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Bertoulle Beaurebec, née le 4 juillet 1996 au Chesnay-Roquencourt (Yvelines), est une artiste-performeuse contemporaine, autrice, comédienne, travailleuse du sexe, activiste queer, afroféministe et pro-choix.

Son discours pour l’avènement d’un rapport sociétal à la sexualité, dénué de tabous et d’injonctions sexistes à l’égard des femmes, est explicité dans son manifeste Balance ton corps, manifeste pour le droit des femmes à disposer de leur corps, publié aux éditions La Musardine le 1er octobre 2020.

Biographie

Bertoulle Beaurebec naît le 4 juillet 1996 au Chesnay-Roquencourt, un canton de la ville de Versailles, de parents sénégalais. Elle passera son enfance et son adolescence dans les Yvelines, exceptée son année de troisième qu’elle effectuera à la cité scolaire Jean Mermoz de Dakar. À la suite d’une scolarité littéraire, elle obtient son bac avec mention et débute sa première année en licence d’histoire de l'art et archéologie de l’Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne. Cependant, elle décide rapidement de quitter l’université car les méthodes d’enseignement ne correspondent pas à son approche sensible de l’art.

Ayant depuis son plus jeune âge pratiqué la danse, le chant et le théâtre, Bertoulle décide de consulter des annonces d’emplois liées à l’art vivant. Elle trouve une annonce de casting du Théâtre Chochotte qu’elle intégrera début 2015. Elle y restera deux ans. C’est en entrant au sein de la troupe du théâtre qu’elle choisit le nom d’artiste Bertoulle Beaurebec, inspiré par le surnom que sa meilleure amie au collège lui donnait d'après le personnage imaginé par l’écrivaine et historienne française Béatrice Bottet dans une saga fantastique médiévale nommée Le Grimoire au Rubis. La même année, elle décide de passer l’audition pour le cursus Comédie Musicale du Cours Florent et sera retenue. Elle financera son année d’étude grâce au revenu qu’elle génère en s’effeuillant intégralement sur la scène du Chochotte. Parallèlement, la patronne du théâtre la forme à certaines pratiques de domination BDSM et Bertoulle vend brièvement des sessions de domination BDSM à une clientèle exclusivement constituée d’homme blancs plus âgés, hétérosexuels, cisgenres et aisés financièrement. C’est par une rencontre fortuite au sein du théâtre Chochotte qu’elle s’initiera aux arts de la danse de feu, au cracher de feu et à la performance d’entertainment. Dès 2016, c’est régulièrement qu’elle se produit sur la scène du club Cirque le Soir à Londres et part en tournées internationales dans plusieurs pays d’Europe et en Chine avec d’autres performeurs de la troupe londonienne et également en bookings indépendants. Amatrice de musiques extrêmes, Bertoulle collaborera deux ans d’affilée avec le DJ Mike Rock -DJ officiel du festival Hellfest Open Air-en performant lors de ses sets au sein d’un trio de performeuses sur la scène festive du Metal Corner.

À 20 ans, en parallèle à ses activités d’effeuilleuse érotique, de femdom et de danseuse- performeuse, Bertoulle débute le strip-tease au sein d’un club suisse sous le pseudonyme Bonnie. C’est en rencontrant des clients au sein de ce club qu’elle fera ses premières expériences en tant qu’escort girl. Résidente à Paris, elle s’y rendra régulièrement sur une période de 18 mois puis intégrera l’équipe de danseuses du Secret Square de Paris sous le pseudonyme de Sélène. Elle y travaillera quelques mois avant de quitter l’établissement pour des raisons politiques. Bertoulle décide de continuer l’escorting à Paris et par les rencontres qu’elle fait, côtoie une clientèle issue des hautes sphères politiques et financières parisienne. Bertoulle commence alors à entretenir des relations platoniques rémunérées en devenant également sugar-babe. En 2018, après avoir été effeuilleuse érotique, strip-teaseuse, dominatrice BDSM et sugar-babe, et alors qu’elle est danseuse performeuse et escort-girl, Bertoulle décide de se lancer dans la pornographie. Elle a 21 ans lorsqu’elle tourne ses premières scènes pour des productions semi-amateur françaises. De Jacquie et Michel à French Bukkake en passant par le magazine Union et Heavy on Hotties, elle décide de ne pas trier les demandes afin de faire l’expérience de la réalité des tournages pornographiques en France. En janvier 2019, elle tourne son premier long-métrage professionnel produit par la chaîne française Canal+ puis décide de se consacrer exclusivement à la pornographie éthique, féministe et queer. Bertoulle Beaurebec travaille par la suite avec la réalisatrice féministe Anoushka en incarnant un vampire cynique dans le court-métrage Les Amants Nocturnes. Elle devient performeuse pour la boite de production renommée Erika Lust et obtient les premiers rôles dans les films Another Sex Dimension, réalisé par Sally Fenaux Barleycorn et Domestic Servitude, réalisé par Poppy Sanchez. En 2020, Bertoulle incarne Charlotte dans le long-métrage anti-validiste Vivante réalisé par Anoushka et produit par Canal+. Elle réalise également un épisode de porno audio pour le podcast français Voxxx/Coxxx créé par la performeuse pornographique Lele et la réalisatrice Olympe de G.

En 2019, en parallèle à ses activités liées au travail du sexe, Bertoulle Beaurebec quitte l’univers de la performance de divertissement afin de se tourner vers la performance contemporaine qu’elle nomme art rituel corporel. Elle se forme en autodidacte à la discipline d’avalage d’épée et au needle-play, pratique dérivée du BDSM. Bertoulle donne une dimension spirituelle et politique à ses performances en incarnant le personnage biblique de Lilith après sa déchéance dans sa performance La Chute de Lilith et en se suturant la bouche elle-même pour dénoncer la silenciation que les TDS (travaillleuses et travailleurs du sexe) subissent médiatiquement dans leur performance SUJET/OBJET.

Œuvre

Sur le site de Bertoulle Beaurebec, son intention artistique est expliquée ainsi :

« Les performances d’art rituel et corporel de Bertoulle Beaurebec s’inscrivent dans sa démarche artistique visant à lier le spirituel au corporel en passant par la douleur, l’effort et l’inconfort. En prenant le pouvoir sur sa chair et en repoussant les limites de sa résistance à la douleur lors de ses performances, Bertoulle met en exergue ses croyances intimes et celles qui régissent notre société en réinterprétant les mythes liés à la féminité, aux corps, au sexe, à la race (en tant que construction sociale) à travers l’histoire, les religions et les spiritualités.

La méthode performative de Bertoulle s’inscrit dans la catégorie de l’art action qui utilise le corps, le temps et l’espace comme caractéristiques principales. Si Bertoulle conceptualise toutes ces performances, en prépare la mise en scène et leur bande-son en amont, ses gestes sur scène et ses interactions avec les spectateur.trice.s sont improvisés et évoluent selon les scènes, lieux, évènements etc… »

Fortement inspirée par l’approche performative de l’artiste contemporaine Marina Abramovic, Bertoulle y ajoute une dimension spirituelle en lien avec son propre rapport au corps et à l’esprit. Elle considère son corps comme une enveloppe charnelle périssable indépendante de sa propre personne. Par conséquent, il est possible pour elle de transcender la douleur, l’épuisement et l’inconfort auto-infligés et d’utiliser ces sensations comme des vecteurs de changement d’état de conscience qui servent son initiation spirituelle vers la réalisation. Dans la partie « Corps profane » de son manifeste Balance ton Corps, page 87, elle écrit :

«Il faut comprendre ceci : le corps n’a rien de sacré. Il est fait de chair, de sang et de viscères. Le corps est cette machine organique fabuleuse dans laquelle on expérimente nos vies. Une enveloppe dans laquelle on s’emmitoufle. Non, le corps n’est pas un temple, c’est la viande sacrificielle déposée sur l’autel du vécu. Mon corps, je l’use volontairement parce que je m’aime et c’est ainsi que je maintiens la différence entre lui- « ça »- et moi –« je ». »

Performances live

• La Chute de Lilith, performance rituelle, 2019. Conceptualisée et réalisée par Bertoulle Beaurebec. Première à la Torture Garden de Londres. Disciplines : avaler d’épée, rituel d’aiguille, effeuillage, danse rituelle.
• Sujet/Objet, performance politique, 2019. Conceptualisée et réalisée par Bertoulle Beaurebec. Première au SNAP ! festival, Bruxelles. Disciplines  : suture de la bouche, brûlures superficielles à la cire de bougie, strip-tease, danse.
• Pulchra, performance politique, 2019. Conceptualisée et réalisée par Bertoulle Beaurebec. Première au Bal Décadent, Paris. Disciplines : rituel d’aiguilles, strip-tease, maquillage de sang.

Activisme

Bertoulle Beaurebec se définit elle-même comme une femme queer, omnisexuelle, polyamoureuse, afroféministe pro-choix (pour l’accès libre à l’IVG, la possibilité de porter le voile et le droit d’exercer dans les différents métiers du sexe et de l’érotisme sans souffrir de rejet et d’oppressions systémiques). Elle porte un regard critique sur la colonisation, l’esclavage et leurs conséquences sur la qualité de vie des personnes afrodescendantes et des peuples anciennement colonisés qui font toujours face à des inégalités de traitements (professionnellement, médicalement et socialement), de considération et de crédibilité (de vécu, de pensée et de discours) dues à diverses discriminations systémiques. Plus spécifiquement, Bertoulle se positionne contre toutes formes de misogynoir, sexisme, fétichisation sexuelle des femmes issues des populations anciennement colonisées par les pays européens et les Etats-Unis, transphobie, putophobie, validisme, psychophobie, grossophobie, racisme et homophobie.

Depuis 2019, Bertoulle met à profit sa position de TDS outée pour s’exprimer dans l’espace médiatique afin de participer à diffuser des discours de personnes concernées au sujet du travail du sexe, de ses réalités et de ses complexités et lutter contre le stigma lié à l’industrie de l’érotisme et du sexe. Son afroféminisme, à l’instar du collectif militant français Mwasi est également anti-carcéral et anticapitaliste.

En 2020, lors du confinement global dû à la pandémie liée au COVID-19 en France, Bertoulle lance sur son compte Twitter le #cagnottestrasschallenge afin de promouvoir la cagnotte de soutien aux TDS précaires mise en place par le Syndicat du Travail Sexuel (STRASS). Le challenge, reprit en ligne par de nombreuses performeuses pornographiques et TDS a généré plusieurs milliers d’euros en soutien à la cause.

Balance ton corps, Manifeste pour le droit des femmes à disposer de leur corps

En novembre 2018, Bertoulle Beaurebec débute la rédaction de Balance ton corps en réaction à deux constats : la recrudescence de la putophobie sur les réseaux sociaux et dans le paysage politique français et le fait qu’en France il n’existe aucun ouvrage sur le sexe, les sexualités des femmes et le travail du sexe rédigé par une femme queer afrodescendante et travailleuse du sexe. En août 2019, elle achève la rédaction de son ouvrage et le soumet à la maison d’édition parisienne La Musardine qui décide de le publier. Initialement prévue pour mai 2020, la date de publication est repoussée au 1er octobre 2020 à cause de la pandémie globale liée au COVID-19.

Dans cet ouvrage en trois parties, Bertoulle détaille dans la partie « l’Art d’être une salope en 5 principes » sa philosophie de vie en réponse à cette phrase que beaucoup utilisent pour justifier la déshumanisation et la stigmatisation des femmes libérées sexuellement et des TDS : « Elles ne se respectent pas, alors pourquoi on les respecterait ? ». Puis dans « Critique d’une société coincée du cul », elle analyse et critique- depuis sa position marginale- le rapport que la société occidentale entretient avec le sexe, l’éducation sexuelle, la pornographie et les corps des femmes. Et enfin, dans la dernière partie « Le monde perçu, vécu et fantasmé par une salope » elle partage des tranches de vie, son rapport à la spiritualité et propose une vision fantasmée d’une société plus juste et construite sur des principes de non-jugement, de liberté d’être et de bienveillance.

Liens externes

• Site personnel de l'artiste
• Site de la Musardine

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