Chartreuse de la Verne

chartreuse située dans le Var, en France

Chartreuse de la Verne
Image illustrative de l’article Chartreuse de la Verne
Présentation
Culte Catholique romain
Type Chartreuse
Rattachement Diocèse de Fréjus-Toulon
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux XVIIIe siècle
Protection Logo monument historique Classé MH (1921, 1976)
Site web http://diocese-frejus-toulon.com/Monastere-Notre-Dame-de-Clemence.html
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Var
Ville Collobrières
Coordonnées 43° 14′ 09″ nord, 6° 24′ 04″ est
Géolocalisation sur la carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur
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Chartreuse de la Verne
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Chartreuse de la Verne

La chartreuse de la Verne est un ancien établissement de chartreux, fondé en 1170, situé sur la commune de Collobrières, au cœur du massif des Maures, à la limite des diocèses de Fréjus et Toulon dans le département du Var, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Elle est classée au titre des monuments historiques[1].

Étymologie modifier

Plusieurs hypothèses existent quant à l'origine de son nom[2],[3] : le mot latin verna signifie esclave (de naissance); le mot aulnes en latin populaire, vernium, évoque son environnement (d'où la traduction Notre-Dame des Aulnes ou de l'Aulnaie ; en provençal verno[4], arbre courant dans cette contrée), une déesse païenne Laverna qui aurait eu un temple, enfin ce mot était utilisé pour désigner les descendants des Sarrasins de Fraxinet (La Garde Freinet)[5].

Enfin, une colline toscane chère à saint François d'Assise porte ce nom de La Verna (ou Mont Alverne).

Historique modifier

Le « bourg castral de Gibouel » apparaît à deux reprises dans les actes de délimitation du domaine de la chartreuse de la Verne : en 1174[6] sous la forme « als casals de Geboel », en 1223 « ad Collam de Giboel » [7].

Plusieurs actes du cartulaire de la Verne, tous datés entre 1204 et 1244, contiennent les donations faites à la chartreuse par la famille « de Felgueriis » et par d'autres coseigneurs de Collobrières de terres et de droits situés « ad locum » ou « in territorio quod dicitur Felgueiras »[8].

C’est vers 1170 que Pierre Isnard, évêque de Toulon, et Frédol d’Anduze, évêque de Fréjus, décident de fonder un monastère sous le vocable de la Vierge et choisissent l’ordre des Chartreux déjà présent à Montrieux, dans le diocèse de Marseille. La première église romane fut consacrée le 3 octobre 1174. Elle fut détruite par un incendie et reconstruite, mais fut pillée en 1416 par les seigneurs de Bormes. Le monastère subsista jusqu'au départ des Chartreux en Italie, à la révolution[9].

Le 2 novembre 1789, l'Assemblée constituante décrétait la confiscation des biens de La Verne et l'inventaire des biens en juin 1790 indiquait que la communauté se composait alors de 16 membres : onze pères et cinq convers.

De la période romane, il reste très peu d'éléments: le mur nord de l'église ainsi qu'une partie de l'abside.

La cloche d’origine du XVIIe siècle a été placée sur un socle dans le grand vestibule d’entrée de la mairie de Collobrières[10].

La cloche d'appel ou tintenelle a, elle, été classée au titre des objets mobiliers, le 26 juin 1982[11].

La Chartreuse de la Verne était alimentée par une série de mines d'eau[note 1]. Les quatre galeries, fermées par une grille, s'ouvrent en retrait du bassin de recollement des eaux en bordure de la piste, à peu de distance de la poterne[13].

Les prieurs de La Verne modifier

Les chartreuses sont soumises à l'autorité d'un prieur[14], élu par ses comprofès ou désigné par les supérieurs majeurs.

  • Didier, évêque de Toulon, premier prieur.
  • Étienne, autre évêque de Toulon.
  • Bertrand de Correns, prieur en 1190[15].
  • Denys de Sailli, d'Aumalle, profès de Villeneuve, prieur de Bonpas (1623-31); prieur d'Aix (1631-33) ; prieur de la Verne (1633-38) ; de nouveau prieur de Bonpas (1638-40); où il meurt le 28 mai 1640[16].
  • Jean-Baptiste Giraud, de Valensole, profès de Villeneuve, prieur du Val-Sainte-Marie (1610-21), de Montrieux (1621-26), de la Verne (1626-32); de nouveau de Montrieux (1632-33); prieur d'Aix (1633-34) ; de nouveau du Val Ste-Marie (1634-39) et (1642-45); et une seconde fois à la Verne (1645-46), où il meurt le 2 novembre 1646.
  • Mathias Régis, profès de Villeneuve, fut d'abord prieur de la Verne (1726-28) ; et d'Aix de 1728 à sa mort en 1748.
  • Alexandre Perraud, profès de Villeneuve, nommé prieur d'Aix (1764-72) alors transféré au priorat de la Verne où il est mort en 1775.
  • Joseph-Claude de Geoffroy, né à Draguignan le 14 janvier 1730, prieur de la Verne de 1775 à 1777[17].

Les restaurations modifier

La chartreuse fut incendiée en 1214, 1271 et 1318. Le feu détruisit tous les bâtiments sauf l'église. Reconstruite à plusieurs reprises, la Chartreuse eut un grand rayonnement spirituel jusqu'à la Révolution. En effet, en 1790, tous les biens ont été mis sous séquestre, puis en 1792, après le départ des chartreux, les bâtiments et terrains sont vendus comme biens nationaux. Le , l'administration des Eaux et Forêts devient affectataire des lieux[18].

Les bâtiments actuels sont essentiellement de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècle. On employa pour cette restauration, notamment pour les parties monumentales (portails, frontons, arcatures...) la serpentine des Maures[19], pierre dure de couleur verte mettant en valeur les encadrements des ouvertures[20], [21]. Cette pierre fut extraite dans les carrières de La Môle et montée par les pistes jusqu'à la Chartreuse.

Les ruines de l'ancienne chartreuse de la Verne ont été classées au titre des monuments historiques ("vestiges de la forêt") par décret du 18 janvier 1921 [1] cloître ; cour ; communs ; chapelle ; jardin ; four à pain ; moulin et fontaine, à l’exception du bâtiment d’exploitation agricole, de la cour hors cloître qu’ils entourent [22].

L'Administration des Eaux et Forêts, devenu affectataire du site le 1er mars 1961, à l'exception des bâtiments d'exploitation agricole et de la cour d'honneur[23], contribua aux premiers travaux d'entretien pour permettre l'hébergement de son personnel.

Une restauration[24], précédée d'une étude préalable d’ensemble, réalisée par Dominique Larpin, architecte en chef des monuments historiques[25], puis un repérage précis, effectué d'une part par l'association des Amis de la Verne créée en août 1968 et qui était devenue locataire le 15 janvier 1968, et d'autre part du Groupement "R.E.M.P.ART"[26] de toutes les pierres découvertes dans les ruines environnantes, et enfin une maîtrise d'œuvre réalisée par Francesco Flavigny, architecte en chef des monuments historiques, ont permis de réaliser des travaux de restauration/restitution et réutilisation de grande qualité.

Compte tenu de la dégradation permanente de la piste forestière, le Conseil général du Var a procédé à l'aménagement du revêtement de la route facilitant l'accès au site dans de bonnes conditions de sécurité. Un parking a été aménagé permettant d'accéder au site à pied dans les pas des moines et admirer ce paquebot de pierre dans son ilot de lumière au cœur des Maures.

Renaissance de la vie monastique modifier

Depuis 1983, l’ancienne chartreuse abrite pendant seulement deux ans une communauté de moines de Bethléem puis une communauté de moniales de Bethléem les remplacèrent, ce qui lui a permis de retrouver sa vocation monastique, tout en maintenant le monument ouvert au public[27]. Elles sont une trentaine à se partager des ermitages. Dans un ermitage témoin, ouvert à la visite, on découvre un agencement défini selon le modèle des Chartreux.

L'ancien maître-autel de la chartreuse de la Verne se trouve à la chartreuse de Montrieux.

Au dessus de la poterne la statue de Notre Dame de Clémence a repris sa place après réfection et accueille les visiteurs.

Bibliographie modifier

  • "Monastère de la Verne 1170 - 2007", DVD, Réédition 2014. Version 16/9ème Full HD
  • Pierre Grimaud, La Chartreuse de la Verne, Perpignan, Editions J.Y.L, , 104 p. (ISBN 2-86458-001-2)
    Académie du Var de la Société des Sciences Naturelles et d'Archéologie de Toulon et du Var (S.S.N.A.T.V.). M. Pontus étant à cette époque Conservateur en chef des Monuments de France pour la Provence
  • (fr + en) Raoul Bérenguier, La Chartreuse de La Verne, Paris, Art et Tourisme / Nouvelles Editions Latines, 32 p. (ISBN 978-2-7233-0260-9 et 2-7233-0260-1)
  • Jean-Pierre Aniel, La Chartreuse de la Verne, Rennes, Ouest France, , 32 p. (ISBN 2-85882-347-2)
  • (fr + en + de) Coordination générale : René Dinkel, Élisabeth Decugnière, Hortensia Gauthier, Marie-Christine Oculi. Rédaction des notices : CRMH : Martine Audibert-Bringer, Odile de Pierrefeu, Sylvie Réol. Direction régionale des antiquités préhistoriques (DRAP) : Gérard Sauzade. Direction régionale des antiquités historiques (DRAH) : Jean-Paul Jacob directeur, Armelle Guilcher, Mireille Pagni, Anne Roth-Congés Institut de recherche sur l'architecture antique (Maison de l'Orient et de la Méditerranée-IRAA)-Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Suivez le guide : Monuments Historiques Provence Alpes Côte d’Azur, Marseille, Direction régionale des affaires culturelles et Conseil régional de Provence – Alpes - Côte d’Azur (Office Régional de la Culture), 1er trimestre 1986, 198 p. (ISBN 978-2-906035-00-3 et 2-906035-00-9)
    Guide présentant l'histoire des monuments historiques ouverts au public en Provence – Alpes – Côte - d'Azur, avec cartes thématiques : 4 Renaissance / Classique / Baroque (traduit en allemand et anglais en septembre 1988). notice Collobrière : Ancienne Chartreuse de la Verne pp.126-127
  • René Dinkel, L'Encyclopédie du patrimoine (Monuments historiques, Patrimoine bâti et naturel - Protection, restauration, réglementation. Doctrines - Techniques : Pratiques), Paris, éditions Les Encyclopédies du patrimoine, , 1512 p. (ISBN 2-911200-00-4)
    Notices : Doctrine : pp. 663 à 669, Études préliminaires et préalables pp. 724 à 725, Restauration pp. 1125 à 1127, Réutilisation pp. 1128-1129
  • Paul Morand, L'Homme pressé,
    Type de l'homme moderne, le héros de ce roman de Paul Morand tombe amoureux des ruines de la Chartreuse de la Verne, sur la commune de Collobrières, en les survolant en avion. Il décide incontinent de les acheter, s'y installe et s'y essaie à une vie moins trépidante...
  • Chartreuse de la Verne, Archives publiques, Archives anciennes avant 1790, Série H : 11 H pages 61 à 63 : Chartreuse de la Verne, XVIIIe siècle 1789, 13 articles
  • 26 août 1884 : « Petits Voyages. La Chartreuse de la Verne » (Gil Blas). Guy de Maupassant, journaliste et chroniqueur, collabora principalement au Gaulois, au Gil Blas et au Figaro.
  • Vieilles Maisons Française (VMF) n° : 107 01/04/1985, Patrimoine du Var, La Verne – Un ermitage au fond du désert par Elisabeth Sauze
  • La Chartreuse de la Verne dans le Massif des Maures (Var), 12 février 2015
  • Sanctuaire de la Chartreuse de la Verne, Collobrières
  • La Verne : Notre-Dame-de-Clémence (chartreuse), 2.5 - Autres sanctuaires pp.76-77, sur www.compostelle-paca-corse.info/

Galerie modifier

Annexes modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Une mine d´eau, appelée souvent « toune » en provençal, est un puits foré horizontalement[12].

Références modifier

  1. a et b « Ancienne chartreuse de la Verne », notice no PA00081578, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. La chartreuse de La Verne, dans le massif des Maures, Étymologie
  3. La Verne : étymologie du nom (et du prénom)
  4. Chartreuse de La Verne, les Merveilles du Var
  5. Diaporama
  6. Guillaume de Valbelle, qui commence la filiation, fut présent à l'acte par lequel Alphonse Ier, comte de Provence, confirma les privilèges de la chartreuse de la Verne le 4 octobre 1174
  7. « Bourg castral de Gibouel », notice no IA83001149, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  8. « Bourg castral de Fauguières », notice no IA83001160, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  9. Raoul Bérenguier, Abbayes de Provence, La chartreuse de la Verne, p. 80 à 82, Paris, Nouvelles Éditions Latines, , 90 p.
  10. « Cloche de 1645 », notice no PM83000194, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture classée au titre des objets mobiliers par arrêté du 7 octobre 1981
  11. « Cloche d'appel ou tintenelle de l'ancienne chartreuse de la Verne », notice no PM83000193, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  12. « Souterrains-aqueducs et mines d’eau » (consulté le )
  13. Alimentation par une mine d'eau
  14. Jean-Pierre Aniel, La Chartreuse de la Verne, Ouest France, p. 12
  15. Le 15 décembre 1190 Bertrand de Correns, prieur de la Verne est invité à assister à la prise de voile de Jeanne de Villeneuve.
  16. Marc Dubois, « Le Monastère des Chartreux d'Aix-en-Provence (1625-1791) », Provincia : bulletin de la Société de statistique de Marseille, vol. 8,‎ , p. 129 (lire en ligne, consulté le ).
  17. Raoul Berenguier, La Chartreuse de la Verne, Art et Tourisme, 32 pages - p. 30 et 31 : Un chartreux de la Verne général de l'Ordre sous la Révolution.
  18. Aperçu historique du monastère de la Verne, Guide du visiteur, Document élaboré par la Congrégation des moniales de Bethléem, de l'assomption de la Vierge et de St Bruno qui occupe les lieux depuis 1983.
  19. Forum Minéraux et Minéralogie, 15 février 2012, par Lunyae
  20. Pierre Grimaud, de l'Académie du Var de la Société des Sciences Naturelles et d'Archéologie de Toulon et du Var (S.S.N.A.T.V.) La Chartreuse de la Verne, 1170-1792, p. 43 et 76 (Note 75 La Serpentine); Page 46 et 78 (Note 80) : la serpentine est remplacée par une amphibolite de couleur grise légèrement rosée, très dure. 3e édition revue, corrigée et reconsidérée, 1979
  21. Jean-Pierre Aniel, La Chartreuse de la Verne, p. 21 : Le petit siècle et le grand œuvre, l'extraction de la serpentine dans la carrière des Guiols près de la Môle
  22. « Couvent de chartreux dit chartreuse de la Verne », notice no IA00047541, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  23. Collobrières, Le monastère de la Verne, Revue du Conseil départemental du Var, n°4 Hiver 2017-2018, pp. 20 à 22
  24. L’association des Amis de la Chartreuse de La Verne a été créée en 1968, sous l'impulsion d'Anne Englebert et Annick Lemoine, pour participer à des travaux de sauvetage qui se prolongeront durant 15 ans
  25. Les réflexions des « Entretiens du Patrimoine » qui se sont déroulés à Caen en novembre 1990 sur le thème Faut-il restaurer les ruines ? Ruine historique ruine symbolique, Conservation lisibilité, Restitution Invention, Reconstruction réutilisation : p. 188 : L’ancienne chartreuse de la Verne : projet de restauration / réutilisation du grand cloître et des cellules des Pères, par Dominique Larpin, architecte en chef des monuments historiques, ont permis de débattre des principes et doctrines de conservation
  26. Voir : Union REMPART. REMPART est l'acronyme de Réhabilitation et Entretien des Monuments et du Patrimoine ARTistique
  27. Hauts lieux spirituels du Var - Diocèse de Fréjus-Toulon Monastère Notre-Dame de Clémence de La Verne