Corée du Nord aux Jeux olympiques d'hiver de 2018

délégation olympique

La participation de la Corée du Nord aux Jeux olympiques d'hiver de 2018 à Pyeongchang en Corée du Sud marque son retour aux Jeux d'hiver, après son absence à ceux de 2014 en Russie. Ses athlètes défilent avec ceux de la Corée du Sud lors de la cérémonie d'ouverture, sous le drapeau de l'unification coréenne.

Corée du Nord aux Jeux olympiques d'hiver de 2018
Image illustrative de l’article Corée du Nord aux Jeux olympiques d'hiver de 2018

Code CIO Drapeau de la Corée du Nord PRK
Drapeau de Corée COR (en hockey)
Comité Comité national olympique nord-coréen

Lieu Pyeongchang
Participation 9e aux Jeux d'hiver
Athlètes 22 (dans 5 sports)
Médailles
Rang : -
Or
0
Arg.
0
Bron.
0
Total
0
Corée du Nord aux Jeux olympiques d'hiver

La délégation nord-coréenne est finalisée tardivement en janvier, avec l'accord du Comité international olympique et comprend vingt-deux athlètes dans cinq disciplines sportives[1]. Les Nord-Coréens ne remportent aucune médaille.

Contexte de la participation nord-coréenne

modifier

La Corée du Nord demeure officiellement en guerre contre la Corée du Sud, la guerre de Corée s'étant terminée en 1953 par un armistice et non par un traité de paix. Les deux Corée revendiquent chacune le territoire de l'autre, et ne se reconnaissent pas mutuellement comme des États souverains légitimes. La Corée du Nord avait néanmoins demandé le droit de co-organiser les Jeux olympiques d'été de 1988, confiés à Séoul. Face au refus exprimé par le Comité international olympique, le Nord avait boycotté les Jeux, et orchestré l'attentat détruisant le vol 858 de la Korean Air, tuant cent-quinze personnes. Aux Jeux olympiques d'été de 2000 et de 2004 et aux Jeux d'hiver de 2006, toutefois, les délégations des deux Corée avaient défilé ensemble sous le drapeau de l'unification coréenne lors de la cérémonie d'ouverture, en signe de réconciliation[2],[3].

Le Comité olympique nord-coréen soutient la tenue des Jeux d'hiver de 2018 en Corée du Sud. En juin 2017, le gouvernement sud-coréen propose que certaines épreuves de ski de ces Jeux puissent se dérouler en Corée du Nord, à la station de ski du mont Masik, et que les deux Corée constituent une équipe unifiée de hockey sur glace, pour faire de ces Jeux les « Jeux de la paix ». Le vice-président du Comité olympique nord-coréen, Jang Ung, décline toutefois ces propositions, invoquant un laps de temps trop court pour pouvoir les mettre en place de manière satisfaisante[2],[4]. En geste d'ouverture, les autorités sud-coréennes précisent que la délégation nord-coréenne sera autorisée à entrer en Corée du Sud par voie terrestre, en traversant exceptionnellement la Zone coréenne démilitarisée, la frontière ordinairement fermée au trafic routier. Leurs supporters éventuels pourront venir par bateau[5],[6].

 
Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik lors des Championnats du monde de patinage artistique 2017.

Fin septembre 2017, les premiers Nord-Coréens se qualifient pour les Jeux de 2018 : Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik se qualifient pour l'épreuve de couple en patinage artistique[2],[7],[8].

La question de la participation de la Corée du Nord aux Jeux est toutefois compliquée par les menaces militaires réciproques proférées en août et en septembre 2017 par les gouvernements de Corée du Nord (sous la direction du dictateur Kim Jong-un) et des États-Unis (sous le président Donald Trump), avec notamment la conduite d'un essai nucléaire par la Corée du Nord le 3 septembre, et le tir de missiles nord-coréens au-dessus du territoire du Japon. La Corée du Sud répond en annonçant le déploiement de 5 000 soldats pour assurer la sécurité des Jeux, et la mise en place de mesures de « cyber-sécurité pour contrer d’éventuelles attaques informatiques » de la part du Nord[3].

La Corée du Nord ne confirme pas sa participation avant la date butoir du 30 octobre, mais ses athlètes peuvent alors encore être invités par le Comité international olympique[9]. À l'issue de discussions entre les deux Corée, qui visent à améliorer les relations bilatérales, la participation de la Corée du Nord aux Jeux est confirmée le 9 janvier[10]. Le 17 janvier, à la suite de discussions entre les deux États à Panmunjeom, il est décidé que les délégations des deux Corée défileront à nouveau ensemble et sous le drapeau de l'unification coréenne lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux, et qu'elles présenteront une équipe féminine conjointe en hockey sur glace[11].

 
Poignée de main du président sud-coréen Moon Jae-in (à gauche, en blanc) avec Kim Yo-jong et le chef d'État nord-coréen Kim Yong-nam, dans le box présidentiel en amont de la cérémonie d'ouverture des Jeux.

Le 20 janvier, le Comité international olympique accorde le droit à la Corée du Nord de présenter également des athlètes en ski de fond, en patinage de vitesse sur piste courte, et en ski alpin[1]. Pour marquer le dégel diplomatique entre les deux Corée, le chef de l'Etat nord-coréen Kim Yong-nam[12] mène la délégation diplomatique qui accompagne les athlètes nord-coréens en Corée du Sud. Il rencontre le président sud-coréen Moon Jae-in quelques heures avant la cérémonie d'ouverture des Jeux. C'est la première visite en Corée du Sud d'un dignitaire nord-coréen d'un tel rang[13]. Il assiste ensuite à la cérémonie d'ouverture avec Kim Yo-jong, la sœur de Kim Jong-un, assis dans le box du président Moon[14].

La délégation nord-coréenne comprend également deux-cent-trente jeunes femmes supportrices, toutes vêtues d'une tenue rouge identique, qui assistent aux performances des athlètes et les encouragent de manière synchronisée. Tout comme les athlètes, elles sont encadrées et observées en permanence par des agents de sécurité nord-coréens, pour empêcher toute interaction non-contrôlée avec des étrangers, et toute défection[15],[16],[17].

Les frais de la délégation diplomatique et artistique nord-coréenne sont pris en charge par les autorités de Séoul qui dépensent l'équivalent de 2,2 millions d'euros (ou 2,6 millions de dollars), tandis que les frais des athlètes sont « en grande partie » couverts par le Comité international olympique[18].

Participation

modifier

Aux Jeux olympiques d'hiver de 2018, les athlètes de l'équipe de Corée du Nord participent aux épreuves suivantes :

Sport Hommes Femmes Total
Ski alpin 2 1 3
Ski de fond 2 1 3
Patinage artistique 1 1 2
Hockey sur glace 0 12 12
Patinage de vitesse sur piste courte 2 0 2
Total 7 15 22
 
Drapeau de l'unification coréenne

Athlètes et résultats

modifier

Hockey sur glace

modifier

La Corée du Nord a échoué lors des qualifications, mais l'accord établi mi-janvier prévoit que des hockeyeuses nord-coréennes rejoignent l'équipe féminine qualifiée par la Corée du Sud, pour constituer une équipe coréenne conjointe[11]. Douze Nord-Coréennes se joignent à l'équipe de vingt-trois Sud-Coréennes, le coach sud-coréen s'engageant à ce qu'au moins trois joueuses nord-coréennes soient incluses dans l'équipe déployée pour les matchs[1].

L'équipe de hockey a pour code olympique les lettres COR (contre KOR pour la Corée du Sud dans les autres disciplines, et PRK pour la Corée du Nord dans les autres disciplines). En cas de médaille pour cette équipe de hockey, le drapeau de l'unification coréenne et l'hymne Arirang seraient utilisés[19]. L'équipe perd toutefois ses trois matchs de poule, avec un but marqué contre vingt encaissés, et n'atteint donc pas les quarts de finale.

Classement du Groupe B
Clt Équipe PJ  V VP  D DP BP BCDiffPts
+001,   Suisse 3 3 0 0 0 13 2 +11 9
+002,   Suède 3 2 0 1 0 11 3 +8 6
+003,   Japon 3 1 0 2 0 6 6 0 3
+004,   Corée 3 0 0 3 0 1 20 -19 0
  • Qualifié pour les quarts de finale
  • Reversé dans les matchs de classement pour la 5e place
10 février 2018 Suisse   8-0
(3-0, 3-0, 2-0)
  Corée Centre de hockey de Kwandong
3 606 spectateurs


12 février 2018 Suède   8-0
(4-0, 1-0, 3-0)
  Corée Centre de hockey de Kwandong
4 244 spectateurs


14 février 2018 Corée   1-4
(0-2, 1-0, 0-2)
  Japon Centre de hockey de Kwandong
4 110 spectateurs


Matchs de classement

18 février 2018 - Centre de hockey de Kwandong


20 février 2018 - Centre de hockey de Kwandong


Résultats

Équipe Parties jouées Victoires Victoires en prolongation Défaites Défaites en prolongation Buts pour Buts contre Différentiel Points Rang
  Corée

Patinage artistique

modifier

Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik sont qualifiés pour l'épreuve de patinage artistique en couple, ayant terminé sixièmes lors des épreuves de qualification à Oberstdorf en Allemagne. Ils s'entraînent à Montréal, et se qualifient en exécutant leur programme court au son de A Day in the Life, des Beatles, en version instrumentale, et leur programme libre avec pour accompagnement musical Je ne suis qu'une chanson, de la chanteuse québécoise Ginette Reno[7],[23].

Résultats

Athlètes Épreuves Points court Points libre Total
Points Rang Points Rang Points Rang
Ryom Tae-ok
Kim Ju-sik
Couples 69,40 11e 124,23 12e 193,63 13e

Patinage de vitesse sur piste courte

modifier

Le CIO a autorisé l'inscription tardive de deux athlètes : Choe Un-song pour l'épreuve sur 1 500 mètres (hommes) et Jong Kwang-bom pour l'épreuve sur 500 mètres (hommes)[19].

Résultats

Hommes
Athlète Épreuve Temps Rang
Choe Un-song 1 500 mètres 2 min 18 s 213 31e
Jong Kwang-bom 500 mètres

Ski alpin

modifier

Le CIO a autorisé l'inscription tardive de trois athlètes, qui concourront tous trois à la fois aux épreuves de slalom et de slalom géant : Choe Myong-gwang (hommes), Kang Song-il (hommes) et Kim Ryon-hyang (femmes)[19].

Résultats

Hommes
Athlète Épreuve Temps Différence Rang
Choe Myong-gwang Slalom
Slalom géant
Kang Song-il Slalom
Slalom géant
Femmes
Athlète Épreuve Temps Différence Rang
Kim Ryon-hyang Slalom 2 min 37 s 98 +59 s 35 54e
Slalom géant 1 min 40 s 22 +29 s 60 67e

Ski de fond

modifier

Le CIO a autorisé l'inscription tardive de trois athlètes : Han Chun-gyong (15 km style libre hommes), Pak Il-chol (idem), et Ri Yong-gum (10 km style libre femmes)[19].

Résultats

Hommes
Athlète Épreuve Temps Différence Rang
Han Chun-gyong 15 kilomètres 42 min 29 s 2 +8 min 45 s 3 101e
Pak Il-chol 15 kilomètres 43 min 43 s 4 +9 min 59 s 5 107e
Femmes
Athlète Épreuve Temps Différence Rang
Ri Yong-gum 10 kilomètres 36 min 40 s 4 +11 min 39 s 9 89e

Le rapprochement diplomatique entre les gouvernements des deux Corée se poursuit après ces Jeux olympiques et paralympiques. En septembre 2018, à l'issue d'un sommet à Pyongyang entre Moon Jae-in et Kim Jong-un pour discuter de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, la déclaration commune des deux gouvernements annonce que le Sud et le Nord participeront « conjointement [aux] Jeux olympiques d'été de 2020, et [coopéreront] en vue d'une candidature commune pour accueillir ensemble les Jeux olympiques d'été de 2032 »[24].

Articles connexes

modifier

Références

modifier
  1. a b et c (en) "Winter Olympics 2018: North Korea will send 22 athletes to Pyeongchang", BBC News, 20 janvier 2018
  2. a b et c (en) "PyeongChang Olympic organizers happy to see first North Koreans qualify for 2018 Games", Washington Post, 30 septembre 2017
  3. a et b « Pyeongchang 2018 : l'ombre de la Corée du Nord plane sur les Jeux olympiques », France 24, 29 septembre 2017
  4. (en) "North Korea refuses Olympic offer from South", BBC News, 26 juin 2017
  5. (en) "Pyeongchang 2018: Athletes to travel through demilitarised zone", BBC News, 18 mai 2017
  6. (en) "NORTH KOREAN ATHLETES ALLOWED TO CROSS DEMILITARIZED ZONE TO SOUTH KOREA WINTER OLYMPICS IN PEACE GESTURE", Newsweek, 19 mai 2017
  7. a et b « Deux patineurs nord-coréens relancent la question de la participation de leur pays aux JO d’hiver », Le Monde, 2 octobre 2017
  8. « Deux patineurs nord-coréens qualifiés pour les JO d'hiver de Corée du Sud », L'Express, 29 septembre 2017
  9. « La crise nord-coréenne, une épée de Damoclès sur les Jeux olympiques d’hiver », Le Monde, 9 décembre 2017
  10. (en) "North Korea to send team to Olympic Games in Pyeongchang", BBC News, 9 janvier 2018
  11. a et b (en) "Koreas to march under single 'united' flag in Olympic Games", BBC News, 17 janvier 2018
  12. Kim Yong-nam est qualifié de « numéro-deux du régime » car il est subordonné à Kim Jong-un, « dirigeant suprême » du pays et chef du Parti du travail.
  13. « Les dirigeants des deux Corées échangent une poignée de main », Agence France-Presse, 9 février 2018
  14. (en) "Kim Yong Nam and sister of North Korea's leader take VIP seat near Pence at Olympic opening ceremony", Associated Press, 9 février 2018
  15. (en) "N. Korean Cheerleaders Are Tightly Controlled to Prevent Defections", Voice of America, 14 février 2018
  16. (en) "North Korea's cheerleaders amaze and appal at Winter Olympics", The Guardian, 13 février 2018
  17. (en) "Unified Korean ice hockey team proves that 'winning isn't everything'", CNN, 10 février 2018
  18. « Cette nuit en Asie : mais qui va payer le 5 étoiles de Kim Jong-un à Singapour ? », Les Échos, 4 juin 2018
  19. a b c et d « UNE ÉQUIPE OLYMPIQUE CORÉENNE UNIFIÉE DÉFILERA AUX JEUX OLYMPIQUES D'HIVER DE PYEONGCHANG 2018 », Comité international olympique, 20 janvier 2018
  20. (en) « Game Summary SUI - COR : 8-0 », sur pyeongchang2018.iihf.hockey, (consulté le )
  21. (en) « Game Summary SWE - COR : 8-0 », sur pyeongchang2018.iihf.hockey, (consulté le )
  22. (en) « Game Summary COR - JPN : 1-4 », sur reports.iihf.hockey, (consulté le )
  23. (en) "North Korea Skaters Seek Olympic Bid, and Diplomats Cheer", The New York Times, 27 septembre 2017
  24. « Candidature commune des deux Corées aux Jeux olympiques de 2032 », Le Monde, 19 septembre 2018