X 2700
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Identification
Exploitant(s) SNCF
Désignation motrices : X 2701 à 2720
remorques : XR 7701 à 7720
Type autorail
Motorisation Diesel
Composition Motrice + Remorque
Conduite 1 poste à chaque extrémité
Concepteur Bureau d'Études Autorails SNCF
Construction 1954-1955
Constructeur(s) De Dietrich, Renault et Brissonneau et Lotz
Nombre 20
Mise en service 1954-1955
Période de service 1954-1986
Effectif 0
Retrait radiés de 1980 à 1986 sauf X 2700 (en 2010)
Caractéristiques techniques
Écartement standard (1 435 mm)
Carburant gazole
Moteur thermique 2 moteurs Renault 517-V 12
32,280 L
Puissance 221 puis 250 kW
à 1 500 tr/min
Transmission mécanique manuelle
boîte 4 vitesses et inverseur
Puissance continue 456 kW
Capacité en carburant 1 350 L
Consommation 1,20 L/km
Masse en service Motrice 45 t + Remorque 32 t t
Longueur HT 26,600 + 26,050 m
Masse totale 77 t
Longueur totale 55 m
Bogies 2 bogies moteurs
Places assises Motrice - 2e : 60
Remorque - 1re : 24, 2e : 52 pl.
Vitesse maximale 124 km/h

Les X 2700 ou RGP 2 sont des rames automotrices bimoteur (d'où le « 2 ») composées de deux véhicules accouplés (une motrice et une remorque pilote).

Les vingt unités de la série, commandées en 1950, sont mises en service en 1954 et 1955. Si elles donnent entière satisfaction pendant les premières années en réalisant des parcours de plusieurs centaines de kilomètres et en offrant aux passagers un confort jusque là inconnu, elles sont sont assez vite supplantées par les RGP 1, plus puissantes, plus rapides et encore plus confortables. Les rames sont progressivement affectées à des services moins « nobles » et les dernières d'entre elles cessent tout service commercial en 1986.

Deux motrices n'assurant plus de circulation commerciale, modifiées et attelées en permanence, composent une rame d'auscultation des voies, en service jusqu'en 2010. Par ailleurs, trois rames sont préservées par des associations de sauvegarde du patrimoine ferroviaire.

Genèse de la série modifier

À la fin des années 1940, le parc de la SNCF dédié aux relations rapides et confortables sur de longues distances et sur des lignes non électrifiées repose sur un parc d'autorails hétéroclite, composé notamment des Renault ABV et VH doubles, des autorails Bugatti et des TAR, dont certains ont été durement éprouvés pendant la Seconde Guerre mondiale[1]. À défaut d'autorails, ces dessertes sont encore largement assurées par des trains à vapeur dont les coûts d'exploitation deviennent prohibitifs[2].

Pour remédier à cette situation, la SNCF commande en 1950 vingt rames composées d'un motrice construite par De Dietrich à Reichshoffen et d'une remorque-pilote fabriquée par Brissonneau et Lotz à Creil. Les motrices sont équipées de deux moteurs Renault sur le modèle des X 2400 ; un nouveau moteur, le SACM MGO V12 de 825 ch, beaucoup plus puissant, est en cours de développement mais la SNCF préfère, pour cette première série, s'en tenir à des solutions techniques éprouvées[3],[4].

La fabrication prenant du retard, ce n'est que le que la motrice X 2701 effectue sa première circulation près de Reichshoffen avant de partir pour Creil, le 23 du même mois, pour y être attelée à sa remorque[5]. Les motrices X 2701 à 2720 et les remorques X 7701 à 7720 sont livrées à la SNCF entre et [1].

Elles diffèrent des RGP 1 (X 2720, ou X 2770 en version TEE), construites et livrées dans la foulée, qui sont équipées d'un seul moteur comme le chiffre l'indique.

Description modifier

Caractéristiques techniques modifier

Motrice modifier

 
X 2403.

L'architecture des motrices est largement inspirée de celle des X 2400, même si leur longueur est un peu moins importante (26,630 m) mais la masse en ordre de marche plus élevée (45,5 t). Elles sont propulsées par deux moteurs Renault 517 G d'une puissance unitaire de 221 kW (300 ch) à la vitesse de 1 500 tr/min porté dans un second temps à 250 kW (340 ch)[6]. Le moteur est relié à une boîte de vitesses mécaniques à quatre rapports et inverseur qui entraîne les deux essieux du bogie correspondant, faisant ainsi des X 2700 des engins à adhérence totale[7].

Image externe
  Motrice RGP 2 côté remorque, intercirculation ouverte sur docrail.fr

.

La face frontale de la motrice opposée à la remorque est proche de celle des X 2400, le conducteur étant, comme sur ces autorails, installé à gauche du moteur et de la boîte de vitesses, exposé au bruit et aux odeurs. La face frontale côté remorque ne possède pas de poste de conduite mais une porte d'intercirculation permettent, grâce à un étroit couloir ménagé sur le côté du compartiment moteur, de se déplacer entre motrice et remorque[3].

Les motrices ne subissent au cours de leur carrière, que de très légères modifications techniques, comme l'apposition d'écrans pare-fumée de part et d'autre des échappements en toiture. Contrairement à d'autres séries, elles ne bénéficient pas d'une opération à « mi-vie » qui s'accompagne généralement de modifications et d'améliorations importantes[8].

Remorque modifier

 
Remorque-pilote d'une RGP 1.

La remorque-pilote, longue de 25,530 m a une masse totale en ordre de marche de 32,2 t[2]. Elle est équipée d'une porte d'intercirculation à chacune de ses extrémités. Elle dispose d'un étroit poste de conduite situé dans l'angle gauche de la face opposée à la motrice, resserré entre la paroi latérale et l'intercirculation ; symétriquement à la cabine de conduite, dans l'angle droit, un local pour l'agent de train est aménagé. L'intercirculation est masquée par des panneaux assurant la continuité de la carrosserie quand elle n'est pas utilisée[9]. Cette remorque est du même type que celle utilisée sur les RGP 1[10].

Composition des rames et jumelages modifier

Motrice et remorque-pilote forment un ensemble indéformable. Il est toutefois possible d'accoupler deux rames par leurs remorques respectives ; dans cette configuration, une partie de la face frontale des remorques en vis-à-vis est retirée et remplacée par un soufflet qui assure l'intercirculation entre les remorques. Plus rarement, seule une seconde motrice est attelée à la rame d'origine. Une dernière option est l'accouplement de trois rames[11], constituant ainsi le maximum autorisé de six caisses pour les autorails[12]. Les RGP 2 peuvent aussi constituer des rames avec d'autres types d'engins : RGP 1 ou autorail d'une puissance supérieure à 243 kw[9]. Dans tous les cas, chaque rame conserve son conducteur ; la communication se fait par signaux optiques et sonores (principe du jumelage)[13].

La vitesse maximale des rames de RGP 2 seules est fixée à 124 km/h comme celle des X 2400 qui partagent le même moteur et la même transmission. En convoi, c'est la vitesse limite la plus basse des éléments composant le train qui prévaut[14].

Aménagements intérieurs et livrées modifier

Les motrices ont une capacité de 48 places assises et les remorques de 56 places en classe unique. Une cuisine installée dans la remorque permet d'assurer les repas à la place dans l'ensemble de la rame ; la gestion en est confiée à la Compagnie internationale des wagons-lits. Dans la motrice, un espace est dédié au stockage des bagages[2]. Lors de leur mise en service, les rames sont en deuxième classe, passant en première classe en lorsque la SNCF supprime la troisième classe[6]. En 1973, la SNCF constate la sous-utilisation de la première classe, liée aux modifications de services des RGP 2. L'aménagement intérieur est revu : la rame offre désormais 21 places de première classe et 113 de seconde classe[15], la motrice étant intégralement dédiée à la seconde classe et la remorque dépourvue de sa cuisine[8].

Image externe
  X 2709 en livrée d'origine sur flickr.com

La décoration d'origine des RGP 2 comporte un haut de caisse jaune paille et un bas de caisse ainsi qu'un pavillon vert olive clair, séparés par un jonc aluminium parfois remplacé, lors de remises en peinture, par un bandeau de peinture argentée. Ces couleurs valent aux rames le nom familier de « lézards verts[4] ». À la fin de leur carrière, neuf d'entre elles revêtent la livrée orange et grise des turbotrains RTG ; il arrive alors que, au gré des recompositions de rames car motrice et remorque n'ont pas la même périodicité de maintenance, un motrice orange circule avec une remorque verte ou inversement[8].

La décoration initiale des rames, intérieure comme extérieure, est conçue par Paul Arzens[9].

Carrière modifier

Dépôts titulaires modifier

De 1954 à 1986, cinq dépôts ont compté des X 2700 à leur effectif[16].

Entre 1954 et 1955, toutes les RGP 2 sont mises en service à Lyon-Vaise.

Dès 1955, une dotation éphémère de trois unités est mutée à Metz-Sablons mais les engins retournent quelques mois plus tard à Lyon ou vont à Batignolles-Remblai, nouvelle affectation pour ces autorails. En 1959, Bordeaux reçoit son premier X 2700 en provenance de Batignolles qui ferme en 1963 en dont les autres unités de la série rejoignent Lyon. En 1964 c'est Marseille-Blancarde qui reçoit deux RGP 2 ; il les conserve jusqu'en 1969 où ces deux engins sont affectés à Bordeaux. Le parc de ce dépôt se renforce progressivement au détriment de celui de Lyon jusqu'en 1974 où il regroupe les vingt rames de la série.

C'est à Bordeaux que toutes les RGP 2 sont radiées entre le et le .

Services assurés modifier

 
Lignes commerciales parcourues par les X 2700 (en gras souligné, les dépôts titulaires)[17].

La première circulation officielle de l'X 2701 + XR 7701, qui relie Paris-Gare-de-Lyon à Saint-Étienne via Lyon-Perrache, a lieu le . Le lendemain, la même rame part de Lyon pour Bordeaux[5]. Le voit la circulation de la première RGP 2 entre Lyon-Perrache et Genève. Le , les RGP 2 effectuent pour la première fois la relation Lyon - Strasbourg[13].

Les autorails X 2700 assurent aussi de grandes relations transversales comme les trains BI/IB (Bordeaux-Isère et Isère-Bordeaux) Bordeaux - Grenoble via Brive, Clermont-Ferrand et Lyon, Bordeaux - Genève - Lausanne via Brive et Lyon, Genève - Cerbère via Grenoble (Catalan)[18], Avignon et Montpellier ou Lyon - Tours - Nantes puis Rennes. Les X 2770 monomoteur reprennent assez rapidement ces relations, ainsi que la ligne Bar-le-Duc - Metz - Sarrebruck - Francfort-sur-le-Main, que les RGP 2 assurent pendant quelques mois seulement. De Paris il vont vers l'ouest à Caen en desservant l'antenne de Dives-Cabourg et vers le nord à Dunkerque[13].

Leur séjour à Marseille leur vaut d'établir une nouvelle relation, « La Tramontane », entre la cité phocéenne et Portbou via Montpellier, Narbonne et Perpignan[19]. Le long de la côte varoise, ils vont jusqu'à Nice[13].

La mise en service des RGP 1 puis des turbotrains les chasse des lignes les plus prestigieuses. Le , les autorails X 2700 bimoteurs du dépôt de Lyon-Vaise assurent pour la dernière fois la relation GB/BG (Genève - Bordeaux via Lyon, Montluçon et Limoges avec retour). Regroupés à Bordeaux, les X 2 700 assurent pendant plus de dix ans un service régional intensif dans un grand quart sud-ouest de la France[20]. Elles prennent même en charge, en période estivale, la liaison entre Dax, Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port et Irun, au prix de la traversée à vide de la forêt des Landes depuis Bordeaux[21].

Les dernières unités bordelaises sont définitivement retirées du service commercial le [22].

Modélisme modifier

REE Modèles propose, à l'échelle HO, quatre unités différentes des X 2700, deux en livrée vert olive et deux en livrée orange. Chaque modèle est disponible en version analogique, digitale sonorisée ou trois rails sonorisée[23].

Les RGP 2 sont reproduites par Jouef à l'échelle HO dans quatre numérotations différentes, toutes en livrée vert olive, en version soit analogique, soit digitale sonorisée, soit les deux[24].

À l'échelle N, c'est l'Allemand Arnold qui propose cinq versions de RGP 2, trois en livrée orange et version analogique, une en orange digitale sonorisée et une en vert olive digitale sonorisée[25].

Rames conservées modifier

Les X 2707 et 2714 sont conservées par la SNCF sous le nouveau numéro X 2700. Les remorques sont transformées en 1983 à Bordeaux avec le démontage d'un groupe moteur par motrice et reprise de la face frontale correspondant ; attelées par l'extrémité ayant conservé son moteur, elles forment une rame indéformable reversée au parc Infra pour auscultation des voies (véhicule V4) et une nouvelle livrée blanc cassé et gris foncé avec bandeaux corail est appliquée[26]. Les deux engins sont retirés du service en 2010 puis mis à la ferraille.

La X 2709 du Chemin de fer du Haut Forez (CFHF) a longtemps été préservée à Vers et Cahors par Quercyrail en circulant sur la ligne « Cahors-Capdenac ». Cet engin est démotorisé et utilisé en voiture de restauration ferroviaire ; il conserve sa livrée d'origine verte et jaune mais les joncs décoratifs en aluminium sont remplacés par des bandeaux de peinture argentée[27].

La X 2716 est préservée par l'Association du train touristique du Pays Puisaye-Forterre (TTPPF/AATY) dans l'Yonne. Cette rame bénéficie d'une livrée particulière et des circulations avec restauration à bord, comme à l'origine, sont régulièrement effectuées[28].

La X 2719 est préserve par l'Association autorail Lorraine Champagne-Ardenne (ALCA) ; c'est la seule rame conservée dans sa livrée d'origine intégrale, avec les joncs décoratifs en aluminium[29].

Notes et références modifier

  1. a et b Constant 2007, p. 14.
  2. a b et c Collardey 1996, p. 43.
  3. a et b Constant 2007, p. 14-15.
  4. a et b Guillaume Pourrageaux, Les RGP du TEE au TER, Éditions La Vie du Rail, , 191 p. (ISBN 978-2-9187-5816-7).
  5. a et b Lhospital 2021, p. 67.
  6. a et b Constant 2007, p. 15.
  7. Collardey 1996, p. 47.
  8. a b et c Lhospital 2021, p. 68.
  9. a b et c « Les rames pour Relations à Grands Parcours RGP 2 », sur docrail.fr (consulté le ).
  10. Bernard Collardey, « Les RGP reprennent des couleurs », La Vie du rail, no 1981,‎ , p. 5.
  11. Lhospital 2021, p. 65-66.
  12. Jehan-Hubert Lavie, « Les règles de circulation des remorques unifiées », Correspondances, no 2 hors série « L'art de composer les trains d'autorails »,‎ , p. 38 (ISSN 1634-8206).
  13. a b c et d Collardey 1996, p. 45.
  14. Constant 2007, p. 8-9.
  15. Constant 2007, p. 17.
  16. Collardey 1996, p. 48.
  17. Collardey 1996, p. 44.
  18. Christophe Lachenal, « Gare de Genève-Cornavin : Historique », sur christophe.lachenal.free.fr (consulté le ).
  19. Constant 2007, p. 16.
  20. Collardey 1996, p. 46.
  21. Lhospital 2021, p. 71.
  22. Jean Cluizel, « 1975-1995 : 20 ans d'odeurs oxyacétyléniques », Voies ferrées, no 88,‎ , p. 55.
  23. « Autorail RGP 2 (série 1) », sur REE Modèles, (consulté le ).
  24. « RGP II - recommandé pour vous », sur Jouef (consulté le ).
  25. « Liste des produits de la marque Arnold », sur Jura Modélisme (consulté le ).
  26. Collardey 1996, p. 55.
  27. « L'inventaire », sur le site du CFHF (consulté le ).
  28. « Le matériel servant à l'exploitation », sur le site du TTPPF (consulté le ).
  29. « SNCF RGP2 X-2719 – ALCA », sur Patrimoine ferroviaire française (consulté le ).

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Michel Braun, Les éléments autorails bimoteurs RGP2, Les Éditions du Cabri, 1987. (ISBN 978-2-903310-56-1).
  • Bernard Collardey, « RGP : c'étaient les princes des autorails », Rail Passion, no 9,‎ , p. 43-55 (ISSN 1261-3665).  
  • Olivier Constant, Encyclopédie du matériel moteur SNCF : Supplément à la revue « Le Train », t. 4 : Les autorails des années 1950 à nos jours (2e partie), Publitrains, , 98 p. (ISSN 1267-5008).  
  • Jacques Defrance, Les Engins Moteurs Français (SNCF) 1.7.1982, Éditions Frank Stenvalls, (ISBN 9-1726-6073-2).
  • Éric Lhospital, « Le règne des RGP 2 sur les transversales du Massif Central », Ferrovissime, no 109,‎ , p. 64-71.  
  • Le Train, no 8 hors série « Les X 2700 : RGP 2, RGP1, RGP 1 TEE, RGP modernisées (tome 3) »,  .

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier