Gouvernement Jacques Chirac (1)

gouvernement de la Cinquième République française
Gouvernement Jacques Chirac I

Ve République

Description de cette image, également commentée ci-après
Le Premier ministre Jacques Chirac en 1975.
Président Valéry Giscard d'Estaing
Premier ministre Jacques Chirac
Formation
Fin
Durée 2 ans, 2 mois et 29 jours
Composition initiale
Coalition UDR-FNRI-CD/CDP, CDS-PRV-CR
Ministres 15
Secrétaires d'État 21
Femmes 4
Hommes 32
Représentation
Ve législature
302  /  490
Drapeau de la France

Cet article présente la composition du gouvernement du Premier ministre Jacques Chirac, en fonction du au , durant la présidence de Valéry Giscard d'Estaing[1]. Il s’agit du premier gouvernement dirigé par Jacques Chirac.

Le premier gouvernement de Jacques Chirac est le 11e gouvernement de la Ve République française.

Contexte de formation modifier

Contexte politique et économique modifier

Choix des ministres modifier

D'après Jacques Chirac lui-même, tous les ministres du gouvernement auraient été imposés par Giscard. Seule Simone Veil, proposée par Chirac fut finalement retenue par le président[2], en lieu et place d'Anne-Marie Fritsch, un temps pressentie pour le poste de Ministre de la Santé.

Féminisation du gouvernement modifier

Le gouvernement compte six femmes ministres, dont quatre à sa nomination : Simone Veil, ministre de la Santé, Françoise Giroud, secrétaire d'État chargée de la Condition féminine, Hélène Dorlhac, secrétaire d’État à la Condition pénitentiaire, Annie Lesur, secrétaire d’État à l'Enseignement périscolaire.

Deux nommées plus tard : Alice Saunier-Seïté, secrétaire d'État aux Universités, et Christiane Scrivener, secrétaire d’État à la Consommation.

Coalition modifier

Sociologie électorale modifier

Le gouvernement Chirac I se caractérise par une proportion plus importante de ministres anciens cadres supérieurs du privé (25 %, contre 15,1 % sous le gouvernement précédent et 14,9 % sous le gouvernement suivant). Les industriels et gros commerçants comptent pour 3,3 % des ministres, et les professions libérales, 8,3 %[3].

La haute fonction publique compte pour 45 % du gouvernement. 16,7 % sont issus des Grand corps de l'État, et 10 % de la préfectorale et de la diplomatie. 18,3 % sont issus des autres administrations de la haute fonction publique[3].

1,7 % des ministres sont des anciens enseignants du supérieur, et 11,7 % ont occupé des professions intellectuelles[3].

Composition initiale modifier

Jacques Chirac est nommé Premier ministre par un décret du (JO du )[4], les ministres du gouvernement par un décret en date du (JO du )[5],[6] et les secrétaires d'État par un décret en date du (JO du )[7],[6].

Premier ministre modifier

Image Fonction Nom Parti
  Premier ministre Jacques Chirac UDR

Ministres d'État modifier

Image Fonction Nom Parti
  Ministre d'État, ministre de l'Intérieur Michel Poniatowski FNRI

Ministres modifier

Image Fonction Nom Parti
  Garde des Sceaux, ministre de la Justice Jean Lecanuet CD, CDS
  Ministre de la Défense Jacques Soufflet UDR
  Ministre des Réformes Jean-Jacques Servan-Schreiber PRV
  Ministre des Affaires étrangères Jean Sauvagnargues SE
  Ministre de l'Économie et des Finances Jean-Pierre Fourcade FNRI
  Ministre de l'Éducation nationale René Haby FNRI
  Ministre de la Coopération Pierre Abelin CD
  Ministre de l'Équipement Robert Galley UDR
  Ministre de l'Agriculture Christian Bonnet FNRI
  Ministre de la Qualité de la vie André Jarrot UDR
  Ministre du Travail Michel Durafour CR
  Ministre de la Santé Simone Veil DVD
  Ministre de l'Industrie, lors de la nomination[5], puis ministre de l'Industrie et de la Recherche[8] Michel d'Ornano FNRI
  Ministre du Commerce et de l'Artisanat Vincent Ansquer UDR

Secrétaires d'État modifier

Image Fonction Ministre de rattachement Nom Parti
  Secrétaire d'Etat aux Anciens combattants - André Bord UDR
  Secrétaire d’État aux Postes et télécommunications - Pierre Lelong UDR
  Secrétaire d'Etat aux Transports - Marcel Cavaillé FNRI
  Secrétaire d'Etat à la Culture - Michel Guy SE
  Secrétaire d'Etat au Commerce extérieur - Norbert Ségard DVD
  Secrétaire d'Etat aux Universités - Jean-Pierre Soisson FNRI
  Secrétaire d'Etat aux Départements et Territoires d'Outre-Mer - Olivier Stirn UDR
  Secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Premier ministre René Tomasini UDR
  Secrétaire d'Etat à la Fonction publique Premier ministre Roger Poudonson CD
  Secrétaire d'Etat à la Formation professionnelle Premier ministre Paul Granet UDR
  Secrétaire d'Etat; Porte-parole du Gouvernement Premier ministre André Rossi CR
  Secrétaire d'État à la Condition pénitentiaire Garde des Sceaux, ministre de la Justice Hélène Dorlhac FNRI
  Secrétaire d'Etat Ministre des Affaires étrangères Bernard Destremau FNRI
  Secrétaire d'Etat au Budget Ministre de l’Économie et des Finances Christian Poncelet UDR
  Secrétaire d'Etat à l'Enseignement préscolaire Ministre de l’Éducation Annie Lesur CD
  Secrétaire d’État au Logement Ministre de l’Équipement Jacques Barrot CDP, CDS
  Secrétaire d’État à l'Environnement Ministre de la Qualité de la vie Gabriel Péronnet PRV
  Secrétaire d’État à la Jeunesse et aux sports Ministre de la Qualité de la vie Pierre Mazeaud UDR
  Secrétaire d’État au Tourisme Ministre de la Qualité de la vie Gérard Ducray FNRI
  Secrétaire d’État au Travailleurs immigrés Ministre du Travail André Postel-Vinay SE
  Secrétaire d’État à l'Action sociale Ministre de la Santé René Lenoir SE

Modifications modifier

Remaniement du 9 juin 1974 modifier

Jean-Jacques Servan-Schreiber, ministre des Réformes, déclare le qu'il est opposé à la reprise des essais nucléaires à Moruroa[9]. Jacques Chirac fait pression sur le président de la République pour faire exclure Jean-Jacques Servan-Schreiber du gouvernement[9]. Jean-Jacques Servan-Schreiber démissionne du gouvernement le (JO du )[10]. Il n'est pas remplacé.

Nomination du 16 juillet 1974 modifier

Françoise Giroud (PRV), entre au gouvernement et est nommée le (JO du )[11] secrétaire d’État auprès du Premier ministre à la Condition féminine.

Remaniement du 22 juillet 1974 modifier

André Postel-Vinay, secrétaire d'État aux Travailleurs immigrés, en désaccord avec le Premier ministre[12] démissionne. Sa démission est officialisée le (JO du ) et il est remplacé par Paul Dijoud (FNRI)[13].

Remaniement du 29 octobre 1974 modifier

Roger Poudonson, secrétaire d'État à la Fonction publique, est élu sénateur le et décide de démissionner du gouvernement[14]. Il est remplacé par Gabriel Péronnet, jusqu'alors secrétaire d'État à l'Environnement le (JO du )[15].

Remaniement du 31 janvier 1975 modifier

À la suite des démissions de Jacques Soufflet et de Pierre Lelong, il est procédé à un remaniement le (JO du )[16] :

Remaniement du 12 janvier 1976 modifier

Ce remaniement du (JO du )[17] dispose :

  • Jean Lecanuet (CD), garde des sceaux, ministre de la Justice, est nommé ministre d'État ;
  • Pierre Abelin, ministre de la Coopération, démissionne du gouvernement et est remplacé par Jean de Lipkowski (UDR) qui entre au gouvernement ;
  • André Jarrot, ministre de la Qualité de la vie, démissionne du gouvernement et est remplacé par André Fosset qui entre au gouvernement ;
  • Norbert Ségard, ministre du Commerce extérieur, est remplacé par Raymond Barre qui entre au gouvernement ;
  • Jean-Pierre Soisson, secrétaire d'État aux Universités, est remplacé par Alice Saunier-Seïté (UDR) qui entre au gouvernement ;
  • Aymar Achille-Fould, secrétaire d'État aux Postes et Télécommunications, démissionne du gouvernement et est remplacé par Norbert Ségard (UDR) jusqu'alors ministre du Commerce extérieur ;
  • Paul Granet, secrétaire d'État à la Formation professionnelle, est remplacé par Jean-Pierre Soisson (FNRI), jusqu'alors secrétaire d'État aux Universités ;
  • Annie Lesur, secrétaire d'État à l'Enseignement préscolaire, démissionne du gouvernement et sa fonction est supprimée ;
  • Jean-François Deniau, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Agriculture, démissionne du gouvernement et est remplacé par Pierre Méhaignerie qui entre au gouvernement ;
  • Gérard Ducray, secrétaire d'État au Tourisme, démissionne du gouvernement et est remplacé par Jacques Médecin (FNRI) qui entre au gouvernement ;
  • Pierre-Christian Taittinger entre au gouvernement et est nommé secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de l’Intérieur ;
  • Jean François-Poncet entre au gouvernement et est nommé secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères ;
  • Christiane Scrivener entre au gouvernement et est nommée secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances (Consommation) ;
  • Lionel Stoléru (PRV) entre au gouvernement et est nommé secrétaire d’État auprès du ministre du Travail (Condition des travailleurs manuels) ;
  • Paul Granet, jusqu'alors secrétaire d'État à la Formation professionnelle, est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de la Qualité de la vie (Environnement) (ce poste n'était pas pourvu depuis la nomination de Gabriel Péronnet le ) ;
  • Jean Tiberi (UDR) entre au gouvernement et est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’Agriculture et du ministre de l'Industrie et de la Recherche (Industries alimentaires).

Ajustement du 27 juillet 1976 modifier

Jean François-Poncet, jusqu'alors secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, démissionne du gouvernement le (JO du )[18] pour être nommé secrétaire général de la présidence de la République (JO du )[19].

Ajustement du 4 août 1976 modifier

Marcel Bigeard, secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, démissionne du gouvernement[20] le (JO du )[21].

Actions modifier

Politique budgétaire modifier

Devant les conséquences néfastes du premier choc pétrolier et la baisse de la demande intérieure et des investissements, les experts économiques recommandent des relances keynésiennes passant par l'investissement public dans l'économie, qui font gonfler provisoirement la dette publique, afin de compenser la ponction sur la demande et l'investissement privés. Cette stratégie doit s'appliquer aux pays « locomotives », ceux qui abordent cette crise avec de forts excédents (Allemagne, Japon). Cependant, le Premier ministre Jacques Chirac décide dès l'automne 1975 un plan de soutien à la croissance (relance Chirac).

La relance est divisée entre plusieurs volets : 15 milliards de francs pour des grands travaux, comme le TGV, 5 milliards d'augmentation des allocations sociales et 18 milliards de baisses d'impôts afin de générer du pouvoir d'achat. Le SMIC augmente de 8,4% en 1974, et 6,6% en 1975, et 4,7% en 1976. Cela permet à la France de retrouver dès 1976 son taux de croissance de 1974 (4,3%)[22].

Politique industrielle et de l'emploi modifier

Le gouvernement doit faire face à la destruction progressive des emplois dans la sidérurgie après la récession de 1975. La demande d'acier mondiale chute de 16% ; en France, les installations tournent à 70% de leur capacité ; un sidérurgiste français produisant 175 tonnes d'acier par an, contre 250 pour un sidérurgiste américain ou 360 pour un sidérurgiste japonais, les destructions d'emploi commencent. Raymond Barre héritera de ce dossier lorsqu'il sera nommé Premier ministre et mettra en place des plans de refinancement étatique de la sidérurgie française, malgré la suppression de plus de 20 000 emplois.

Afin de faire face à la montée du chômage, est instaurée en janvier 1975 l'autorisation de licenciement administrative, selon laquelle tout licenciement doit être validé par l’État. Elle protège ainsi les insiders. Les blocages du marché du travail qui suivent ont comme conséquence indirecte que les difficultés se concentrent sur les populations où l’écart entre le salaire et la productivité est le plus grand.

Finances publiques modifier

Le déficit budgétaire au bouclage du budget 1975, voté fin 1974, était de 4 milliards de francs ; il est augmenté à 38,2 milliards (2,6% du PIB) dans le budget 1976, voté à la fin de l'année précédente.

Deux problèmes se posent au gouvernement. Tout d'abord, le prix à payer pour ce niveau de croissance a été un creusement important du déficit extérieur français ; ensuite, l'impact sur le chômage est relativement faible, car il a continué à augmenter. En octobre 1975, le nombre de chômeurs dépasse 1 million de personnes. Cela signe un échec partiel de cette relance keynésienne.

Politique sociale modifier

Le gouvernement Chirac (1) met en œuvre une politique sociale ambitieuse. Le 1er juillet 1974, le minimum vieillesse est majoré de 21 %[23]. Le 11 juillet 1974, l'adultère cesse d'être un délit. La loi du 16 juillet 1974 crée l'allocation de rentrée scolaire. Un accord interprofessionnel du 14 octobre 1974 met en place une indemnisation de 90 % du salaire brut, versée un an, pour compenser les salariés victimes de licenciement économique[23].

Le 5 décembre 1974, la seconde loi Neuwirth est votée, la pilule contraceptive devient accessible aux mineures sans autorisation parentale, et est remboursée par la Sécurité sociale[23]. Le 20 décembre, la loi Veil est votée[23].

Le 25 février 1975, le Parlement vote le déblocage de 3,6 milliards de francs, destinés à soutenir la consommation des plus défavorisés[23].

En juin 1975, une loi met en œuvre une politique du handicap qui fait de l'éducation des Français handicapés une obligation nationale, et crée l'allocation adulte handicapé. Le même mois, la loi facilitant le divorce par consentement mutuel est votée. En juillet 1976, l'allocation de parent isolé est créée[23].

Politique migratoire modifier

Le 5 juillet 1974, une circulaire du secrétaire d’État chargé de la Condition des travailleurs manuels suspend l'immigration de travail pour les non-communautaires[23]. Le 29 avril 1975, le gouvernement autorise le regroupement familial pour les immigrés[23].

Politique scolaire modifier

Le 20 juin, la loi Haby instaurant le collège unique est votée[23].

Analyse de la popularité modifier

Démission modifier

Le gouvernement démissionne le (JO du )[24].

Notes et références modifier

  1. « Tous les gouvernements depuis 1958 », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  2. « Jacques Chirac : son ultime interview radio sur Europe 1 - YouTube », sur www.youtube.com (consulté le )
  3. a b et c Birnbaum, Pierre., Les Elites socialistes au pouvoir : les dirigeants socialistes face à l'Etat, 1981-1985, Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-039351-9 et 978-2-13-039351-1, OCLC 13459377, lire en ligne)
  4. Décret du 27 mai 1974 portant nomination du Premier ministre
  5. a et b Décret du 28 mai 1974 portant nomination des membres du gouvernement
  6. a et b Composition du gouvernement sur le site gouvernement.fr
  7. Décret du 8 juin 1974 portant nomination des membres du gouvernement
  8. Décret du 14 juin 1974 relatif aux attributions du ministre de l'Industrie et de la Recherche
  9. a et b « La fin des essais aériens français », sur moruroa.assemblee.pf (consulté le )
  10. Décret du 9 juin 1974 mettant fin aux fonctions d'un membre du gouvernement
  11. Décret du 16 juillet 1974 portant nomination d'un membre du gouvernement
  12. Sylvain Laurens, « « 1974 » et la fermeture des frontières. Analyse critique d'une décision érigée en turning-point », Politix, vol. 82, no 2,‎ , p. 69-94 (ISSN 1953-8286, lire en ligne, consulté le )
  13. Décret du 22 juillet 1974 portant nomination d'un membre du gouvernement
  14. Daniel Amson, La République du flou, Paris, éd. Odile Jacob, , 252 p. (ISBN 2-7381-1065-7 et 978-2-73811065-7, lire en ligne), p. 147.
  15. Décret du 29 octobre 1974 portant nomination d'un membre du gouvernement
  16. Décret du 31 janvier 1975 relatif à la composition du gouvernement
  17. Décret du 12 janvier 1976 relatif à la composition du gouvernement
  18. Décret du 27 juillet 1976 mettant fin aux fonctions d'un membre du gouvernement
  19. Arrêté du 27 juillet 1976 de la présidence de la République
  20. Guillaume Tabard, « L'héritage politique du général Bigeard », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le )
  21. Décret du 4 août 1976 mettant fin aux fonctions d'un membre du gouvernement
  22. Daniel, Jean-Marc, (1954- ...), Le gâchis français : 40 ans de mensonges économiques, Paris, Tallandier, dl 2015, ©2015, 265 p. (ISBN 979-10-210-0287-6, OCLC 924058241, lire en ligne)
  23. a b c d e f g h et i Félix Torres, Le virage manqué : 1974-1984 : ces dix années où la France a décroché, (ISBN 978-2-37615-076-3 et 2-37615-076-0, OCLC 1202626089, lire en ligne)
  24. Décret du 25 août 1976 relatif à la cessation des fonctions du gouvernement

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Lien externe modifier