Loi Haby
La loi Haby, qui doit son nom au ministre français de l'Éducation nationale René Haby, est une loi française du qui avait été voulue personnellement par le président de la République Valéry Giscard d’Estaing[1],[2].
Titre | Loi relative à l'éducation |
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Référence | Loi no 75-620 |
Pays | France |
Langue(s) officielle(s) | Français |
Adoption | |
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Publication | JORF , p. 7180 |
Version en vigueur | Intégré dans le Code de l'éducation |
Abrogation | juin 2000 |
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Sur Légifrance : Fac-similé, texte avant son intégration au Code de l'éducation
Elle prévoit notamment la mise en place d'un « collège pour tous » (le premier cycle du « secondaire ») en continuité de l'« école pour tous » (le « primaire »). C'est la raison pour laquelle on parle dès lors de « collège unique ».
Contenu
modifierD'une part, la loi Haby poursuit le processus de généralisation de l'enseignement, initié par les lois votées sous Jules Ferry (1882) : elle prévoit la gratuité des études au collège, indispensable alors que l'âge légal de la fin de l'obligation scolaire est à 16 ans depuis 1959.
D'autre part, elle homogénéise le contenu des disciplines, et par là-même les connaissances des élèves français. Aussi les disciplines qui sont enseignées au collège sont tant intellectuelles que manuelles.
Parmi les autres dispositions, la loi Haby reconnaît pour la première fois la notion de « communauté éducative » réunissant les élèves, les enseignants, les personnels non enseignants et les parents d'élèves. Elle favorise l'enseignement des langues régionales en prévoyant qu'elles pourront être étudiées tout au long de la scolarité. La loi établit aussi que l'architecture scolaire doit jouer un rôle pédagogique.
Critiques
modifierÉtendard de l’égalité des chances lors de sa création en 1975, le collège unique fait immédiatement l’objet de vives critiques, particulièrement le risque d’instauration d'un « savoir minimal » vu comme une réduction du champ des savoirs[3].
Le philosophe d'extrême-gauche Jacques Derrida s'est opposé à la loi Haby. Selon lui, elle visait à produire des travailleurs et non des citoyens. Elle était une réponse à la demande du patronat et un instrument de sujétion sociale[4].
Dès 1980 un livre au titre significatif, La Génération sacrifiée : les dégâts de la réforme de l’enseignement, écrit par le philosophe d'extrême-droite Jean-Marie Benoist[5], dénonce un « égalitarisme absurde, forcené, uniformisateur et lacunaire qui se substitue au thème de l’égalité des chances[1] ».
Outre son principe, la mise en œuvre de la loi est aussi beaucoup contestée[6] parce que les finalités du collège unique sont loin d’être atteintes : il n’a pas permis d’effacer les effets des inégalités sociales sur la réussite scolaire et de fortes disparités demeurent entre les collégiens[6], tandis que l’acquisition des savoirs fondamentaux tend à baisser[7].
Claude Lelièvre, historien français de l'éducation, note que dès 1976, le Syndicat national des lycées et collèges dénonçait la finalité de cette loi comme étant de « faire passer dans les faits le plan Langevin-Wallon et s’inspirer de la doctrine du Parti communiste[2] » ; « les textes du ministre annoncent pour les prochaines années la fin d’un enseignement de qualité et de culture générale. La volonté délibérée de freiner les bons élèves est flagrante[2] ». De son côté Guy Bayet, président de la Société des agrégés, s’en prenait au « tronc commun, néfaste à tous les élèves » ; et l’Union nationale inter-universitaire, syndicat étudiant d'extrême-droite, condamnait « le principe du programme unique de la sixième à la troisième qui équivaut en fait à instituer le tronc commun que l’UNI a toujours combattu[1] ».
En 1994, François Bayrou, ministre de l’éducation nationale, dénonce l’uniformité du collège unique[3], puis l'inégalité persistante entre les établissements, la montée de la violence, l'hétérogénéité des élèves, apparaissaient comme ses maux, qu’aucune réforme ne parvient à éradiquer[3].
Slate en 2015 note que le bien-être des enfants français à l’école diminue sensiblement à partir du collège[8], que la violence et le harcèlement sont en hausse et à un niveau parmi les plus élevés d’Europe[8], les bons élèves étant situés en première ligne pour les brimades[8]. Le collège est aussi un lieu où se défait la confiance en soi, une partie des jeunes étant en voie de relégation ou de décrochage[8]. L'échec scolaire ne diminue pas[9].
Références
modifier- "Réforme Haby" ou collège unique giscardien ?, in L'École des Présidents, Odile Jacob, 1995, pages 177 à 189.
- La loi Haby a été promulguée il y a quarante ans déjà, EducPro, 10 juillet 2015.
- Quarante ans de collège unique, journal La Croix, 11/03/2015.
- « Les corps divisés. Réponses à la Nouvelle Critique », sur redaprenderycambiar.com.ar via Internet Archive (consulté le ).
- Jean-Marie Benoist, La Génération sacrifiée : les dégâts de la réforme de l’enseignement, Denoël, 1980.
- Le débat sur le collège unique, Vie publique, 28 juin 2019.
- Pourquoi les élèves français ont un niveau si médiocre, Les Echos, 15 mars 2013.
- Niveau scolaire: la France stagne dans le classement Pisa, Le Figaro, 4/12/2019.
- Baromètre Voltaire, Les Français et l’orthographe, 1re édition, juin 2015.
- Sondage Ipsos : la maîtrise de la langue française, priorité des employeurs devant celle de l’anglais, Projet Voltaire, 25 octobre 2021. - Réforme du collège: l’inconsolable chagrin des ex-bons élèves, Slate, 18 mai 2015.
- L'oubli du véritable échec scolaire, Ouest-France, 19/05/2015.