Hervé de Déols, aussi appelé Hervé de Bourg-Dieu, Hervé du Mans, Hervaeus de Bourg-Dieu, Hervaeus Burgidolensis, Hervaeus Cenomanensis, Hervaeus Dolensis[1], est un exégète bénédictin français, né vers 1080 au Mans, et mort en 1150 à Déols. Il est connu surtout pour son ouvrage Exposition sur Isaïe « Expositio Hervei monachi super Ysaiam » qui sont des commentaires sur le livre d'Isaïe. Un exemplaire du manuscrit est conservé à la Bibliothèque municipale de Dijon[2].

Hervé de Déols
Première page du manuscrit Commentarii in Isaiam prophetam de Hervé de Déols. Bibliothèque municipale de Dijon.
Biographie
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Ordre religieux

Biographie modifier

Hervé de Déols fait ses études au Mans, dans l'école que gouvernait Hildebert de Lavardin. Vers 1100, il entre à l'abbaye bénédictine de Bourg-Dieu où il meurt, probablement en 1150. Un rouleau des morts[3] circulant d'une abbaye à l’autre indique que Hervé de Déols est mort dans sa cinquantième année de religion, alors que Gerbert ou Gilbert était l'abbé de Déols (1138?-1153). Il serait donc décédé en 1149 ou 1150[4]. Dans la notice de Pezius[4], il est aussi précisé que Hervé avait trouvé, à son arrivée à l’abbaye de Déols, une importante bibliothèque comportant des textes de pères d'Église comme Ambroise de Milan, Jérôme de Stridon, Augustin d'Hippone ou Grégoire de Nysse.

Œuvre modifier

Son œuvre écrite, celle d'un représentant de la théologie monastique traditionnelle, est considérable, on la trouve éditée dans de tome 181 de la Patrologie latine de Migne.

Le rouleau diffusé après sa mort lui attribue l'élaboration d'une explication du livre de la Hiérarchie Céleste attribué au Pseudo-Denys l'Aréopagite, des commentaires sur la dernière partie du prophète Ézéchiel, d'autres commentaires sur le Deutéronome, sur l'Ecclésiaste, sur les Livres des Juges, de Ruth et Tobie, une exposition des Épîtres de Paul qui est considérée comme son chef-d'œuvre, plusieurs explications des leçons des Évangiles et des cantiques chantés à l'église[5]. Il aurait aussi commencé un texte de commentaires sur un ouvrage de Cyprien de Carthage sur la Cène Caena Cypriani sans avoir pu l'achever[6].

D'après Schaff-Herzog[7], les interprétations de péricopes des Évangiles de Hervé se retrouvent peut-être dans les homélies attribuées à Anselme de Cantorbéry; en revanche, les commentaires de l'évangile selon Matthieu et la Révélation qui lui ont été attribués sont en réalité écrits par Anselme de Laon.

Marcia Kupfer[8] et Gérard Guillaume[9] attribuent à Hervé de Déols une influence décisive sur le choix et la disposition des fresques dans l'église Saint-Martin de Nohant-Vic.

Hervé de Déols, a aussi écrit un « gros livre » relatant les miracles accomplis par la Vierge dans le monastère. On le sait par un passage de son rouleau des morts[10] : «... Librum etiam non minimum fecit de miraculis SanctaeMariae Dei genitricis, quae eadem inviolata Virgo temporibus ejus gessit in Dolensi templo, quae ipse mox postquam gesta erant, sicut audiebat ab ipsis inquibus flebant, et a monacho custode monasterii sine aliqua dilatione scribebat. »

La méthode d'interprétation exégétique (herméneutique) mise en œuvre par Hervé demeure traditionnelle : il s'agit de compilations réalisées à partir de l’œuvre des Pères de l’Église et d'auteurs carolingiens tels Claude de Turin et Haymon d'Auxerre. Toutefois, elle paraît s'ouvrir aux premiers acquis de l'exégèse scolaire contemporaine. Philippe Buc évoque ainsi le recours à la glose de Lanfranc du Bec dans le commentaire de saint Paul[11]. Il semble en outre que l'influence du pseudo-Denys soit sensible dans le vocabulaire du commentaire d'Isaïe [[12]] et dans le contenu du commentaire sur Ezéchiel.

Notes et références modifier

  1. Hervé de Bourg-Dieu (1080?-1150) sur le référentiel des autorités Sudoc.
  2. Hervé de Bourg-Dieu, « Expositio Hervei monachi super Ysaiam », Manuscrits de Cîteaux Ms 67, Bibliothèque municipale de Dijon, xiie siècle (consulté le ).
  3. Parchemin circulant entre les abbayes à l’occasion de la mort d’un clerc de la communauté émettrice. Chaque abbaye où le rouleau passait ajoutait quelques lignes en hommage au clerc disparu en bas du parchemin.
  4. a et b Pezius 1854.
  5. Dubant 2009.
  6. Benoît 2005.
  7. The New Schaff-Herzog Encyclopedia
  8. Kupfer 1988.
  9. Guillaume 2011.
  10. cité par Jean Hubert, « Le miracle de Déols et la trêve conclue en 1187 entre les rois de France et d'Angleterre », Bibliothèque de l'école des chartes, 1935, tome 96, p. 285-300.
  11. Philippe Buc, L’ambiguïté du Livre : Prince, pouvoir et peuple dans les commentaires de la Bible au Moyen Âge, Paris, Beauchesne, coll. « Théologie historique » (no 95), , 427 p. (ISBN 978-2-7010-1298-8, lire en ligne), p. 133, n.24.
  12. D. Poirel, « Le chant dionysien, du IXe au XIIe siècle », dans M. Goulet et M. Parisse, Le latin médiéval et les historiens : Colloque tenu à la Sorbonne-Paris I, les 9-11 septembre 1999, Paris, , p. 151-176 (pages 161-162).

Bibliographie modifier

  • Hervé Benoît, « Hervé de Déols (v. 1075 - v. 1150), moine et commentateur de l'Écriture », Revue de l'Académie du Centre,‎ , p. 7-22.
  • Pierre Boucaud, « Un témoin méconnu de l’exégèse spirituelle : Hervé de Bourgdieu (ca. 1075-ca. 1150). Présentation et édition critique du commentaire sur le Cantique d’Habacuc », Recherches augustiniennes et patristiques, 35 (2007), p. 47-98. Edition princeps.
  • Didier Dubant, « Le vénérable Hervé de Déols, moine commentateur des saintes écritures, et le portail septentrional de l'église abbatiale », dans René Pêcherat, Pierre Remérand et Didier Dubant, L'abbaye Notre-Dame de Déols (Indre), Éditions Lancosme et l'Académie du Centre, , p. 221-223
  • Hervé de Déols, « Commentaria in Isaiam" », dans Jacques Paul Migne, Patrologiae cursus completus, vol. 181, , p. 17-592
  • Gérard Guillaume, Guide des églises de la Vallée Noire : Boischaut Sud berrichon, Châteauroux, La Bouinotte, , 141 p. (ISBN 978-2-915729-40-5)
  • Marcia Kupfer (trad. John Ottaway), « L'étude globale d'un décor : L’Église Saint-Martin de Vicq », dans Peintures murales romanes en région Centre, coll. « Cahiers de l'Inventaire » (no 15), , p. 50-63.
  • Bernardus Pezius, « Ven. Herveu Burgidolensis monachi Noticia », dans Jacques Paul Migne, Patrologiae cursus completus, vol. 181, , p. 10-16.
  • (en) Philip Schaff, « Hervi de BourgDieu », Vol. V: Goar - Innocent, The New Schaff-Herzog Encyclopedia of Religious Knowledge (consulté le )

Liens externes modifier