Cyrano de Bergerac (film, 1990)
Cyrano de Bergerac est un film français réalisé par Jean-Paul Rappeneau, sorti en 1990. Il s'agit d'une adaptation de la pièce de théâtre éponyme d'Edmond Rostand, avec Gérard Depardieu dans le rôle-titre.
Réalisation | Jean-Paul Rappeneau |
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Scénario |
Jean-Paul Rappeneau Jean-Claude Carrière |
Musique |
Jean-Claude Petit Kurt Kuenne |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Caméra One DD Productions Films A2 Hachette Première UGC |
Pays de production | France |
Genre |
Comédie dramatique Historique |
Durée | 137 minutes |
Sortie | 1990 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Faite par Jean-Claude Carrière et Jean-Paul Rappeneau, l'adaptation raccourcit par endroits le texte d'origine, tout en enrichissant le jeu de scène et les lieux de l'action, et en ajoutant de nombreuses scènes annexes, généralement muettes, qui ne figurent pas dans la pièce.
Le film et la prestation de Gérard Depardieu ont obtenu de nombreuses récompenses, notamment lors des Césars de l'année 1991 qui leur ont en majeure partie été attribués.
Synopsis
Paris, 1640. Au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, un curieux personnage dont l’esprit est aussi acéré que la rapière, n’hésite pas à ridiculiser l’un des comédiens de la troupe et provoque un duel au milieu d'une foule admirative. Cet homme, c'est le grand Savinien de Cyrano de Bergerac (Gérard Depardieu) ; poète, fin bretteur, beau parleur, il ne craint ni le sang, ni les sots. Hélas, il est laid ; affublé d'un nez aux proportions peu communes, il désespère de pouvoir un jour séduire son amour de toujours, la belle Roxane (Anne Brochet), sa cousine.
Mais la précieuse, pour son plus grand malheur, n’a d’yeux que pour le beau et timide Christian de Neuvillette (Vincent Pérez), qui l’aime également en cachette. Son seul défaut : il n’a pas d’esprit, et n’est pas doué pour s’adresser aux femmes. C’est pourquoi il demande à Cyrano de l’aider à conquérir la belle tant convoitée, ignorant les sentiments de ce dernier pour elle. Inspiré par ses paroles élégantes et, bien sûr, on ne peut plus sincères, Christian s’attire les faveurs de la tendre Roxane. Mais c’était sans compter le cruel comte de Guiche (Jacques Weber) qui, lui aussi, convoitait la belle, et la guerre contre les Espagnols qui frappe aux portes du pays. Sous le commandement du comte, Cyrano et Christian sont tous deux mobilisés en qualité de cadets du Roy Louis XIII.
Assiégés et affamés, les cadets de Gascogne survivent tant bien que mal, retranchés dans une place forte dont ils ne peuvent sortir. Pourtant, Cyrano ayant réussi seul à faire passer quotidiennement des lettres (sous le nom de Christian) à Roxane, celle‐ci rejoint un jour le camp, accompagnée de l’ami pâtissier Ragueneau et de vivres, pour rejoindre son aimé. Christian, s’étant aperçu de l’amour que Cyrano lui portait et recevant d’elle l’aveu que son amour avait dépassé sa beauté pour ses mots, pousse son rival à lui avouer la vérité sur l’auteur des missives durant une attaque des Espagnols ; mais, blessé au cours d’une offensive, Christian meurt dans les bras de Roxane avant qu’elle n’ait pu avoir connaissance de leur secret. Cyrano, devant le malheur qui frappe sa cousine, choisit de taire la vérité pour toujours.
Quatorze ans plus tard, un Cyrano grisonnant et miséreux visite comme à l’accoutumée sa cousine dans un couvent de Paris, dans lequel elle s’est retirée pour faire son deuil. Mais, victime en chemin d’un attentat commandité par l’un de ses nombreux ennemis, il est gravement blessé à la tête. Dans un ultime élan, il se rend tout de même auprès de son amour — à la suite d’une visite du comte — pour la voir une dernière fois, feignant de bien se porter. Là, il lui demande la dernière « lettre de Christian » trouvée sur son corps, dont elle ignore toujours qu’il en est le véritable auteur. Toutefois, comme il finit distraitement par la réciter par cœur, d’une voix haute se rappelant à son bon souvenir et alors que la nuit est tombée, Roxane comprend « toute la généreuse imposture » et perce à jour son cousin. Mais il est trop tard ; rejoint par ses fidèles amis Le Bret et Ragueneau, Cyrano se meurt sous leurs yeux. Dans une ultime révérence, c’est l’épée à la main que, titubant, il mouline, s’effondre puis s’éteint dans les bras de sa bien‐aimée, comme il vécut : avec un valeureux panache.
Fiche technique
- Titre original et québécois : Cyrano de Bergerac[1]
- Réalisation : Jean-Paul Rappeneau
- Scénario : Jean-Paul Rappeneau et Jean-Claude Carrière, d'après la pièce éponyme d'Edmond Rostand
- Musique : Jean-Claude Petit et Kurt Kuenne
- Décors : Ezio Frigerio et Jacques Rouxel
- Costumes : Franca Squarciapino
- Photographie : Pierre Lhomme
- Montage : Noëlle Boisson
- Production : René Cleitman, Michel Seydoux et André Szöts
- Sociétés de production[2] : Caméra One, DD Productions, Films A2, Hachette Première et UGC
- Sociétés de distribution : UGC et Carlotta Films
- Budget : 15 250 000 €[3]
- Pays de production : France
- Langue originale : français, occitan
- Format[4] : couleur - 35 mm - 1,66:1 (VistaVision) - son Dolby stéréo | LC-Concept Digital Sound
- Genre : comédie dramatique, historique, romance
- Durée : 137 minutes
- Dates de sortie[5] :
- Classification[6] :
- France: tous publics[7]
- Belgique : tous publics (Alle Leeftijden)[8]
- Québec : tous publics (G - General Rating)[1]
Distribution
Crédités
- Gérard Depardieu : Cyrano de Bergerac
- Anne Brochet : Magdeleine Robin dite « Roxane »
- Vincent Pérez : Christian de Neuvillette
- Jacques Weber : le comte de Guiche
- Roland Bertin : Ragueneau
- Philippe Morier-Genoud : Le Bret
- Philippe Volter : le vicomte de Valvert
- Pierre Maguelon : Carbon de Castel-Jaloux
- Josiane Stoléru : la duègne
- Jean-Marie Winling : Lignière
- Anatole Delalande : l’enfant
- Alain Rimoux : le père
- Louis Navarre : le fâcheux
- Gabriel Monnet : Montfleury
- François Marié : Bellerose
- Pierre Triboulet : Jodelet
- Jacques Pater : le tire-laine
- Catherine Ferran : Lise Ragueneau
- Jérôme Nicolin : le capucin
- Hervé Pauchon : un cadet
- Christian Loustau : un cadet
- Érick Bernard : un cadet
- Alain Perez : un cadet
- Frank Ramon : un cadet
- Alain Dumas : un cadet
- Franck Jazédé : un cadet
- Madeleine Marion : la mère supérieure
- Amélie Gonin : sœur Marthe
Crédités dans la version restaurée
- Ludivine Sagnier : la petite sœur à la pâtisserie
- Sandrine Kiberlain : sœur Colette
- Isabelle Gruault : sœur Claire
- Pierre Aussedat : un des marquis
- Michel Fau : un des poètes
- Michel Vuillermoz
Non crédités
Production
Tournage
- Le tournage a eu lieu dans une quinzaine de villes[9]. Parmi celles-ci :
- plusieurs séquences ont été tournées au Mans, dans la cité Plantagenêt. Une scène a même été filmée dans le lycée Montesquieu. L'escalier principal a pris ensuite le nom de Gérard Depardieu.
- Fontainebleau
- Moret-sur-Loing
- Uzès
- Dijon, rue de la Chouette et hôtel de Vogüé
- Marmagne : abbaye de Fontenay.
- Gambais
- Saint-Germain-lès-Arpajon
Les droits de la pièce créée en 1897 étant tombés dans le domaine public, le producteur a pu investir dans quarante décors soit en France soit en Hongrie.
Bande originale
Bande originale du film
Musique composée et dirigée par Jean‑Claude Petit
Sortie | [10] (CD) |
---|---|
Durée | 48:47 |
Genre | Bande originale |
Format | Album |
Compositeur | Jean-Claude Petit |
Label | (Disques) Trema |
La bande originale du film est composée par Jean-Claude Petit[10].
Liste des titres[10] | |||||||||
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No | Titre | Durée | |||||||
1. | Cyrano | 1:27 | |||||||
2. | Les lustres | 2:43 | |||||||
3. | La lanterne magique | 1:30 | |||||||
4. | Le duel | 3:23 | |||||||
5. | La porte de Nesle | 2:08 | |||||||
6. | Roxane | 2:50 | |||||||
7. | Non merci | 1:57 | |||||||
8. | Les lettres | 1:48 | |||||||
9. | La visite du comte | 2:04 | |||||||
10. | Le mariage | 1:16 | |||||||
11. | Le luth | 1:35 | |||||||
12. | Les précieuses | 1:33 | |||||||
13. | La déclaration de Cyrano | 2:45 | |||||||
14. | Le dément | 1:17 | |||||||
15. | Le fifre | 1:24 | |||||||
16. | L'arrivée de Roxane | 3:29 | |||||||
17. | La messe des Espagnols | 1:50 | |||||||
18. | La mort de Christian | 3:04 | |||||||
19. | Le chant des nonnes | 1:30 | |||||||
20. | L'aveu | 2:37 | |||||||
21. | La mort de Cyrano | 2:40 | |||||||
22. | Générique de fin | 3:57 | |||||||
48:47 |
Sortie et promotion
Plusieurs commentateurs attribuent au scandale provoqué par une interview de Gérard Depardieu aux États-Unis l'échec du film aux Oscars malgré ses nombreuses nominations, et alors que Depardieu partait favori après avoir déjà reçu le Prix d'interprétation masculine du Festival de Cannes et le César du meilleur acteur[11],[12].
Box office
Pays ou région | Box-office |
---|---|
France | 4 732 136 entrées |
Espagne | 1 565 224 entrées[13] |
Allemagne | 1 182 580 entrées[14] |
Royaume-Uni | 859 502 entrées[15] |
États-Unis | 1 375 900 entrées [16] - 5 820 020 $ |
Italie | 450 000 entrées [17] |
Suède | 120 363 entrées [16] |
Total hors France | 5 553 569 entrées |
Total Monde | 10 285 505 entrées |
Écarts avec le texte de la pièce originale
Jean-Claude Carrière écrivit une bonne centaine d'alexandrins à la manière de Rostand. Il a également raccourci de nombreux passages, comme :
Acte I, scène 4 :
Texte original : | Version Rappeneau : |
|
|
Autre exemple : la suppression de deux vers de la scène du dernier acte (lecture de la lettre par Cyrano) lorsque Roxane comprend enfin ce qui s'est passé :
- Et pendant quatorze ans, il a joué ce rôle
- D'être le vieil ami, qui vient pour être drôle.
D'autres passages ont été à la fois coupés et remaniés, comme, celui-ci (Acte III, scène 7) :
- Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai,
- Pour sortir le matin tu changeas de coiffure !
- J'ai tellement pris pour clarté ta chevelure
- Que, comme lorsqu'on a trop fixé le soleil,
- On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil,
- Sur tout, quand j'ai quitté les feux dont tu m'inondes,
- Mon regard ébloui pose des taches blondes !
Qui est devenu :
- Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai,
- Pour sortir le matin tu changeas de coiffure !
- Un soleil m'éblouit : c'était ta chevelure !
Le travail d'adaptation, de l'aveu même de Jean-Claude Carrière[18], a été considérable : la pièce originelle dure quatre heures, la durée du film, elle, est de deux heures dix-sept (avec le générique de début et celui de fin).
L'acteur Jacques Weber, interprète du comte de Guiche dans cette adaptation, est lui-même un fervent amateur de la pièce de Rostand : durant sa carrière théâtrale, il a maintes fois mis en scène Cyrano de Bergerac, et a interprété le rôle-titre cinq cents fois de 1979 à 1985. Il a aussi publié deux ouvrages sur son rapport à l’œuvre :
- Il a également réalisé, en 2021, Atelier Cyrano, un film produit conjointement par le théâtre de l’Atelier et Magnéto Prod.
Distinctions
Entre 1990 et 2011, Cyrano de Bergerac a été sélectionné 66 fois dans diverses catégories et a remporté 31 récompenses[19],[20].
Cyrano de Bergerac est notamment nommé aux cinq César majeurs (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice et meilleur scénario original). Il remporte ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur.
Avec Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait (nommé au César 2021), le film détient le plus grand nombre de nominations aux César (13)[21], jusqu'à Illusions perdues, nommé à 15 reprises lors des César 2022[22].
Distinctions 1990
Distinctions 1991
Distinctions 1992
Notes et références
- « Cyrano de Bergerac », sur cinoche.com (consulté le ).
- « « Cyrano de Bergerac - Société de Production / Sociétés de distribution » » ((en) sociétés de production et de distribution), sur l'Internet Movie Database (consulté le ).
- « Budget du film Cyrano de Bergerac », sur JP box-office.com (consulté le ).
- « « Cyrano de Bergerac - Spécifications techniques » » (spécifications techniques), sur l'Internet Movie Database (consulté le ).
- « « Cyrano de Bergerac - Dates de sortie » » (dates de sortie), sur l'Internet Movie Database (consulté le ).
- « « Cyrano de Bergerac - Guide Parental » » ((en) guide parental), sur l'Internet Movie Database (consulté le ).
- « Visa et Classification - Fiche œuvre Cyrano de Bergerac », sur CNC (consulté le ).
- « Cyrano de Bergerac », sur cinebel.dhnet.be (consulté le ).
- Lieux de tournage cinématographique de Cyrano de Bergerac.
- « Discogs — Jean‑Claude Petit — Cyrano de Bergerac (un film de Jean-Paul Rappeneau) (Bande originale du film) » (consulté le ).
- Vincent Formica, « Cyrano de Bergerac sur France 2 à 14h : quel scandale a empêché Depardieu de décrocher un Oscar ? », sur Allociné.fr, (consulté le ).
- Raphaëlle Bacqué et Samuel Blumenfeld, « En 1991, Depardieu version Cyrano à la conquête de l’Amérique : c’est un pic, c’est un cap, c’est une catastrophe », sur Le Monde, .
- « Los taquillazos franceses que también triunfaron en España », sur Ecartelara.com (consulté le )
- « DIE ERFOLGREICHSTEN FRANZÖSISCHEN FILME IN DEUTSCHLAND SEIT 1990 », sur InsideKino (consulté le )
- « Box office UK 1991 », sur Box Office Story (consulté le )
- « Cyrano de Bergerac », sur Kinopoisk (consulté le )
- « Billetterie Italie 1990-1991 », sur Box oofice Benful (consulté le )
- « Pour Cyrano, j'ai réécrit 150 alexandrins et personne ne s'en est rendu compte » confie-t-il dans une interview au Nouveau Magazine Littéraire en juin 2006, ainsi que dans un entretien pour L'Express en octobre 2011(lire en ligne)
- « « Cyrano de Bergerac - Distinctions » » ((en) récompenses), sur l'Internet Movie Database (consulté le ).
- « Palmares du film Cyrano de Bergerac », sur Allociné (consulté le ).
- Laurent Raphaël, « César jour J. Nommé dans la catégorie "meilleur film": Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait », sur Le Vif,
- Athena Rivas, « César 2022: Avant "Illusions perdues", jamais un film n'avait été autant nommé », sur Le HuffPost,
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative aux beaux-arts :