Gérard Araud
Gérard Araud, né le à Marseille, est un ancien diplomate français, élevé à la dignité d'ambassadeur de France.
Gérard Araud | |
Gérard Araud en 2011. | |
Fonctions | |
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Ambassadeur de France aux États-Unis | |
– (4 ans, 9 mois et 21 jours) |
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Prédécesseur | François Delattre |
Successeur | Philippe Étienne |
Représentant permanent de la France au conseil de sécurité de l'ONU | |
– (5 ans) |
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Président | Nicolas Sarkozy François Hollande |
Prédécesseur | Jean-Maurice Ripert |
Successeur | François Delattre |
Ambassadeur de France en Israël | |
– (2 ans, 11 mois et 28 jours) |
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Prédécesseur | Jacques Huntzinger |
Successeur | Jean-Michel Casa |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Marseille (France) |
Nationalité | Française |
Diplômé de | École polytechnique ENA IEP de Paris ENSAE |
Profession | Diplomate |
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De à , il est ambassadeur de France aux États-Unis, après avoir été représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York. Il avait été auparavant directeur général des affaires politiques et de sécurité au ministère des Affaires étrangères.
Le , il fait valoir ses droits à pension et quitte ses fonctions. En 2021, il est épinglé par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique pour avoir rejoint, sans autorisation, le secteur privé, en travaillant pour l'entreprise israélienne de sécurité informatique NSO Group – conceptrice du logiciel espion Pegasus –, ainsi que pour les sociétés Kering et Albright Stonebridge Group[1].
Biographie
modifierOrigines et formation
modifierGérard Araud naît dans une famille de la petite bourgeoisie marseillaise[2]. Il est orienté par son père vers les sciences exactes. Il a un frère, médecin[3].
Il est élève en classes préparatoires scientifiques au lycée Thiers[4], puis intègre l'École polytechnique (X1973). Il choisit comme école d'application l'École nationale de la statistique et de l'administration économique (ENSAE), promotion 1978[5].
Voulant « échapper à un destin de chercheur ou d'ingénieur »[4], il étudie à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po), section Service public, dont il sort diplômé en 1978[6]. Il intègre ensuite l'École nationale d'administration (ENA), dans la promotion Henri-François-d'Aguesseau (1982).
Carrière
modifierÀ la sortie de l'ENA, il choisit la carrière diplomatique plutôt que la direction du Budget[7]. Premier secrétaire d'ambassade à Tel Aviv (1982-1984), il est ensuite affecté trois ans, à Paris, au Centre d'analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères, où il traite des questions du Moyen-Orient. Conseiller à l'ambassade de France à Washington de 1987 à 1991, il y est également chargé du Moyen-Orient. Sous-directeur des affaires communautaires au ministère des Affaires étrangères entre 1991 et 1993, il devient conseiller diplomatique au cabinet de François Léotard, ministre d'État, ministre de la Défense, de 1993 à 1995.
Il rejoint à Bruxelles la délégation de la France auprès du Conseil de l'Atlantique nord en 1995 comme représentant permanent adjoint et devient en 2000 directeur des Affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement du ministère des Affaires étrangères. Il est ambassadeur de France en Israël de 2003 à 2006. À ce poste, il se forge la conviction, selon Le Figaro, que la France doit réintégrer le commandement militaire de l'OTAN, en rupture avec la doctrine gaulliste[8].
En , Gérard Araud est nommé directeur général des affaires politiques et de sécurité, secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères. Dans ces fonctions, il est notamment le négociateur pour la France sur le dossier nucléaire iranien. Le , il est nommé, par décret en Conseil des ministres[9], représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et chef de la mission permanente de la France auprès des Nations unies à New York. Il remet ses lettres de créance à Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, le [10].
Sa mission auprès de l'Organisation des Nations unies est marquée par la négociation et le vote de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité marquantes, en particulier sur l'Iran (résolution 1929), la Libye (résolutions 1970 et 1973 ouvrant la voie aux bombardements en Libye)[11]. Cette dernière résolution permettra l'intervention militaire de 2011 en Libye et aura pour conséquence la destruction de l'État libyen dont le pouvoir local est assuré de facto par des tribus régionales[12], les succès de l'islamisme dans la région et la déstabilisation de l'ensemble de la zone sahélo-saharienne[13] entraînant notamment le coup d'État de 2012 au Mali[14].
Il est alors décrit selon Le Figaro comme « le tenant au Quai d'Orsay d'un « néo-conservatisme » à la française, inspiré par les positions de ce courant politique américain influent au début du mandat de George W. Bush. »[8]. Pour Slate, Gérard Araud est « l'un des diplomates les plus va-t-en-guerre de Paris »[15]. En 2011, il explique ainsi que le régime syrien n'a plus d'avenir, soutenant que Bachar el-Assad « doit partir... parce qu'il ne peut plus être partie d'une solution »[16].
Il joue également un rôle marquant dans les résolutions concernant la Syrie (résolution 2118), la Côte d'Ivoire (résolution 1975), le Mali (résolutions 2056 et 2071) et la République centrafricaine (résolution 2127) notamment. Il assure au nom de la France la présidence mensuelle du Conseil de sécurité en , , et .
Le 5 janvier 2012, par décret pris en Conseil des ministres, il est élevé à la dignité d'« ambassadeur de France ».
Le , il est nommé par décret du président de la République[17] ambassadeur auprès des États-Unis d'Amérique.
En , il commente l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis par deux tweets : « Après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige » et « C’est la fin d’une époque, celle du néolibéralisme. Reste à savoir ce qui lui succédera »[18]. Ces mots choquent aux États-Unis comme en France et il est alors la cible de nombreuses critiques lui reprochant de manquer au devoir de réserve auquel il est soumis[19]. La chaîne Fox News reprend aussitôt le tweet pour le dénoncer[20]. Pour The Daily Mirror, les remarques de l'ambassadeur sont « d'autant plus étonnantes » que celui-ci devra travailler avec Trump et son équipe, une fois celui-ci investi président[21]. Gérard Araud s'explique dans L'Opinion[22] et Politico[23]. La présidente du Front national Marine Le Pen ayant exigé son rappel, le ministre Jean-Yves Le Drian ne veut pas céder à cette pression et le maintient finalement à son poste[24].
En , il prend position contre Marine Le Pen, à la suite de Thierry Dana, ambassadeur à Tokyo[25]. Il devient le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle de 2017 et, à ce titre, l'un des trente proches les plus influents du candidat selon Les Décodeurs du Monde[26].
Lors de son départ à la retraite, alors qu'il est ambassadeur aux États-Unis, il qualifie Israël « d'État d'apartheid »[27].
Après son départ à la retraite en , il devient conseiller de l’entreprise israélienne de sécurité informatique NSO Group[28], éditrice du logiciel espion Pegasus et rejoint également la société de communication Richard Attias & Associates, détenue pour moitié par un fonds souverain saoudien[29]. L'ancien ambassadeur fait l’objet, en 2021, « d’importantes vérifications » de la part de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, et d’un signalement pour « intelligence avec une puissance étrangère » auprès de la procureure de Paris[30],[31]. Pour ses activités avec NSO Group, il subit une retenue de 5 000 euros sur sa retraite de haut fonctionnaire en tant que ministre plénipotentiaire hors classe ayant fait valoir ses droits à la retraite[32].
En 2024, il est élu à la présidence de la Société des Amis du Louvre.
Vie privée
modifierIl est en couple avec le photographe Pascal Blondeau depuis 1995[33].
Publications
modifier- Passeport diplomatique : quarante ans au Quai d'Orsay, Paris, Éditions Grasset, 2019, 384 p.
- Henry Kissinger : le diplomate du siècle, Tallandier, 2021, 336 p.
- Histoires diplomatiques : Leçons d'hier pour le monde d'aujourd'hui, Paris, Éditions Grasset, 2022, 320 p.
- Nous étions seuls : une histoire diplomatique de la France 1919-1939, Tallandier, 2023, 336 p.
- Israël. Le piège de l’histoire, Tallandier, 2024, 208 p.
Distinctions
modifier- Officier de la Légion d'honneur (2013)[34] (chevalier en 2004[35]).
- Élevé à la dignité d'ambassadeur de France (2012)[36].
Notes et références
modifier- « L’ancien ambassadeur de France à Washington épinglé pour sa collaboration avec NSO Group », lemonde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- biographie de Gérard Araud sur le site de l'ambassade de France aux États-Unis.
- « Produit de la méritocratie républicaine : épisode 1/5 du podcast Gérard Araud, pour comprendre le monde », sur France Culture (consulté le )
- Pierre Laszlo, « La force du vrai en diplomatie », La Jaune et la Rouge, no 726, (lire en ligne).
- Ensae Alumni, « Gérard ARAUD (Adm, 1978) », sur www.ensae.org (consulté le )
- « Sciences Po Alumni », sur sciences-po.asso.fr (consulté le ).
- Gérard Araud, Passeport diplomatique : trente-sept ans au Quai d'Orsay, (ISBN 978-2-246-82111-3 et 2-246-82111-8, OCLC 1131680792, lire en ligne).
- Caroline Bruneau et Alain Barluet, « Syrie : le coup de sang de l'ambassadeur de France », lefigaro.fr, 13 décembre 2011.
- Décret du 15 juillet 2009 portant nomination d'un représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et chef de la mission permanente française près les Nations unies à New York - M. Araud (Gérard), JORF no 162 du 16 juillet 2009, texte no 59, NOR MAEA0910512D.
- « Le nouveau représentant permanent de la France auprès des Nations unies présente ses lettres de créance », communiqué du Département de l'information de l'Organisation des Nations unies, 10 septembre 2009.
- Gérard Araud, l'homme de la guerre en Libye, lejdd.fr, 5 juin 2011
- « L’éclatement de la Libye : un scénario annoncé », Bernard Lugan, Afrique réelle, 7 mars 2012.
- Mali : quel rôle pour la France?, Arnaud Focraud, Le JDD.fr, 4 avril 2012.
- « Chaos malien Le bilan désastreux de la géopolitique française », Rosa Moussaoui et Hassane Zerrouky, L'Humanité.fr, 11 avril 2012.
- Colum Lynch, Gérard « Araud, le nouvel ambassadeur de France aux Etats-Unis, verra-t-il son légendaire franc-parler dompté par Washington? », slate.fr, 17 septembre 2014.
- « Bachar al-Assad doit partir ! », leparisien.fr, 17 décembre 2011.
- « Décret du 23 juillet 2014 portant nomination d'un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès des États-Unis d'Amérique - M. ARAUD (Gérard) », sur legifrance.gouv.fr.
- « Victoire de Trump: Tollé après deux tweets de l'ambassadeur français aux Etats-Unis », www.20minutes.fr, 9 novembre 2016.
- « Election américaine : le tweet exagéré d’un ambassadeur de France aux Etats-Unis dégoûté », lemonde.fr, 9 novembre 2016.
- « Désemparé par le résultat de l'élection américaine, Gérard Araud, l'ambassadeur français aux Etats-Unis se fait incendier sur Twitter », huffingtonpost.fr, 9 novembre 2016.
- (en) « French ambassador to the US says the "world is collapsing" as Donald Trump looks set to become President », mirror.co.uk, 9 novembre 2016.
- « Gérard Araud : «J’ai eu tort mais je ne me suis pas trompé» », L'Opinion, (lire en ligne, consulté le ).
- « ‘Europeans Can’t Think of Building a Future Without the Americans’ », POLITICO Magazine, (lire en ligne, consulté le ).
- Damien Augias et Nonfiction, « Le Quai d'Orsay comme si vous y étiez », Slate, 11 avril 2020.
- « Un ambassadeur de France refusera de "servir" Le Pen si elle est élue », Le Point, 8 mars 2017.
- Agathe Dahyot, Cédric Pietralunga, Jérémie Baruch et Maxime Vaudano, « Qui sont les trente proches d’Emmanuel Macron qui comptent au sein d’En marche ! ? », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- « L'ambassadeur de France aux États-Unis qualifie Israël "d'État d'apartheid" », sur BFMTV (consulté le )
- « L’ancien diplomate Gérard Araud travaille désormais pour l’Israélien NSO Group », sur The Times of Israel, .
- « Pantouflage diplomatique », sur Le Monde diplomatique, .
- Vanessa Ratignier et Emmanuel Lévy, « "Intelligence avec une puissance étrangère" : l'ex-ambassadeur Gérard Araud visé par un signalement », marianne.net, 4 octobre 2021.
- Sarah Brethes et Antton Rouget, « L’ex-ambassadeur star Gérard Araud rattrapé par la Haute Autorité pour la transparence », sur Mediapart, (consulté le ).
- « Le Quai d'Orsay sanctionne Gérard Araud pour ses activités non déclarées », sur La Lettre A, (consulté le )
- http://www.lavierose.fr/2014/11/13/gerard-araud-ambassadeur-france-washington-gay-vogue/
- Décret du 31 décembre 2013 portant promotion et nomination
- Décret du 9 avril 2004 portant promotion et nomination
- Décret du 5 janvier 2012 élevant à la dignité d'ambassadeur de France un ministre plénipotentiaire - M. Araud (Gérard), JORF du 6 janvier 2012, texte no 48, NOR MAEA1135033D
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Gaspard Dhellemmes, « L'homme qui a dit no », Vanity Fair n°73, , p. 82-87.
Articles connexes
modifier- Ambassade de France aux États-Unis
- Liste des représentants permanents de la France au Conseil de sécurité de l'ONU
- Représentations diplomatiques de la France
Liens externes
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