Banque commerciale pour l'Europe du Nord - Eurobank

banque française

Banque commerciale pour l'Europe du Nord
Eurobank
Création 1921
Disparition 2017
Forme juridique SA à conseil d'administration
Siège social Paris
Drapeau de la France France
Direction Dmntry Snesar
Activité Autres intermédiations monétaires

Chiffre d'affaires Comptes non disponibles

La Banque commerciale pour l'Europe du Nord – Eurobank, ou encore BCEN-Eurobank, était une banque contrôlée par l'URSS[1] ayant son siège à Paris. Elle était propriété de la Gosbank, la banque nationale de l'Union soviétique[2].

Ses anciennes activités ont été transférées en 2017 à Francfort, pour être reprises par la VTB Bank.

Historique modifier

Premières années modifier

 
Publicité pour la « Prombank », publiée en 1926 et mentionnant la Banque commerciale pour l'Europe du Nord comme intermédiaire, parmi d'autres comme la banque de Louis Hirsch et la Lloyds and National Provincial Foreign Bank (en).

La banque est fondée en 1921 à Paris, elle sert au départ d'intermédiaire avec les détenteurs de comptes étrangers en France en ce qui concerne les opérations de change, et agit dans le cadre de toutes formes de transactions commerciales entre la France et des sociétés étrangères[3]. Par l'intermédiaire de Leonid Krassine, elle s'efforce de rassembler une partie des fortunes des russes émigrés mais aussi des avoirs russes détenus à l'étranger. En 1922, Krassine délègue le cabinet d'avocat londonien Pinkerton pour dresser un bilan de ces avoirs (biens immobiliers, or, devises). En 1925, Krassine, qui tenta d'intervenir dans l'affaire de la Banque russo-asiatique, revend les parts qu'il détenait dans la banque au pouvoir bolchévique. En 1924, alors ambassadeur des Soviets en France, il parvient à rapatrier 225 millions de francs-or pour le gouvernement soviétique de la part de l'ancien agent militaire tsariste, le général de division Alexeï Alexeïevitch Ignatiev.

La banque, qui est le deuxième établissement soviétique présent à l'étranger, devient alors gestionnaire de divers comptes de correspondant auprès de banques occidentales pour garantir des lignes de crédit destinées à faciliter les importations soviétiques dans le pays dans lequel se trouve le compte du correspondant, lequel achetait des devises pour le compte de Moscou. Elle entretient des liens étroits avec la Moscow Narodny Bank Limited (en) (Московский народный банк), implantée à Londres et à Moscou dès 1919.

Elle devient une Sovzagranbank (en russe, Совзагранбанк), une banque étrangère soviétique, et, même si elle est de droit français, et se comporte comme toutes les banques françaises, elle est rattachée à des institutions comme la Gosbank.

Lors de l'épisode dit de l'« or de Moscou » (1936), cette banque servit d'intermédiaire pour le transfert de sa valeur entre l'URSS et l'Espagne républicaine, sur ses comptes bancaires[4]. Depuis Paris, les agents du Trésor et les diplomates paient les achats d'armes et de matériels acquis à Bruxelles, Prague, Varsovie, New York, Mexico, etc.

Financement du PCF et de ses organisations de masse modifier

Durant la Guerre froide, cette banque servait de banque de dépôt pour le Parti communiste français et ses organisations : ainsi, le PCF y disposait de 219 comptes et la CGT de 200 comptes, le tout avec plusieurs dizaines de millions de francs. Georges Gosnat principal trésorier du Parti en assurait la gestion. Une perquisition en 1952, ainsi que des fuites subséquentes, permit à la DST de dresser le schéma de ce système[5],[6].

Ces informations furent divulguées au public grâce à Jean Montaldo qui « fit les poubelles » de la banque, librement accessibles sur le trottoir devant son siège social et qui contenaient une partie des archives de la banque[7], accusation contestée par la banque[8].

En 1965, sur 265 employés de cette banque, seuls trois étaient des citoyens soviétiques (dont un faisait partie du conseil d'administration) ; en 1972, le nombre d'employés était passé à 300 personnes, le nombre de soviétiques n'a pas augmenté, tandis que le directeur de la banque était un citoyen français. L'actionnariat est à cette époque le suivant : État soviétique : 48 % ; Vneshtorgbank : 21 % ; autres organisations soviétiques : 30 %.

Autres modifier

En 1999, l'AFPER, regroupant des détenteurs d'emprunts russes, demanda la saisie conservatoire des actions de cette banque détenues par la Banque centrale de la fédération de Russie[9].

Fermeture modifier

En mars 2017 VTB Bank France annonce la fermeture des comptes d'épargne[10],[11]. Fin décembre 2017, elle cesse son activité. En février 2018 la banque est radiée du registre du commerce[12].

Le 31 décembre 2017 VTB Bank Europe est immatriculée à Francfort[13].

Cadres modifier

Parmi ses dirigeants, on peut citer :

Adresses parisiennes modifier

Notes et références modifier

  1. The piratization of Russia: Russian reform goes awry. Marshall I. Goldman.
  2. Pons 2006 : 368 ; Sardá 1970 : 435.
  3. L'Information financière, économique et politique, Paris, 1er décembre 1922, p. 7 — sur Retronews.
  4. Voir sur gutenberg-e.org.
  5. Frédéric Charpier, « Les « patrons rouges » au cœur des rouages financiers du Parti communiste français », dans Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, La Découverte, (DOI 10.3917/dec.orang.2014.01.0271, lire en ligne), p. 271–281
  6. Roger Faligot, « Quand le Parti communiste touchait l’argent de Moscou », dans Histoire secrète de la Ve République, La Découverte, (DOI 10.3917/dec.falig.2007.01.0607, lire en ligne), p. 607–611
  7. Cf. Jean-François Revel Mémoires, Le voleur dans la maison vide (p. 549.).
  8. « Une lettre à " l'Express " de M. de Boysson président de la B.C.E.N. », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « EMPRUNTS RUSSES : l'AFPER a demandé la saisie à titre conservatoire des actions de la BCEN-Eurobank détenues par la banque centrale de Russie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. FranceTransactions.com, « VTB Bank France cesse définitivement son activité d’épargne en ligne en France en juin 2017 », sur Guide Epargne (consulté le )
  11. « La banque en ligne VTB Bank France cesse son activité - MeilleureBanque.com », sur banque.meilleurtaux.com (consulté le )
  12. « VTB BANK (FRANCE) SA (PARIS 8) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 562061671 », sur www.societe.com (consulté le )
  13. « VTB BANK EUROPE SE (FRANKFORT AM MAIN) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 834541476 », sur www.societe.com (consulté le )
  14. Raymond Aubrac, Où la mémoire s'attarde, op. cit., p. 247-255.
  15. Vincent Peillon, le nouvel homme-clé du PS, Candice Nedelec, Gala, juin 2009.
  16. Le Petit Bleu de Paris, Paris, 13 janvier 1931 — sur Retronews.

Liens externes modifier