Société des amis du Louvre

association française
Société des amis du Louvre
Histoire
Fondation
1898
Cadre
Type
Forme juridique
Domaine d'activité
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Objectif
enrichir les collections du musée du Louvre
Méthode
acquisitions, legs, dons
Siège
Palais du Louvre, Paris 1er
Pays
Organisation
Membres
60 000
Fondateur
Président
Site web
Identifiants
RNA
SIREN

La Société des amis du Louvre est une association indépendante du musée du Louvre et reconnue d'utilité publique par le décret du .

Le Bain turc d'Ingres, donné en 1911 avec la contribution de Maurice Fenaille.

Fondée en 1897, elle a pour but d'enrichir les collections du musée du Louvre et d'acquérir, pour lui en faire don, des objets ayant une valeur artistique, archéologique ou historique.

Historique modifier

Au XIXe siècle, les collectionneurs qui accumulent jusque-là les œuvres d'art pour le statut social et leur enrichissement, veulent offrir leurs trésors au public. Ils deviennent des mécènes[1]. De nombreux musées doivent leur existence et leur enrichissement à ces dons.

Sous la IIIe République le « Musée national », propriété de la Nation est scindé en deux organismes : la réunion des musées nationaux sous l'administration de l’État et la Société des amis du Louvre, dévolue aux donations[2]. Cette dernière est créée en 1897, à l'initiative d'hommes politiques et de hauts fonctionnaires de l'administration des beaux-arts. Raymond Koechlin en est le cofondateur et il est nommé secrétaire avec Alfred Bossy[3].

Les fondateurs déplorent la modicité des moyens financiers dont dispose le musée du Louvre pour accroître ses collections, et sont conscients de la nécessité d'épauler la réunion des musées nationaux, créée deux ans auparavant, par une institution complémentaire. Ils pensent que l'appel à l'initiative privée peut pallier l'insuffisance des ressources apportées par l'État face à la concurrence étrangère[4], notamment celles de la National Gallery de Londres et de la Alte Nationalgalerie de Berlin, plus richement dotés que le Louvre[5]. Dès les premières années d'activité, l'association se mobilise afin d'obtenir des « facilités et des privilèges » à ses sociétaires et pour accroître l'attractivité de l'adhésion[6]. Un sujet qui perdure dans les sociétés des amis d'aujourd'hui.

En 1906, le président du Conseil des musées nationaux, le peintre Léon Bonnat, encourage les donateurs par ces mots : « Donner au musée du Louvre est une des formes les plus hautes et les plus intelligentes de la générosité, c'est un bienfait national et universel [...] Nous tendons la main sans rougir au nom de l'art et de la France[7]. »

En 1911, Raymond Koechlin est élu président de l'association et entre au Conseil des musées nationaux. Il suscite de multiples dons. À cette époque, les achats des musées nationaux et les dons de la Société privilégient la peinture et le dessin français du XIXe siècle[3]. Dans sa notice écrite à l'occasion du jubilé de la Société,[Raymond Koechlin constate avec satisfaction que l'association réunit près de 3 000 adhérents et qu'elle a dépensé un million pour le musée, assorti d'un nombre de dons d’œuvres important[8]. Il est président jusqu'en 1930[9].

Le vol de la Joconde modifier

Le , La Joconde est volée au musée du Louvre. Raymond Koechlin et la Société des amis du Louvre sont déterminés à la retrouver[9]. Il s'inspire de l'idée d'Henri Rochefort, membre de la Société, de proposer au voleur de lui racheter le tableau. L'association ne dispose pas de la somme de 25 000 francs proposée en échange d'une piste sérieuse. Elle publie dans la presse une souscription. Les donateurs affluent. Deux ans plus tard, Alfredo Geri, antiquaire à Florence en Italie, reconnaît le tableau. La Société ne dispose plus de la somme et doit relancer une deuxième souscription auprès de milliardaires et des sociétaires. La somme est réunie, elle est versée, la Joconde revient au Louvre[10].

Présentation modifier

 
La Princesse de Bactriane (début du IIe millénaire av. J.-C.), donnée en 2003.

La Société des amis du Louvre compte aujourd'hui près de 60 000 membres dont les cotisations et les dons lui permettent de disposer chaque année d'un budget d'acquisition d'œuvres d'art de l'ordre de trois millions d'euros[11],[12],[13]. En 2017, elle dispose d'un budget de 8,5 millions d'euros[14]. L'association peut ainsi poursuivre ses acquisitions, sa mission d'origine, et s'ouvrir à différents publics. C'est le premier mécène privé du musée du Louvre[15].

La politique d'acquisition telle que la présente son président actuel, Louis-Antoine Prat s'oriente vers des achats d'une œuvre, soit dans sa totalité, soit avec une part majoritaire afin que les donateurs puissent identifier les actions de l'association[14]. Ils peuvent entrer gratuitement au musée du Louvre, au musée Eugène-Delacroix et au musée du Louvre Abu Dhabi.

Les dons modifier

Ses dons au musée du Louvre se montent à plus de 700 et beaucoup figurent en bonne place parmi les chefs-d'œuvre qui y sont conservés : la Pietà de Villeneuve-lès-Avignon attribué à Enguerrand Quarton, Le Bain turc d'Ingres, le diadème de l'impératrice Eugénieetc. Les amis du Louvre participent également à l'achat d'œuvres comme l'Atelier du Peintre de Gustave Courbet (iconographie Musée du Louvre). Ceci met la société au premier rang des mécènes les plus généreux et les plus constants du musée du Louvre[5].

Une partie des dons de la Société des amis du Louvre est actuellement conservée au musée Guimet et au musée d'Orsay du fait de la redistribution des œuvres d'art après la Seconde Guerre mondiale.

Les acquisitions de la Société des amis du Louvre sont présentées sur son site[16].

Les actions particulières modifier

En 1997, pour son centenaire, la Société des amis du Louvre réalise au musée l'exposition « Des mécènes par milliers », montrant près des 300 œuvres offertes au musée grâce à son mécénat collectif. En 2017, la Société fête ses 120 ans avec le soutien de la Fondation Singer-Polignac, dans la cour Marly du Louvre. Elle célèbre à cette occasion les acquisitions réalisées pendant les vingt ans de présidence de Marc Fumaroli[17],[18].

La Société des amis du Louvre organise des souscriptions populaires qui associent les donateurs à une grande œuvre de conservation du patrimoine, comme les Trois grâces de Lucas Cranach l'Ancien, la Table de Teschnen ou le Livre d'heures de François 1er. Les fonds recueillis permettent également de restaurer des œuvres comme la Victoire de Samothrace en 2013[11],[19].

Liste des dirigeants modifier

Présidents 
IdentitéPériodeDurée
DébutFin
Marc Fumaroli[20]
( - )
27 ans
Louis-Antoine Prat[20]
(né en )

Notes et références modifier

  1. Julie Buduroi, « La petite histoire du mécénat culturel et de ses enjeux », sur La Réserve, (consulté le ).
  2. Bulletin des musées de France [rédacteur en chef : Paul Vitry], Paris, Direction des musées (no 10), (BNF 12148, lire en ligne), p. 152
  3. a et b INHA, « KOECHLIN, Raymond », sur inha.fr, (consulté le ).
  4. de 100 000 francs par an entre 1852 et 1870, 75 000 francs par an entre 1870 et 1877 et 150 000 francs annuels dès 1878, dans Les collectionneurs d'œuvres d'art et la donation au musée à la fin du XIXe siècle : l'exemple du musée du Louvre, Véronique Long
  5. a et b « Qui sommes-nous ? | Amis du Louvre - Paris », sur amisdulouvre.fr (consulté le ).
  6. La Société des amis du Louvre - 1897-1900 (revue), Paris, , 42 p. (BNF 12148, lire en ligne), p. 2
  7. Véronique Long (citation Léon Bonnat, Journal Officiel, 29 juillet 1906, p.5412), « Les collectionneurs d'œuvres d'art et la donation au musée à la fin du XIXe siècle : l'exemple du musée du Louvre », Romantisme, vol. 31, no 112,‎ , p. 45–54 (DOI 10.3406/roman.2001.6171, lire en ligne, consulté le )
  8. Notice lue à la fête du Jubilé de la Société par M. Raymond Kœchlin, président - 1897-1922, Paris, A. Morancé, , 52 p. (BNF 12148, lire en ligne), p. 5
  9. a et b Jean-Gabriel Leturcq, « Dictionnaire des orientalistes Koechlin Raymond », sur lodel.ehess.fr (consulté le ).
  10. Famille Koeckhlin, « Raymond et le vol de la Joconde », sur koechlin.net, (consulté le ).
  11. a et b « Une mission d'avenir | Amis du Louvre - Paris », sur amisdulouvre.fr (consulté le ).
  12. Le Louvre - bilan des acquisitions 2018, (lire en ligne)
  13. « Amateurs d'art éclairés et mécènes généreux cherchent reconnaissance », sur LEFIGARO (consulté le ).
  14. a et b « Louis-Antoine Prat, au nom du Louvre », sur artnewspaper.fr (consulté le ).
  15. Martine Robert, « Le Louvre multiplie les cercles d'amis », sur Les Echos, (consulté le ).
  16. « Acquisitions | Amis du Louvre - Paris », sur amisdulouvre.fr (consulté le ).
  17. « La Société des Amis du Louvre fête ses 120 ans », sur Connaissance des Arts, (consulté le ).
  18. « Le musée du Louvre rend hommage à Marc Fumaroli », sur presse.louvre.fr (consulté le ).
  19. « Le Louvre a beaucoup d'amis », sur loi1901.com, (consulté le ).
  20. a et b « https://www.amisdulouvre.fr/bureau-societe-amis-du-louvre » (consulté le )

Annexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Raymond Koechlin, La Société des Amis du Louvre : ses dons au Musée 1897-1922, Éditions Albert Morancé, , 52 p. (BNF 33605874, lire en ligne)
  • Agnès Callu, La Réunion des musées nationaux 1870-1940 genèse et fonctionnement, Paris, École des Chartes, H. Champion, 1994, 551 p. (ISBN 2900791111).
  • Sébastien Fumaroli, « Comment fut créée la Société des Amis du Louvre », Grande Galerie Le Journal du Louvre, no 13, , pp. 100-101.
  • Des mécènes par milliers : un siècle de dons par les Amis du Louvre, exposition, Musée du Louvre, Paris, 28 avr.-21 juil. 1997, RMN Grand-Palais, , 360 p. (ISBN 2-7118-3548-0, présentation en ligne)
  • La société des amis du Louvre, ses dons au musée - 1897-1922, Paris, A. Morancé, , 52 p. (BNF 12148, lire en ligne)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier