Ancienne abbaye de Florival
Porte de l'abbaye.
Porte de l'abbaye.
Existence et aspect du monastère
Affectation ultérieure Atelier de blanchissage et de tissage de lin. Les bâtiments sont incendiés en 1854 et rachetés plus tard, ajoût d'une résidence. Aujourd’hui, le site est occupé par le Centre Fédéral de Formation des Services de Secours.
Identité ecclésiale
Culte Catholique
Type Abbaye de moniales
Présentation monastique
Fondateur Werner de Grez, seigneur de Grez
Origine de la communauté Incertaine, légendaire (voir section)
Ordre Bénédictin à l'origine puis cistercien à partir du XVIe siècle
Historique
Date(s) de la fondation Bénédictine vers 1096 ou plutôt 1218, refondation au XVIe siècle
Personnes évoquées Philippe II
Duc d'Albe
Juan d'Autriche
Fermeture Vers 1796
Architecture
Localisation
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Province Drapeau de la province du Brabant wallon Province du Brabant wallon
Commune Grez-Doiceau
Section Archennes
Coordonnées 50° 45′ 39″ nord, 4° 39′ 09″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Ancienne abbaye de Florival
Géolocalisation sur la carte : Brabant wallon
(Voir situation sur carte : Brabant wallon)
Ancienne abbaye de Florival

L'abbaye de Florival fut un monastère de moniales bénédictines puis cisterciennes situé en Belgique, dans la commune de Grez-Doiceau, dans la province du Brabant Wallon. Les premiers temps de l’abbaye sont méconnus, la fondation pouvant avoir eu lieu au XIe siècle selon certaines sources, mais assurément une autre fondation date du XIIIe siècle.

L’abbaye a commencé par acquérir des biens fonciers, principalement des bois et des petits champs dans les environs immédiats, destinés au chauffage et à l’approvisionnement de la communauté, ainsi que des fermes. L'abbaye est très pauvre et ce qu’elle touche grâce à la production des fermes ne sert généralement qu’à financer les travaux de rénovation des bâtiments.

La fin du XVIe siècle est marquée par des troubles nés des revendications protestantes ou encore des révoltes menées par des seigneurs locaux, liées à la diminution de leur pouvoir et à l'augmentation des impôts. L’abbatiale de Florival et une partie de ses bâtiments furent pillées et incendiées par la troupe espagnole. Pour éviter les guerres, les famines et les épidémies, la communauté a fui l'abbaye et s'est exilée jusqu’au début du XVIIe siècle.

Au XVIIIe siècle, malgré quelques embellies, la situation de l'abbaye ne s'est pas améliorée durablement. On a assisté à une décadence tant spirituelle que temporelle. La révolution brabançonne jeta le pays dans la confusion. En 1794, les troupes révolutionnaires françaises se rendirent maîtres des Pays-Bas Autrichiens et s'y sont comportés comme en pays conquis. Les religieuses furent dispersées et les bâtiments vendus. Aujourd’hui le site est occupé par le Centre Fédéral de Formation des Services de Secours, situé dans la rue qui porte le nom de l’abbaye, rue de Florival.

Histoire de l'abbaye modifier

Fondation incertaine (1096-1218) modifier

Les premiers temps de L’abbaye de Florival sont très flous. Selon la légende, elle aurait été fondée en 1096 par le comte Werner de Grez à son retour de Terre sainte, qui aurait fondé au lieu-dit Netenburg une communauté de moniales bénédictines, progressivement abandonnée[1]. L’abbaye aurait ensuite été refondée vers 1192 (ce qui aurait été précisé dans une charte accordée par le pape Célestin III, aujourd'hui disparue) par un certain Bartholomé Lanio, père de Béatrice de Nazareth, qui aurait appartenu à la classe moyenne de Tirlemont et qui, trouvant un monastère en piteux état et presque déserté, se serait chargé de le reprendre en main et de l'affilier à l’Ordre de Cîteaux sous mandat du Pape Célestin III[2]. L’abbé Théophile Ploegaerts, auteur des travaux les plus complets sur le sujet, avance les environs de 1210 pour le passage de Florival à l'Ordre de Cîteaux. Ce passage est confirmé à Rome en 1218 par le pape Honorius III sous l’abbatiat de la première abbesse de l’abbaye, Gentla d’Aerschot. L’abbesse serait elle-même allée plaider la cause de l’abbaye à Rome[2]. Or, Werner de Grez n'est jamais revenu de la Terre Sainte: il y est mort [3]. Il est donc très douteux que l'abbaye aurait été fondée en 1096 et qu'elle aurait été refondée ensuite vers 1192 car il n'existe aucune source pour certifier ceci. Il est beaucoup plus probable que Bartholomé Lanio a fondé Florival entre 1214 et 1218 et que ceci soit la première et unique "fondation" [4].

Acquisition de biens fonciers, développement difficile (XIIIe et XIVe siècles) modifier

Durant les premières années de son existence, l’abbaye commence par acquérir des biens fonciers, principalement des bois et des petits champs dans les environs immédiats, destinés au chauffage et à l’approvisionnement de la communauté. Elle acquiert aussi les fermes de la Malaise à Bossut, du Broeck à Nethen, de Malève à Orbais et celle de Bierwart à Ottignies-Wavre qui est la plus rentable de toutes. Florival est très pauvre et ce qu’elle touche grâce à la production des fermes ne sert généralement qu’à financer les travaux de rénovation des bâtiments[2].

Réaction de la communauté face au relâchement de la discipline (XVe siècle) modifier

Vers le XVe siècle, face à un relâchement général dans les communautés moniales qui adaptent les règles de vie monastiques aux conditions de vie locales, certains monastères se rassemblèrent en congrégations indépendantes afin d’entamer des réformes dans le but d’un retour à la règle de Saint-Benoît telle que pratiquée par Cîteaux. Les points principaux de cette réforme sont le rétablissement de la clôture religieuse et de la communauté des biens[5]. La réforme est appliquée à Florival avec l'arrivée de l’abbesse Marie de Wittem (1520-1537), venue de l’abbaye de Val-Duc, déjà réformée. Quelques années plus tôt l’abbesse Elvide Shreven (1520-1537), venue de Val-Duc elle aussi, avait déjà entamé cette réforme mais la brièveté de son abbatiat ne lui permit pas de la mener à bien.

Retour de la ferveur religieuse (1516-1575) modifier

Le XVIe siècle (1516-1575) est, de manière globale, une période de ferveur religieuse pour le monastère qui observera la règle de vie cistercienne avec une discipline exemplaire grâce à la réforme apportée depuis Val-Duc[2].

Troubles iconoclastes, répression, exactions (1543-1578) modifier

La fin du XVIe siècle est marquée par des troubles nés des revendications protestantes et, dans les Pays-Bas Espagnols, du calvinisme qui y pénètre dès 1543. Les territoires de l’actuelle Belgique connaissent une période de violences comme la vague d’iconoclasme de 1566 ou encore des révoltes menées par des seigneurs locaux, contre la réduction de leur pouvoir au profit de clercs nommés par Philippe II et contre les impôts levés sur leurs territoires qui profitent surtout à l’Espagne. Une répression sanglante est menée par le duc d’Albe jusqu’en 1573 sans que ce dernier ne parvienne à ramener le calme[6]. L’abbaye de Florival qui est située à proximité des routes empruntées par la troupe subit les exactions de celle-ci lorsqu’elle se trouve, en 1578, sur la route de Juan d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas, menant ses armées près de Wavre où lui ont été signalés des rebelles. L’église et une partie des bâtiments sont pillés et incendiés par la troupe.

Dispersion de la communauté, exil puis retour (1578-1600 env.) modifier

La petite communauté, à l’époque sous l’abbatiat d’Amelberghe Kemels (1576–1585), fuit l'abbaye et se disperse. La plupart des religieuses trouvent refuge à Louvain. Leur exil dure jusqu’au début du XVIIe siècle. La date exacte du retour des religieuses à Florival n’est pas connue mais elle se situe entre l’élection de l’abbesse Martine de Bossut le , à Louvain, et sa mort à Florival en 1613[2].

Décadence du monastère (1613-1690) modifier

 
Illustration de l'abbaye en 1692.

Cette période marque le début de la décadence du monastère qui observe une baisse de ferveur, de la part des religieuses, et une baisse significative de ses revenus[2].

Les guerres sont incessantes et le pays est continuellement livré aux famines et aux épidémies[6]. Les routes étant très dangereuses, les pères abbés - supérieurs hiérarchiques de l'abbaye - ne peuvent plus, ou très rarement, faire leurs visites canoniques régulières[7] ce qui a pour conséquence une nette baisse de rigueur dans l’observation des règles monastiques et détériore la réputation de l’abbaye . La situation financière est désastreuse, les revenus de l’abbaye qui avant les troubles du XVIe siècle s’élèvent à environ 10 000 florins chutent de près de 90% en 1629[2].

Un bref sursis est observé durant l’abbatiat de Catherine Ronsmans (1629–1658) mais malgré cela, le passage continuel des soldats venant exiger de quoi boire et manger en détruisant bien souvent les récoltes sur leur passage ne permit pas un redressement durable de la situation . À cela s’ajoutent des différends linguistiques, beaucoup de religieuses ne parlent que le flamand et la plupart des pères confesseurs ne les comprennent pas. Le père abbé de l’époque, Dom Van den Heyden, prit des dispositions en ce sens et à partir de 1629 les dépositions se font également en flamand[2].

De nouveaux troubles apparaissent vers 1650 et se manifestent de manière concrète par des vols ou le passage de la troupe venant exiger des vivres à la communauté déjà très pauvre. À partir de 1672 l’abbaye ne perçoit plus le cens des fermiers exploitant ses terres, dévastées par le passage des armées. On peut supposer un nouvel exil de la communauté à cette époque car sur quatre élections (1659, 1676, 1688 et 1690) seule celle de 1688 se déroule à Florival.

Cependant, aucune exaction n’est rapportée sous l’abbatiat d’Ida Bernaerts (1676-1688) qui parvient même à augmenter légèrement les revenus de l’abbaye mais non de manière significative car en 1690 la dette de l’abbaye s’élève à 2913 florins[2].

Au XVIIIe siècle, la situation de l'abbaye s'est considérablement détériorée, illustrée par la démarche de l’abbesse Josèphe de la Croix (1733-1749) qui demande la remise du droit de sceau pour cause de pauvreté. La discipline de la communauté se dégrade fortement elle aussi, le silence n’est plus observé par les religieuses et des plaintes diverses liés au non-respect du règlement par les moniales sont émises par le père abbé à l’abbesse.

Sursis dans la décadence (1755-1789) modifier

 
Situation de l'abbaye de Florival et de sa ferme de la Malaise sur la carte de Ferraris (1770-1778).

Un sursis est observé sous l’abbatiat d’Alexandrine de Culembourg (1755-1769) qui parvient grâce au revenu des fermes qui s’améliore et à une levée par octroi de 40000 florins à faire réparer une partie des bâtiments. Une gestion efficace de l’abbaye continua avec l’abbatiat de Ferdinande de Furlong (1769-1789) mais la situation se dégrade à nouveau dans la dernière décennie du XVIIIe siècle[2].

Révolution brabançonne et fermeture du monastère (1789-1798) modifier

La révolution brabançonne jette le pays dans la confusion et l’abbaye se retrouve livrée à elle-même à la mort de l’abbesse. Les religieuses, après une année sans direction, prennent alors l’initiative d’élire elles-mêmes la nouvelle abbesse, Ursule de Bauloye (1791-1796), qui sera la dernière abbesse d'une abbaye qui vit ses dernières années[2]. Après leur victoire à Fleurus en 1794, les troupes révolutionnaires françaises se rendent maitres des Pays-Bas Autrichiens et s'y comportent comme en pays conquis. Les biens du clergé sont confisqués[8], la communauté est dispersée et les bâtiments de l’abbaye sont vendus comme biens nationaux en 1798[2].

Les bâtiments après 1798 modifier

Les bâtiments sont vendus le en trois lots pour la somme de 1 375 000 livres, le lot principal est transformé en atelier de blanchissage et de tissage de lin par la famille Cumont. Les bâtiments sont incendiés en 1854 et rachetés plus tard par la famille Oldenhoven qui y ajoute une résidence[9]. Aujourd’hui le site est occupé par le Centre Fédéral de Formation des Services de Secours, situé dans la rue qui porte le nom de l’abbaye, rue de Florival.

Notes et références modifier

  1. Aucune source fiable ne semble confirmer cette thèse qui parait tenir plus de la légende, Théophile Ploegaert, Les moniales cisterciennes dans l’ancien Roman Pays. Partie 3 : l’abbaye de Florival, Bruxelles, Verbe et Lumière, 1925.
  2. a b c d e f g h i j k et l Théophile Ploegaert, Les moniales cisterciennes dans l'ancien Roman-Pays, Bruxelles, Verbe et Lumière,
  3. (nl) François, Frederik, Vergeten Verleden: de voormalige Cisterciënzerabdij van Florival (1210-2014), Katholieke Universiteit Leuven, onuitgegeven licentiaatsthesis - opleiding Geschiedenis, , 200+
  4. (nl) Francois, Frederik, « De drie stichtingsdata van de abdij van Florival », Huldenbergs Heemblad,‎ , p. 206
  5. M.E. Montulet-Henneau, Les Cisterciennes du pays Mosan. Moniales et vie contemplative à l’époque moderne, Bruxelles-Rome, Institut Historique Belge de Rome,
  6. a et b Marie-Thérèse Bitsch, Histoire de la Belgique. De l’Antiquité à nos jours, Bruxelles, Complexe,
  7. Les "visites" consistent en un contrôle de la bonne tenue de la communauté et du respect des règles monastiques.
  8. Bruno Demoulin et Jean-Louis Kuppers, Histoire de la Wallonie. De la préhistoire au XXe siècle, Toulouse, Privat,
  9. P. Bonenfant, Monasticon belge. Premiér volume, Liège, Centre National de Recherche Religieuse,

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • P. Bonenfant, Monasticon belge. Premier volume, t. IV, Liège, Centre National de Recherche Religieuse, 1964.
  • Marie-Thérèse Bitsch, Histoire de la Belgique. De l’Antiquité à nos jours, 2e ed., Bruxelles, Complexe, 2004.
  • Joseph-Marie Canivez, L’ordre de Cîteaux en Belgique. Des origines (1132) au XXe siècle, 1926.
  • Édouard de Moreau, Histoire de l’Eglise en Belgique. L’église des Pays-Bas 1559-1633, t. V, Bruxelles, Udition Universelle, 1952.
  • Bruno Demoulin et Jean-Louis Kuppers, Histoire de la Wallonie. De la préhistoire au XXe siècle, Editions Privat, Toulouse, 2004.
  • M.E. Montulet-Henneau, Les Cisterciennes du pays Mosan. Moniales et vie contemplative à l’époque moderne, Bruxelles-Rome, Institut Historique Belge de Rome, 1990.
  • Théophile Ploegaerts, Les moniales cisterciennes dans l’ancien Roman Pays. Partie 3 : l’abbaye de Florival, Bruxelles, Verbe et Lumière, 1925.

Articles connexes modifier