Sarah Lipska
Sarah Lipska, née le à Mława et morte le à Paris, est une peintre, styliste et décoratrice française d’origine polonaise. Elle a excellé dans son art à Paris, sa ville d’adoption, de 1912 jusqu’à sa mort.
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nationalités | |
Formation |
École des beaux-arts de Varsovie (d) |
Activités |
Maître |
---|
Biographie
modifierSarah Lipska est née le dans une famille juive, à Mława[1], dans la Pologne par les Russes. Elle fait ses études à l’École des beaux-arts de Varsovie[2], de 1904 à 1907. Elle en est une des premières élèves avec entre autres Fryda Frankowsk, Zofia Pyramowicz, Constantin Ciurlionis, Tadeus Pruszkowski, Romuald Witkowski puisque l’école, fermée par les Russes après l’insurrection de 1831, est rouverte le . Son professeur de sculpture est Xawery Dunikowski[2]. En 1908, à Bruxelles elle en aura une fille, Xavera Dunikowska. Elle restera en contact toute sa vie avec lui.
Au cours de l’année 1906, elle fait un voyage en Syrie et en Palestine. En 1911 et 1912, elle expose à Zacheta, Varsovie, seule femme parmi les exposants. La vice-présidente de l’association des artistes organisateurs est alors Olga Boznanska. Elle expose ensuite au Salon d’automne en 1919. Puis elle collabore avec Léon Bakst aux ballets russes de Serge Diaghilev[2],[3], dont elle fera plus tard le buste qui est au musée de l’opéra Garnier. Elle réalise de nombreux costumes pour des ballets ou des œuvres théâtrales, notamment « Annabella » de Maurice Mayre, au théâtre Femina, en .
Elle collabore à partir de 1924 avec la maison de couture Myrbor pour laquelle elle réalise de nombreux dessins de tissus et de décorations d’intérieur. En 1925, elle participe à l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris[2]. Les projets de décors d’intérieurs et d’ameublements de Sarah Lipska et de René Martin sont publiés dans « le Style moderne »[4]. Elle réalise avec Adrienne Gorska, architecte DESA, sœur de Tamara de Lempicka dont elle fréquente le salon, l'aménagement intérieur de la maison de Barbara Harrison (Mme Lloyd Bruce Wescott), à Rambouillet (2, boulevard Voirin renommé boulevard du Maréchal-Leclerc no 10). À la même époque, la femme de son ami Anatole de Montzie et Léo et Sarah Stein se font construire par Le Corbusier, à Vaucresson, « la villa de Montzie ». En 1929, elle réalise l’aménagement intérieur de l’hôtel particulier, le « show room », rue Saint-Didier à Paris, d’Antoine Cierplikowski[2]. Elle est une des toutes premières, avec Pierre Chareau, à utiliser le verre dans toutes ses formes en architecture d’intérieur.
En 1931, elle présente une tapisserie à l’Exposition coloniale de Paris[5] et termine l’aménagement de l’appartement d’Antoine Cierplikowski, 1 rue Paul Doumer. Elle ouvre plusieurs boutiques où présenter ses œuvres, meubles[2] ou ses vêtements de haute couture : rue Belloni à Montparnasse, et au 146 rue des Champs-Élysées[2], entre autres. Elle peint de nombreux portraits et sculpte de nombreux bustes ou bas-reliefs. Elle utilise le bois, le ciment ou la résine[2]. Nathalie Paley, la marquise Casati[6], Arthur Rubinstein[2], Paul Poiret, Helena Rubinstein, Sofia Piramowicz, Franciska Granier[n 1], Edgar Varese, le ministre de Monzie[6], parmi d’autres sont ses modèles. Elle inscruste perles et éclats de verre de Murano dans les portraits en bas-reliefs de Nathalie Paley et de la marquise Luisa Casati, joue du bois et du verre dans un triple portrait d’Antoine. Il existe un buste de Nathalie Paley qui allie la faïence au bois. En 1937, elle expose « l’oiseau et l’avion » à l’Exposition des arts et techniques de Paris[2] et obtient la médaille d’or.
Après la guerre, elle collaborera avec Serge Lifar pour les décors et les costumes de ses ballets, continue ses travaux avec Antoine Cierplikowski ou Helena Rubinstein, démarre une collaboration avec Paul Murat, alors président de la Ligue française pour la protection des oiseaux. Un des thèmes récurrents et dominant de son œuvre est en effet l’oiseau, qu’elle a sculpté, dessiné et peint toute sa vie.
Elle remporte en 1953 le concours ouvert et réalise le monument à la mémoire de Léon Blum, érigé à Narbonne[2]. En 1954, elle redessine et aménage le hall principal de la maison des Campbell-Jonhston, 32 rue de Montpensier, à Paris. Elle continue à peindre toiles et portraits jusqu’à sa mort à Paris, sa ville depuis 1912[2],[n 2]. Une de ses dernières toiles représentait des hirondelles et des araignées sur un fond d’orage orange. Elle décède le à son domicile, situé au 216 boulevard Raspail[9], dans le 14e arrondissement de Paris.
Œuvres
modifierSes œuvres sont entre autres présentées au musée des Années Trente à Boulogne-Billancourt (six œuvres[3]), au musée de Meudon, au musée Sainte-Croix de Poitiers, au musée de L’Opéra (Palais Garnier), etc. Ses tissus sont exposés au Brooklyn Museum de New-York, et un buste d’Albert Einstein à la Banque cantonale bernoise, en Suisse[2].
- Le Buste de la princesse Natalie Paley, (1930)[3] ;
- Le Buste de Colette, (1955)[3] ;
- Les Chimères, (1932)[3] ;
Notes et références
modifierNotes
modifier- Francisca Granier, née Franciska Neymark à Lodz (Pologne) en 1883, syndicaliste révolutionnaire, grande amie de Sarah Lipska[7], secrétaire de rédaction au Prawo Ludu (Le Droit du peuple) et auteur de la plupart de ses articles, a également été enseignante ; elle s’était mariée à Paul Granier, à Paris, en 1921[8].
- Elle s’installe à Paris en 1914 selon d’autres sources[3],[5].
Références
modifier- « Naturalisation de Sarah Lipska », Journal officiel de la République française. Lois et décrets., , p. 13230 (lire en ligne, consulté le ).
- Bibliothèque polonaise de Paris, Exposition d’œuvres de Sarah Lipska (1882-1973), du 16 mars au 14 avril 2011, Paris, [lire en ligne] ;
- Jean-Pierre Delarge, Le Delarge : dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, [lire en ligne], « Lipska, Sarah » ;
- Contribution de la France, avant-propos de Henry Van de Velde ;
- (en) Adrian M. Darmon, Around Jewish Art : a Dictionary of Painters, Sculptors, and Photographers, chez Carnot, 2003, (ISBN 9782848550114), 336 pages, [lire en ligne], « Lipska Sarah ». p. 322 ;
- La Renaissance de l’art français et des industries de luxe, 1932, [lire en ligne], « L’exposition de Mme Lipska », p. 188 ;
- Bibliothèque polonaise de Paris, De 1945 à 1959 : Francisca Granier défend la Bibliothèque, lettre de la Société historique et littéraire polonaise et de la Bibliothèque polonaise de Paris (nº 11), printemps-été 2008, [PDF] [lire en ligne]
- Janine Ponty, Polonais méconnus : histoire des travailleurs immigrés en France dans l'entre-deux-guerres, éd. Publications de la Sorbonne, 2005, (ISBN 9782859445362), 474 pages, [lire en ligne], cf. note nº 63, p. 202 ;
- Mairie de Paris, « Acte de décès n°4363 du 29 novembre 1973 à la mairie du 14ième arrondissement de Paris » , sur archives.paris.fr, p. 9
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Anne-Claire Bourget, Sarah Lipska. Une artiste de la mondanité de l'entre-deux-guerres, mémoire de maîtrise en histoire de l’Art. 1998, université de Rennes sous la direction de Xavier Deryng ;
- Luc-François Granier, Sarah Lipska, une parisienne polonaise in Art&Business, Varsovie, 2012, nº 7/8, p. 104-108 (Lipska-polka paryska), et dans catalogue d’exposition Sarah Lipska –Krölikarnia-Museum Narodowe w Warshawa, 2012 ;
- Jean-Luc Granier, catalogue d’exposition : Sarah Lipska, Krölikarnia, Museum Narodowe w Warshawa, 2012 ;
- Xavier Deryng, catalogue d’exposition : Sarah Lipska, Krölikarnia, Museum Narodowe w Warshawa, 2012 ;
- (pl) Ewa Ziembińska, Sarah Lipska. artiste et femme exceptionnelle, catalogue d’exposition, Sara Lipska : w cieniu mistrza [« Sarah Lipska : dans l’ombre du maître »], (ISBN 9788371008832), Musée de la sculpture Xawery Dunikowski, palais Krolikarnia, département du Musée national de Varsovie, -, p. 16-49, [présentation en ligne] ;
Liens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Lettres manuscrites adressées à Jacques Rouché, Paris, le , [présentation en ligne] ; Paris, le , [présentation en ligne]
- Sarah Lipska sur le site ecoledeparis.org