Gelao (langue)

langue taï-kadaï

Gelao
Pays Chine, Viêt Nam
Région Guizhou, Yunnan, Guangxi
Nombre de locuteurs 5 400 (en 2007)[1]
Classification par famille
Codes de langue
IETF giq, gir, giw, giu, gqu, aou
ISO 639-3 giq – gelao vert, gelao vert de Liangshui
gir – gelao rouge
giw – gelao blanc, gelao blanc de Niupo
aou – a'ou, a'ou de Hongfeng, gelao rouge de Pudi
giu – mulao
gqu – gao
Glottolog gela1265

Le gelao est une langue taï-kadaï, de la branche ge-yang, parlée en Chine, dans les provinces de Guizhou, Yunnan et Guangxi et dans le nord du Viêt Nam par les Gelao.

Langue menacée modifier

Le gelao est parlé par environ 3 000 personnes dans l'ouest de la province de Guizhou, la région traditionnelle de peuplement gelao, et par 2 400 autres locuteurs vivant dans les provinces de Guangxi et de Yunnan, ainsi qu'au Viêt Nam. le nombre de locuteurs baisse rapidement, surtout au Guizhou[1].

Au recensement de 1990, presque 600 000 Chinois se déclaraient membres de la nationalité gelao, soit 380 000 de plus qu'au recensement de 1982. Il s'agit de Han vivant dans le Nord du Guizhou qui revendiquent leurs origines gelao mais ne parlent pas la langue. Les Gelao chinois vivant en dehors du Guizhou sont comptés parmi les Yi, les Yao ou les Zhuang[1].

Classification modifier

Le gelao est un ensemble de parlers qui font partie des langues kadaï, un des groupes des langues taï-kadaï.

Le gelao (en chinois 仡佬) est constitué d'un grand nombre de parlers souvent isolés géographiquement les uns des autres. Les Gelao cohabitent, de plus, avec des locuteurs d'autres langues. Cela fait qu'il n'y a généralement pas d'intercompréhension entre les différents parlers, même proches géographiquement[2].

He (1983) les regroupe en quatre ensembles[3] :

Ostapirat (2000) modifie cette répartition en trois branches[4] :

  • Gelao central, qui regroupe les parlers gao
  • Gelao du Nord qui comprend les parlers a'ou de Qiaoshang, Bigong, longli, Longjia
  • Gelao du Sud-Ouest, regroupant les parlers duoluo de Laozhai, Niupo, Dingyinshao, Ban Ma Che (Viet Nam), le parler a'ou de Pudi et les parlers hagei de Sanchong, Qinglong

De nombreuses variétés ne sont pas incluses dans cette classification car insuffisamment documentées.

Edmondson (2008) reprend la classification d'Ostapirat[2].

SIL International modifier

Le SIL International, organisme chargé de l'attribution des codes ISO 639-3, a d'abord donné un code unique au gelao (gio) qui a été retiré en 2012 et séparé en cinq variétés[5] :

Le code giu a été créé en 2012 pour le mulao[6].

Glottolog modifier

La base de données linguistiques Glottolog a quant à elle créé une sous-famille appelée en anglais Gelaoic (gelaoïque), qui comprend le gao et deux sous-familles[7] :

Comparaison des parlers gelao modifier

Les tableaux montrent les différences phonétiques entre les parlers gao de Wanzi, gelao rouge de Longjia, gelao vert de Qinglong et gelao blanc de Dingyinshao[8].

Consonnes initiales modifier

Wanzi Longjia Qinglong Dingyinshao
trou phu44 poŋ21 bu21 mpau21
parole, langage tshen44 ti33 dʐe21 ntoŋ21
voler, dérober len13 toŋ55 leŋ42 la33
champignon qau33 khɤu33 kei55 ʔlau21

Tons modifier

Les tons peuvent changer d'un parler à l'autre[9].

Wanzi Longjia Qinglong Dingyinshao
eau əɯ55 55 ŋ42 33
chemin, route qen33 xeŋ33 kuŋ55 plɑ̃21
serpent ŋkau44 ŋɤu21 ŋo21 ŋau21
aller, s'en aller vu13 ʑu55 ɦo42 vu33

Vocabulaire modifier

Différences dans le vocabulaire modifier

Le vocabulaire varie selon les parlers. De nombreux mots ne sont pas étymologiquement apparentés[10].

Wanzi Longjia Qinglong Dingyinshao
champ zəɯ13 a55pan55 ʐu42 təu35paŋ33
bassin, pot vai13 tei21xɐu55 phen55[[11]] le21qhoŋ33
porte ŋka33 pi33ŋɐu21 bi42biŋ55 pi33ŋɐu21
avoir, posséder ɳe44 21 be13 21

Numéraux modifier

Les numéraux de un à dix dans les parlers gelao blanc de Judou (居都), Wantao (弯桃) et Moji (磨基), gelao vert de Sanchong (三冲), gao de Dongkou (洞口) et Dagouchang (大狗场) et a'ou de Bigong (比工)[12].

Judou Wantao Moji Sanchong Dongkou Dagouchang Bigong
un tsɿ55 tsɿ55 tsɿ53 ʂɿ53 sɿ44 si33 sɿ55
deux səɯ31 sou31 səu31 ʂa35 sou33 su33 səɯ33
trois ta31 ta31 ta31 taːu35 tau33 ta33 31
quatre pu31 pu31 pu31 pu35 pu33 pu33 31
cinq mlɯ31 mjau31 mlaːu31 mai31 mo31 mpu33 31
six tɕhiu31 tɕhiau31 tɕhiau31 ɲaŋ31 naŋ31 naŋ33 nai33
sept xən31 hei31 hai31 tʂaːu35 ɕi55 ɕi13 thɔ31
huit 31 he31 he31 ʐaːu31 xei24 zua55 ʑɔ31
neuf 31 kou31 kəu31 ʂo53 31 səɯ13 ʑəɯ31
dix tsei35 tshei31 tshai53 ʂʅ53pe53 tɕhi24 pɑn13 hui13

Notes et références modifier

  1. a b et c Bradley 2007, p. 372.
  2. a et b Edmondson 2008, p. 657.
  3. He 1983, p. 61.
  4. Ostapirat 2000, p. 33.
  5. (en) « Documentation for ISO 639 identifier: gio », sur SIL International.
  6. (en) « Documentation for ISO 639 identifier: giu », sur SIL International.
  7. (en) « Subfamily: Gelaoic », sur Glottolog.org.
  8. He 1983, p. 64-65.
  9. He 1983, p. 65.
  10. He 1983, p. 66-67.
  11. Emprunt au chinois 盆 pén.
  12. Li 2011 p. 6, sauf les parlers de Moji et Sanchong, Liang et Zhang 1996, p. 40-41.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) David Bradley, 2007, East and Southeast Asia dans Christopher Moseley, (éditeur) Encyclopedia of the World's Endangered Languages, p. 349-422, Abingdon, Routledge.
  • (en) Jerold A. Edmondson 2008, Kra or Kadai Languages, dans The Tai-Kadai Languages (éditeurs, Anthony Van Nostrand Diller, Jerold A. Edmondson, Yongxian Luo), p. 653-670, Londres, Routledge.
  • (zh) He Jiashan, 1983, 仡佬语简志 - Gēlǎoyǔ jiǎnzhì, Pékin, Mínzú chūbǎnshè.
  • (zh) Li Jinfang, Zhou Guoyan, 1999, 仡央语言探索 - Gēyāng yǔyán tànsuǒ - Studies on Outlier Kam-Tai, Pékin, Zhōngyāng mínzú dàxué chūbǎnshè (ISBN 7-81056-289-4)
  • (zh) Li Jinfang, 2011, 仡央语与彝语的接触关系 - Gēyāngyǔyǔ yíyǔ de jiēchù guānxì
  • (zh) Liang Min, Zhang Junru, 1996, 侗台语族概论 - Dòngtáiyǔzú gàilùn, Pékin, Zhōngguó shèhuì kēxué chūbǎnshè (ISBN 7-5004-1681-4)
  • (en) Weera Ostapirat, 2000, Proto-Kra, Linguistics of the Tibeto-Burman Area 23:1, p. 1-251.

Articles connexes modifier