « Rose Lamy, la vigie du sexisme ordinaire dans les médias », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  43. Marianne Skorpis, « Viols dans les faits divers : ces clichés trop courants »  , sur Europe 1, (consulté le )
  44. Hakima Bounemoura, « #LesMotsTuent... «La lutte contre les féminicides passe aussi par les mots» »  , sur 20minutes.fr, (consulté le )
  45. « Article - Avis sur les violences contre les femmes et les féminicides »  , sur legifrance.gouv.fr, Journal officiel de la République française, (consulté le )
  46. Haut Conseil de l'égalité entre hommes et femmes, « Avis pour une juste condamnation sociétale et judiciaire du viol et autres agressions sexuelles »,
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  48. Béatrice Damian-Gaillard, Sandy Montañola et Eugénie Saitta, « Chapitre 2. Une médiatisation essentialisée », dans Genre et journalisme, De Boeck Supérieur, coll. « INFO&COM », , 97–139 p. (ISBN 978-2-8073-3620-9, lire en ligne)
  49. Jacques Besnard, « "L’histoire d’amour finit mal", "crime passionnel", "drame conjugal": Mieux traiter journalistiquement les violences contre les femmes », sur La Libre.be, (consulté le )
  50. Caroline de Haas, En finir avec les violences sexistes et sexuelles : Manuel d'action, Groupe Robert Laffont, (ISBN 978-2-221-25505-6, lire en ligne)
  51. Public Sénat, « Féminicides : « On abandonne les victimes à leurs bourreaux » dénonce Laurence Rossignol », sur Public Sénat, (consulté le )
  52. Gilles Medioni, « Sophia Aram : "Je suis transparente : de gauche, féministe, engagée" », sur parismatch.com, (consulté le )
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  54. Blandine Grosjean, « « Bonne baise hard » suite : une agence a décidé de pourrir mon e-réputation », sur Rue89, (consulté le )
  55. « Menaces contre la journaliste Nadia Daam : les marques appelées à ne plus faire de la pub sur jeuxvideo.com », sur Franceinfo, (consulté le )
  56. Laure Salmona, « Les cyberviolences et l’avènement d’une liberté d’expression réservée aux groupes dominants », dans Politiser les cyberviolence, Le Cavalier Bleu, coll. « Convergences », , 91–104 p. (ISBN 979-10-318-0596-2, lire en ligne)
  57. Clarisse Martin, « Un hashtag appelle les marques au boycott du site jeuxvideo.com », sur rtl.fr, (consulté le )
  58. « Viser les annonceurs, une nouvelle norme pour mettre la pression? », sur 20minutes.fr, (consulté le )
  59. Arièle Bonte, « #BalanceTonForum : "J'avais Webedia dans mon viseur", confie Sophie Gourion », sur rtl.fr, (consulté le )
  60. a et b Valentine Pétry Fanny Dalbera, Caroline Siavy et Matthieu Bobard Deliere, « Les meilleurs podcasts beauté », sur Elle, (consulté le )
  61. Elvire von Bardeleben, « Girl power : cinq livres jeunesse pour les filles », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  62. Juliette Loiseau, « Comment éduquer de façon non genrée ses enfants ? »  , L'Express, (consulté le )
  63. Nicolas Gary, « Loyauté et contrat moral dans l’édition : une autrice brise la loi du silence », sur ActuaLitté, (consulté en )
  64. Nicolas Gary, « Gründ se défend : “Nous n’avons commis aucune faute” », sur ActuaLitté, (consulté en )
  65. Hélène Guinhut, « Féminisme : Sophie Gourion, la vigie 2.0 - Elle », sur Elle, (consulté le )
  66. Sarah Dray, « Sophie Gourion, l'électron libre du féminisme ! », sur Toutelaculture, (consulté le )

Liens externes

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