Eugène Dieudonné

anarchiste, accusé de faire partie de la bande à Bonnot, fabricant de meubles

Eugène Dieudonné (né le à Nancy, mort le à Eaubonne) est un anarchiste français. Accusé d'être membre de la bande à Bonnot et d'avoir tiré sur un garçon de recette lors de l'attaque d'une banque rue Ordener à Paris, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité et transféré au bagne en Guyane dont il s'évade après une douzaine d'années. Il est gracié grâce à une campagne de presse d'Albert Londres et Louis Roubaud.

Eugène Dieudonné
Eugène Dieudonné en 1912
Biographie
Naissance
Décès
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EaubonneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Photos anthropométriques d'Eugène Dieudonné en 1912.

Biographie

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Camille Eugène Marie Dieudonné est le fils de Charles Pierre Marie Dieudonné (1854-1891), cordonnier, et de Cécile Aubertin (1852-1919). Il naît le 1er mai 1884 à Nancy[1].

Il se marie à Nancy, le 20 juillet 1907, avec Louise Kaiser (1890-1971)[2]. Mariage dissout par jugement de divorce, le 18 mars 1919, par le tribunal civil de la Seine[3].

Dieubonné fréquente le siège du journal l'Anarchie, journal anarchiste dirigé par Victor Serge et auquel il collabore. Il y rencontre Jules Bonnot lorsque celui-ci vient au siège du journal.

Alors qu’il vit avec sa femme et son fils dans une pension au no 45 de la rue Nollet dans le 17e arrondissement de Paris[4], il est arrêté le , accusé d'être le quatrième homme du braquage de la rue Ordener dans le 18e arrondissement de Paris . Le , Jules Bonnot, Octave Garnier, Raymond Callemin et un autre complice avaient attaqué l'agence bancaire de la Société générale, premier braquage en France réalisé avec une automobile[5]. Le garçon de recette de la banque, Ernest Caby, avait été grièvement blessé, touché par deux balles tirées dans la nuque et dans le poumon[5]. Premier de la bande à être arrêté, Dieudonné est formellement reconnu par Caby[6] et par son collègue Peemans[5].

Dieudonné et Callemin, arrêté peu de temps après lui au sortir d'une planque de rue de la Tour-d'Auvergne dans le 9e arrondissement de Paris[5], comparaissent le , avec les rescapés de la bande à Bonnot, devant la cour d'assises de la Seine[5]. Octave Garnier, par voie de presse le , essaye de l'innocenter, tout en provoquant les forces de l'ordre et Jules Bonnot, tué lors d'un assaut de la police et de l'armée à Choisy-le-Roi, l'innocente aussi dans son testament. Lors du procès, Callemin affirme que Dieudonné n'a pas participé au braquage[5]. Ils sont tous les deux condamnés à mort. Callemin est guillotiné devant la prison de la Santé un mois plus tard[5]. La peine de Dieudonné est commuée en travaux forcés à perpétuité par le président de la République Raymond Poincaré. Le 22 décembre 1913, il est envoyé au bagne des îles du Salut au large de la Guyane française où il occupe son temps comme menuisier ébéniste[7] puis est transféré au bagne de Cayenne, il s'en évade le et rejoint le Brésil[8]. Il est finalement gracié, après les campagnes des journalistes Albert Londres et Louis Roubaud. Rentré en France, il exerce le métier d'ébéniste dans le faubourg Saint-Antoine à Paris. Il écrit La Vie des forçats préfacée par Albert Londres. Il se marie de nouveau avec Louise Kaiser, le 31 janvier 1928, à Paris[9] dont il divorcera pour la seconde fois, le 7 novembre 1934. En 1934, il collabore au film Autour d'une évasion qui lui est consacré par Jacques-Bernard Brunius, écrivain et cinéaste proche du mouvement surréaliste.

Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Albert Londres, L'homme qui s'évada, les éd. de France, Paris, 1928, 240 p.
  • Albert Londres, Adieu Cayenne ! : nouvelle version de « L'homme qui s'évada », les éd. de France, Paris, 1932, 216 p.
  • Albert Londres, L'homme qui s'évada, 10/18, collection dirigée par Christian Bourgois, Paris, 1975, 320 p. (ISBN 2-264-00550-5)
  • Albert Londres, L'homme qui s'évada, Arléa, coll. « Arléa-poches », Paris, 1999, 125 p. (ISBN 2-86959-439-9)
  • Philippe Blandin, Eugène Dieudonné, Paris, Éditions du Monde Libertaire / Bruxelles, Éditions Alternative libertaire, 2001, (ISBN 2-903013-75-6).
  • Renaud Thomazo, Mort aux bourgeois ! : sur les traces de la bande à Bonnot, Larousse, coll. « L'Histoire comme un roman », 2007, (ISBN 2035833469)  
  • Frédéric Lavignette, La bande à Bonnot à travers la presse de l'époque, Fage Editions, 2008, (ISBN 9782849751411).
  • Jacky Giraudo & Franck Sénateur, Des assiettes aux Durs, Paris, 2012.
  • Madeleine Leveau-Fernandez, Eugène Dieudonné, un libertaire à la Belle Époque, Paris, Edilivre, 2016, 315 p.

Notices

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Filmographie

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Bandes dessinées

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Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. « Visionneuse Bach - FRAC54395_2_Num_2E_227_001.jpg », sur recherche-archives.nancy.fr (consulté le )
  2. « Visionneuse Bach - FRAC54395_2_Num_3E_259_001.jpg », sur recherche-archives.nancy.fr (consulté le )
  3. « Visionneuse Bach - FRAC54395_2_Num_3E_303_001.jpg », sur recherche-archives.nancy.fr (consulté le )
  4. La bande à Bonnot: l'anarchie ou l'argent
  5. a b c d e f et g Brendan Kemmet, « La bande à Bonnot frappe rue Ordener », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Poyer et Dieudonné, 1912
  7. Paul Roussenq, L'Enfer du bagne, Libertalia, 2009, page 104.
  8. « IREL, visualisation d'images », sur anom.archivesnationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  9. « Visionneuse - Archives de Paris », sur archives.paris.fr (consulté le )