Pont de l'île de Ré

pont français

Pont de l’île de Ré
Image illustrative de l’article Pont de l'île de Ré
Géographie
Pays France
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Charente-Maritime
Commune La Rochelle - Rivedoux-Plage
Coordonnées géographiques 46° 10′ 18″ N, 1° 14′ 21″ O
Caractéristiques techniques
Type Pont en poutre-caisson
Longueur 2 926,5 m
Largeur 15,5 m
Hauteur 42 m
Matériau(x) Béton précontraint
Construction
Construction 1987 (février) - 1988
Mise en service
Architecte(s) Michel Virlogeux
Charles Lavigne et Alain Montois
Pham X. Thao
Michel Placidi
Entreprise(s) Bouygues

Carte

Le pont de l'île de Ré est situé en Charente-Maritime et a été ouvert à la circulation le . Le pont relie l'île de Ré au continent par une courbe de 2 926,5 mètres de longueur culminant à 42 mètres au-dessus de la mer[1],[2],[3]. Il va du lieu-dit La Repentie, proche du port de La Pallice au nord-ouest de La Rochelle, à la pointe de Sablanceaux à Rivedoux-Plage sur la rive orientale de l'île de Ré.

Il est le deuxième plus long pont de France derrière le pont de Saint-Nazaire et devant le pont de l'île d'Oléron.

Histoire modifier

Ce pont est destiné à assurer la continuité territoriale entre le continent et l’île de Ré. Sa maîtrise d'ouvrage et sa maîtrise d'œuvre ont été assurées par le département (sans recourir à un concessionnaire) et il est classé dans la voirie départementale. L'ouvrage résulte d'une décision du conseil général de la Charente-Maritime datant de 1980, et d'un arrêté d'utilité publique signé par le préfet de Charente-Maritime le ,

Sa construction a été décidée à la suite de l'augmentation exponentielle du trafic des bacs entre La Pallice et Sablanceaux. De 40 000 passages en 1947, on était passé à 872 000 passages en 1957 puis 2 071 000 passages en 1967[4]. C'est l'entreprise Bouygues qui a été choisie pour la réalisation de l'ensemble.

Le projet est financé par le conseil général de la Charente-Maritime, pour un coût total s'élève à 385 millions de francs (58,7 millions d'euros), et plus de 600 millions de francs avec les voies d'accès[5]. Un tunnel a été pendant un temps envisagé, mais bien que moins long (2,4 km), il serait revenu à 620 millions de francs (94,5 millions d'euros).

Controverses modifier

Le pont de l'île de Ré a été l'objet d'une vive controverse, se déplaçant de tribunaux en émissions de télévision (ce qui valut notamment son éviction de TF1 à Michel Polac[6]). Lors de l'élaboration du projet, des voix se sont élevées contre l'idée de relier l'île au continent par un pont, et ont œuvré jusqu'au bout pour arrêter le projet.

Aussi, lorsque les travaux ont débuté, un recours a été déposé au tribunal administratif. Cependant, en raison de la vitesse à laquelle ont été menés les travaux et des lenteurs de la justice française, le pont était déjà achevé lorsque le juge administratif a statué sur les demandes tendant à l'arrêt des travaux (fin ). Le pont n'a pas été démoli car il était dès lors protégé par son statut d'ouvrage public.

Alors que certains cherchaient à préserver leur île à n'importe quel prix, les autres, de loin les plus nombreux, voyaient les avantages que pouvait leur apporter un lien fixe, notamment pour une grande partie de Rétais allant travailler quotidiennement sur le continent, pour les enfants scolarisés dans les collèges et lycées de La Rochelle et pour les évacuations sanitaires urgentes. En effet, les bacs qui assuraient précédemment le passage entre Ré et le continent (en général de 6 heures du matin à minuit) présentaient d'importantes contraintes : outre l'attente à l'embarquement (jusqu'à plus de six heures l'été) et la durée de la traversée (entre 45 min et 1 h 30 au total selon les heures pour une traversée de 5 km), ils devaient rester à quai lorsque la mer était trop mauvaise. Si une évacuation sanitaire d'urgence devait être effectuée, il était nécessaire de faire venir un hélicoptère du CHU de Poitiers, un tel mode de transport n'étant pas à l'époque disponible à La Rochelle. Pour ces raisons, le pont a apporté un confort indispensable aux insulaires[7].

Construction modifier

La construction, confiée à l'entreprise Bouygues débute le et la pose du dernier voussoir a lieu le ; elle met en œuvre des techniques de pointe. L'utilisation d'une plateforme maritime a permis aux équipes de travailler par tous les temps. Les fondations comportent des pieux en béton de deux mètres de diamètre et ancrés sur une douze mètres de profondeur, d'une inclinaison de 20 degrés, forés dans le calcaire des fonds marins et qui servent d'appui aux piles, des cylindres de 5,50 mètres de diamètre. Les piles sont faites en béton armé.

Les études de cet ouvrage ont été conduites par Pham Xuan Thao ; le chantier était dirigé par Charles-Étienne Perrier, et Michel Placidi coordonnait l'ensemble de cet ouvrage complexe.

La technique mise en œuvre est la méthode de construction en encorbellement par voussoirs préfabriqués, permettant au pont de progresser de plus de 20 mètres par jour. Une centrale à béton fabriquait les voussoirs sur place à La Repentie/La Pallice. Un engin nommé poutre de lancement et mesurant 285 mètres de long, conçu par Pierre Richard, directeur scientifique de Bouygues, prenait appui sur deux piles et déposait des voussoirs sur une troisième; il les assemblait ensuite en formant des demi-arches de façon symétrique par rapport à cette pile, la progression de l'ensemble se faisant dans le sens continent-île de Ré.

L'utilisation de poutres-caissons (l'intérieur des voussoirs est vide) permet le passage des approvisionnements en eau et en électricité de toute l’île, ainsi que l’inspection de l’ouvrage.

Achevé relativement rapidement en 23 mois à peine, il a été inauguré le .

Description modifier

Le pont de l'Île de Ré, inauguré en 1988, est le deuxième plus long pont de France avec ses 2 926,5 mètres de longueur[8], derrière le pont de Saint-Nazaire, inauguré en 1975 et faisant 3 356 mètres[9].

Le pont de l'Île de Ré est constitué de six viaducs distincts reliés entre eux par des joints de chaussée. L'ensemble de l'ouvrage présente un rayon de courbure horizontale de 5 000 mètres.

 
Vue en plan schématique
 
Élévation de l'ouvrage

Les viaducs sont composés de poutres mono-caisson (en un seul bloc) réalisées en béton précontraint. Ils sont constitués de 29 travées s'appuyant sur un ensemble de 28 piles. Il y a 23 travées de 110 mètres de long, encadrées de travées de longueur variable de part et d'autre. Les voussoirs sont liaisonnés par des câbles de précontrainte, permettant ainsi au pont de résister aux charges appliquées, à la dilatation thermique, aux contraintes causées par le vent, ou aux phénomènes sismiques (le dernier en date ayant eu lieu le ). Le tablier du pont est libre et posé simplement sur des patins fixés sur chaque pile.

Les piles du pont sont prévues pour résister au choc des plus gros navires lancés à pleine vitesse pouvant passer sous l'ouvrage.

Selon l'ancien député de l'île, Alain de Lacoste-Lareymondie[10], la forme en cloche du pont dans sa partie centrale a été imposée par la Marine nationale – soit 30 m au-dessus de la mer – pour permettre le passage des navires de guerre et la courbe du pont sur presque toute sa longueur permet de contourner une fosse particulièrement profonde présente sur le trajet axial La Pallice – Sablanceaux.

Le tirant d'air au point le plus haut, à savoir la distance entre la ligne d'intrados du pont et la ligne des plus hautes eaux, est de 30 mètres pour quatre travées navigables. Large de 15,5 mètres, le tablier offre deux voies de circulation (9 m de voies routières), une piste cyclable à double sens d'un côté et une autre réservée aux piétons de l'autre (2,5 mètres).

Le pont a nécessité pour sa construction 50 000 m3 de béton, 6 000 tonnes d'acier et 796 voussoirs pesant de 80 à 130 tonnes.

 
Le pont depuis la pointe de Chauveau - Rivedoux-Plage

Exploitation modifier

Trafic modifier

Le trafic initialement prévu était évalué à 10 000 véhicules par jour en basse saison et 25 000 véhicules par jour les mois d'été. En 2007, la circulation routière a dépassé les trois millions de véhicules (3 042 637 véhicules), soit 1,91 % de plus qu'en 2006[11]. Le trafic 2007 est un peu plus du double de celui de 1989 (1 510 959 véhicules). La barre des 2 millions a été dépassée en 1996, et celle des 2,5 millions en 2000. En 2008, 45 millions d'entrées ont été enregistrées depuis l'ouverture[5]. Le , le record des passages sur une journée, qui datait du , a été porté à 16 429 véhicules[12].

Péage modifier

 
Le pont depuis La Repentie/La Pallice, au premier plan le péage

Jusqu'au [réf. nécessaire], la traversée du pont était soumise à un péage. Les Rétais disposaient alors d'un tarif préférentiel, avant qu'ils n'accèdent à la gratuité totale à partir de cette date[5]. Les résidents secondaires, les travailleurs non insulaires ou saisonniers disposaient alors d'un accès à un tarif réduit. Seuls des usagers n'entrant dans aucune de ces catégories payaient un tarif plein. En 2006, les tarifs ainsi pratiqués étaient 16  pour une berline de mi-juin à mi-septembre et 8  hors saison, dont une écotaxe de 3,05 [13]. Les piétons et les vélos bénéficient de la gratuité depuis le début.

Cependant, à l'approche de l'échéance menant à la suppression du péage prévue pour 2012, de nombreux Rétais et certains résidents issus du continent s'opposèrent à cette éventualité, craignant que la gratuité du passage n'aggrave l'afflux massif d'automobiles appartenant à des promeneurs et vacanciers venant du continent. En effet, avant 2012, l’île était déjà saturée par la circulation automobile principalement durant les week-ends de chassé-croisé important. La commune de Rivedoux-Plage est traversée obligatoirement par tous les véhicules entrant ou sortant de l’île. Ils entravent la circulation des habitants, pénalisant également les services de secours (police, pompiers, ambulances…), de 16 à 21 heures. À ces périodes, le temps de sortie de l’île est généralement de plus de deux heures pour un véhicule venant d’une autre commune. Cette situation est également vécue sur l'autre grand pont du département, à l'île d'Oléron.

 
Péage du pont de l'île de Ré

Répondant aux craintes des îliens, le , l'Assemblée nationale a voté l'amendement no 123 et le sous-amendement 141, déplafonnant le montant de l'écotaxe et la maintenant pour le passage du pont de l'île de Ré au-delà du [14].

Depuis cette date, le péage a été supprimé, mais les non-insulaires ou non-propriétaires d'une résidence sur l'île (tarif particulier) doivent s'acquitter, à la barrière de péage du pont, d'une écotaxe[15], servant non plus à rembourser les frais de construction de l'ouvrage, mais pour soutenir à parts égales :

  • une contribution à la protection des espaces naturels de l’île baptisée « CAP RE » répartie entre les dix communes insulaires[16] ;
  • l'entretien du pont et le développement des transports en commun sur l'île financé par conseil départemental.

Les véhicules sont répartis en cinq catégories disposant chacune d'une tarification différente. De plus, la tarification des véhicules de classe 1 et 2 diffère selon la saison (du au pour la « saison haute » et le reste de l'année pour la « saison basse »). La gratuité reste appliquée pour les piétons, les vélos et motos inférieures à 50 cm3. Les utilisateurs de la navette électrique « RespiRé » du réseau Les Mouettes, circulant entre Belvédère (La Rochelle) et Sablanceaux (Rivedoux-Plage) du au , ne payent que 1  le trajet (celui-ci est gratuit durant le week-end de Pâques)[15].

Depuis 2008 avait été testé, auprès de certains insulaires volontaires utilisant le pont quotidiennement, un procédé de télé-badge et de reconnaissance optique des plaques minéralogiques pour un accès automatique, libérant ainsi le trafic des cabines à péage traditionnelles, procédé abandonné au , avec retour à une carte à lecture optique.
En , le Conseil général de la Charente-Maritime, en partenariat avec Vinci Autoroutes diffuse un nouveau télé-badge, le télé-badge Direc't RP auprès des insulaires.

 
Le pont de l'île de Ré depuis Rivedoux

Maintenance modifier

Tous les neuf ans, le pont subit une inspection détaillée intérieure et extérieure complète (obligatoire pour ce genre d'ouvrage d'art), y compris des parties aériennes et sous-marines. Une telle inspection a été réalisée en juillet 2006 pour les 18 ans du pont par les services de la SNCF. Elle a duré un mois entier, pour un coût estimé de 200 000 euros. Les piles du pont étant creuses, des plongeurs sont descendus à l’intérieur inspecter la partie hors d’eau, puis sous-marine, de chacune.

Depuis , l'éclairage du pont a été modernisé, les têtes de réverbères ont été remplacées, avec la possibilité de moduler l'intensité lumineuse pour une meilleure visibilité en fonction des conditions lumineuses, météorologiques ou d'accident ; ainsi que dans un but d'économie d'énergie.

Incident du 12 septembre 2018 modifier

Lors d'une visite de contrôle ordinaire effectuée le , la rupture d'un des 12 câbles en acier de l'un des six viaducs est constatée. Il s'agit d'un câble de précontrainte de 15 centimètres de diamètre et de 440 mètres de longueur. Le viaduc concerné est le viaduc n°2, le deuxième en partant de l'île de Ré. Des mesures de restriction de la circulation sont immédiatement prises : la circulation des poids lourds de plus de 40 tonnes (convois exceptionnels) est interdite, les véhicules de plus de 3,5 tonnes doivent respecter une distance de sécurité de 200 mètres entre eux, afin de ne pas solliciter le viaduc de façon excessive et la vitesse maximale sur le pont est ramenée à 50 km/h contre 80 km/h en temps normal. Une surveillance renforcée est en outre mise en place avec des inspections quotidiennes à l'intérieur de la structure. Enfin une entreprise est mandatée pour remplacer le câble défaillant[17].

Cette défaillance serait due à une malfaçon lors de la pose du câble lors de la construction de l'ouvrage en 1988. En effet lors du retrait de la tête d'ancrage du câble, à environ 40 cm du point de rupture, a été constatée à cet endroit la présence de mousse de polyuréthane au lieu du coulis de ciment normalement injecté pour enrober les câbles d'acier. La mousse de polyuréthane est un bon isolant thermique mais n'est pas du tout étanche à l'humidité qui a pu se propager à l'intérieur de la gaine et corroder les brins du câble. La responsabilité de l'entreprise Bouygues qui a construit le pont ne peut toutefois plus être appelée car la garantie décennale est expirée[18],[19].

Notes et références modifier

  1. voir Le pont sur Structurae
  2. Bases de données des ouvrages d'art du conseil général de Charente-Maritime
  3. Ponts et viaducs remarquables d'Europe - Marcel Prade - Collection Art et Patrimoine - 1990
  4. Gérard Blier, Histoire des transports en Charente-Maritime : des voies romaines au TGV, Paris, Le Croît vif, , 252 p. (ISBN 2-907967-80-0), p. 157
  5. a b et c Magazine du conseil général de la Charente-Maritime no 25, p. 8
  6. "Droit de réponse" : l'agora citoyenne / Martine Delahaye (consulté le 6 juin 2012)
  7. Gérard Blier, Histoire des transports en Charente-Maritime : des voies romaines au TGV, Paris, Le Croît vif, , 252 p. (ISBN 2-907967-80-0), p. 159
  8. Site du Conseil National des Ingénieurs et des Scientifiques de France
  9. « Pont de Saint-Nazaire », sur Structurae (consulté le ).
  10. Préface du Secret du Phare des Baleines
  11. chiffres du conseil général de la Charente-Maritime
  12. Le Phare de Ré du 22 juillet 2009
  13. « ilederelocation.com/services-i… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  14. Journal Sud Ouest du 23 septembre 2009
  15. a et b Le pont de l'Ile de Ré : péage, tarifs et abonnements
  16. CAP RE
  17. « Un câble du pont de l'île de Ré a cédé », sur batiactu.com, (consulté le ).
  18. « Pont de l'île de Ré : la rupture de câble due à du polyuréthane mal placé ? », sur batiactu.com, (consulté le ).
  19. France 3 Aquitaine - Reportage de Mary Sohier, Marc Millet, Jean-François Morin et Sandy Renault, « Pont de l'île de Ré : une malfaçon détectée », sur youtube.com, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • « La plus grande surface d'étanchéité (44 000 m2) d'un pont réalisé en dix jours », dans Travaux, , n° 672 ;
  • Aïtcin, Pierre-Claude, Béton haute performance, Eyrolles, Paris (France), 2001, (ISBN 221201323X) ;
  • Aïtcin, Pierre-Claude, High-performance Concrete (1re édition), E & FN SPON, Londres (Royaume-Uni), 1998, (ISBN 0419192700) ;
  • Baldacchino, Godfrey Bridging Islands, Acorn Press, Canada , (ISBN 1-894838-24-6) ;
  • IREX, Synthèse des travaux du projet national BHP 2000 sur les bétons à hautes performances, Presses de l'Ecole des Ponts et Chaussées, Paris (France), 2005, (ISBN 285978408X) ;
  • Angel-Luis Millan, « Les fondations du pont de l'île de Ré », Ouvrages d'art, no 3,‎ , p. 3-4 (lire en ligne) ;
  • Paul Scherrer, « Le rôle et l'organisation d'une maîtrise d’œuvre. L'exemple du pont de l'Île de Ré (1ère partie) », Ouvrages d'art, no 4,‎ , p. 3-5 (lire en ligne) ;
  • Paul Scherrer, « Le rôle et l'organisation d'une maîtrise d’œuvre. L'exemple du pont de l'Île de Ré (2e partie) », Ouvrages d'art, no 5,‎ , p. 11-13 (lire en ligne)
  • Serge Montens, Les plus beaux ponts de France, Bonneton, Paris (France), 2001, (ISBN 2862532754); pp. 161 ;
  • Serge Montens, Les plus beaux ponts de France, Paris (France), Bonneton, , 280 p. (EAN 978-2-86253-453-4), pp.58 ;
  • Marcel Prade, Les grands ponts du monde: Ponts remarquables d'Europe, Brissaud, Poitiers (France), 1990, (ISBN 2902170653) ;
  • Collectif, Ponts en béton précontraint construits par encorbellements successifs. Guide de conception, Sétra, 2003 (ISBN 978-2110934260).