Cléobuline

poètesse et philosophe Grecque du VIe – Ve siècles av. J.-C
Cléobuline
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Biographie
Naissance
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Lindos (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Date inconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
ΚλεοβουλίνηVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Période d'activité
VIe siècle av. J.-C.Voir et modifier les données sur Wikidata
Père

Cléobuline ou Cléobulina (en grec ancien Κλεοβουλίνη) est une philosophe et poétesse grecque née à Lindos, dans l'île de Rhodes, et qui vécut probablement autour de 550 av. J.-C.[1].

Biographie modifier

Bien connue des auteurs anciens, Cléobuline est la première philosophe grecque connue[2],[3].

Selon Plutarque, son père est Cléobule, tyran de Lindos, l'un des Sept Sages. Il la met en scène dans le Banquet des sept sages sous le surnom que lui donne son père Cléobule, Eumétis, « la Prudente », et loue, davantage que ses énigmes, « sa profondeur d'esprit, son sens politique, l'aménité de son caractère, et le talent qu'elle a de rendre plus douce l'autorité de son père et d'inspirer à celui-ci des sentiments plus humains à l'égard du peuple[4],[5] ». Selon Diogène Laërce, la mère de Thalès se nommait également Cléobuline[6], mais il ne s'agit peut-être pas de la même personne, car, dans le Banquet des sept sages, Cléobuline est encore une jeune femme alors que Thalès est déjà adulte et célèbre.

Le sympósion (en), qu'on peut traduire par « banquet » ou plus littéralement par « réunion des buveurs », est un passe-temps en deux parties au cours duquel dialogues, discussions et énigmes s'intègrent dans la seconde partie. Cléobuline obtient sa célébrité par ses énigmes[7] :

Cléobuline a inspiré à Cratinos l'une de ses comédies, Les Cléobulines, jouée avant 420 av. J.-C., peut-être vers 450.

Œuvre modifier

Cléobuline est connue pour ses énigmes. Aristote définit le genre dans la Poétique : « relier entre elles des choses qui ne peuvent l'être pour énoncer des faits qui existent ; or il n'est pas possible de faire cela par l'alliance des noms, mais il est permis de le faire par métaphore[8]», et donne en exemple une énigme de Cléobuline[9] :

« J'ai vu un homme qui, au moyen du feu, avait appliqué l'airain sur la peau d'un autre homme[Note 1]. »

L'énigme était un genre couramment pratiqué lors des banquets. Olivier Gaudefroy donne un fragment d'énigme plus complet afin d'illustrer son propos[7] :

J'ai vu un homme voler et tromper par la force,
et cette action violente être la plus juste.

Un père, douze fils ; à chacun de ses fils
des filles, deux fois trente, en deux lots dissemblables :
les unes au teint clair, les autres au teint foncé.
Toutes meurent : pourtant elles sont immortelles.

— Fragment d'énigme attribué à Cléobuline.

Pour Detienne et Vernant, Cléobuline, par son habileté dans le domaine de l'énigme, est l'équivalent, dans un mode moins inquiétant, de la Sphinx[10].

Elle est notamment réputée pour la construction en vers hexamètre de ses énigmes[11].

Postérité modifier

Art contemporain modifier

Notes modifier

  1. Un médecin appliquant une ventouse sur un patient.

Références modifier

  1. Buck 1992, p. 426 (s.v.« Cleobulina (6th century BC) »).
  2. Daniel Favre, « Clé n° 14. Relancer la motivation d’innovation : « Allumer un feu plutôt que remplir un vase » », CAIRN,‎ , pages 121 à 127 (lire en ligne)
  3. Gabriela CURSARU sous la direction de Eberhard GRUBER, « CLÉOBULINE DE RHODES, Première philosophe grecque. »  , sur Dictionnaire Universel des Créatrices
  4. Plutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne] (Le Banquet des sept sages, 148cd).
  5. Cécile Panagopoulos, « Vocabulaire et mentalité dans les Moralia de Plutarque », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 3, no 3,‎ , p. 217 et 219 (lire en ligne).
  6. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), I, 22.
  7. a et b Olivier Gaudefroy, Elles ont fait l'Antiquité: vingt-cinq scènes de vie d'intellectuelles grecques et romaines, Turquoise, (ISBN 978-2-918823-14-8, lire en ligne)
  8. Aristote, Poétique, 1458a.
  9. Aurélien Berra, « Le nom propre dans les énigmes grecques (Athénée, X et Anthologie, XIV) », HAL Science - Lalies (Paris),‎ , pp.261-276 (lire en ligne)
  10. Detienne et Vernant 1974, p. 291-292.
  11. « Cleobuline, Flourished circa 550 B.C.E., Rhodes, ancient Greece », sur Brookling Museum
  12. Musée de Brooklyn - Centre Elizabeth A. Sackler - Cléobuline
  13. Judy Chicago, The Dinner Party : From Creation to Preservation, Londres, Merrel 2007. (ISBN 1-85894-370-1).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (grc + fr) Yves Battistini, Poétesses grecques, Paris, Imprimerie nationale, coll. « La Salamandre », .
  • (en) Claire Buck, Bloomsbury Guide to Women's Literature, .
  • Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant, Les Ruses de l'intelligence. La métis des Grecs, Flammarion, coll. « Champs », , p. 291-292.
  • (en) Gilles Ménage (trad. du latin par Manuella Vaney, présenté par Claude Tarrene), Histoire des femmes philosophes, Paris, Arléa, .
  • (en) Ian Michael Plant, Women Writers of Ancient Greece and Rome: An Anthology, University of Oklahoma Press, (lire en ligne).
  • (en) William Smith (dir.), Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, 1867, volume 1, page 789, article "Cleobuline". [lire en ligne]
  • Fragmenta, in WEST M. L., Iambi et Elegi Graeci, vol. 2, Oxford, Clarendon Press, 1972
  • PIETRA R., Les Femmes philosophes de l’Antiquité gréco-romaine, Paris/Montréal, L’Harmattan, 1997
  • CAPELLÀ I SOLER M., « Cleobulina de Lindos », in ID., Poetes gregues antiques, Barcelone, Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 2004

Liens externes modifier