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La Summa Theologiae de Thomas d'Aquin .

Par littérature latine médiévale, on entend la période de la Littérature latine qui suit la chute de l'Empire romain et caractérisant la production occidentale entre 476 et 1350. [1] [2] La langue latine a accompagné tout le cours du Moyen Âge en tant qu'outil linguistique pour toute écriture, pas seulement littéraire, succédant ainsi à la langue grecque commune (Koinè).

Étapes chronologiques de la littérature latine médiévale modifier

La littérature latine médiévale peut être sommairement divisée en cinq phases que l'on pourra faire précéder d'une période des origines, située entre la mort de Constantin et la chute de l'Empire romain d'Occident.

  1. Les origines (337 - 476)
  2. La littérature barbare (476 - 799)
  3. La Renaissance carolingienne (IXe siècle)
  4. La littérature féodale (Xe siècle)
  5. La littérature scolastique (XIe - XIIe siècle)
  6. La littérature savante (1200 - 1350)

Les origines : l'âge d'or patristique modifier

 
Saint Ambroise, mosaïque de la Basilique de Sant'Ambrogio à Milan

La période des origines de la littérature latine médiévale est souvent analysée dans ses principales formes d'expression, à savoir la littérature chrétienne antique et la littérature païenne des IVe et Ve siècles ; cependant, il est indispensable de l'envisager aussi dans son unité, pour mieux comprendre l'évolution de la littérature au Moyen Âge.

À partir du milieu du IVe siècle, la philosophie et la pensée chrétiennes ont commencé à se répandre au travers de la littérature, contrastant avec la littérature païenne décadente ; parmi les principaux représentants de cette période, il faut mentionner Hilaire de Poitiers, Ambroise de Milan, Juvencus, le poète Prudence et Paulin de Nole, ainsi que les historiens Jérôme de Stridon, Sulpice-Sévère, Paul Orose et les orateurs tels que saint Augustin et le pape Léon Ier. Cette période coïncide ainsi avec l'âge d'or des Pères de l'Église, dont les écrits sont majoritairement à caractère théologique, répartis selon des genres propres à cette époque : traités doctrinaux, commentaires scripturaires, homélies, hymnes liturgiques.

D'autre part, la littérature latine païenne, bien qu'affaiblie et peu innovante, comprend les travaux de poètes tels que Claudien et Rutilius Namatianus, d'historiens comme Eutrope et Ammien Marcellin, de polémistes tels que Symmaque, célèbre protagoniste de la dispute avec l'évêque de Milan Ambroise sur la suppression de l'Autel de la Victoire. [3] Sa Relatio de ara Victoriae montre clairement le contraste entre les deux branches de la culture latine de l'époque[4], contraste que l'on s'efforçait néanmoins, dans un premier temps, d'atténuer de part et d'autre dans les textes officiels et jusque dans les œuvres littéraires[5].

La littérature barbare modifier

 
Cassiodore

Le contraste entre la pensée chrétienne et païenne se poursuit également dans la période suivante, au cours de laquelle une nouvelle dispute a lieu sur la conservation des anciens textes païens classiques : si certains chrétiens considéraient cette production littéraire comme dangereuse pour les âmes, d'autres grands auteurs, estimaient devoir la conserver et l'entretenir avec beaucoup de soin, comme témoignage d'un grand passé. Ce fut le cas notamment de saint Jérôme et de saint Augustin, dont l'ambition était d'assumer dans la doctrine sacrée l'ensemble de la culture antique, tant dans le domaine des sciences que dans celui de philosophie et de la littérature[6].

C'est à cette tâche que va s'employer Cassiodore, rassemblant et recopiant des manuscrits anciens dans son monastère de Vivarium, conformément au programme décrit dans ses Institutiones  ; c'est lui qui inspirera le travail des futurs bénédictins. [7]

Cette période historico-littéraire tire son nom des invasions barbares concomitantes, qui ont apporté une période d'instabilité grave et un nouvel ennemi païen pour le christianisme s'ajoutant à une situation de pauvreté et d'insécurité pour le monde occidental. Au VIe siècle nous avons encore des productions littéraires de haut niveau, dont les principaux auteurs sont, outre Cassiodore, Boèce, Venance Fortunat, le pape Grégoire Ier, Grégoire de Tours et saint Benoît. Les genres littéraires employés sont les mêmes que ceux de la période précédente : dialogues, chant de consolation, chant épique, épîtres.

Les VIIe et VIIIe siècles ont apporté au contraire une dépression culturelle vaste et étendue ; dans le contexte continental, la production littéraire perd son caractère universel, diffère fortement entre les différents peuples et fournit de rares œuvres d'intérêt, à quelques exceptions près situées principalement dans le contexte insulaire. Isidore de Séville en Espagne et l'irlandais Colomban [8] comptent parmi les quelques personnages illuminés du début du VIIe siècle ; en Italie, en France, en Espagne et en Afrique du Nord, la culture, pendant environ deux siècles, s'est généralement conservée à l'intérieur des monastères. D'Irlande, cependant, une vaste série de missionnaires et d'érudits est née, qui a submergé l'Angleterre et par la suite toute l'Europe formant une vague de conversions et de contacts culturels. L'Angleterre en a tiré d'énormes bénéfices  : tiraillée entre de fortes influences irlandaises et italiques[9], elle développa un grand amour pour les œuvres de la culture classique et produisit des intellectuels comme Benoît Biscop, Aldhelme, Bède le Vénérable et Boniface de Mayence. L'ère de la littérature barbare marque la fin du latin parlé couramment, surtout à partir du VIIe siècle, laissant place aux nouvelles langues romanes encore incapables de développer leur propre littérature.

La Renaissance carolingienne modifier

 
Charlemagne couronné par Léon III .

La fragmentation culturelle née à l'époque précédente est à nouveau rassemblée sous l'impulsion unificatrice de l'empire de Charlemagne, avec pour conséquence le développement d'une production littéraire à caractère international. Cette véritable « renaissance » culturelle utilise des éléments de la tradition italienne, ainsi que la vitalité de la culture irlandaise et anglo-saxonne. Il s'agit d'une renaissance à la fois civile et religieuse, basée sur les manuscrits des monastères et sur les nouvelles écoles fondées dans tout l'empire carolingien. La cour franque rassemble de nombreux intellectuels de l'époque, dont les Italiens Paulin d'Aquilée et Paul Diacre, les Anglo-Saxons Alcuin et Frédegis.

C'est à ce stade de l'histoire littéraire latine que l'Allemagne fait son entrée dans la culture occidentale, suite à sa conversion au christianisme réalisée par saint Boniface ; savants et érudits allemands apprennent la langue latine en peu de temps, comprennent ses nuances techniques les plus complexes et se révèlent experts en grammaire aussi bien qu'en dialectique et en rhétorique . L'Académie Palatine, pivot des intellectuels de la cour et dirigée par Alcuin, fournit des génies comme Angilbert et Éginhard, qui s'occupent de poésie et d'ouvrages historiques. En 814, la mort de Charlemagne met en danger la stabilité de cette institution, maintenue par Louis le Pieux : la littérature a perdu l'importance qu'elle avait précédemment acquise et a éloigné de la cour franque le mouvement littéraire parmi les laïcs. Néanmoins, cette période fournira des intellectuels largement connus, tels que Raban Maur, Walafrid Strabon, Jean Scot Érigène et Sedulius .

La littérature féodale modifier

 
Otton Ier de Saxe

Au soi-disant « siècle de fer », la culture européenne connaît une période absolument défavorable, pressée entre des conditions sociales et politiques inadaptées ; elle se réfugie dans les églises et les monastères, défiant les innombrables raids des barbares [10] et l'esprit séculier croissant qui se répand. La production littéraire reste principalement entre les mains du peuple allemand, qui met à profit les connaissances acquises au siècle précédent ; Des légendes et épopées nationales sont créées en latin, surmontant la copie servile des classiques telle qu'elle était conçue jusque-là. Parmi les œuvres notables se distinguent le Waltarius d'Ekkehard de Saint-Gall et l'allégorie intitulée Ecbasis captivi, un poème animalier en vers latins . Il convient également de mentionner les compositions en hexamètres de Hrotsvita de Gandersheim. Dans la poésie religieuse, rappelons Notker le Bègue, le premier auteur de séquences liturgiques, tandis que de nombreuses hymnes anonymes nous sont parvenus.

Une nouvelle phase historique et culturelle s'ouvre avec la proclamation comme empereur d'Otton Ier et la restauration du Saint-Empire Romain ; de nombreux érudits se réunissent à sa cour, dont Rathier de Verone et Liutprand de Cremone . Les descendants d'Otton profitent de ce climat, en particulier Gerberge de Saxe, Otton II et Otton III, mais aucun d'entre eux ne parvient à réaliser le rêve de la dynastie ottonienne de rendre à Rome son ancien rôle de caput mundi . Cependant, ce sursaut intellectuel dans le monde des lettres a apporté de grands avantages à tout l'Occident avec l'ouverture de nouveaux monastères et écoles[11], notamment en Allemagne où il a eu des conséquences plus importantes. Le plus grand représentant de l'art poétique du royaume ottonien est encore Roswitha de Gandersheim, auteur de drames liturgiques, de poèmes historiques et de légendes en hexamètres et distiques léonins ; les plus grands auteurs de prose sont Atton de Verceil et son correspondant Gunzone, Rathier, Liutprand, Abbon de Fleury et surtout Gerbert d'Aurillac, le futur pape Sylvestre II.

La littérature scolastique modifier

 
S. Anselme de Cantorbéry

Les deux siècles qui suivent l'an 1000 vont apporter une période de changements énormes pour toute l' Europe : querelle des investitures, jusqu'au Concordat de Worms en 1122, émergence des communes, croisades et les nouvelles relations avec l'Orient qu'elles occasionnent, développement de l'Université et découverte (ou redécouverte) de nouveaux courants philosophiques. Le contact avec le monde arabe et byzantin a permis à la culture européenne de se retrouver face à de nombreuses œuvres de littérature grecque antique alors peu connues, dont Platon, Aristote dans le commentaire d'Averroès et la patristique orientale ; grâce aux innombrables traductions latines faites depuis grec et l'arabe, l'influence philosophique et littéraire fut évidemment énorme et marqua l'histoire de la culture européenne[12]. Les universités permettent au monde séculier d'accroître sa présence dans la culture, auparavant conservée dans les monastères et leurs écoles ; dans ces nouveaux centres d'études paraissent des productions littéraires florissantes, tant des professeurs que des étudiants. Face à ces changements, la renaissance culturelle a dominé et envahi tous les domaines de l'intelligence, impliquant évidemment la littérature. La prose se distingue surtout par des écrits relatifs à la théologie et à la philosophie, deux sciences qui se disputent alors violemment la prépondérance. Parmi les théologiens notables, retenons Burchard de Worms, Pierre Damien, Lanfranc, adversaire acharné de Bérenger de Tours, et surtout Anselme de Cantorbéry. Les grands philosophes sont alors Pierre Abélard, Hugues et Richard de Saint-Victor, Bernard de Clairvaux et Pierre Lombard ; pour les autres genres couverts par la prose [13] il faut citer à nouveau Gerbert d'Aurillac et Jean de Salisbury, ce dernier souvent célébré comme l'un des plus grand précurseurs de l'Humanisme.

La poésie médiévale, même avant et au-delà des XIe et XIIe siècles, peut être divisée en métrique et rythmique : si la première est basée sur les règles recueillies par les auctores, la seconde est une forme médiévale originale, étroitement liée à la musique. Parmi les interprètes de ce dernier genre, on notera Alfan de Salerne, Huges Primat, Adam de Saint-Victor. Il existe de nombreux textes de poésie didactique, souvent simples reprises d'œuvres classiques ; parmi les interprètes majeurs, il y a Marbe de Rennes, Alain de Lille et Gautier de Châtillon .

La littérature savante modifier

 
S. Thomas d'Aquin peint par Carlo Crivelli .

Le processus de disparition de la langue latine dans la littérature devient encore plus important dans la dernière phase : de manière générale, les productions en langue vernaculaire sont en constante augmentation, en particulier dans la poésie où elle domine désormais presque totalement. La culture subit une nouvelle voie de sécularisation, dont les forces ne sont cependant pas en contraste avec l'Église ; le clergé perd son rôle de gardien exclusif de la culture, tandis qu'au contraire les nouveaux ordres religieux de Saint François et de Saint Dominique rassembleront quelques-uns des esprits les plus brillants : ----------. Toute la littérature des deux siècles précédents est de nouveau examinée et évaluée avec un esprit critique enviable, tous les éléments de valeur sont collectés et on tente de dresser un catalogue de toutes les productions culturelles dans des summӕ, itineraria, spéculum, dicta et opiniones, etc. [14] Le XIIe siècle se présente comme l'un des plus grands de l'histoire de la culture médiévale, fondamental pour la compréhension de la future histoire européenne. Dans la prose, la production philosophico-théologique est reine, éclairée par l'acquisition complète des œuvres d'Aristote : c'est sur la base du Stagirite qu'évoluent les différentes interprétations thomistes, [15] averroïstes, néoplatoniciennes et augustiniennes, et scientifiques-expérimentales. Les œuvres majeures de ce genre sont l'Itinerarium mentis in Deum de saint Bonaventure et surtout la Summa theologiӕ de Thomas d'Aquin, tandis que, dans le domaine de l'exégèse, elles s'ajoutent aux grands devanciers Albert le Grand et Joachim de Flore ; de ce dernier jaillit un courant de littérature spirituelle mystique, lié avant tout à l'Ordre franciscain, auquel appartiennent Ubertin de Casale et Angèle de Foligno.

La littérature profane se roule sur le trivium, ainsi que sur la médecine, le droit et l'historiographie : Accursius, Pietro d'Abano, Cecco d'Ascoli, Leonardo Fibonacci, Giovanni Villani, Vincent de Beauvais et Salimbene. Les œuvres latines de Dante Alighieri, notamment leDe vulgari eloquentia et De Monarchia, clôturent l'histoire de la prose latine médiévale. Dans la poésie religieuse se distinguent encoresaint Thomas et Jacopone da Todi ; la poésie historique a aussi une certaine force, tandis que la poésie vernaculaire triomphe autour d'elle. Dans certains centres et écoles, le désir d'étudier la littérature classique demeure, ce qui poussera alors l'histoire européenne vers l'humanisme.

Notes et références modifier

  1. Il periodo delle origini si fa risalire anche al 337 d.C.
  2. Le date sono puramente indicative.
  3. Arnaldo Momigliano e Aldo Schiavone, Storia di Roma, Volume III, Parte II, Einaudi, , p. 47
  4. Maria Grazia Mara, Agostino interprete di Paolo: Commento di alcune questioni tratte dalla Lettera ai Romani; Commento incompiuto della Lettera ai Romani, Paoline, , 47-49 p.
  5. Maurice Testard, Chrétiens latins des premiers siècles, Les Belles Lettres, , p. 62-63 :

    « On retrouve cette ambigüité concertée jusque sur l'inscription de l'arc de triomphe de Constantin, où l'expression 'INSTINCTU DIVINITATIS' - "sous l'impulsion de la divinité", reste jusqu'à nos jours d'une interprétation tout à fait sybilline. »

  6. Étienne Gilson, Introduction à l'étude de saint Augustin, Vrin, 1929, 1943, 2003
  7. Franco Cardini, Cassiodoro il grande: Roma, i barbari e il monachesimo, Editoriale Jaca Book, , 139-141 p.
  8. Nella prima parte del VII secolo.
  9. Dall'Italia arrivavano numerosi uomini di chiesa e studiosi.
  10. I Saraceni spagnoli e quelli provenienti dall'Africa, i Normanni e i Germani, gli Ungari e gli Slavi.
  11. In Francia, in Baviera, in Svevia, in Lotaringia; da ricordare i centri di San Gallo, Reichenau e Reims.
  12. Alessandro Ghisalberti, La filosofia medievale, Giunti Editore, , 110-114 p.
  13. Principalmente storiografia e arti del trivio e quadrivio.
  14. Si tratta di riassunti, cataloghi ed enciclopedie su vari tipi di argomenti.
  15. Elaborazione aristotelica di Tommaso d'Aquino, che diverrà poi filosofia ufficiale della Chiesa cattolica.

Bibliographie modifier

  • Franceschini, Ezio. Lineamenti di una storia letteraria del Medioevo latino. Milano: I.S.U. Università Cattolica, 2008.
  • Reynolds, D. Leighton e Wilson, G. Nigel. Copisti e filologi - La tradizione dei classici dall'antichità ai tempi moderni. Padova: Editrice Antenore, 1987.

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