Or de Moscou

510 tonnes d'or transférées de l'Espagne républicaine à l'Union soviétique en 1936

L’or de Moscou (en espagnol : El oro de Moscú) est une expression utilisée pendant la guerre civile espagnole et les premières années du franquisme pour se référer au transfert de la plus grande partie des réserves en devises de la Banque d'Espagne depuis son siège à Madrid vers l'Union soviétique en , puis à leur gestion tout au long de la guerre civile espagnole. Ce transfert est le fait de la deuxième république espagnole, proclamée depuis la victoire de la gauche aux municipales d'.

Façade nord de la Banque d'Espagne dans la rue d'Alcalá de Madrid. Les réserves d'or gardées dans ce bâtiment jusqu'en 1936 furent envoyées en URSS pendant la Guerre civile espagnole.

Raconté dans de nombreux ouvrages tirés de documents officiels, cet épisode historique reste controversé, particulièrement en Espagne, quant à l'interprétation politique de ses motivations, de son influence sur la république espagnole en exil ou des conséquences pour le développement du conflit espagnol et les relations diplomatiques entre le gouvernement franquiste et l'Union soviétique.

Plus largement, l'expression fut utilisée dès les années 1930, puis lors de la guerre froide des années 1950, par la propagande anti-soviétique pour dénigrer les partis et syndicats communistes occidentaux, considérant qu'ils étaient principalement financés par l'URSS, d'où l'expression « à la solde de Moscou ».

« Révolution communiste mondiale » et Moscow Gold modifier

Dès avant 1935, pendant que le gouvernement soviétique de Joseph Staline oriente une partie de sa politique internationale vers la promotion de ce qu'on appelle la « révolution mondiale du monde des prolétaires », les médias de langue anglaise tels que la revue Time[1] utilisent l'expression Moscow Gold (« l'or de Moscou ») pour se référer aux plans soviétiques pour l'intensification des activités du mouvement communiste international qui se manifeste alors aux États-Unis d'Amérique et au Royaume-Uni. Le Time analyse cette évolution de la politique soviétique — qui prend position en 1935 en faveur de la participation communiste à la formation de Fronts Populaires[2] en divers pays du monde — comme dictée par la nécessité pour Staline de contrecarrer les critiques émanant du mouvement trotskiste.

Épisode espagnol modifier

Contexte: les premiers mois de la guerre civile modifier

À partir du , au lendemain du Coup d'État des 17 et 18 juillet 1936, conscients de l'insuffisance de leurs moyens respectifs pour soutenir un effort de guerre, le gouvernement de José Giral et le général Franco (alors à la tête de l'armée d'Afrique) sollicitent une assistance matérielle auprès des capitales européennes : Paris pour le gouvernement en place, Rome et Berlin pour le camp nationaliste. Ces initiatives amorcent l'internationalisation progressive du conflit[3].

 
Zones de contrôle des républicains et nationalistes vers septembre 1936

Au commencement de la guerre civile, la situation politique en France est confuse, avec un gouvernement de Front populaire soutenu entre autres par le Parti radical. Bien que Léon Blum et le Parti communiste appuient l'idée d'une intervention en faveur de la république espagnole, les radicaux s'y opposent et menacent de quitter la majorité. Cette position est renforcée par les mises en garde britanniques sur le risque de bloquer la politique de pacification entreprise par le conservateur Stanley Baldwin. Dans ces conditions, le Conseil des ministres du approuve l'annulation de toute fourniture aux belligérants depuis la France[4]. Le jour même de la confirmation de la non-intervention des démocraties occidentales, Hitler donne son consentement à l'envoi d'un premier lot d'avions, avec équipages et équipes techniques, au Maroc, tandis que le , Mussolini y envoie des avions de transport, utilisés par la suite pour le pont aérien de troupes établi le entre le Maroc et Séville[5]. Le gouvernement nazi utilise une entreprise fantôme, la Société Hispano-Marocaine de Transports, comme couverture pour centraliser ses envois à Franco.

Le , le gouvernement français propose à la communauté internationale d'adopter un Accord de non-intervention en Espagne, appuyé le par le Foreign Office via son ambassade de Paris[6]. L'accord est initialement souscrit par l'Union soviétique, le Portugal, l'Italie et le Troisième Reich, rejoignant le Comité de Supervision de Londres créé le . Ces trois derniers pays maintiennent néanmoins leur appui logistique et matériel, pendant que les acheteurs du gouvernement républicains se fournissent au Mexique et sur le marché noir[7].

Sur le terrain des hostilités, pendant les mois d'août et de , les insurgés réalisent d'importantes avancées, consolidant la frontière portugaise par la bataille de Badajoz du et fermant la frontière entre le Pays basque et la France en prenant Irún le . Cette avancée coïncide avec une évolution progressive de la politique de l'URSS vers une intervention active. L'URSS établit alors des relations diplomatiques avec la république espagnole et nomme le son premier ambassadeur soviétique à Madrid : Marcel Rosenberg (précédemment représentant soviétique à la Société des Nations)[8].

À la fin du mois de , les partis communistes de différents pays reçoivent des instructions du Komintern et de Moscou pour le recrutement et l'organisation de Brigades internationales, qui entrent au combat durant le mois de novembre. Pendant ce temps, le , la fin des opérations aux environs de l'Alcázar de Tolède permet aux forces dirigées par le général Varela de concentrer leurs efforts sur la bataille de Madrid.

Durant tout le mois d', l'URSS envoie du matériel et de l'aide au nouveau gouvernement de front populaire présidé par Largo Caballero, qui comprend deux ministres communistes. L'ambassadeur soviétique à Londres, Ivan Maïski, justifie ces faits devant le Comité de non-intervention le , dénonçant le précédent sabotage italo-allemand et réclamant en même temps la restitution du droit de la République à s'armer[9]. Cinq jours plus tard, le , quatre cargos soviétiques transportant l'or évacué le de la Banque centrale espagnole quittent le port de Carthagène.

Situation des réserves et statuts de la Banque d'Espagne modifier

Quelques mois avant le début de la guerre civile, les réserves espagnoles mobilisables sont situées, en , au quatrième rang mondial dans les statistiques internationales[10]. Elles ont été constituées, pour leur plus grande part, durant la Première Guerre mondiale, pendant laquelle l'Espagne est restée neutre. Grâce aux études de la documentation de la Banque d'Espagne[11], on sait que ces réserves se trouvent principalement au siège central de Madrid, dans les agences régionales de cette banque, et dans d'autres dépôts mineurs à Paris, depuis 1931, et sont constituées en majeure partie par des devises étrangères et espagnoles, alors que la fraction en or monétaire est de moins de un pour dix mille (0,01 %) et la quantité d'or en barre insignifiante (il n'y avait que 64 lingots)[11].

La valeur des réserves mobilisables est connue par les diverses publications officielles régulières; ainsi le New York Times du [11] mentionne le montant de 718 000 000 de dollars US (de l'époque) pour les disponibilités au siège de Madrid. Le dollar étant à l'époque fixé à 35$ par once troy[12] (soit 1 dollar pour 0,888 grammes d'or fin), l'historien Ángel Viñas a calculé que ce nombre représente de 20,42 à 20,54 millions d'onces troy soit de 635 à 639 tonnes d'or fin. Suivant le bilan de la Banque d'Espagne au , publié dans la Gaceta de Madrid (aujourd'hui devenu le Boletín Oficial del Estado, Journal Officiel de l'État) en date du , les réserves d'or existantes, trois semaines avant le début du conflit, atteignent une valeur de 2 200 000 000 de pesetas-or, soit l'équivalent de 5 240 000 000 de pesetas réelles (de l'époque). Viñas calcule que le nombre de 719 000 000 de dollars US de 1936 correspond, actualisé d'après les indices de l'inflation, à 9 725 000 000 dollars US de 2005. En comparaison, les réserves disponibles en de l'Espagne n'atteignaient que 7 509 000 000 dollars US[13].

En 1936, la Banque d'Espagne est constituée en société anonyme par actions (à l'instar de ses homologues la Banque de France et la Banque d'Angleterre) avec un capital de 177 000 000 de pesetas, divisé en 354 000 actions nominatives de 500 pesetas chacune. Bien que n'étant pas propriété de l'État[14] l'institution est soumise au contrôle du Gouvernement, qui en désigne le « Gouverneur » et du Ministère espagnol de l'économie, du trésor et des finances qui nomme plusieurs membres du Conseil général de la banque[11]. Cette organisation était fixée par la Ley de Ordenación Bancaria (LOB) (Loi sur l'organisation des banques) de 1921 (ou Loi Cambó)[15], qui réglemente aussi les relations entre la Banque d'Espagne comme Banque centrale et le secteur bancaire privé. La loi règlemente également les conditions pour la mobilisation par la Banque de ses réserves : la Banque doit obtenir l'autorisation préalable du Conseil des Ministres. Sur base de l'article 7e de l'article 1er, la LOB accorde au Gouvernement la faculté de faire appel à la Banque d'Espagne pour demander la vente d'or, exclusivement « pour influencer le cours de change de la peseta, exercer des interventions sur les marchés des changes internationaux et réguler le marché monétaire », en quel cas la Banque d'Espagne participerait à ladite action avec des montants égaux à ceux arbitrés par le Trésor public.

 
Real Casa de la Aduana (Maison royale de la Douane) à Madrid, siège du Ministère du Trésor.

Alors que des auteurs comme Pío Moa[16] considèrent que le transfert de l'or a clairement violé la loi, Ángel Viñas estime que l'application de la Loi Cambó par le gouvernement républicain est très stricte, et se fonde pour l'affirmer sur les témoignages du dernier Ministre de l'Hacienda (Économie et Finances) de la monarchie espagnole[17]Juan Ventosa y Calvell, qui la juge, peu avant le coup d'État militaire, trop orthodoxe[18], limitant les possibilités de croissance de l'économie du pays. La situation exceptionnelle créée par la rébellion expliquerait selon Viñas, qui évite d'entrer dans les aspects juridiques, le changement d'attitude vis-à-vis de la Loi Cambó par le gouvernement, qui commence à manœuvrer pour réaliser une « nationalisation partielle camouflée » de la Banque d'Espagne[19]. D'autres historiens, comme Sardá, Miralles ou Moradiellos, partagent cette interprétation.

La volonté du gouvernement de placer à la direction de la Banque d'Espagne des personnes fidèles à la République se traduit par la destitution du sous-gouverneur Pedro Pan Gómez[20], et la nomination de Julio Carabias (Décret du ), suivie dix jours plus tard par la destitution d'autres conseillers et cadres supérieurs. Après le transfert de l'or vers l'URSS, le , on décrète un nouveau remaniement du Conseil, jusqu'à ce que, le , neuf conseillers soient remplacés directement par des représentants institutionnels[21].

Préliminaires à l'envoi modifier

Dès le début de la guerre, les insurgés mettent en marche leur propre mécanisme d'état, considérant illégitimes et illégales les institutions qui restent sous le contrôle du gouvernement de Madrid. Ainsi, on reconstitue une Banque d'Espagne, avec son siège à Burgos. Chacune de ces banques d'Espagne revendique la légitimité tant à l'intérieur qu'à l'extérieur[22]. Le gouvernement républicain conserve le contrôle sur le siège central avec ses réserves d'or et sur les agences les plus importantes, tandis que Burgos administre les réserves et agences provinciales de la Banque d'Espagne en territoire occupé par les insurgés[23].

Le , le gouvernement de José Giral annonce l'envoi en France d'une partie de l'or, en accord avec le Conseil des ministres du [24].

Les insurgés, informés des envois d'or par leurs agents et amis en France et dans la zone républicaine[25], affirment que ces dépenses sont bien éloignées de ce que prévoit la Loi Cambó et, pour ce motif, les considérèrent comme illégales. Ainsi, la Junte de défense nationale de Burgos émet le un décret (no 65) déclarant nulles les opérations de crédit réalisées par le gouvernement de Front populaire[26].

La création du Comité de Non-intervention ne paralyse pas l'envoi de l'or en France et le gouvernement de Largo Caballero, constitué en septembre, poursuit cette politique. Jusqu'en , sont envoyées 174 tonnes d'or fin (193 tonnes en brut) à la Banque de France, soit l'équivalent de 27,4 % des réserves espagnoles, pour les convertir en devises destinées à l'achat d'armements et de vivres[27].

Ces envois font l'objet d'un décret confidentiel du , qui argue de la gravité de la situation provoquée par l'insurrection armée, et vise à « pouvoir développer la lutte avec l'envergure et l'intensité qu'exige l'écrasement de l'exécrable rébellion ». Le Conseil des Ministres autorise « le Ministre de l'Hacienda à disposer que, par le Centre Officiel de Circulation des Monnaies, soit affectée en une ou plusieurs fois, par compte du Trésor, à l'étranger, à disposition de la représentation diplomatique, consulaire ou personne qui sera désignée en chaque cas, la quantité de francs français qu'on estimera nécessaire pour satisfaire les dépenses que les nécessités de la campagne imposeront. »[28]

Ordre de transfert et motivations modifier

Le est signé un décret confidentiel du ministère de l'Économie et du Trésor, émis à l'initiative du ministre Juan Negrín, qui autorise le transfert des réserves métalliques de la Banque d'Espagne[29] et prévoit un compte-rendu ultérieur aux Cortes (Parlement espagnol), qui n'est pas effectué[30].

Le décret est signé par le président de la République, Manuel Azaña, qui affirme plus tard ignorer la destination finale des réserves. Largo Caballero justifie cette ignorance par l'état émotionnel du président et le caractère secret de l'opération[31],[32].

Divers auteurs, tels que Ángel Viñas, signalent que la décision de transférer l'or hors de Madrid est motivée par la proximité de l'armée d'Afrique, qui a rapidement progressé en direction de la capitale sans que les efforts déployés pour l'arrêter n'aient été couronnés de succès: au moment de cette décision, les nationalistes se trouvent à Talavera de la Reina à 116 km de Madrid. Les troupes insurgées n'arrivent néanmoins à Madrid que deux mois plus tard, du fait de la décision de Franco de l'envoyer secourir les assiégés de l'Alcázar de Tolède, une opération de prestige qui le conforte politiquement et lui permet d'accéder à la tête de l'État le . La capitale résiste jusqu'à la fin de la guerre et le gouvernement républicain n'est transféré à Valence que le .

Un des principaux protagonistes des faits, Largo Caballero, alors exilé en France, justifie postérieurement l'envoi de l'or par le Pacte de non-intervention et la défection des démocraties dans la défense de la République, et par la menace des insurgés sur Madrid[33]. Néanmoins, le socialiste Luis Araquistáin l'attribue par la suite à la pression soviétique[34].

On parle aussi du danger des anarchistes de la FAI (Fédération anarchiste ibérique), et de leur intention d'attaquer les chambres fortes de la Banque d'Espagne et de transférer les réserves d'or à Barcelone, le bastion de la CNT (Confédération nationale du travail)[35] et de la FAI, non seulement pour le maintenir en sécurité, mais aussi pour acheter du matériel de guerre pour leur propre compte[36]. Ce plan aurait été préparé par Diego Abad de Santillán, un des plus ardents détracteurs de Negrín, mais de telles assertions sont considérées inexactes par l'historien libertaire Francisco Olaya Morales (es), qui estime que l'or est transféré à Carthagène non pour des raisons de sécurité, mais avec l'intention préconçue de l'envoyer à Moscou[37].

Bien que la majorité des historiens considèrent Negrín comme l'artisan de l'envoi (de sa propre initiative ou de mèche avec les Soviétiques, suivant les interprétations), on ne sait trop qui a eu l'idée de faire sortir la réserve d'or hors d'Espagne. L'historien britannique Antony Beevor signale qu'existent des versions suivant lesquelles l'attaché commercial soviétique Arthur Stashevsky aurait suggéré à Negrín de tenir un « compte courant en or » à Moscou, vu la menace sur Madrid et la nécessité d'acheter des armes et des produits de base[38]. Mais il cite aussi Gabriel Jackson (es) et Víctor Alba, qui, dans leur livre Juan Negrín, attribuent l'idée à Negrín lui-même, invoquant la surprise des Soviétiques et la nécessité pour Negrín d'expliquer soigneusement l'idée à l'ambassadeur Rosenberg[39]. Son ami et camarade Mariano Ansó le défend en affirmant qu'« il ne pouvait être et ne fut pas l'artisan de l'envoi à la Russie de l'or espagnol ; il ne fut qu'un coopérant d'importance mineure du « Lénine espagnol », Francisco Largo Caballero, et de ses attachés de cabinet, à la tête desquels figurait Luis Araquistáin[40]. ». Selon Pablo Martín Aceña[41], c'est également Stashevsky qui propose à Negrín de déposer l'or à Moscou, pendant que Walter Krivitsky, général de l'Armée rouge chargé du renseignement militaire en Europe occidentale à cette époque — il se réfugie plus tard aux États-Unis — affirme que, quand Staline décide d'intervenir en Espagne, il ne veut prendre aucun risque et s'assurer qu'il existe assez d'or pour payer l'aide à la République[42].

De toute manière, le Conseil de la Banque d'Espagne (fortement réduit depuis le début de la guerre) n'est pas informé avant le lendemain de la décision de saisie de l'or et de son transfert[43]. Étant donné que l'opération est déjà initiée, le Conseil de la Banque ne peut s'y opposer. Les deux conseillers représentant les actionnaires de la Banque d'Espagne qui n'étaient pas passés du côté des insurgés, José Álvarez Guerra et Lorenzo Martínez Fresneda, présentent néanmoins leur démission[44]. Martínez Fresneda exprime ses plus énergiques protestations, insistant sur l'illégalité du transfert : l'or est la propriété de la Banque, et ni l'État, ni le gouvernement ne peuvent en disposer. Il explique de plus que l'or garantit la convertibilité des billets de la Banque et qu'il doit donc rester dans les coffres forts de la Banque[45].

Appropriation de l'or et transfert à Carthagène modifier

 
Vue de la gare d'Atocha à Madrid, encore connue comme celle du midi (Mediodía) à l'époque de la guerre civile - Construite (1888) en fer par un disciple d'Eiffel, Alberto de Palacio

Le , des carabiniers et des miliciens entrent dans la Banque, envoyés par le Ministère de l'Hacienda en accord avec les comités syndicaux de la Banque de l'UGT (Union générale des Travailleurs, syndicat proche des socialistes) et la CNT (Confédération nationale du travail, anarcho-syndicalistes). Le directeur général du Trésor, Francisco Méndez Aspe, futur Ministre de l'Hacienda dans le gouvernement de Negrín, dirige l'opération d'appropriation. Il est accompagné du capitaine Julio López Masegosa et d'une cinquantaine de métalliers et de serruriers[46].

Une fois les clefs obtenues, on ouvre les coffres et chambres fortes où sont conservées les réserves, et, pendant plusieurs jours, les agents du Gouvernement en retirent tout l'or. Le métal précieux emballé dans des caisses de bois est transporté à la station de chemin de fer du Midi (gare d'Atocha, Madrid), et de là vers Carthagène, où il est déposé dans les poudrières de La Algameca. Le choix de Carthagène est naturel, s'agissant - suivant les mots d'Ángel Viñas, « d'une grande base navale, conformément équipée et défendue, plutôt loin du théâtre des opérations et d'où il est possible, le cas échéant, de transporter par voie maritime les réserves vers un autre lieu[47]. »

Le transport par voie ferrée vers Carthagène se déroule sous la protection de la « Brigade motorisée » du PSOE (Parti socialiste)[48]. Quelques jours après l'extraction de l'or de la Banque d'Espagne, les mêmes fonctionnaires, utilisant des procédures identiques, prélèvent l'argent-métal, pour une quantité totale de 656 708 702,59 pesetas[49], pour le vendre aux États-Unis et à la France entre et pour un montant un peu supérieur à 20 millions de dollars US (une partie fut emportée par les autorités françaises)[50].

Avec la réserve d'or en lieu sur, à des centaines de kilomètres du front, le mandat du « Décret confidentiel » du semble respecté. Les nationalistes, informés du transfert de l'or, qualifient le fait de « spoliation » et protestent au niveau international[51]. Viñas indique que la destination finale de l'or n'est pas encore décidée : « De fait, immédiatement après son arrivée à Carthagène, ce qu'on décida fut, précisément, d'augmenter le volume des envois à destination de la France »[52]. Néanmoins, le , Negrín et Largo Caballero décident de transférer l'or de Carthagène vers la Russie.

Le , le chef du NKVD en Espagne, Alexandre Orlov[53], reçoit un télégramme codé de Staline[54] lui ordonnant d'organiser l'envoi de l'or vers l'URSS, ce qu'il fait avec Negrín. Orlov informe ce dernier qu'il entend réaliser l'opération avec les chars soviétiques qui viennent d'arriver en Espagne[55].

Le , Francisco Méndez Aspe, directeur du Trésor et homme de confiance de Negrín, se présente à Carthagène et ordonne la sortie nocturne de la majeure partie des caisses d'or, d'un poids unitaire approximatif de 75 kg, qui sont transportées en camion et chargées sur les cargos Kine, Koursk, Neva et Volgoles. Selon Orlov, « une brigade de tanks soviétiques avait débarqué à Carthagène deux semaines auparavant et alors était stationnée à Archena, à 40 miles. Elle était commandée par le colonel S. Krovoshein, connu des Espagnols sous le nom de Melé. Krovoshein me confia 20 camions militaires et autant de ses meilleurs tankistes (…). Les 60 marins espagnols avaient été envoyés à la poudrière avec une heure ou deux d'avance (…). Et ainsi, le 22 octobre au soir, je me suis dirigé, avec une caravane de camions, au dépôt de munitions (…). L'état de santé de Méndez Aspe était assez sérieux. C'était un homme très nerveux. Il nous dit que nous devions arrêter le chargement ou que nous allions mourir[56]. Je lui ai répondu que nous ne pouvions nous arrêter, parce que les Allemands continueraient à bombarder le port et que le bateau coulerait, et que, pour cette raison, nous devions continuer. Ensuite, il a pris la fuite et me laissa seul avec un assistant très agréable qui se chargea de compter les caisses d'or »[57].

Il faut 3 jours pour charger l'or et, le , les quatre bateaux prennent la mer à destination d'Odessa, port soviétique sur la mer Noire. Quatre personnes de confiance (des « porteurs de clefs » de la Banque d'Espagne, gardien des clefs des chambres fortes de la Banque) participent à l'expédition : Arturo Candela, Abelardo Padín, José González et José María Velasco. Orlov avait signalé 7 900 caisses et Méndez Aspe 7 800 ; le reçu final est établi pour 7 800[58] et on ignore s'il s'agit d'une erreur ou de la disparition de cent caisses d'or[59].

Voyage et réception à Moscou modifier

Le convoi vogue vers l'URSS et, la nuit du , Staline est informé de l'arrivée à Odessa de trois bateaux transportant exactement 5 779 caisses d'or[60]. Le Koursk, à la suite d'une panne, arrivera un jour plus tard avec son chargement de 2 021 caisses. Le 173e régiment du NKVD est chargé de la garde du trésor.

L'or des trois premiers cargos est immédiatement transféré au Dépôt de l'État des Métaux précieux du Commissariat du Peuple pour les Finances (Gokhran) (équivalent au Ministère des Finances), à Moscou, où il est reçu en qualité de dépôt de garantie selon un protocole, daté du , pour lequel est formé un comité de réception, composé par les représentants du Commissaire aux Finances, J.V. Margoulis, directeur du service des métaux précieux, O.I. Kagan, directeur du service des devises, le représentant du Commissaire au Commerce extérieur et l'ambassadeur espagnol en Union soviétique, Marcelino Pascua[61]. L'or arrive dans la capitale soviétique un jour avant le 19e anniversaire de la Révolution d'Octobre. Entre les 6 et arrivent les caisses contenant le métal précieux selon « la déclaration verbale de l'ambassadeur de la République espagnole à Moscou (…) et des préposés de la Banque d'Espagne qui accompagnaient le convoi (…) (étant donné que) les caisses n'étaient pas numérotées ni accompagnées de documents qui en auraient indiqué la quantité, le poids ou la pureté du métal »[62]. D'après Orlov, Staline fête l'arrivée de l'or par un banquet auquel assistent des membres du Bureau politique et leur dit : « Les Espagnols ne verront plus jamais leur or, aussi vrai qu'ils ne verront pas leurs oreilles », expression tirée d'un proverbe russe[63].

L'or reste au Gokhran sous garde militaire, complété entre le 9 et le du chargement du Koursk ; le protocole d'usage est signé le 10. On procède ensuite à l'examen d'un échantillon de 372 caisses qui doit servir pour rédiger l'acte de réception préliminaire, signé le . Puis on recompte la totalité du dépôt, travail pour lequel les quatre « porteurs de clefs » espagnols prévoient un an. En définitive, le recomptage est effectué entre le et le , et malgré tout réalisé avec un soin maximal. On ouvre 15 571 sacs, contenant 16 types distincts de monnaies d'or : livres sterling (70 %), pesetas espagnoles, francs français, schillings autrichiens, florins hollandais, francs suisses, pesos mexicains, pesos argentins, pesos chiliens et une grande quantité de dollars US. Le dépôt total s'élève à 509 287,183 kg d'or en monnaie et 792,346 kg d'or en lingots et fractions : un total exact de 510 079 529,3 grammes d'or brut, qui pour un titrage moyen de 900  équivaut à 460 568 245,59 grammes d'or fin (quelque 14 807 363,8 onces troy). La valeur de cet or atteint 1 592 851 910 pesetas-or (518 millions de dollars US)[64]. En outre, la valeur numismatique des monnaies est bien supérieure à l'or contenu, bien que les Soviétiques n'en tiennent pas compte[65]. En revanche, on prend bien soin de décompter les monnaies fausses, défectueuses ou contenant moins d'or qu'elles n'auraient dû. Les Soviétiques n'ont jamais expliqué ce qu'ils ont fait des monnaies rares et anciennes, bien qu'il soit douteux qu'ils les aient refondues. Burnett Bolloten expose qu'il est possible qu'ils accaparèrent toutes les monnaies de valeur numismatique avec l'intention de les vendre progressivement sur le marché international[66].

La comptabilisation terminée, le , l'ambassadeur espagnol et les responsables soviétiques G. F. Grinko, Commissaire des Finances, et Nikolaï Krestinsky, son adjoint pour les affaires étrangères, signent l'acte de réception définitif du dépôt de l'or espagnol, un document en français et en russe[67]. Le paragraphe 2, section 4 de ce document stipule que le gouvernement espagnol reste libre de réexporter ou de disposer de l'or, et le dernier point inclut une clause suivant laquelle les Soviétiques n'assumeraient aucune responsabilité sur l'usage du dépôt qu'en feraient les autorités républicaines[68]. Il s'agit clairement d'un dépôt que la République peut utiliser à sa guise. On peut signaler que l'URSS enregistre l'État espagnol comme dépositaire titulaire, et non la Banque d'Espagne, son vrai propriétaire[69].

Lorsque le le quotidien de la CNT, Solidaridad Obrera, dénonce « l'idée insensée d'envoyer les réserves d'or à l'étranger », l'agence gouvernementale Cosmos publie le une note officieuse affirmant que les réserves se trouvent encore en Espagne[70]. Peu de temps après, les querelles entre les organisations anarchistes et du POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste) avec le gouvernement de socialistes et de communistes se matérialisent par les violences des journées de mai 1937 à Barcelone[71], qui se terminent par la déroute des anarchistes.

Bientôt, tous les acteurs dans l'affaire de l'or quittent la scène. Stashevsky est exécuté en 1937 et Rosenberg le sera à son tour en 1938. Orlov, craignant d'être le suivant, prend la fuite la même année vers les États-Unis, à la réception d'un télégramme de Staline lui enjoignant de regagner l'URSS. Les Commissaires du Peuple aux Finances soviétiques, Grinko, Krestinsky, Margoulis et Kagan, sont exécutés le ou disparaissent d'une manière ou d'une autre, accusés d'appartenir à la mouvance « trotskiste de droite » anti-soviétique. Grinko est accusé de « tentatives de sape de la puissance financière de l'URSS ». Les quatre fonctionnaires espagnols envoyés pour superviser l'opération sont retenus par Staline jusqu'en et alors seulement sont autorisés à partir pour différentes destination à l'étranger : Stockholm, Buenos Aires, Washington et Mexico. Quant à l'ambassadeur espagnol, Marcelino Pascua, il est nommé à Paris[72].

Utilisation du dépôt modifier

Dans les archives historiques de la Banque d'Espagne sont conservés des documents du Dossier Negrín. Parmi eux se trouvent les registres comptables et des informations sur les comptes de l'opération remis par son fils, Rómulo Negrín[73], au gouvernement de Franco le . Cette documentation a permis aux enquêteurs de reconstituer ce qui s'est passé après la réception des réserves espagnoles à Moscou[74] ; quand les Soviétiques fondent les pièces en barres d'or faiblement titré (encaissant un prix exorbitant pour cette opération) et approvisionnant en contrepartie les comptes bancaires du Trésor de la République à l'étranger.

Loin d'ordonner l'arrêt de la fonte et du raffinage des pièces, malgré la perte de valeur[75], Negrín signe 19 ordres de vente consécutifs entre le et le , dans lesquels la valeur de l'once troy, au cours du jour de l'ordre de vente au marché de Londres, est converti en livres sterling, dollars US ou francs français, à la Bourse de Londres. Une partie des fonds reste en URSS pour solder les achats (et frais associés) de matériels envoyés par le Commissaire du Peuple pour le Commerce extérieur tandis que la majeure partie de ces montants sont employés pour créditer les comptes espagnols ouverts à la Banque Commerciale pour L'Europe du Nord, ou Eurobank, de París, l'organisation financière soviétique en France, propriété de la Gosbank, la Banque nationale de l'Union soviétique[76]. Depuis Paris, les agents du Trésor et les diplomates paient les achats d'armes et de matériels acquis à Bruxelles, Prague, Varsovie, New York, Mexico…

Avec l'or espagnol déposé à Moscou, les Soviétiques changent le caractère de leur aide et réclament immédiatement au Gouvernement républicain le prix des premiers envois, apparemment initialement envoyés en cadeau pour combattre le fascisme international[77].

Stashevski réclame à Negrín 51 millions de dollars US de dettes accumulées et les frais de transport de l'or de Carthagène à Moscou. Dans la zone insurgée, les aides allemandes et italiennes ne sont pas plus désintéressées et doivent être payées, à la différence que les Allemands et les Italiens, eux, permettront à Franco de régler la dette une fois la guerre terminée. Des auteurs comme Guillermo Cabanellas[78], Francisco Olaya Morales[79] ou Ángel Viñas[80] critiquent la conduite et le comportement des Soviétiques[81].

Les historiens qui ont eu accès au dossier Negrín estiment que les Soviétiques n'abusent alors pas de leur position et n'ont pas escroqué les Espagnols dans les transactions financières, sans toutefois faire aucune concession. Suivant les termes de María Ángeles Pons[82] : « la République n'a rien obtenu gratuitement de ses amis russes » car on retrouve enregistrés toutes sortes de frais et de services facturés au Gouvernement[83]. Cependant, des auteurs comme Gerald Howson soutiennent l'existence d'une escroquerie soviétique dans la gestion du dépôt à Moscou, avec l'idée que Staline aurait gonflé le prix du matériel de guerre vendu en manipulant les cours de change du rouble vers le dollar US, puis du dollar US vers la peseta, modifiant le taux de change de 30 % à 40 %[84]. En tout état de cause, Negrín n'a examiné ni conservé les pièces justificatives des achats de matériels militaires pour s'assurer que ces matériels sont ceux répondant aux nécessités réelles et non ceux considérés opportuns par les conseillers soviétiques, pour s'assurer d'une répartition équilibrée sur le front et pour s'assurer de leur qualité et prix.

On a également parlé de la toute-puissance qu'exercent alors les communistes, par la pression que pouvait exercer l'Union soviétique avec le contrôle de l'or. Selon José Giral, l'Union soviétique n'envoyait aucun matériel, même déjà payé, si le Gouvernement de la République « n'acceptait pas auparavant d'octroyer aux communistes d'importants postes militaires et politiques »[85].

Ángel Viñas arrive à la conclusion que le dépôt d'or est épuisé moins d'un an avant la fin de la Guerre civile, dépensé intégralement en paiement d'armements (y compris les frais des opérations). Des auteurs comme Martín Aceña ou Olaya Morales critiquent les modèles hypothétiques de Viñas, qui manquerait de preuves irréfutables pour valider son opinion, et qu'il en résulte une impossibilité pour le moment d'affirmer ce qu'il en est effectivement[86]. Reste de plus sans réponse la question de savoir si on a dépensé en armes et approvisionnements l'intégralité des devises générées par la vente d'or et transférées à la Banque commerciale de l'Europe du Nord de Paris, étant donné qu'aucun document, soviétique ou espagnol, n'a été retrouvé à propos de ces opérations.

Autres envois modifier

En plus des réserves d'or de la Banque d'Espagne, au long de la Guerre civile espagnole afflue à Moscou une quantité indéterminée de métaux précieux d'origine inconnue (on suppose provenant de confiscations), en une série d'envois ultérieurs.

Il existe des documents sur l'affaire du navire marchand espagnol Andutz Mendi, de 3 800 tonneaux qui accoste à Istanbul le avec un chargement de caisses d'or. Sa destination est Odessa, tout comme celle du vapeur Latymer, qui, en , déclare aux autorités grecques une cargaison de plomb argentifère. On sait également que le communiste autrichien Sigmund Rot a effectué plusieurs transferts de pièces d'Espagne vers Prague, avec Moscou pour destination finale. Selon le dirigeant communiste français Dominique Desanti, le bateau Cap Pinede débarque à Port Vendres un chargement d'or et de bijoux qui est secrètement ajouté à un convoi ferroviaire d'armement défectueux retournant vers l'URSS. Le communiste Domingo Hungría transporte une part du trésor accumulé dans le château de Sant Ferran de Figueras : deux camions chargé d'or et de bijoux ; le communiste Villasantes, un camion chargé de caisses de bijoux, et un commandant du Bataillon spécial de Líster, quatre autres. On ignore ce qu'il advient de ces chargements et des devises qu'auraient pu générer leur vente à l'URSS. De plus, la destination de nombreux lots de biens et produits reste à déterminer, comme la liquidation de compagnies et de comptes bancaires, des soldes en cours du Gouvernement espagnol, et des dettes des Soviétiques envers diverses compagnies espagnoles[87].

Conséquence pour la peseta républicaine modifier

 
Billet de 1 peseta émis par le Conseil municipal de Reus durant l'été 1937.

Le départ des réserves d'or de la Banque d'Espagne vers Moscou est un des principaux facteurs de la crise financière dont l'Espagne souffre en 1937[88]. L'or et les devises sont en pratique un excellent moyen de financement, mais cela pèse sur la valeur des espèces en circulation. La crédibilité financière du Gouvernement est mise en doute devant les affirmations des nationalistes sur le départ de l'or. Le décret du Ministère de l'Hacienda du imposant aux Espagnols d'apporter à la Banque d'Espagne tout l'or monétaire ou l'argent en leur possession éveille l'inquiétude[89].

Bien qu'en le Gouvernement démente avoir déposé l'or en question à l'étranger (vide supra), il doit reconnaître effectuer des paiements avec ces réserves[90],[91].

Sans réserve d'or pour les garantir, on n'en émet pas moins des quantités de plus en plus importantes de billets sans aucune couverture métallique[92], augmentant ainsi la masse monétaire circulante en billets[93]. Tout cela provoque une énorme inflation et la thésaurisation de métal précieux par une partie de la population. Pendant que dans la zone nationaliste les prix augmentent de 40 %, dans la zone républicaine, les prix arrivent à être multipliés par quinze. Les pièces disparaissent, remplacées par des rondelles de carton ou de papier. Presque personne ne veut traiter avec ces billets dévalués, avec lesquels on ne peut pas acheter grand chose, tout en sachant qu'en cas de victoire de Franco, ces billets perdraient toute valeur, du fait de leur mise en circulation postérieure au mois de . Avant le retrait des pièces, l'État ne peut assumer son rôle monétaire et ce sont les administrations communales et autres institutions locales qui comblent le vide en imprimant leurs propres bons provisoires, refusés ailleurs, même dans les localités voisines[94].

Chez les insurgés, on prétend qu'une telle inflation est causée artificiellement et avec préméditation[95] : de cette façon, on aurait réussi à faire retomber la faute sur les maux du marché libre et proposer comme solution la nationalisation de tous les prix, des changes et de l'économie en général, ce qui entrait dans les objectifs de l'autoproclamée Hacienda Révolutionnaire de la République. Logiquement, à voir menacés ses intérêts et propriétés, le monde financier aussi bien espagnol qu'international[96], se positionna de manière inéquivoque pour les nationalistes[97],[98].

Pendant la guerre froide modifier

 
Situation approximative au début de 1939 : en gris, la zone sous contrôle des insurgés et en blanc la zone républicaine (après la chute de la Catalogne).

Durant les derniers mois de la guerre civile, un schisme se produit, dans le camp républicain, entre ceux qui préconisent de continuer à résister à outrance et à lier le conflit à la Seconde Guerre mondiale imminente, et les partisans d'un accord avec les nationalistes pour la fin des hostilités, croyant ainsi éviter le pire. Negrín ne conserve que le seul appui du Parti Communiste Espagnol (PCE) ; le reste des républicains, la totalité du Parti socialiste espagnol (PSOE) et les partisans de Prieto, soutenant initialement Negrín, s'opposent désormais au président du Conseil des Ministres.

Indalecio Prieto rompt publiquement avec Negrín en , après son départ du Gouvernement dont il est le ministre de la Défense nationale. Dans la réunion du comité central du parti, il accuse violemment Negrín d'avoir cédé devant la pression communiste pour l'expulser du gouvernement, accusation qu'il maintient jusqu'à la fin de ses jours[99]. Dès l'automne 1938, l'antagonisme entre les socialistes et les communistes provoque de violents affrontements.

La division entre les deux partis atteint son summum avec le coup d'État du colonel Casado, du , activement appuyé depuis le PSOE par les partisans de Julián Besteiro et de Francisco Largo Caballero[100], et appuyé par les leaders désillusionnés des anarchistes. Le nouveau Conseil national de la Défense expulse les communistes et les partisans de Negrín de l'appareil d'État républicain, provoquant le départ de Juan Negrín et de la plupart de membres du Gouvernement républicain à Alicante. Une violente bataille à Madrid entre forces républicaines pro ou anti-communistes précipite la fin de la guerre civile (). « Victorieux » de cette bataille, Casado tente de négocier la paix avec Franco, qui n'accepte que la reddition sans conditions[101]. Dès , à la suite du coup d'État, Juan Negrín échoue dans le centre de l'Espagne l'évacuation qu'il avait réussie en Catalogne. Negrín reste Président du Conseil du Gouvernement espagnol en exil jusqu'en 1945.

Accusé d'être une marionnette des communistes et d'avoir conduit la République au désastre, la question de l'or de Moscou est un des arguments utilisés contre Negrín dans les polémiques qui surviennent par la suite.

Après la fin de la guerre, le PSOE commence une lente reconstruction dans la République espagnole en exil. Le parti se restructure autour de la direction idéologique d'Indalecio Prieto depuis son refuge au Mexique (auprès des partisans du Parti révolutionnaire institutionnel mexicain), d'où sont exclus les partisans de Negrín, et de la coordination de Toulouse, spécialement après la Seconde Guerre mondiale. Le PSOE en exil regroupe les dirigeants des trois tendances qui avaient divisé le socialisme durant le conflit, dont les leaders, Besteiro, Prieto et Largo Caballero, parviennent à dépasser leur mésentente, avec une orientation clairement anticommuniste et anti-Negrín[102].

Entre les exilés, et en particulier entre les dissidents du Parti communiste espagnol[103], on en vient à se dire depuis la fin de la guerre que l'or, ou du moins une partie de celui-ci, n'a pas été converti en devises pour acheter des armes pour la République[104]. On remarque en particulier les critiques d'un des principaux intervenants, Francisco Largo Caballero, qui, selon Ángel Viñas, constituent « un des mythes qui ont noirci le personnage de Negrín ».

En , au plus fort du maccarthisme, l'hebdomadaire américain Time, publie des accusations d'Indalecio Prieto et d'une partie des exilés de Mexico contre Juan Negrín pour sa complicité avec les Soviétiques et la question de l'or. Le gouvernement franquiste met ces accusations à profit pour, par l'intermédiaire de ses ambassades aux États-Unis, en France et en Royaume-Uni, relancer ses efforts diplomatiques envers l'URSS et l'accuser expressément d'utiliser cet or espagnol sur le marché européen, bien que l'hebdomadaire en question lui-même doutait de la capacité de soutenir de telles accusations[105]. Le gouvernement franquiste est informé en 1938 que la réserve d'or est dépensée[106], mais persiste à réclamer de l'URSS le retour du dépôt d'or[107].

Fin 1956, Juan Negrín meurt à Paris et son fils Rómulo, suivant les instructions de son père, envoie le dossier dit « dossier Negrín » au conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères, Antonio Melchor de las Heras, « pour faciliter l'exercice des actions que l'État espagnol peut entreprendre (…) pour obtenir la restitution du dit or à l'Espagne », selon le témoignage du consul adjoint à Paris, Enrique Pérez-Hernández[108]. Les négociations avec le gouvernement franquiste sont initiées par l'ancien ministre de la Justice et ami de Negrín, Mariano Ansó, à la demande de Negrín lui-même, qui considère que les documents sont propriété du Gouvernement de l'Espagne, indépendamment de qui le compose. Dans un document daté du , rédigé et signé par Ansó et ratifié par le fils de Negrín, on peut lire « la profonde préoccupation [de Negrìn] pour les intérêts de l'Espagne face à ceux de l'URSS » et sa crainte devant « le manque de défense dont souffre l'Espagne par le fait de se voir privée de tout document justificatif de ses droits, de l'indispensable comptabilité de la plus vaste et importante opération menée entre deux pays ». Vient ensuite l'énumération de diverses affaires qui « pesèrent sur l'état d'esprit de Monsieur Negrín », dont, entre autres, la rétention soviétique « d'importantes et nombreuses unités de la flotte marchande espagnole ». Selon Ansó, Negrín estimait qu'« en vue d'une future liquidation des comptes entre l'Espagne et l'URSS, son devoir d'Espagnol l'obligeait à un soutien inconditionnel des intérêts de la nation »[109].

Le dossier, une série de documents relatifs à la gestion de l'or, est envoyé à Alberto Martín-Artajo, Ministre des Affaires étrangères, et remis avec un bref rapport au sous-gouverneur de la Banque d'Espagne, Jesús Rodríguez Salmones, qui, sans examiner les papiers, donne l'ordre de les ranger dans la chambre forte de l'institution. Bien que le transfert du dossier avait été effectué dans la plus grande discrétion — c'était une condition impérative pour Negrín — la nouvelle est rapidement connue de tous, provoquant des controverses passionnées. Dans son discours institutionnel du nouvel an 1957, Franco reconnaît la crise économique qui secoue le pays, et la nécessité d'émettre de la monnaie entraînant une hausse des prix et les problèmes découlant des grèves et protestations sociales, durement réprimées. Il envoie également, de manière surprenante, un message à l'URSS adoucissant son traditionnel discours anti-soviétique, coïncidant avec la perte de pouvoir des cercles phalangistes en faveur des technocrates[110]. Le même mois, on envoie une commission à Moscou avec mandat officiel pour négocier sur le rapatriement d'Espagnols, mandat que le Time estime devoir aussi ouvrir des négociations sur le retour de l'or[111].

Cependant, en , le Time rapporte que Radio Moscou[112] ainsi que la Pravda ont publié la position officieuse du gouvernement soviétique, qui, suivant les mots de Salvador de Madariaga, « ferme le chapitre de l'or de Moscou avec un clef d'acier ». Le Mundo Obrero (publication du Parti communiste espagnol (PCE)) du de la même année reprend une traduction de l'article, que signe un certain Observador[113].

L'article n'apporte aucune preuve et contredit les affirmations d'éminents membres du Gouvernement républicain. Ainsi, par exemple, Negrín affirme à José Giral, en 1938, qu'il reste encore à Moscou les deux tiers de l'or déposé. De même, ne s'agissant pas d'un communiqué officiel, le gouvernement soviétique peut démentir s'il l'estime opportun. Indalecio Prieto considère les déclarations de la Pravda mensongères, énumère les dépenses des fonds espagnols au profit du Parti communiste français et souscrit à la théorie de la manipulation[114].

Historiographie et mythe modifier

Pablo Martín Aceña[115], Francisco Olaya Morales et Ángel Viñas sont les trois enquêteurs espagnols les plus connus sur ce sujet, Viñas étant le premier à accéder à la documentation de la Banque d'Espagne. Au niveau international, Gerald Howson[116] et Daniel Kowalsky[117] ont eu accès aux archives de l'Union soviétique ouvertes aux historiens dans les années 1990, centrant leurs recherches sur les relations entre l'Union soviétique et la République espagnole, ainsi que sur les envois de matériels militaires[118].

Bien que la décision d'utiliser les réserves d'or n'ait pas suscité de grands débats ni l'intérêt des historiens[119], sa destination reste un sujet de controverses. Des auteurs comme Viñas, Ricardo Miralles ou Enrique Moradiellos défendent la gestion politique de Negrín, tant comme chef de la Hacienda (Trésor public), que comme Président du Conseil des Ministres (Viñas le considère comme « le grand homme d'État républicain durant la Guerre civile ») et ils estiment que l'envoi de l'or en URSS avait une rationalité politique, économique et pratique acceptée par le Conseil des ministres au complet. Cela aurait été, selon eux, la seule option valable devant l'avance des insurgés et la non-intervention des démocraties occidentales, permettant à la République de survivre dans un contexte international hostile. Pour ces auteurs, sans la vente des réserves, il n'y aurait eu aucune possibilité de résistance militaire.

De son côté, Martín Aceña estime que l'envoi de l'or fut une erreur qui a privé la République de sa capacité de financement : l'URSS était un pays lointain, à la bureaucratie opaque et de fonctionnement financier différent des normes et garanties internationales, de sorte qu'il aurait été plus logique d'envoyer l'or vers des pays démocratiques comme la France ou les États-Unis[120]. Quant à Olaya Morales, anarchiste et exilé durant le franquisme, dans tous ses ouvrages il qualifie Negrín de criminel et nie les arguments et théories d'Ángel Viñas, considérant « l'affaire de l'or » comme une gigantesque escroquerie et un des facteurs majeurs de la défaite républicaine.

Des auteurs comme Fernando García de Cortázar, Pío Moa[121] ou Alberto Reig Tapia[122] ont défini l'épisode de « l'or de Moscou » comme un mythe, mettant l'accent sur l'instrumentalisation de cet épisode comme justification de la désastreuse situation des années de l'Espagne d'après-guerre (1939-1954)[123].

Ángel Viñas se concentre principalement sur le présumé mensonge d'un mythe qu'il qualifie de « franquiste », en quoi Pío Moa et Olaya Morales lui rétorquent que, précisément, les plus grandes critiques à la gestion de Negrín ne viennent pas du franquisme, mais de républicains, spécialement des anciens « coreligionnaires » de Negrín comme Largo Caballero et Indalecio Prieto.

Au début des années 1990, à la suite de l'effondrement du système soviétique qui a marqué le début d'une période de transformation des partis communistes en Europe occidentale, les mots « Or de Moscou » sont repris en France, dans une campagne de dénigrement et d'accusations contre le Parti communiste français (PCF) dirigé alors par Georges Marchais[124].

En 1994, María Dolores Genovés a réalisé (en espagnol et en catalan) un précieux documentaire intitulé L'Or de Moscou pour la chaîne de télévision TV3 (Catalogne)[125].

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

En espagnol modifier

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En français modifier

Autres langues modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

Références modifier

  1. Revue Time, , Loud Pedal.
  2. Front populaire est le nom porté par plusieurs coalitions de partis de gauche. Cette expression de Eugen Fried, datant de 1935, caractérise des accords passés entre des partis et mouvements de gauche (socialistes, communistes, syndicats, mouvements intellectuels) afin de lutter contre la montée de l'extrême-droite ou du fascisme, à la suite des crises provoquée par la Grande Dépression de 1929.
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  4. Moradiellos 1999
  5. Citations 14 et 15 en Moradiellos 1999
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  7. Citations 22, 23, 24 et 25 (Moradiellos 1999)
  8. (Kowalsky 2004: Diplomacy)
  9. Citation 27 Moradiellos 1999
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  11. a b c et d Viñas 2006, p. 111
  12. L'once troy (symbole oz t) est égale au douzième de la livre troy (d'après la ville de Troyes) et vaut 31,103 g dans le Système de poids de troy ; l'once troy est notamment utilisée pour la cotation de métaux précieux, comme l'or et l'argent.
  13. Viñas 2006, p. 112
  14. Elle ne le devient pas avant le Décret-Loi 18/1962 du 17/6/1962, sur la nationalisation et la réorganisation de la Banque d'Espagne ([1]).
  15. Reformée le 24 janvier 1927 et modifiée par la loi du 26 novembre 1931
  16. Moa 2001 et Moa 2003
  17. Avant la transition démocratique : entre le 18 février 1931 et le 15 avril suivant.
  18. (Viñas 2006, p. 113). L'auteur cite les articles de Juan Ventosa dans España Económica y Financiera (23 mai 1936) et ABC (29 mai 1936).
  19. Selon Viñas, guidé par la maxime « salus patriae, suprema lex » (Salut de la Patrie, Loi suprême) (Viñas 2006, p. 114).
  20. Pan Gómez fuira vers la zone nationaliste, pour s'occuper un mois plus tard de la nouvelle Banque d'Espagne de Burgos.
  21. Sánchez Asiaín 2002, p. 281
  22. (Sanchez Asiaín 2002: 249-50)
  23. Cabe signale que chacune des deux banques réunit son assemblée générale des actionnaires, dans la rebelle il y eut 154 163 actions représentées et dans la républicaine 31 389. (Sánchez Asiaín 2002, p. 250).
  24. Convention du
    - Par initiative et accord du Gouvernement de la République, Monsieur le Ministre de l'Hacienda a autorisé la Banque d'Espagne en date du 21 courant à vendre de l'or monétaire ou en lingots jusqu'à la valeur nominale de 25 220 000 pesetas, en vue d'action d'intervention sur les changes internationaux, à laquelle se réfère le 7e règlement de la LOB, exerçant ainsi par cette autorisation la faculté qu'octroie au gouvernement le 10e paragraphe du 2e règlement de l'article 1er de cette Loi.
    - Et aux fins de réalisation du dit accord, cause et raison de la présente Convention, attendu les conclusions établies par le Gouverneur et acceptées par la Banque d'Espagne, les dispositions suivantes sont prises:
    - 1° La Banque d'Espagne, en exécution de l'autorisation octroyée par le Gouvernement de la République, selon la communication de Monsieur le Ministre de la Hacienda, en date du 21 courant, procèdera sous peu à la vente d'or monétaire ou en lingots jusqu'à la valeur nominale de 25 220 000 pesetas, pour agir et intervenir sur les changes internationaux et la régulation du marché monétaire conjointement avec l'État.
    - 2° En conformité avec les dispositions du 7e règlement de la LOB, la participation de la Banque et de l'État se fera par moitié. Sur requête du Ministre de l'Hacienda, avec accord préalable du Conseil des Ministres, la Banque fera une avance à l'État, en accord avec le dernier paragraphe de l'annexe D du 3e règlement de la dite loi, de 12 610 000 pesetas en valeur nominale d'or, montant de l'apport correspondant.
    - 3° Le Gouvernement de la République s'engage en droit à rembourser les quantités d'or avancées par la Banque, dans les termes les plus rapides possibles lorsque prendra fin son application, arbitrant pour la Banque les ressources opportunes, toujours avec l'engagement de ne pas consacrer les dites quantités à d'autres fins que celles données par la présente convention.
    - 4° Font partie intégrante de la convention toutes les dispositions du 7e règlement de l'article 1er de la LOB.
    - 5° Les frais générés par le transfert de l'or, sa vente et autres générés ces opérations seront supportés par moitié entre le Trésor et la Banque.
    - 6° L'accord du Conseil des Ministres auquel se réfère l'ordre du Ministère de l'Hacienda contient, comme indiqué en lui-même, l'autorisation expresse à laquelle se réfère le paragraphe 10 du 1er règlement de la LOB.
    - 7° Les 12 610 000 pesetas que la Banque avance à l'État pour cette convention sont compris dans l'autorisation accordée par le Ministère de l'Hacienda dans la quantité de 25 220 000 pesetas-or de la Loi du .
    Gaceta de Madrid
  25. Viñas 1976, p. 101-105
  26. Avis de la Junte de Défense nationale du .
    Cette Junte veut, pour l'ordre moral, dénoncer une fois de plus le scandale qui a été produit devant la conscience universelle par la sortie de l'or de la Banque d'Espagne, décrété par le mal nommé Gouvernement de Madrid. Mais il incombe plus spécialement de signaler les conséquences de ces opérations sur le terrain juridique, parce qu'effectuées en flagrante infraction des principes fondamentaux de la Loi d'Organisation Bancaire en vigueur. Il est évident que par leur manifeste illégalité elles conduisent à la conclusion inexcusable de leur nullité, qui concerne dans ses conséquences civiles toutes les personnes nationales ou étrangères qui auraient participé à ces opérations, indépendamment des responsabilités pénales, déjà réglées par un autre décret. Et il est normal en complément de cette déclaration, de prévenir les dommages qui pourraient être occasionnés, avec des mesures de garantie, qui doivent être adoptées dans l'urgence que la défense l'intérêt national exige.
    En vertu de quoi, en tant que Président de la Junte de Défense nationale et en accord avec celle-ci, je décrète ce qui suit :
    Article premier. Sont déclarées nulles toutes les opérations qui auraient été effectuées ou qui seraient effectuées avec la garantie de l'or extrait de la Banque d'Espagne, à partir du dernier, et en leur temps seront exercées toutes les actions juridiques pour la récupération de l'or en question, quel que soit le lieu où il se trouve.
    Article second. Sans préjudice de la responsabilité pénale définie par le Décret no 36, les valeurs, crédits, droits et biens de toute nature que possèdent en Espagne les personnes ou entités nationales ou étrangères qui seraient intervenues ou interviendraient directement ou indirectement dans ce à quoi se réfère l'article précédent, seront immédiatement saisis, afin de garantir les responsabilités de quelque espèce qui dériveraient de tels actes.
    Miguel Cabanellas.
  27. Le Trésor républicain a reçu 3 922 000 000 francs (français) soit quelque 196 000 000 dollars US pour cet usage (Martín Aceña 2001, p. 74). En outre, il y a des témoignages de beaucoup d'autres envois d'or, argent et bijoux introduits en France par contrebande Olaya Morales 2004, p. 460
  28. Olaya 2004, p. 311-312
  29. Décret du
    Par son Excellence le Président de la République, a été signé le présent décret confidentiel.
    La situation anormale produite dans le pays par l'insurrection militaire oblige le Gouvernement à adopter ces moyens de précaution qu'il considère nécessaires pour sauvegarder les réserves métalliques de la Banque d'Espagne, base du crédit public. La nature même de la mesure et les raisons de son adoption exige que cet accord reste confidentiel. Me basant sur de telles considérations, en accord avec le Conseil des ministres et sur proposition du Ministre de l'Hacienda, je décide, avec caractère confidentiel, ce qui suit :
    • Art. 1º: Le Ministre de l'Hacienda est autorisé à, au moment qu'il considère opportun, ordonner le transport, avec les meilleures garanties, au lieu qu'il estime le plus sur, des stocks qui existeraient en or, argent, et billets en quelque moment dans l'établissement central de la Banque d'Espagne.
    • Art. 2º: Le Gouvernement rendra compte en temps opportun aux Cortes de ce Décret.
    Bolloten 1989, p. 261 et Viñas 1976, p. 133-134
  30. Sardá 1976, p. 433 et Olaya Morales 2004, p. 286-287
  31. Olaya Morales 2004, p. 447 indique que, « d'un point de vue légaliste », cela pourrait violer l'article 76 de la Constitution de la République espagnole de 1931, qui donnait au Président la possibilité pour signer les décrets, présentés par le Ministre compétent, avec accord préalable du Gouvernement, le président pouvant décider que les projets de décrets soient soumis aux Cortes, s'il croit qu'il qu'ils sont en contradiction avec quelqu'une des lois en vigueur.
  32. « De cette décision convenait-il de rendre compte à beaucoup de personnes ? Non. Une indiscrétion aurait été la source d'un scandale international (…) Il fut décidé que personne ne le saurait, pas même le président de la République, qui se trouvait alors dans un état mental vraiment lamentable. Par conséquent, seuls le savaient le président du Conseil des Ministres (Largo lui-même), le Ministre de l'Hacienda (Negrin) et celui de l'Air et de la Marine (Indalecio Prieto). Mais les deux premiers furent les seuls qui eurent à négocier avec le Gouvernement de Russie. »
    (Largo Caballero, in : Fundación Pablo Iglesias, Archives de Francisco Largo Caballero, XXIII, p. 477)
  33. « Comme les fascistes étaient aux portes de la capitale de l'Espagne, il a demandé (Juan Negrin) au Conseil des Ministres l'autorisation de sortir l'or de la Banque d'Espagne, et de l'envoyer en lieu sur, sans dire où. (…) Comme première mesure le transfert aux forts de Carthagène. Ensuite, craignant un débarquement, il décida de le transférer hors d'Espagne. (…) Il n'y avait pas d'autre endroit que la Russie, pays qui nous aidait avec armes et vivres. Et il l'a livré à la Russie. »(Largo Caballero)
  34. « Comme je suis certain que Largo Caballero, de qui j'étais moi-même ami intime, ne se trouvait pas dans un tel état de désespoir quant au dénouement de la guerre, et qu'il m'en faudrait beaucoup pour imaginer Negrín en prise avec un tel abattement, il ne me reste pas d'autre solution que de revenir à l'hypothèse de la pression soviétique, ou de dire simplement que l'envoi de l'or vers la Russie fut une folie en tout point inexplicable. »(Luis Araquistáin).
  35. Organisation anarcho-syndicaliste fondée en 1910 à Barcelone (Catalogne, Espagne). Elle devint le principal syndicat ouvrier espagnol, et reste la principale organisation anarchiste du pays. Voir es:Confederación Nacional del Trabajo
  36. Bolloten 1989, p. 268-269
  37. Olaya Morales 2004, p. 289-293
  38. Beevor 2005, p. 232
  39. Beevor 2005, p. 716-717
  40. Ansó 1976, p. 317
  41. Martín Aceña 2001, p. 95 - (es) Site académique d'Aceña
  42. « La mano de Stalin sobre España »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), par Walter Krivitsky, traduit du The Saturday Post, Philadelphie, publié en espagnol par Claridad, Buenos Aires, en 1946. Recueilli par la « Fundación Andreu Nin ».
  43. Le 14 septembre, le jour même où les insurgés créaient leur propre Banque d'Espagne à Burgos.
  44. Fernando Schwarz, La internacionalización de la guerra civil española, Barcelone, 1971, p. 210 ; cité par Olaya Morales 2004, p. 287.
  45. « À la mi-septembre 1936, selon l'information personnelle et directe de Monsieur Martínez Fresneda au Conseiller en Chef, le 14, on convoqua un Conseil extraordinaire et secret pour le lendemain, le 15. Ce jour-là, Monsieur le Gouverneur rendit compte de ce que le Gouvernement avait décidé, devant l'avancée des troupes insurgées, de se saisir de tout l'or de la Banque, pour le transférer en site et en lieu où il serait plus en sécurité qu'à Madrid, vers laquelle se dirigeaient lesdits insurgés pour la prendre, et qu'en fait le dit transfert avait déjà commencé. Ensuite Monsieur Martínez Fresneda a dit que, recevant l'information simultanée de l'accord gouvernemental de la confiscation de l'or de la Banque et de l'exécution de cet accord, il ne pouvait discuter d'un tel accord pour le contester ou empêcher sa réalisation, étant donné qu'il est déjà en cours d'exécution, mais, s'il ne pouvait y avoir discussion, par contre il pouvait et faisait observer de la manière la plus solennelle ses protestations énergiques, en considérant cet accord illégal et nul en droit. Il était illégal, parce que l'or étant propriété exclusive de la Banque, ni l'État ni le Gouvernement ne pouvaient en disposer. D'autre part, l'or est la réserve prévue par la loi et qui garantit la convertibilité des billets, et cela étant ainsi, il ne pouvait se trouver en aucun lieu sinon dans les coffres de la Banque et précisément quand viennent d'être inaugurées des nouvelles chambres fortes, qui répondent à tous les progrès de sécurité contre les incendies, les bombes, etc., tout cela démontre le caractère malencontreux de cet accord. Il a conclu en réitérant ses protestations et à celles-ci se joignirent en termes égaux en énergie du Monsieur Álvarez Guerra (Conseiller en Chef). » (Extrait du rapport in voce prononcé devant le Conseil Général de la Banque d'Espagne à Burgos dans sa session du 22 septembre 1937 ; cité par Sánchez Asiaín 1999, p. 114-115
  46. Olaya Morales 2004, p. 289, Viñas 1976, p. 127
  47. Viñas 1976, p. 139
  48. Luengo 1974
  49. Bilan du 18 juillet 1936
  50. Olaya Morales 2004, p. 328; Viñas 1984, p. 174
  51. El Heraldo de Aragón fait sa une du jeudi avec la manchette suivante : « Dans une note officielle, le chef du gouvernement, le général Franco, proteste contre la spoliation sans précédent qu'a réalisée le dit gouvernement de Madrid, de disposer librement des réserves nationales d'or. »
  52. Viñas 1976, p. 137.
  53. (en) Jay Robert Nash, Spies : A Narrative Encyclopedia of Dirty Tricks and Double Dealing from Biblical Times to Today, M. Evans and Company, Inc, , 624 p. (ISBN 978-0-87131-790-2, lire en ligne), p. 374
  54. « Avec l'ambassadeur Rosenberg, organisez avec le chef du gouvernement espagnol, Caballero, l'envoi des réserves d'or d'Espagne vers l'Union soviétique (…) Cette opération devra être menée de manière absolument secrète; si les Espagnols demandent un accusé de réception pour la cargaison, refusez. Je répète, refusez de signer quoi que ce soit et dites que la Banque d'État prépare un reçu formel à Moscou. Iván Vasiliévich » (Bolloten 1989: 265).
  55. Dans son rapport ultérieur au Sous-Comité du Sénat des États-Unis, il déclare : « Je désire souligner qu'à ce moment, le gouvernement espagnol (…) ne contrôlait pas complètement la situation. J'ai dit franchement au Ministre de l'Hacienda Negrín que si quelqu'un l'apprenait de lui, si les anarchistes s'interposaient devant mes hommes, avec les camions chargés de l'or espagnol, ils les tueraient et ce serait un énorme scandale politique dans le monde entier, qui pourrait aussi provoquer une révolution interne. Pour cela, je lui demandai si le gouvernement espagnol pourrait m'accorder des lettres de créance sous un quelconque nom fictif (…) comme représentant de la Banque d'Angleterre ou de la Banque d'Amérique, parce qu'alors (…) on pourrait dire que l'or est transporté en Amérique pour des raisons de sécurité (…). Negrín ne fit aucune objection. Il a pensé que c'était une bonne idée. Je parlais un anglais relativement bon et pouvait passer pour étranger. Pour cela, il m'a accordé des lettres de créance sous le nom de Blackstone et je me suis transformé en un représentant de la Banque d'Amérique. » Congrès US, Sénat, Scope of Soviet Activity, p. 3431-32. Cité par Bolloten 1989, p. 267-268
  56. à cause des bombardements allemands)
  57. (en) Congrès des Etats-Unis, Sénat, Scope of Soviet Activity, p. 3431-32. Cité par Bolloten 1989, p. 269
  58. Olaya Morales 2004, p. 294 et 448
  59. . Indalecio Prieto a indiqué que le nombre de caisses entreposées à La Algameca fut de 13 000, desquelles furent emportées seulement 7 800. Virgilio Botella (2002), qui a fait partie du groupe qui avait sur le cargo le contrôle et la surveillance de l'or, parlait aussi de 13 000 caisses. Cependant, toutes les études sur la question ((Sardá 1970), (Ruiz Martín 1970), (Viñas 1976), (Howson 1998) ou (Martín Aceña 2001)) concordent pour dire que le nombre de caisses fut de 10 000.
  60. Un des collaborateurs du général de la GPU, Walter Krivitsky, décrit ainsi la scène dans le port soviétique : « Toute la zone à proximité de docks fut évacuée et cernée par des cordons de troupes spéciales. À travers cet espace vide entre les quais et les voies de chemin de fer, les plus grands chefs de la GPU portaient les caisses d'or sur leur dos. Pendant plusieurs jours, ils déchargèrent l'or et l'envoyèrent à Moscou par convois armés. On essaya de me donner une idée de la quantité d'or déchargée à Odessa, pendant que nous nous marchions sur la grande place Rouge. On me montra l'étendue qui nous entouraient et on me dit : « Si toutes les caisses d'or que nous avons empilées sur les quais d'Odessa étaient mises ici l'une à côté de l'autre, elles auraient couvert complètement la place Rouge ». » Walter Krivitsky, In Stalin's Secret Service, p. 112-13. Cité par Bolloten 1989, p. 270
  61. (1897-1977) Docteur en médecine, membre du PSOE, directeur de la Santé en 1931. Nommé ambassadeur à Moscou puis à Paris. Après la guerre, professeur à l'Université Johns-Hopkins (Baltimore). Connu pour ses travaux de biostatistique. Plus tard, fonctionnaire à l'Organisation mondiale de la Santé (Genève).
  62. Texte du protocole du 7 novembre.
  63. Congrès des États-Unis, Sénat, Scope of Soviet Activity, p. 3431, 3433-34. Cité par Bolloten 1989, p. 280-281
  64. Ce chiffre est celui qui est donné dans le dernier bilan de la Banque d'Espagne en tant qu'or sous la garde du Ministère de l'Hacienda.
  65. Viñas 1976, p. 210
    NdT : une vente importante de ces monnaies aurait fait baisser leur valeur numismatique la rapprochant de leur valeur en or pur contenu. De plus, la valeur élevée numismatique ne concerne que les pièces absolument parfaites, ce qui n'est plus le cas pour des pièces transportées en vrac.
  66. Bolloten 1989, p. 270-271
  67. Olaya Morales 2004, p. 294, Viñas 1976, p. 210
  68. La dite clause établit qu'« au cas où le Gouvernement de la République ordonne l'exportation de l'or reçu en dépôt en URSS, ou dans le cas où il dispose de celui-ci d'une autre façon, la responsabilité exprimée dans le présent acte par le Commissaire du Peuple pour les Finances sera réduite automatiquement, en tout ou en partie en proportion des retraits du Gouvernement de la République espagnole »
  69. Original de l'acte dans les archives historiques de la Banque d'Espagne.
  70. Olaya Morales 2004, p. 296
  71. Juan Eslava Galán, La jaula de grillos republicana / Le panier de crabe républicain, chapitre de Una historia de la guerra civil que no va a gustar a nadie / Une histoire de la guerre civile qui ne va plaire à personne, (ISBN 84-08-06511-4)
  72. Bolloten 1989, p. 273, Martínez Amutio 1974, p. 58 et Prieto 1997, p. 130
  73. Rómulo Negrín Fidelman - Né à Madrid le 8 mai 1917, décédé le 30 juillet 2004 - Affilié aux Jeunesses socialistes - Lieutenant, pilote de chasse durant toute la guerre civile - Étudiait la médecine en Allemagne.
  74. (Pons 2006: 368)
  75. Toutefois, cette moindre valeur aurait été très relative pour les ventes importantes d'or en pièces qui auraient été réalisées. Le marché numismatique aurait été inondé et la valeur des pièces aurait rejoint à peu près la valeur de l'or contenu, NdT.
  76. Pons 2006, p. 368, Sardá 1970, p. 435
  77. Voir Le Fascisme en Espagne (es) (NdT : D'après Luis Araquistáin : « C'est moi le premier qui, en 1937, commis l'indiscrétion de dire publiquement dans une conférence donnée à Barcelone, que le matériel envoyé par la Russie se payait largement avec l'or espagnol déposé dans ce pays-là. Quelques communistes exigèrent alors qu'on me fasse un procès pour cela, que pour eux c'était un délit de haute trahison et choses similaires. » La intervención rusa en la guerra civil española (L'intervention russe dans la guerre civile espagnole), in : Revue Cuadernos, mars-avril 1958, Paris.
  78. Cabanellas 1978, p. 765
  79. Olaya Morales 2004, p. 298-309
  80. Viñas 1976, p. 180
  81. « L'Union soviétique offre son aide aux républicains, mais exige que le paiement soit fait. S'effondre ainsi tout idéalisme. La Russie a posé son œil de vautour sur les réserves accumulées dans les caves de la Banque d'Espagne (…). La Russie a réalisé une transaction dans laquelle une des parties fixe à l'autre des conditions léonines. L'Union soviétique envoie, pour un prix élevé, des matériels qui, en définitive, servent à tester leur efficacité. »
    Cabanellas 1978, p. 765
  82. María Ángeles Pons Brias, Universitat de València, Historia e Institutiones Económicas
  83. Pons 2006, p. 369
  84. Howson 2000, exposé dans le chapitre « Oro y armas » de (es) La España republicana y la Unión Soviética: política e intervención extranjera en la Guerra Civil española, 1936-39, [PDF], communication de Ann Talbot au Congrès international sur la Guerre d'Espagne, organisée par la Sociedad Española de Conmemoraciones Culturales.
  85. Olaya Morales 2004, p. 308 ; Claudio Sánchez Albornoz, De mi anecdotario político, Buenos Aires, 1972, p. 150.
  86. Martín Aceña 2001, p. 77 et Olaya Morales 2004, p. 300
  87. Olaya Morales 2004, p. 301-302 et Gordón Ordás 1967, p. II, 30
  88. Santacreu Soler 1986, p. 22-3 et 48
  89. « Décret du 3 octobre 1936
    Article 1 - À partir du 17 octobre, la Banque d'Espagne remettra à titre provisoire des certificats-argent de cinq et dix pesetas en remplacement des actuelles pièces d'argent, ces certificats ayant la même valeur libératoire que l'actuelle monnaie de cinq pesetas.
    Article 2 - La Banque conservera dans sa Caisse la quantité d'argent monétaire équivalente aux certificats qui seront mis en circulation, sans préjudice au droit de conserver aussi l'argent nécessaire à l'exécution des dispositions de l'article 1° de la loi en vigueur d'Organisation bancaire.
    Article 3 - Le Ministère de l'Hacienda procèdera avec la plus grande diligence à l'étude et exécution de la nouvelle loi monétaire pour frapper de nouvelles monnaies républicaines d'argent de cinq et dix pesetas qu'il faudra substituer en son temps aux certificats-argent mis aujourd'hui en circulation à titre provisoire. Sera publiée plus tard la date à partir de laquelle l'actuelle monnaie en argent cessera d'être monnaie légale. »
  90. (Santacreu Soler 1986:47-9)
  91. NdT : aux États-Unis, Franklin Delano Roosevelt avait promulgué l'Executive order 6102 en 1933 interdisant la détention d'or par des particuliers US.
  92. NdT : l'existence d'une couverture métallique suffisante n'aurait pas modifié beaucoup l'inflation explosive.
  93. Le le nombre de nouveaux billets en circulation s'élève à 12 754 millions de pesetas, un accroissement de 265,8 % par rapport aux 3 486 du  : sur tout ce qui est relatif au désordre de la monnaie républicaine, voir Martorell Linares (2001).
  94. Santacreu Soler 1986, p. 50-52 et 67-69
  95. « Le Nouvel État Espagnol doit affronter le bouleversement produit sur l'économie de notre patrie par le fait insolite et scandaleux du pillage de l'or et des devises de la Banque d'Espagne. Sans préjudice au droit de réitérer les protestations internationales, et de s'efforcer de canaliser les énergies pour la récupération du dit métal, on estime qu'est arrivé le moment inajournable d'adopter des mesures énergiques, avec force coercitive, pour empêcher que ceux qui essaient de désarticuler la circulation fiduciaire puissent accomplir et aggraver leurs funestes intentions, s'enrichissant avec ces titres de crédit qu'ils ont spoliés (…).
    Décret-Loi du 12 novembre 1936. »
    « L'expérience vécue dans les zones libérées de la domination marxiste a confirmé continuellement, et de plus en plus, quantité d'informations sur la gravité de l'inflation rouge.
    Ordre du jour ministériel du 25 août 1939. »
    Selon la Causa General : « Cette conduite du gouvernement du Front Populaire, manquant de scrupules moraux et patriotiques et de sens des responsabilités parait conçue sous un double dessein : d'une part, le projet délibéré de provoquer la ruine de l'Espagne, pour que le Gouvernement appelé à diriger le pays après la victoire soit en butte à des difficultés insurmontables, et d'autre part une prévoyance pour leur avenir personnel de la part des chefs politiques, afin que leur exil soit exempt de tracas, bien que ceci se fasse au prix de la misère et de la souffrance de millions d'espagnols de toutes tendances. On admirera, avec de tels antécédents, quelle a été la grandeur de l'œuvre réalisée le Caudillo et son gouvernement pour sauver l'Espagne de sa ruine économique, pour la reconstruire et l'amener dans la prospère situation présente.
    Causa General - NdT : la Causa General Instruida por el Ministerio Fiscal sobre la dominación roja en España (Cause générale instruite par le Ministère public ou Parquet sur la domination rouge en Espagne - En abrégé Causa General) fut un acte général "d'instruction" franquiste pour poursuivre les faits commis par les rouges. »
  96. Jusqu'à recevoir l'appui de Juan March, Ford et Texas Oil pour les insurgés, ou leur fournir des facilités de crédit.
  97. Un rapport présenté au plenum du Parti Communiste Espagnol en par José Diaz montrait ouvertement la position de ce parti :

    « (…) il faut concentrer toutes les énergies, toute la rigueur, contre les vrais ennemis, contre les grandes industries, contre les grands commerçants, contre les pirates du secteur bancaire, qui, bien entendu, ont déjà été liquidés en grande partie sur notre territoire, bien qu'il en reste quelques-uns qu'il faut liquider avec rapidité, parce que ceux-ci sont bien nos vrais ennemis et non les petits industriels et commerçants. »

  98. Interprétant les opinions de ces milieux, Francesc Cambó (homme de grande influence dans le monde financier) écrivait à Paris, le 20 janvier 1937 : « Chez les rouges, on ne pense qu'au vol… et, pour voler, à tuer. Au début, on tue par rancune, par malice, par bestialité… Maintenant, ils se tuent entre eux, les crimes des rouges sont commis à froid, motivés par la recherche de la rapine… accompagnée du mépris pour la vie humaine. » Cambó 1982, p. 31.
  99. Juliá 1997, p. 274
  100. Critiques de Largo Caballero sur la gestion de Juan Negrín : « Quelle quantité d'or a été remise à la Russie? On n'a jamais pu le savoir, parce que Monsieur Negrín a systématiquement refusé de rendre compte de sa gestion. On a appris par la suite, par les comptes publiés par la Banque d'Espagne en 1938, que la Banque avait entreposé 1 592 851 906 millions (sic) en or et 307 630 000 en argent. De plus, le Trésor public a saisi toutes les caisses de sécurité des banques officielles et privées, dont la valeur s'élève certainement à beaucoup de millions. Tout cela, plus les bijoux et joyaux du Palais royal de Madrid, des chambres fortes et de beaucoup de particuliers auront-ils été dépensés en armes ? À la fin de la guerre, quel or restera entre les mains de la Russie ? Aura-t-il été liquidé comme le Gouvernement dit de Negrín ? Ceci, personne ne peut mieux le savoir que Negrín, mais (…) Monsieur Negrín, systématiquement, refuse de rendre compte de la situation économique [et de sa gestion]. (…) De fait, l'État s'est transformé en faux-monnayeur. Est-ce pour cela, ou pour d'autres raisons, que Négrín refuse d'informer quiconque de la situation économique ? Malheureux pays, qui se voit gouverné par des gens qui manquent de toute espèce de scrupule (…) avec une politique ridicule et criminelle qui a emmené le peuple espagnol vers le plus grand désastre de l'Histoire de l'Espagne. Toute la haine et le désir d'infliger un châtiment exemplaire aux responsables d'une aussi grande déroute, serait encore trop peu. » Largo Caballero,
    Fondation Pablo Iglesias, Archivo de Francisco Largo Caballero, XXIII, p. 467 y ss.
  101. Graham 2005, p. 277-303
  102. Juliá 1997, p. 295
  103. « L'URSS n'a même pas pris la peine de reconnaître le Gouvernement républicain en exil. Cela lui évita, entre autres, d'entendre les récriminations de restitution de l'or déposé par le Gouvernement du docteur Negrín dans les coffres de la Banque centrale d'URSS. Des centaines et des milliers de millions de pesetas-or forment le trésor séquestré par le Gouvernement de l'URSS au Gouvernement républicain espagnol en exil. Ce trésor permettrait de lancer avec vigueur la lutte des anti-franquistes pour la libération de l'Espagne. Staline refusa de le rendre. Staline est en train d'aider Franco dans la même mesure qu'il restreint les possibilités de lutte pour les démocrates espagnols. » (es) La URSS en la guerra del pueblo español, Jesús Hernández Tomás, dans Acción Socialista; Paris, 1952.
  104. (es) « El destino del oro del Banco de España »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), par Indalecio Prieto, Mexico D.F., 1953, recueilli par la Fundación Andreu Nin (es).
  105. Revue Time, , Moscow's Gold Standards. Disponible sur (en) time.com
  106. Un communiqué de la Banque d'Espagne de Burgos dit ceci : « L'or étant totalement épuisé et le commerce extérieur étant impossible au moyen de troc de marchandises pour des raisons faciles à deviner, les possibilités d'importation de la zone rouge se verraient complètement jugulées. Bien qu'il faille étudier les données nécessaires sur lesquelles se base cette dernière affirmation, nous ne doutons pas de sa véracité fondamentale. » Communiqué de la Banque d'Espagne. Destruction des billets de la Banque d'Espagne sujets à révision. . Cité par Sánchez Asiaín 2002, p. 120
  107. Or espagnol volé par les rouges et transporté en Russie
    « À la date du 8 janvier 1955, a été envoyée par le ministre des Affaires étrangères, une note signée aux représentations diplomatiques de divers pays d'Europe et aux États-Unis, dénonçant le vol commis par les rouges et les paiements, que le Russes ont fait, selon des informations de sources autorisées, avec les réserves d'or de la Banque d'Espagne. » in Affaires en cours de récupération et de revendication de biens; Direction générale de Politique économique, Archives du ministère des Affaires extérieures, Madrid, dossier R 9562, farde 6, cité par Olaya Morales 2004, p. 283
  108. Moa 2001, p. 506
  109. Ansó 1976, p. 325-329
  110. Interprétation officielle de la Phalange sur l'Or de Moscou.
    « Le Gouvernement espagnol s'est adressé à diverses Chancelleries étrangères dénonçant les paiements à l'étranger que l'URSS pouvait faire avec l'or du dépôt fait à Moscou par le Gouvernement rouge en 1936 (…) Pendant le cours de la Croisade de libération furent formulés les mêmes avertissements sur les paiements qui se feraient avec cet or (…) Il est logique que notre Gouvernement réitère ses protestations quand il constate que l'URSS effectue des exportations de cet or (…) Aujourd'hui on connait exactement les détails de ce vol, pour avoir été relaté par ses propres protagonistes. En plus : on connaît leurs mobiles et la véritable dimension de la supercherie montée pour justifier sa sortie d'Espagne vers Odessa. Les «apparences» de souveraineté montées par le gouvernement rouge ont été démontées il y a déjà longtemps. Depuis le début de notre guerre de libération, la zone rouge fut gouvernée de fait par des émissaires soviétiques dotés de tous les pouvoirs (…) La mise à sac de l'Espagne était, dans les faits, une double opération, économique et politique, destinée à contrôler la bolchevisation de la zone soumise à Largo Caballero. (…) Dans ces caisses partirent en Russie 1 581 642 millions de pesetas-or. Ce chiffre et les détails coïncident dans les faits relatés par le propre Valentín González, par Jesús Hernández et par Prieto. Tous ces gens-là ont des raisons suffisantes pour être bien informés, car ils furent les auteurs directs ou complices jusqu'à ce que les rivalités pour le partage du butin les dressent les uns contre les autres. (…) Avec cet or (…) fut financée une campagne d'instigation communiste contre l'Espagne, subventionnant et achetant des journaux et des émetteurs de radio. L'URSS, qui n'avait pas envoyé plus que de vieux armements en échange de l'or volé, le dépensa dans une seconde phase avec l'intention de s'emparer de l'Espagne à partir de 1945 (…) Et aujourd'hui elle utilise le reste dans ses transactions commerciales (…) Il reste un détail curieux : la tragique destinée des hommes qui sont intervenus directement dans la mise à sac (…) Les chemins de cet or volé ont été funestes. »((es) Arriba (organe officiel de la Phalange espagnole), 13 janvier 1955.
  111. (en) Times, , Dreams of Gold
  112. (en) Time, , All Gone
  113. « Certains périodiques étrangers passent leur temps à publier des articles sur l'or espagnol déposé il y a vingt ans en Union soviétique, sans rien mentionner jamais sur l'utilisation exhaustive de cet or par le Gouvernement républicain espagnol, avec pour conséquence l'égarement de l'opinion publique en créant l'impression qu'il reste encore quelque chose de cet or. La pesée et la vérification de cet or lorsqu'il fut transféré aux autorités soviétiques, ont été faites conjointement par des représentants soviétiques et espagnols. Le Gouvernement espagnol a stipulé qu'il aurait la faculté pour payer les commandes faites à l'étranger et pour effectuer des transferts de devises par l'intermédiaire de la Banque d'État soviétique, par débit des réserves d'or déposées en Union soviétique. Selon les informations en notre possession, le Gouvernement espagnol a effectué de nombreux paiements pour ses achats à l'étranger et a donné des instructions de transfert de devises, qui furent effectués par la Banque de l'Union soviétique. Selon les données des autorités soviétiques, le Gouvernement espagnol a épuisé l'or déposé en Union soviétique. Tous les ordres de paiement du Gouvernement espagnol étaient correctement signés conjointement par Francisco Largo Caballero, premier ministre espagnol, et par Juan Negrín, ministre de la Hacienda. Plus tard, quand Negrín est devenu premier ministre, il signait en tant que tel et en tant que ministre de la Hacienda. La dernière lettre de Negrín, en date du 8 avril 1938, prouve qu'on avait épuisé l'or. La lettre demande au nom du Conseil des Ministres de la République espagnole, que se liquide la totalité de l'or espagnol restant en Union soviétique. Il faut mentionner que, à la demande du Gouvernement républicain espagnol, le Gouvernement soviétique a accordé un crédit de 85 millions de dollars US, dont n'ont été remboursés que 35. Il reste une dette (envers le Gouvernement soviétique) de 50 millions de dollars US. Negrín l'a su, puisqu'il signait tous les ordres relatifs à l'or et aux crédits. Aucun montant par débit de la réserve d'or déposé n'a été utilisé pour le soutien des émigrés et enfants espagnols ayant trouvé refuge en Union soviétique. Ces frais ont été pris en charge par l'Union soviétique et ses organisations sociales, en particulier les syndicats. » Madariaga 1979, p. 529, Olaya Morales 2004, p. 301
  114. « Nous sommes en présence d'un détournement de fonds colossal. Quelle que soit mon opinion sur Juan Negrín, je le déclare incapable de la macabre plaisanterie de stipuler, qu'au moment de mourir il remettait à Franco - si seulement il en disposa - un document qui ne représentait rien de positif (…) bien que toutes ces dépenses aient été faites en utilisant l'or déposé en Russie, il est impossible que tout en ait été complètement consommé. Je répète qu'il s'agit d'un détournement de fonds énorme. Afin de s'innocenter, la Russie aurait falsifié tous les documents justificatifs qu'il fallait, de la même manière qu'elle a falsifié tant et tant de choses pour justifier ses procédés monstrueux contre les ennemis du bolchevisme et contre les bolchevistes plus ou moins égarés. Negrín, depuis sa tombe, ne pourra nier l'authenticité de ses signatures, faites par des experts en faux. » Prieto 1967, p. 146-147
  115. (es) [2] - Agrégé d'histoire économique et des institutions économiques, université de Alcalá
  116. Historien britannique qui a vécu en Espagne dans les années 1950. confer bibliographie.
  117. (en) [3]
  118. (es) « La apertura de los archivos soviéticos y la guerra civil española (L'ouverture des archives soviétiques et la Guerre civile espagnole) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), par Stanley Payne.
  119. À l'exception de Pío Moa.
  120. Martín Aceña 2001, p. 121 et 159
  121. Moa 2003
  122. (Reig Tapia 2006).
  123. « Franco et son régime ont cultivé un lourd silence sur l'holocauste nazi et les milliers d'espagnols qui ont fini dans les camps d'extermination. Les exilés ordinaires, ces gens qui allaient à pied, étaient les assassins rouges de la guerre (…) Les réserves de la Banque d'Espagne, que la République avait dévorées jusqu'à la dernière once pour acheter des armes et des vivres dans le monde entier et ainsi ne pas s'écrouler sur les champs de bataille, que Negrín avait transporté en Russie et converti en avions, tanks, pièces d'artillerie et fusils pour combattre l'armée rebelle et ses alliés, celles-là, ces réserves d'or de la Banque d'Espagne se transformèrent tout à coup aux yeux des Espagnols de l'après-guerre, en butin de guerre des républicains, dans un rapport mythique de cupidité et de délinquance qui permettaient aux vainqueurs d'assourdir la voix douloureuse des exilés. Les gens réclament toujours des coupables, et Franco et ses jongleurs concentrèrent tous les maux et désagréments de l'après-guerre sur un ennemi concret, visible, fusillable : le franc-maçon, le rouge, le politicien libéral, le communiste … qui avaient ensanglanté les campagnes de la Péninsule et mis à sac le trésor de l'Espagne, et avait fui ses crimes à l'étranger. » García de Cortázar 2003, p. 345-346
  124. « TF1 persiste sur l'or de Moscou », L'Humanité, , [lire en ligne]
    NdT : ces termes étaient déjà utilisés bien avant cette date, en fait.
  125. (ca) [PDF] Fiche du documentaire L'Or de Moscou.