1974 est la seconde année du Championnat Mondial des Rallyes pour Marques, qui a succédé au 'Championnat d'Europe des Rallyes pour Marques', disputé de 1968 à 1972. La crise énergétique a eu pour effet de réduire considérablement le nombre d'épreuves mondiales (huit manches en 1974 contre treize l'année précédente), le rallye de Suède, le rallye de Nouvelle-Zélande et le rallye de l'Acropole ayant été annulés cette année. Le rallye Monte-Carlo a été également annulé, mais l'édition 1974 ne devait pas compter pour le championnat du monde. Les épreuves sont réservées aux voitures des catégories suivantes :
Le constructeur français Alpine-Renault, dominateur la saison précédente avec ses modèles A110, ne remet pas son titre en jeu et limitera ses engagements officiels aux épreuves prestigieuses comme le Safari ou le RAC. Second en 1973, Fiat vise le titre et participera à toutes les épreuves mondiales avec ses spiders 124 préparés par Abarth.
Créé en 1967, le rallye du Portugal (ou rallye TAP) a acquis en quelques années une solide réputation internationale, grâce à l'organisation sans faille de son créateur César Torres. Jusqu'en 1973, l'épreuve commençait par un parcours de concentration à travers l'Europe, à l'image du rallye Monte-Carlo. Le premier choc pétrolier a toutefois amené la direction de course à supprimer cette étape, ne retenant que le parcours sélectif au départ de Lisbonne. Le nombre d'épreuves spéciales (principalement disputées sur terre) a été réduit de 42 à 32[2].
119 équipages (contre 79 l'année précédente) sont au départ de la course. Fiat est la seule équipe d'usine, mais beaucoup de constructeurs sont représentés à titre semi-officiel par leurs importateurs.
Fiat
Fiat Rally a engagé quatre spiders 124 Abarth groupe 4. De nombreuses évolutions ont été réalisées pour la saison 1974 : la répartition des masses a été revue, le moteur développe désormais 180 chevaux à 7000 tr/min et les voitures sont équipées d'une nouvelle boîte de vitesses Abarth à cinq rapports. Le poids a été abaissé aux environs de 900 kg. Le système de freinage a également été modifié (disques auto-ventilés à l'avant)[3]. Les voitures officielles sont confiées à Raffaele Pinto, Alcide Paganelli, Markku Alén et Sergio Barbasio. Le pilote local António Borges a engagé un modèle identique.
Datsun
L'importateur Datsun au Portugal a engagé deux coupés 260Z pour les pilotes suédois Harry Källström et Ingvar Carlsson. Évolution de la 240Z, la 260Z dispose de 280 chevaux[3] dans sa version groupe 4, c'est la plus puissante du plateau mais aussi une des plus lourdes. L'importateur a également engagé une 1200 pour le pilote local Celso Silva, qui vise la victoire en groupe 1.
Toyota
La filiale bruxelloise du constructeur japonais a engagé deux voitures : une Corolla 1600 groupe 2 confiée à Ove Andersson et un coupé Celica groupe 2 piloté par Björn Waldegård. Les deux modèles disposent du même moteur 1600 cm3 développant 145 chevaux, l'avantage en performances allant à la Corolla, plus légère[3].
Opel
L'Euro Händler Team a engagé deux Opel Ascona groupe 2 à culasse cross-flow. Aux mains d'Achim Warmbold et de Walter Röhrl, ces voitures de 180 chevaux[3] s'avèrent les principales rivales des Fiat. Le Britannique Tony Fall dispose d'une version un peu moins puissante (culasse normale), engagée par l'importateur suédois.
Alpine-Renault
L'équipe officielle ne participe pas à l'épreuve, mais le Français Robert Neyret dispose néanmoins d'une Alpine A110 groupe 4 d'usine (1800 cm3, 175 chevaux).
Citroën
Troisième en 1973 au volant d'une DS, le champion national Francisco Romãozinho dispose cette année d'une GS groupe 2.
Ford
Parmi les quelques Escort RS groupe 2 engagées, la plus redoutable est celle du Britannique Chris Slater (bloc aluminium, 2 litres, environ 210 chevaux[3]).
Les 119 équipages[3] prennent le départ de Lisbonne dans la soirée du mercredi . Dès la première épreuve spéciale, les Fiat s'affirment comme les voitures à battre, Raffaele Pinto devançant son coéquipier Markku Alén de quelques secondes. Les Opel Ascona de Walter Röhrl et Achim Warmbold parviennent toutefois à devancer les deux autres Fiat de Sergio Barbasio et Alcide Paganelli, ce dernier étant ralenti par des problèmes d'allumage. Pinto se montre rapidement inaccessible, d'autant qu'Alén est bientôt retardé lorsqu'il dispute une épreuve sur terre avec des pneus Racing, n'ayant pu trouver son assistance et faire monter les gommes adéquates, permettant à Röhrl et Warmbold de s'emparer des seconde et troisième places. Chez Fiat, on déplore bientôt l'abandon de Barbasio, sorti de la route pour éviter l'Ascona de Tony Fall en travers à la sortie d'un virage, l'équipage britannique n'ayant pas pris la peine de signaler le danger à son suivant ! Au mépris de la traditionnelle solidarité entre rallymen, les occupants de l'Opel repartiront sans donner assistance à l'équipage Fiat qu'ils ont mis en difficulté et qui ne pourra repartir dans les délais[3]. Heureusement pour le constructeur turinois, les ennuis d'allumage de Paganelli se sont estompés et le pilote italien, qui était tombé en septième position, va dès lors entamer une belle remontée : en quelques spéciales, il dépasse les deux voitures qui le précédent et, bénéficiant de l'abandon de Warmbold et des ennuis de moteur qui retardent Röhrl, se retrouve bientôt troisième derrière ses coéquipiers Pinto et Alen. Dans l'avant-dernière épreuve de la journée, ce dernier va perdre près de cinq minutes à cause de crevaisons et d'ennuis de freins, et chute à la quatrième place. Pinto rallie Ofir, terme de la première étape, avec une avance de près de quatre minutes sur Paganelli. Auteur d'une course très régulière, Ove Andersson (Toyota) pointe en troisième position, à la tête du groupe 2.
Les rescapés repartent d'Ofir le vendredi en fin de matinée, sous une pluie battante. Cette deuxième étape est une formalité pour les pilotes Fiat, Pinto contrôlant son avance sur Paganelli et Alén remontant rapidement sur Andersson pour s'emparer de la troisième place. Hormis Tony Fall qui abandonne rapidement (direction cassée), la plupart des pilotes rallient Lisbonne sans encombre. Pinto termine vainqueur après avoir dominé l'épreuve de bout en bout, devant Paganelli et Alén. Quatrième derrière les trois Fiat, Ove Andersson (Toyota Corolla) s'adjuge la victoire en groupe 2. 36 équipages (sur 119 au départ) ont terminé ce rallye.
attribution des points : 20, 15, 12, 10, 8, 6, 4, 3, 2, 1 respectivement aux dix premières marques de chaque épreuve (sans cumul, seule la voiture la mieux classée de chaque constructeur marque des points)
seuls les six meilleurs résultats (sur huit épreuves) sont retenus pour le décompte final des points[4].
Le rallye de Suède, programmé du 14 au [5], aurait dû être l'épreuve inaugurale du championnat 1974 mais a été annulé en raison de la crise énergétique.