Jean de Montagu
Jean de Montagu ou Jean de Montaigu, né vers 1363 (1350 selon certaines sources), mort le , était un homme politique et mécène du Moyen Âge. Trésorier de France puis grand maître de France, seigneur de Montagu-en-Laye (vers Poissy, Chambourcy) et de Marcoussis, il porta les titres de vidame de Laon, de seigneur de Saclas et de capitaine de La Bastille[1].
Jean de Montagu | |
Portrait sur parchemin, de Jean de Montagu | |
Fonctions | |
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Grand maître de France | |
– (8 ans et 3 jours) |
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Président | Charles VI |
Prédécesseur | Jean le Mercier |
Successeur | Louis VII de Bavière-Ingolstadt |
Vidame de Laon | |
Biographie | |
Date de naissance | Vers 1363 |
Lieu de naissance | Royaume de France Paris |
Date de décès | |
Lieu de décès | Royaume de France Halles de Paris |
Nature du décès | Peine de mort, par décapitation et exposition au gibet de Montfaucon |
Nationalité | Française |
Père | Gérard de Montaigu ou Charles V de France |
Mère | Biette de Casinel |
Fratrie | Jean de Montagu |
Conjoint | Jacqueline de La Grange |
Enfants | Isabelle (Bonne-Elisabeth) de Montaigu, Dame de Marcoussis et de Germaine Jacqueline de Montagu |
Résidence | Chateau de Montagu |
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A gauche : Blason de Jean de Montagu et ensuite de la ville de Marcoussis A droite : Ornement Grand maître de France | |
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Biographie
modifierFiliation
modifierJean de Montagu est le fils légal de Gérard de Montagu (lui-même fils de Robert le Gros dit Montagu, de la famille des le Gros), un des secrétaires du roi Charles V, et de Biette de Casinel, sœur de Ferry Cassinel, l'archevêque duc de Reims et pair de France.
Il y a eu beaucoup de littérature contradictoire écrite sur lui, principalement au XIXe siècle. Cela a causé confusion quant à savoir s'il était le fils illégitime de Charles V ou pas, issu d'une liaison amoureuse très publique que le dauphin avait avec sa mère Biette (il porte les armoiries de sa famille en public), connue pour s'être produite après 1360, contrairement à ce que certaines autres sources affirment, quand Charles s'est éloigné de sa femme pendant un certain temps après le retour de son père de captivité quand il est relevé des responsabilités du gouvernement, et avant son retour et sa mort en Angleterre en 1364, quand Charles reprend le contrôle du gouvernement.
C'est connu avant son retour et son dernier voyage en Angleterre que le roi Jean anoblit le secrétaire royal de confiance Gérard de Montagu par lettres données à Amiens en décembre 1363, pour oindre le nouveau couple loin de la dangereuse ville de Paris (la Grande Jacquerie se déroula quelques années avant) qui élèvera le fils à naître Jean[2],[3]. En effet, le dauphin Charles n'avait eu que deux filles mortes en bas âge avec sa femme, avant de la quitter pour Biette en 1360, et n'avait pas encore de fils et héritier légitime. Il est ainsi retourné à sa femme.
Carrière
modifierUn certain nombre d'années plus tard, quand Jean de Montagu atteint l'âge adulte, le roi Charles V prend le jeune homme comme secrétaire, puis comme conseiller, et lui enseigne les façons du gouvernement avant sa mort en 1380. Jean devient un ami très intime et conseiller du jeune Charles VI. Nommé grand trésorier de France de Charles VI en 1388, puis chambellan vers 1397 et enfin grand maître de France le .
Montagu acquiert une immense fortune par le revenu de ses charges et par les nombreux dons que lui fait le roi. Ceci lui vaut l’inimitié du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, et du roi Charles III de Navarre. En 1400, il offre le bourdon Jacqueline, du nom de sa femme, à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Son frère Gérard de Montagu est alors évêque de Paris[4].
De 1404 à 1408, pendant 4 ans, Jean de Montagu consacre une grande partie de sa fortune à édifier son château à Marcoussis, considéré comme l’une des plus belles réussites architecturales du règne du roi Charles VI. En remerciement du recouvrement de la raison par Charles VI, après la tragique affaire de la forêt du Mans, il fait construire le monastère des Célestins, et reconstruire le chœur de l’église de Marcoussis. Il édifie le château de Villeconin.
Exécution
modifierAprès l'assassinat du duc d'Orléans, Jean de Montagu fut le dernier obstacle majeur pour son rival le duc de Bourgogne à prendre la régence, et les fonds du roi comme son père en avait le contrôle[5]. Jean de Montagu ignore les conseils de ses conseillers et reste à Paris pour négocier de bonne foi avec le duc de Bourgogne et sa faction. C'est alors, au cours d'une des crises de folie du roi Charles, que le duc se mit en marche.
Le , sur l’ordre de Jean sans Peur, il est arrêté par le prévôt de Paris Pierre des Essarts et emprisonné au Châtelet où il est torturé[6]. Après un procès sommaire, il est décapité aux Halles de Paris le avant que son corps soit pendu au gibet de Montfaucon. Le cadavre reste exposé au public, avant d'être retiré en 1411[7]. Trois ans plus tard, son fils Charles ayant obtenu la réhabilitation de sa mémoire, celui-ci lui fait construire un somptueux tombeau dans l’église du monastère des Célestins de Marcoussis.
Famille
modifierIl épouse Jacqueline de La Grange, fille du président du Parlement de Paris, Étienne de La Grange, et de Marie du Bois. De cette union naissent[8] :
1. Charles de Montagu, † 1415 à Azincourt âgé de 18 ans, époux de Catherine d’Albret, fille du connétable de France Charles Ier d'Albret qui mourut aussi en 1415 à Azincourt et de Marie de Sully ;
2. Elisabeth/Isabelle de Montagu, veuve de Jean VI de Pierrepont, comte de Roucy et de Braine († 1415 à Azincourt ; d'où succession), puis de Pierre de Bourbon-Préaux ;
3. Jacqueline épouse d'abord Jean de Craon — fils cadet de Guillaume II de Craon — vicomte de Châteaudun, sire de Montbazon, Grand-bouteiller († 1415 à Azincourt, sans postérité), puis Jean V Malet de Graville (d'où leur petit-fils l'amiral Louis, beau-père de Pierre de Balzac d'Entragues, avec la succession de Marcoussis : postérité) ;
4. Jeanne, fiancée à Jean IV vicomte de Melun, puis mariée à Jacques II de Bourbon-Préaux, frère de Pierre ci-dessus.
Ses trois filles ont donc épousé des grands seigneurs alliés à la cause orléaniste : le comte Jean VI de Roucy et de Braine, le vicomte de Châteaudun-Craon, et le vicomte de Melun.
Son frère, Gérard de Montagu fut évêque de Paris. Son autre frère prénommé aussi Jean[9], fut évêque de Chartres en 1389, chancelier de France en 1405, archevêque de Sens en 1406 : il fut également tué[10] lors de la bataille d'Azincourt en 1415.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Françoise Autrand, Charles VI : la folie du roi, Paris, Fayard, , 647 p. (ISBN 978-2-2130-1703-7, présentation en ligne), [présentation en ligne].
- Lucien Merlet, « Biographie de Jean de Montagu, grand maître de France (1350-1409) », Bibliothèque de l'École des chartes, Paris, Librairie J. B. Dumoulin, 3e série, t. 3, , p. 248-284 (lire en ligne).
- Fabien Roucole, Prélats et hommes de guerre dans la France du XVe siècle, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. « Le temps de l'histoire », , 307 p. (ISBN 979-10-320-0255-1, présentation en ligne, lire en ligne).
Article connexe
modifierLiens externes
modifierNotes et références
modifierRéférences
modifier- Emmanuel de Boos, Centre historique des Archives nationales (France), Marie-Françoise Damongeot, L'armorial le Breton, 2004, p. 222
- François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique … Tome Second, p. 533.
- Gustave Ducoudray, Les origines du Parlement de Paris et la justice aux XIIIe et XIVe siècles, 1902, p. 137.
- Notice no PM75000689, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
- JP. Dagnot, C. Julien. Chronique du Vieux Marcoussy: La vie de Jean de Montagu, partie 8. Octobre 2009
- Jacques Hillairet, Prisons, piloris et cachots du vieux Paris, Les éditions de minuit, Paris, 1956 p. 164 (ISBN 2-7073-1275-4)
- Claude Gauvard, Condamner à mort au Moyen Âge, Pratiques de la peine capitale en France, XIIIe – XVe siècles, Paris, P.U.F., , p. 102.
- « Jean de Montagu, 2009 », sur Chronique du Vieux Marcoussy
- Page 399 dans Histoire générale, civile et religieuse de la cité des Carnutes et du pays chartrain de Michel Jean François Ozeray (1836)
- Page 117 dans Les évêques dans l'histoire de la France de Jean Julg (2004)