LGBT en Ukraine
La reconnaissance et les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) semble très hétérogène en Ukraine. L'homosexualité y est légale depuis la chute de l'Union soviétique en 1991[1]. Cependant il n’existe aucun texte de loi qui vise la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle en particulier.
L'Église orthodoxe s'est opposée aux événements et groupes LGBT, souvent au nom de la « lutte contre l'immoralité », et a même encouragé les attaques violentes. Ainsi, de nombreuses personnes LGBT en Ukraine déclarent ressentir le besoin de mentir sur leur véritable orientation sexuelle ou identité de genre afin d'éviter d'être la cible de discrimination ou de harcèlement violent[2].
La première marche des fiertés du pays a lieu à Kiev le [3],[4].
Histoire modifier
Depuis 1991, la communauté LGBT ukrainienne est devenue plus visible dans les centres urbains et il y a des boîtes de nuit LGBT, des publications et des organisations de défense des droits de l'homme[5].
Histoire modifier
En 1998, le premier groupe des droits LGBT a été créé. Our World est un centre communautaire LGBT et une organisation de défense des droits de l'homme. En 2008, les organisations LGBT ukrainiennes se sont réunies au sein de l'« Union des organisations gays de l'Ukraine ».
Moins de 1 % des homosexuels ukrainiens parleraient ouvertement de leur orientation sexuelle.
Une Église gay et œcuménique est créée à Donetsk en 2011. La paroisse de Saint Cornelius le centurion, devient la première Église gay du pays, paroisse qui offre un refuge et un lieu de parole et de prière. Roman Zouïev, en est le prêtre fondateur[6].
Proposition de loi sur la « promotion de l'homosexualité » modifier
En octobre 2012, le Parlement ukrainien a adopté en première lecture la proposition de loi 8711 visant à combattre la « promotion de l’homosexualité », directement inspirée de la loi russe définitivement adoptée en 2013[7]. Néanmoins, à la suite de la révolution de février 2014, et de l'arrivée au pouvoir des pro-européens, ceux-ci assimilant la proposition de loi à la Russie, le Parlement a retiré l'examen de la proposition de son ordre du jour en janvier 2015[8].
Militantisme modifier
Marche des fiertés modifier
La première pride a lieu à Kiev le , alors qu'une centaine militants pour les droits des homosexuels défilent, sous la protection d'un important dispositif de police[3],[4]. Elle est coorganisée par Anna Sharyhina et sa partenaire, Vira Chemygina.
La pride de 2014 a été interdite par les autorités ukrainiennes en raison de leur impossibilité de garantir la protection des participants[9].
La deuxième pride de l'histoire de l'Ukraine a lieu le à Kiev, réunissant 300 participants[10]. Face aux menaces quant à sa tenue et aux demandes du maire de Kiev Vitali Klitschko d'y renoncer faute de sécurité[11],[12], le président Petro Porochenko exprime son soutien aux participants de la pride : « J’observe la marche de l’égalité à la fois en tant que chrétien et en tant que président européen. Et je pense que ces deux idées sont tout à fait compatibles ». Ce soutien présidentiel est une première dans l'histoire du pays[13]. C'est également la première fois que deux députés de la Rada y participent : Serhiy Lechtchenko et Svitlana Zalichtchouk, tous deux membres du Bloc Petro Porochenko[14].
La pride de 2016 a lieu le , elle réunit 1 000 participants, son record, et se déroule sans violence particulière[15],[16]. Si les nationalistes de l'Organisation des nationalistes ukrainiens avaient promis de la violence à cette occasion[17], Philarète de Kiev, Patriarche de Kiev appelle les fidèles de l'Église orthodoxe d'Ukraine à s'abstenir de toute haine et toute violence contre les participants[18]. Trois députés européens participent à la marche, Sophie in 't Veld, Rebecca Harms et Ana Gomes[19] ainsi que trois députés de la Rada, Serhiy Lechtchenko, Mustafa Nayyem[20], et Svitlana Zalichtchouk. Le , elle rassemble 2 500 personnes[21]. L'édition 2018 voit 6 000 personnes participer[22] et celle de 2019, 8 000 personnes[23],[24].
En 2016 a lieu la première pride en dehors de la capitale, elle devait avoir lieu initialement en 2014, mais cette édition a été annulée par crainte des violences[25], elle s'est donc tenue le à Odessa ; elle rassemble une cinquantaine de participants[26],[27]. La seconde édition de la marche des fiertés dans cette ville a lieu le et rassemble 150 personnes[28],[29], la troisième le [30].
Le , 37 personnes participent à la première pride de Kryvyï Rih[31].
Le , c'est la ville de Kherson qui accueille sa première pride, qui réunit 150 personnes, sans incident[32].
Conditions de vie modifier
Acception sociale modifier
Il y a peu de soutien social pour les personnes LGBT à être honnêtes au sujet de leur identité sexuelle ou de genre et il existe à travers le pays un degré assez élevé de harcèlement verbal et physique, et d'intolérance[33].
Droits modifier
| Droits LGBT en Ukraine | |
| |
| Dépénalisation de l'homosexualité |  depuis 1991
|
|---|---|
| Identité de genre | Oui
|
| Service militaire | Oui
|
| Protection contre les discriminations | pour l'emploi
|
| Mariage |  Non
|
| Partenariat | Non
|
| Adoption | Non
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modifier  |
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Dans le Code du travail modifier
Dans l'optique de la mise en œuvre de la libéralisation des visas entre l'Union européenne et l'Ukraine[34], cette dernière s'est engagée à rapprocher son droit du travail avec celui de l'UE. Ce rapprochement qui comporte des pans entiers de réformes obligatoires, compte également l'inscription dans le Code du travail de l'interdiction des discriminations en raison de l'orientation sexuelle[réf. souhaitée].
Le , la Rada rejette dans une première lecture cette modification, seuls 117 députés ayant voté favorablement alors que 226 étaient nécessaires[35]. À noter que parmi ces 117 députés, il y en avait notamment 78 du Bloc Petro Porochenko (représentant 66 % du groupe parlementaire) et 7 de Batkivchtchyna (58 % du groupe); contrairement aux élus du Parti radical d'Oleh Liachko ou de ceux issus de l'ancien Parti des régions qui ont à l'unanimité rejeté cette modification[36].
À la suite de ce vote négatif, les députés Svitlana Zalichtchouk et Mustafa Nayyem (Bloc Petro Porochenko) se sont excusés publiquement de ne pas avoir pu être présent lors de ce vote[37]. De même, le député Iehor Soboliev (Samopomitch) annonce qu'il y votera finalement favorablement en deuxième lecture[38]. Avant le second vote, le président d'Ukraine, Petro Porochenko appelle les députés à voter en faveur de cette modification dans le Code du travail en écrivant : « En tant que président, en tant que chrétien orthodoxe, qui suis marié depuis 31 ans et aime sa femme, comme père de quatre enfants, je suis pour la préservation des valeurs de la famille, de la société ukrainienne traditionnelle. Mais en tant que garant de la Constitution, je suis fermement contre toutes les discriminations contre les citoyens ukrainiens sur des motifs d'orientation sexuelle »[39].
Le une manifestation de 200 militants LGBT a eu lieu devant la Ukraine appelant à mettre fin à cette discrimination[40],[41]. Le jour même, à l'occasion de la deuxième lecture, le quorum n'est toujours pas atteint, seuls 206 députés sur les 226 nécessaires, votent l'amendement anti-discrimination en raison de l'orientation sexuelle, sur les 342 présents[42],[43].
Pour la troisième lecture, une nouvelle manifestation de défenseurs des droits LGBT est prévue devant le Parlement[44]. Le , jour du dernier vote, deux députés ont hissé une bannière dans l'hémicycle appelant à la tolérance et à voter cet amendement[45]. Après avoir, une troisième fois, échoué au niveau du quorum, avec 219 députés favorables sur les 226[46], un dernier vote a finalement lieu l'heure suivante, et celui-ci se révèle positif, 234 députés ayant voté favorablement[47],[48].
Avec l'adoption de ce projet de loi no 3442[48], la répartition des 234 députés favorables s'est composée de 108 membres du Bloc Petro Porochenko, 65 du Front populaire, 15 de Samopomitch, 14 de Batkivchtchyna, 9 de Renaissance, 8 du Le pouvoir au peuple et 14 députés non-inscrits. Tous les députés du Bloc d'opposition ont voté contre[49].
À la suite de ce vote, le président Petro Porochenko s'est réjoui que les députés aient voté favorablement à ce changement en écrivant sur Twitter : « L'Ukraine rompt avec les chaînes des discriminations de son passé soviétique. Et les valeurs familiales restent intactes. »[50],[51].
Le , Petro Porochenko promulgue officiellement la loi anti-discriminations dans le Code du travail[52].
Reconnaissance des couples de même sexe modifier
Le , deux députés répondent au président de la Rada, Volodymyr Hroïsman qui affirmait que le mariage homosexuel ne sera jamais reconnu en Ukraine. Pour ces deux députés du Bloc Petro Porochenko, Serhiy Lechtchenko et Vitalii Chepynoga, cela n'est pas de sa compétence, et l'Ukraine, sur le long terme, adoptera le mariage homosexuel[53].
Tableau récapitulatif modifier
| Dépénalisation de l’homosexualité | depuis 1991
|
| Majorité sexuelle identique à celle des hétérosexuels | Oui
|
| Interdiction de la discrimination liée à l'orientation sexuelle au travail | depuis 2015[54]
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| Interdiction de la discrimination liée à l'identité de genre dans tous les domaines | Non
|
| Mariage homosexuel | Non
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| Union civile, partenariat civil | Non
|
| Adoption conjointe dans les couples de personnes de même sexe | Non
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| Adoption par les personnes homosexuelles célibataires | Oui
|
| Droit pour les gays de servir dans l’armée | Selon les commissions régionales |
| Droit de changer légalement de genre | à partir de 25 ans
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| Gestation pour autrui pour les gays | Non
|
| Accès aux FIV pour les lesbiennes | Oui
|
| Autorisation du don de sang pour les HSH | depuis 2012[55]
|
Références modifier
- United Nations High Commissioner for Refugees, « Refworld - Ukraine : situation des homosexuels; groupes de soutien et protection offerte par l'État », (consulté le ).
- « Un leader religieux affirme que le Covid-19 est causé par le mariage gay puis attrape le virus », Metrotime, (lire en ligne, consulté le )
- « L’Ukraine organise sa première gay pride sous haute protection policière », sur www.liberation.fr, (consulté le ).
- A.-C.H., « Ukraine : première Gay Pride dans les rues de Kiev- Monde », sur MYTF1NEWS (consulté le ).
- Immigration and Refugee Board of Canada, « Ukraine : traitement réservé aux homosexuels à Kiev; protection qui leur est offerte par l'État (février 2006) », Refworld, Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, (lire en ligne, consulté le )
- Sébastien Gobert (Kiev), « Une église gay en Ukraine: pour l'amour de Dieu (et des hommes) », sur myeurop.info, (consulté le )sur Myeurop.info
- « Ukraine: la loi contre la «propagande homosexuelle» adoptée en première lecture », sur Yagg, (consulté le ).
- « L’Ukraine enterre la loi sur la «propagande homosexuelle», mais pas par égard pour les LGBT », sur yagg, (consulté le ).
- Yagg, Maëlle Le Cor, 7 juillet 2014 : "Ukraine: la gay pride de Kiev annulée"
- (en) Violent clashes at Ukrainian gay rights march
- La Gay Pride risque de nouveau d'être annulée en Ukraine
- « Ukraine : des homosexuels cibles de grenades fumigènes à Odessa », sur France 24, (consulté le )
- Ukraine : une gay pride sous escorte mais émaillée de violences
- (en) Kiev Pride: A Success Despite Attacks
- (uk) Марш Равенства: тысяча человек в центре Киева прошлись с радужными флагами (онлайн)
- (uk) У Києві без сутичок завершився «Марш рівності».
- Ukraine : la Gay Pride de Kiev menacée de virer au « bain de sang »
- (uk) УПЦ КП закликає учасників і противників Маршу рівності утриматися від насильства.
- (uk) Представниці Європарламенту візьмуть участь у Марші Рівності.
- (uk) Нардеп Мустафа Найєм: Я прийду на Марш Рівності
- 2,500 March To Support LGBTI Community in Ukraine
- (uk) В Марші рівності взяли участь близько 6 тисяч людей – організатор
- 8,000 people rally for LGBTQ rights in Kyiv (PHOTOS)
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- Ukraine : des homosexuels agressés à Odessa, la Gay Pride annulée
- (ru) ЛГБТ-марш в Одессе не обошелся без столкновений
- ODESSA A CÉLÉBRÉ SA PREMIÈRE GAY PRIDE
- (de) http://www.queer.de/detail.php?article_id=29471
- (ru) Одесский Марш равенства завершился сидячим протестом
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- (en) This Ukrainian town hosted its first Pride march amidst threats by far-right groups
- (uk) В Херсоне в ЛГБТ-марше принял участие сотрудник посольства Германии в Украине
- (en) Tomek Kitlinski, « The GULLY », sur www.thegully.com, (consulté le ).
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- Le Parlement ukrainien s'oppose à une mesure en faveur des minorités sexuelles
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- (en) Historical Dictionary of the Lesbian and Gay Liberation Movements, Door JoAnne Myers
Bibliographie modifier
- (en) Queer Ukraine : an anthology of LGBTQI+ Ukrainian voices during wartime (ISBN 978-1-80447-041-1)
