XIIe millénaire av. J.-C.

millénaire
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XIIe millénaire av. J.-C.
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Le XIIe millénaire av. J.-C. couvre la période allant de l’an 12 000 av. J.-C. à l’an 11 001 av. J.-C. compris.

Évènements modifier

  • Montée du niveau marin de 80 mètres entre 13 000 et 8 000 av. J.-C.[1].
  • 12 500-10 000 av. J.-C. : culture Qadan (14 500-12 000 avant le présent) et Sébilienne (Kom Ombo, vers 14 000 avant le présent) en Basse-Nubie et Haute-Égypte. Diverses industries lithiques (microlithes) (avant 12 000 av. J.-C.)[2]. Utilisation de proto-faucilles et de meules pour faire de la farine à partir de graines d’herbes sauvages entre le XVe et le XIIe millénaire avant le présent en Haute Égypte et en Nubie (campements de la région d'Esna et d'El Khril en Haute-Égypte[3]. Les fouilles du site de Jebel Sahaba (en) (site 117), au nord du Ouadi Halfa, à la frontière entre l’Égypte et le Soudan, un cimetière à proximité du Nil appartenant à la culture Qadan, attestent d’une bataille ayant opposé deux clans, datée entre 14 000 et 12 000 ans avant le présent. Vingt-quatre individus sur les 59 squelettes qui y sont inhumés ont connu une mort violente, des lames de pierre restant parfois fichées dans leurs os[4].
  • Vers 12 000 à 10 000 av. J.-C. : culture Dyuktai (it), définie par Iouri Motchanov en 1967, à la suite de la découverte dans la grotte de Dyuktai sur la rivière Aldan, en Yakoutie, de dépôts Pléistocène d'outils lithiques (pointes similaires à celle de Clovis, microlames) et d'os d'animaux datés au radiocarbone de 14 000 à 12 000 ans avant le présent[5]. Certains sites (Ust-Mil 2, Ezhantsy et Ikhine) font remonter la date de la culture à 35 000 ans avant le présent[6]. Les peuples de la culture Dyuktai auraient pu traverser la Béringie pour atteindre l'Amérique par voie terrestre, sans que l'archéologie ne puisse le prouver[7].
  • Vers 12 000-2000 av. J.-C. : occupation des grottes de Uai Bobo, Lie Siri et de Bui Ceri Uato près de Baucau dans l’est de Timor. L’outillage courant consiste en grattoirs à bord abrupt et en outils sur éclats. Les premiers occupants mangent toutes sortes d’animaux (rats géants, chauves-souris, reptiles, mollusques) et de plantes (traces ou graines de micocoulier, de larmes de Job, de bétel, de châtaignes (Inocarpus), d’Aleurites, de bambou). Après 3000 av. J.-C., le mode de vie change et l’usage de la céramique et la domestication du porc sont attestés[8].
 
pointes Clovis exposées au Musée d'histoire naturelle de Cleveland, datées de 13 500 à 13 000 ans BP.
  • Vers 11 500 av. J.-C. : site Clovis ou Blackwater Locality no 1, découvert en 1929 par Ridgely Whiteman, près de la ville de Clovis, dans l'état du Nouveau-Mexique, aux États-Unis, qui va donner son nom à une culture paléoindienne apparue il y a environ 13 500 ans avant le présent, caractérisée par la technique de la pointe « de Clovis ». Cette culture a longtemps été considérée comme la première culture en Amérique du Nord, mais cette théorie a été invalidé par la découverte à Lewisville au Texas en 1957 d'os brûlés d'animaux datés de 38 000 ans, à proximité de pointes de lance de type Clovis[9].
  • Vers 11 200 av. J.-C. : traces humaines de pas fossilisés de deux adultes et d'un enfant vieilles de 13 200 ans découvertes sur l'île Calvert en Colombie-Britannique[10].

Proche-Orient modifier

 
Mortiers de la culture natoufienne, meules du Néolithique précéramique A découverts à Nahal Oren.
  • 12 000-10 200 av. J.-C. : apparition de la civilisation natoufienne du Levant sud au moyen Euphrate (période I). Sites de Wadi en-Natuf dans le désert de Judée, d’Abu Hureya et de Mureybet en Syrie du Nord, de Nahal Oren et El-Wad, Hayonim et Mallaha en Palestine. De petites communautés de chasseurs-cueilleurs se sédentarisent, attirés par les céréales sauvages qui peuvent se conserver. Lames de faucilles, polissage de la pierre réservé aux objets de parure, plus grande fréquence de l’habitat fixe sous forme de huttes circulaires enterrées groupées en villages. Zarzien final dans le Zagros. Épipaléolithique près de la Mer Caspienne[11].
  • Découverte d’ossements de chien domestique sur les lieux d’habitation humaine dans la grotte irakienne de Palegawra[12].
  • Des restes de neuf figues parthénocarpiques — c’est-à-dire ne produisant pas de graines et nécessitant l'intervention de l'homme pour sa culture (en recourant à des boutures) — datant de 11 400 à 11 200 ans av. J.-C. ont été découverts à Gilgal, au nord de Jéricho, dans la vallée du Jourdain. Il semble que le fruit ait été séché pour être mangé, ce qui en ferait la plus ancienne trace d'agriculture observée à ce jour[13].
  • La surreprésentation des gazelles, animaux les plus chassés dans le Levant, fait penser à certains archéozoologues qu’il y aurait eu une tentative de contrôle des troupeaux sauvages de gazelles qui aurait pu conduire à une forme de domestication ou de proto-élevage, mais sans conséquence, une domestication « avortée »[14].

Europe modifier

 
Plaquette avec ornementation bifaciale : côté A) cheval complet ; côté B) composition spéciale de deux chevaux. Rocher de l'Impératrice de Plougastel-Daoulas.
  • L'abri sous-roche du Rocher de l'Impératrice près de Plougastel-Daoulas occupé il y a environ 14 500 ans au début de l'Azilien livre des plaquettes de schiste gravées avec des signes géométriques et des représentations naturalistes très figuratives de chevaux ou d'aurochs[15].
 
Mâchoire inférieure du chien de la double tombe d’Oberkassel.
 
Bisons d’argile de la grotte du Tuc d'Audoubert.
  • Culture Federmesser caractérisée par des pointes à dos courbe ou « couteaux à plumes », de la plaine d'Europe du Nord, de la Pologne (Tarnovien) à la France septentrionale et la Grande-Bretagne, en Allemagne du Nord jusqu'en Scandinavie, datée entre 12 000 et 10 800 av. J.-C.[21].
  • Culture de Bromme au Danemark, en Scanie (Segebro) et au nord de l'Allemagne, datée entre 15 500 et 10 500 av. J.-C. : objet en silex taillé (outils et armes, couteaux et burins)[21]. Pêcheurs et chasseurs de rennes.

Notes et références modifier

  1. Yves Lagabrielle, René Maury et Maurice Renard, Mémo visuel de géologie - 2e éd. : L'essentiel en fiches et en couleurs, Dunod, , 264 p. (ISBN 978-2-10-077272-8, présentation en ligne)
  2. Jean-Claude Margueron, Le Proche-Orient et l'Égypte antiques, Hachette Éducation Technique, , 416 p. (ISBN 978-2-01-140096-3, présentation en ligne)
  3. Corinne Julien, Histoire de l'humanité, vol. 1, UNESCO, , 1658 p. (ISBN 978-92-3-202810-5, présentation en ligne)
  4. Kirkpatrick Sale, After Eden : The Evolution of Human Domination, Duke University Press, , 186 p. (ISBN 978-0-8223-3938-0, présentation en ligne)
  5. Mark Nuttall, Encyclopedia of the Arctic, Routledge, , 740 p. (ISBN 978-1-136-78680-8, présentation en ligne)
  6. Frederick Hadleigh West, Constance F. West, American Beginnings : The Prehistory and Palaeoecology of Beringia, University of Chicago Press, , 576 p. (ISBN 978-0-226-89399-0, présentation en ligne)
  7. Daniel Royot, Les indiens d'Amérique du nord, Armand Colin, , 288 p. (ISBN 978-2-200-26014-9, présentation en ligne)
  8. Ian C. Glover, « The late stone age in Eastern Indonesia », World Archaeology, vol. 9,‎ (présentation en ligne)
  9. Henri Procaccia, Genèse du Big Bang à l'Art pariétal, Paris, Connaissances et Savoirs, , 529 p. (ISBN 978-2-7539-0260-2, présentation en ligne)
  10. Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, Une histoire des civilisations : comment l'archéologie bouleverse nos connaissances, Paris, Éditions La Découverte, , 601 p. (ISBN 978-2-7071-8878-6, présentation en ligne), p. 135
  11. Jean-Claude Margueron, Le Proche-Orient et l'Égypte antiques, Hachette Éducation Technique, , 416 p. (ISBN 978-2-01-140096-3, présentation en ligne)
  12. John R. Campbell, M. Douglas Kenealy, Karen L. Campbell, Animal Sciences : The Biology, Care, and Production of Domestic Animals, Fourth Edition, Waveland Press, , 510 p. (ISBN 978-1-4786-0821-9, présentation en ligne)
  13. Sciences et Avenir, p.21, n°713 juillet 2006
  14. Sous la direction de Jean-Paul Demoule, La révolution néolithique dans le monde, Paris, CNRS ÉDITIONS, , 488 p. (ISBN 978-2-271-06914-6, présentation en ligne)
  15. Nicolas Naudinot et al., « Divergence in the evolution of Paleolithic symbolic and technological systems: The shining bull and engraved tablets of Rocher de l'Impératrice. », sur Plos One
  16. Darcy F. Morey, Dogs : Domestication and the Development of a Social Bond, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-139-78871-7, présentation en ligne)
  17. Marc Azéma et Laurent Brasier, Le beau livre de la préhistoire : De Toumaï à Lascaux 4, Dunod, , 420 p. (ISBN 978-2-10-075789-3, présentation en ligne)
  18. Henry de Lumley, La Domestication du feu aux temps paléolithiques, Odile Jacob, , 192 p. (ISBN 978-2-7381-3648-0, présentation en ligne)
  19. Centre de Recherche et d'Etudes pour l'Art Préhistorique Emile Cartailhac, « LA GROTTE DU TUC D'AUDOUBERT (ARIEGE) »
  20. Corinne Julien, Histoire de l'humanité, vol. 1, UNESCO, , 1658 p. (ISBN 978-92-3-202810-5, présentation en ligne)
  21. a et b Theron Douglas Price, Ancient Scandinavia : An Archaeological History from the First Humans to the Vikings, Oxford University Press, , 560 p. (ISBN 978-0-19-023197-2, présentation en ligne)