Monique Berlioux

nageuse française
Monique Berlioux
Monique Berlioux en 1943.
Biographie
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Décès
Nom de naissance
Monique Édith Colette BerliouxVoir et modifier les données sur Wikidata
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Distinction

Monique Berlioux, née le à Metz et morte le à Azay-le-Brûlé[1], est une championne de natation française des années 1940 et du début des années 1950, devenue dirigeante dans les institutions du sport international. Elle a notamment occupé pendant seize ans (de 1969 à 1985) le poste de directrice générale du Comité international olympique (CIO)[2].

Biographie modifier

Enfance et études modifier

Elle est la fille de la nageuse Suzanne Berlioux[3].

Ayant obtenu une bourse d'études, elle fait ses études au lycée Fénelon de Paris. Après son baccalauréat, elle entre à la Sorbonne, où elle obtient une licence ès lettres.

Sous l'Occupation, elle traverse la Meuse à la nage pour remettre des messages à la Résistance[3].

Carrière sportive modifier

Elle est championne de France du 100 mètres dos de 1941 à 1952[4] sous les couleurs du club des nageurs de Paris de 1941 à 1944, du Racing club de France de 1945 à 1952, excepté en 1949, où elle remporte le titre sous les couleurs du CP L'Isle-Adam. En 1942, 1943 et 1945, elle gagne la Traversée de Paris à la nage féminine, succédant ainsi au palmarès à sa sœur aînée Lucette.

Les Jeux de 1940 et de 1944 sont annulés du fait de la Seconde Guerre mondiale. Elle participe à ceux de 1948 à Londres mais est affaiblie par une opération de l'appendicite. Elle préfère ne pas participer à ceux de 1952 à Helsinki car on refuse de lui donner des bons alimentaires[3].

Activité associative modifier

En 1964, Monique Berlioux sort chez Flammarion le livre Olympica, dans lequel elle dresse un « portrait généreux » de Pierre de Coubertin note plus d'un demi-siècle plus tard Le Monde[5].

Dans les années 1960, elle travaille au secrétariat du ministère de la Jeunesse et des Sports. En 1967, le secrétaire général du Comité international olympique (CIO), le Néerlandais Johann Westerhoff, la nomme responsable de la presse et des relations publiques[3].

Il démissionne en 1969 et elle lui succède, portant le titre de « directeur » à partir de 1971 ; elle préfère ce terme à « directrice » car « si c’est « directrice », on m’imposera bien vite un directeur ». À l'époque, elle est l'une des seules femmes présentes dans les instances dirigeantes du mouvement sportif international. Elle décrit le contexte de sa nomination : « Le CIO était un club de vieux aristocrates misogynes qui ne pouvaient imaginer qu’une femme soit à la tête de l’organisation »[3].

L'historien du CIO Pierre Morath note : « Tout au long des années 70, son influence s’accroît, au point que c’est elle qui finit par négocier tous les contrats du CIO, et en particulier ceux en relation avec les droits de télévision »[3].

Elle milite activement pour la nomination de Juan Antonio Samaranch au poste de président du CIO. Elle crée la polémique en affirmant que les Jeux olympiques d'été de Montréal (qui ont lieu en 1976) n'avaient pas d'âme[6]. Elle est démise de son poste de directrice générale en 1985, Samaranch voulant les pleins pouvoirs[7].

Elle intègre ensuite le cabinet du maire de Paris Jacques Chirac et participe à l'organisation de la candidature de la capitale française pour les Jeux de 1992[3].

Succédant à Alfred Schoebel à la présidence de la Fédération des internationaux du sport français, elle crée la cérémonie des Gloire du sport en 1993[8],[2]. Elle est présidente d'honneur de la fédération des internationaux du sport français de 2005 à sa mort. En 2008, elle publie le livre 1936, le piège blanc olympique, où elle explique que les Jeux olympiques d'hiver de 1936 à Garmisch-Partenkirchen furent la première vitrine du « savoir-faire Nazi », affichant le racisme et l'antisémitisme du régime belliqueux, hégémonique et totalitaire dirigé par Adolf Hitler, servant de répétition générale aux Jeux d'été à Berlin, et comment « le CIO a plié devant l'inacceptable »[9].

Retirée dans les Deux-Sèvres, elle nage jusqu'à ses 90 ans. Elle meurt en 2015[3].

Décoration modifier

Prix Monique-Berlioux modifier

Le prix attribué depuis 1921 par l'Académie des sports pour récompenser la performance féminine la plus remarquable de l'année écoulée est doté par Monique Berlioux depuis 1983[11]. À partir de cette date, il n'est plus décerné exclusivement à des sportives françaises, mais internationales.

Année Nom Discipline
1921   Suzanne Lenglen Tennis
1924   Marthe Oulié Athlétisme
1925   Alexandra David-Néel Exploration
1926   Marguerite Radideau Athlétisme
1927   Virginie Hériot Voile
1928   Andrée Joly Patinage
1929   Solita Salgado Natation
1930   Yvonne Godard Natation
1931   Maryse Bastié Aviation
1934   Hélène Boucher Aviation
1936   Maryse Hilz Aviation
1937   Antoinette Rocheux Aviron
1938   Lucienne Velu Athlétisme
1948   Nicole Pellissard Plongeon
1949   Lucienne Schmidt-Couttet Ski
1950   Gisèle Vallerey Natation
1952   Nelly Adamson Tennis
1956   Marthe Lambert Athlétisme
1957   Thérèse Leduc Ski
1959   Florence Petry-Amiel Athlétisme
1960   Monique Gallimard Parachutisme
1962   Marielle Goitschel Ski
1963   Brigitte Varangot Golf
1964   Maryvonne Dupureur Athlétisme
1965   Dany Duflot Ski nautique
1966   Claude Mandonnaud Natation
1967   Françoise Dürr Tennis
1968   Marielle Goitschel (2) Ski
1970   Michèle Jacot Ski
1971   Jackie Chazalon Basket-ball
1972   Irène Guidotti Basket-ball
1973   Sylvie Maurial Ski nautique
1974   Fabienne Serrat Ski
1975   Équipe de France :
  Martine Cochet,
  Odile Garaïalde,
  Martine Giraud,
  Anne-Marie Palli,
  Catherine Lacoste de Prado,
  Marie-Christine Ubald-Bocquet
Golf
1976   Danielle Debernard Ski
1977   Michèle Mouton Automobile
1978   Florence Arthaud Voile
1979   Dominique Gardette Kayak
1980   Perrine Pelen Ski
1981   Dominique Esnault Tir
1982   Brigitte Deydier,
  Natalina Lupino,
  Béatrice Rodriguez,
  Martine Rottier
Judo
1983   Grete Waitz Athlétisme
1984   Zhou Jihong Plongeon
1985   Marita Koch Athlétisme
1986   Chris Evert Tennis
1987   Stefka Kostadinova Athlétisme
1988   Susan Butcher Course de chiens de traîneau
1989   Catherine Plewinski Natation
1990   Florence Arthaud (2) Voile
1991   Hassiba Boulmerka,
  Marie-José Pérec
Athlétisme
1992   Krisztina Egerszegi Natation
1993   Myriam Fox-Jerusalmi Canoë-kayak
1994   Vreni Schneider Ski
1995   Ghada Shouaa Athlétisme
1996   Félicia Ballanger Cyclisme
1997   Marie-Claire Restoux Judo
1998   Marion Jones Athlétisme
1999   Eunice Barber Athlétisme
2000   Ellen MacArthur Voile
2001   Stacy Dragila Athlétisme
2002   Paula Radcliffe Athlétisme
2004   Virginie Dedieu Natation synchronisée
2005   Justine Henin Tennis
2006   Janica Kostelić Ski
2007   Carolina Klüft,
  Maryline Salvetat
Athlétisme,
Cyclisme
2008   Valentina Vezzali Escrime
2009   Federica Pellegrini Natation
2010   Maureen Nisima Escrime
2011   Elisabeth Görgl Ski
2012   Lucie Decosse Judo
2013   Serena Williams Tennis
2014   Maude Mathys,
  Séverine Pont-Combe,
  Laëtitia Roux
Ski alpinisme

Notes et références modifier

  1. « Olympisme - Décès de Monique Berlioux, ancienne directrice du CIO », sur www.lavoixdunord.fr, (consulté le ).
  2. a et b (en) Peter Bird, « Comings and goings : Honouring a legend », Rugby League World, no 450,‎ , p. 77 (ISSN 1466-0105).
  3. a b c d e f g et h Laurent Favre, « Monique Berlioux, la femme qui dirigea le CIO », letemps.ch, 4 septembre 2015.
  4. « But et Club », sur Gallica, (consulté le ), p. 12.
  5. Benoît Hopquin, « Pierre de Coubertin, le perdant des Jeux olympiques », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  6. Journal Montréal-Matin, 28 juillet 1976, p. 27.
  7. Pierre Morath, Le CIO à Lausanne : 1939-1999, Cabedita, (lire en ligne), p. 110.
  8. « Les gloires du sport français » (consulté le ).
  9. Des Jeux et des crimes. 1936, le piège blanc olympique sur l'histoire.fr, consulté le 15 septembre 2020.
  10. Décret du 13 novembre 2009.
  11. « Académie des sports : prix Monique Berlioux » (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier