Bataille d'Auerstaedt

bataille de la guerre de la Quatrième Coalition
Bataille d'Auerstaedt
Description de cette image, également commentée ci-après
Davout à Auerstaedt par Dick de Lonlay
Informations générales
Date
Lieu Proximité de Leipzig,
20 km au nord-est d'Iéna, Allemagne
Issue Victoire française décisive
Belligérants
Drapeau de l'Empire français Empire français Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Commandants
Louis Nicolas Davout Frédéric-Guillaume III de Prusse
Charles-Guillaume de Brunswick
Forces en présence
26 000 hommes dont 1 400 cavaliers
44 canons
66 000 hommes dont
14 000 cavaliers
230 canons
Pertes
4 350 morts, blessés ou disparus 13 000 morts, blessés ou prisonniers
115 canons

Quatrième Coalition

Batailles


Coordonnées 51° 05′ 58″ nord, 11° 35′ 15″ est
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Bataille d'Auerstaedt
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Bataille d'Auerstaedt

La bataille d'Auerstaedt (de nos jours village de Thuringe, Allemagne), se déroula le , et opposa l'armée prussienne du roi Frédéric-Guillaume III au 3e corps d'armée français commandé par le maréchal Louis Nicolas Davout, parallèlement à la bataille d'Iéna.

La victoire inespérée des français, certes due à la compétence de Davout et de ses subordonnés, est surtout liée à la faiblesse des prussiens qui utilisent des tactiques datant d'un autre âge.

Préparatifs modifier

Le l'armée prussienne est mise en déroute au cours de deux batailles simultanées. Le maréchal Davout, commandant l'aile droite de l'armée française, affronte les Prussiens à Auerstaedt (aujourd'hui Auerstedt, petite ville qui se trouve entre Erfurt et Leipzig).

L'Empereur mène une campagne visant à atteindre Berlin. Après un engagement à Saalfeld, il poursuit l'armée prussienne. Pensant qu'elle se trouve à Weimar en retraite vers Leipzig, il joue de vitesse pour l'affronter à Iéna. Ses éclaireurs lui apprennent dans la journée du qu'il rejoint l'ennemi. Napoléon Ier pense avoir devant lui le gros de l'armée prussienne.

Dans la nuit du au , il envoie Davout en avant pour la prendre à revers. Mais en fait, c'est l'arrière-garde que Napoléon affronte à Iéna, alors que Davout se trouve face à l'avant-garde suivie du gros des troupes ennemies, celles-ci pensant affronter le gros de l'armée française.

Le mouvement tournant des trois divisions de Davout devait passer par Auerstaedt où stationnaient au même moment les trois corps d'armée prussiens. En fin de journée du , Naumbourg est occupée et les Français tiennent le pont de Kösen, les Prussiens se disposent en retrait du village d'Hassenhausen[1].

En face de Napoléon, Schmettau avait pour mission de disposer ses troupes en écran pour permettre le reflux du gros de l'armée prussienne, il ne cherche donc pas la bataille.

Déroulement modifier

À six heures du matin, dans le brouillard, la division Gudin à l'avant-garde se dirige sur le village d'Hassenhausen. Un premier peloton de cavalerie française traverse le village pour se retrouver face à la cavalerie de Blücher. Les Français font quelques prisonniers qui leur apprennent l'arrivée d'une division[2].

La cavalerie du général Blücher, qui déjà débordait la droite du maréchal Davout, menaçait de la tourner et de l'envelopper. Davout ordonne au 25e régiment d'infanterie de ligne d'aller tenir le village. Avant d'y arriver, ils doivent affronter les troupes avancées de l'ennemi (hussards et artillerie) ; après un court combat, ils occupent le village et en contrôlent les accès[3].

À neuf heures, alors que le brouillard se dissipe, la division Gudin est fermement établie autour du village lorsque apparaît la division prussienne signalée. Voyant les Français, Blücher décide immédiatement d'attaquer, mais les charges successives de sa cavalerie se brisent sur les carrés français et finissent par une débandade[4].

Au nord, une batterie à cheval prit alors position pour canonner la droite des Français. Cependant, Davout avait ordonné à la division Friant de manœuvrer sur ce côté qui bouscule cette batterie et dans la foulée occupe le village de Spielberg, mais ne parvient pas à pousser plus loin[5].

En même temps, le village de Poppel était enlevé par le colonel Higonet qui prit aux Prussiens un drapeau et trois pièces de canon. Le maréchal Davout, toujours à la tête de la division Friant qui marchait en colonnes serrées, se porta en avant, laissant Auerstaedt sur sa gauche. Le feu des batteries que l'ennemi avait sur ce point n'empêcha pas le général Friant de continuer son mouvement ; il s'appuya à droite pour couper la retraite à l'ennemi.

Les Prussiens font avancer leur deuxième ligne et la division Wartensleben menace de contourner au sud. Depuis quatre heures, la division Gudin luttait contre des forces supérieures, et se trouvait livrée à elle-même par le mouvement de la division Friant. Les Prussiens font reculer les Français qui sont sur le point de céder, dans le village, lorsque la division Morand entre en ligne vers onze heures. Une charge de la cavalerie prussienne est à nouveau décimée. La première brigade de cette division enleva, à la baïonnette, le village de Hassenhausen.

Le duc de Brunswick, qui commandait personnellement la charge, est blessé grièvement à dix heures, de même que le général Schmettau, ce qui accentue la défaillance des troupes prussiennes. Il mourra peu après.

À onze heures du matin, le roi de Prusse ordonna une attaque générale ; le prince Henri, son frère, se mit à la tête d'un corps nombreux de cavalerie prussienne, et tomba avec impétuosité sur la division Morand, qui se défendait contre une division d'infanterie prussienne. Le prince Henri ayant été blessé dans une charge, ses troupes se replièrent et vinrent se ranger derrière l'infanterie, et le général Morand, les attaquant à son tour, les dispersa dans la plaine.

Tandis que ces événements se passaient à la gauche de l'armée française, le général Friant lança ses tirailleurs dans la direction des villages de Poppel et de Taugwitz, qui obligèrent la brigade du prince Henri à se retirer.

Les trois divisions prussiennes engagées ayant été forcées de rétrograder, la droite de la division Morand gagna du terrain. Le général Debilly, à la tête du 61e régiment, s'avança vers la tête du ravin qui conduit à Rehehausen[6].

Les Prussiens firent renforcer leur droite pour arrêter les progrès de l'aile gauche des Français, tandis que quelques compagnies de tirailleurs filaient le long du vallon. Depuis que le duc de Brunswick avait été forcé de quitter le champ de bataille et avait eu un cheval tué sous lui, le roi de Prusse conduisait en personne toutes les attaques.

La gauche des Français étant dégarnie de cavalerie, ce prince voulut tenter d'enfoncer l'infanterie pour tourner ensuite la division Gudin ; mais le maréchal Davout, devinant les intentions du roi de Prusse, envoya le général Morand pour empêcher cette manœuvre[7]. Le maréchal Davout profitant du succès de ses deux ailes, fit avancer le centre de son corps d'armée, et faisant attaquer le village de Taugwitz par le général Gudin, l'armée prussienne se retira en désordre laissant sur les hauteurs de Hassenhausen la plus grande partie de son artillerie.

Les deux divisions de réserve, commandées par le général Kalkreuth, se mirent alors en ligne. Le prince de Prusse, commandant les grenadiers, et le général Blücher qui avait rallié toute la cavalerie appuyaient le mouvement[8]. Le maréchal Davout se rendit à l'aile droite qui achevait de décider la victoire par un mouvement de conversion, dirigea sa gauche sur le Sonneberg, et envoya sur la gauche des plateaux d'Eckartsberg (de) la division Gudin, qui débouchait des villages de Taugwitz et de Poppel.

Une des deux divisions de réserve de l'armée prussienne étant presque tournée, prit position vers les quatre heures en avant d'Eckartsberg. Une forte batterie la soutenait[9]. Pendant ce temps, le général Grandeau, en tête de la division Friant, arrivait par la droite sur le plateau avec le 3e régiment.

À la vue de ce renfort, les Prussiens abandonnèrent précipitamment leur position, la dernière qui leur restât, laissant vingt-deux pièces de canon au pouvoir des Français. L'ennemi fut poursuivi jusqu'à la nuit ; il éprouva une telle panique, que le général Viallanes, le chassant devant lui jusqu'à trois lieues du champ de bataille, ramassa sur son chemin, sans rencontrer aucune résistance, un grand nombre de prisonniers, de chevaux et plusieurs drapeaux.

Le roi Frédéric-Guillaume III hésite, malgré son avantage numérique, puis fait sonner la retraite vers quatorze heures. Davout le presse de près et lance la poursuite à dix-sept heures, ce qui provoque la déroute des troupes prussiennes qui se mélangent aux fuyards de la bataille d'Iéna.

Bilan modifier

 
L’Entrée de Napoléon à Berlin par Charles Meynier (1810). À la faveur de sa victoire à Auerstaedt, le 3e corps a l'honneur d'entrer le premier à Berlin. À ce titre, Davout est représenté au premier plan aux côtés de Soult, à droite de l'Empereur[10].

« Aucune des journées des guerres de la révolution n’offrit une lutte aussi disproportionnée avec un succès aussi éclatant. »

— Appréciations stratégiques de la bataille d'Auerstaedt par Antoine de Jomini[11].

Ce grand fait d'armes aurait probablement dû rendre Davout plus célèbre, si Napoléon n'avait remporté le même jour la bataille d'Iéna. Le IIIe corps eut tout de même le privilège d'entrer le premier à Berlin le .

Le corps de Bernadotte (20 000 hommes) ne participa ni à la bataille d'Iéna ni à celle d'Auerstaedt. À la suite de cette victoire, qui sera minimisée par Napoléon, se présentant comme le seul grand vainqueur des Prussiens à Iéna, Davout sera fait duc d'Auerstaedt.

Officiers généraux tués modifier

Prussiens

Français

Causes de la débâcle modifier

À Auerstaedt, les Français pâtissent d'une infériorité numérique écrasante. Alors, comment expliquer leur victoire face à une armée prussienne de qualité ?

Premièrement, le 3e corps qui constituait les troupes françaises, fait figure de puissance. Il a pu bénéficier d'un d’entraînement au camp de Boulogne. De plus, son commandant, le maréchal Louis-Nicolas Davout, impose une discipline de fer à ses hommes et dispose d'un sang-froid à toute épreuve. C'est un tacticien de premier rang à l'instar de ses divisionnaires, — Morand, Friant et Gudin — également très compétents.

Mais les principales responsables de la défaite sont les Prussiens eux-même. Leur commandant, le duc de Brunswick, est peu actif, éloigné de ses troupes et n'a qu'une vision partielle de la bataille. Certes populaire, il est vieillissant de même que la tactique qu'il emploie. En effet, la ligne est utilisée de manière abusive, le tiraillement est absent et seuls les grenadiers sont utilisés comme force de choc. De surcroît, ils sont encore organisés en division et non pas en corps. Pour ne rien arranger, ce duc de Brunswick dont nous parlons est blessé grièvement. Les Prussiens, certes entraînés, manquent de courage et ne parviennent pas à profiter pas de leur supériorité numérique flagrante pour, par exemple, tenter une attaque de flanc. Leurs attaques n'étant pas coordonnées, les Français les repoussent une par une.

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Le duc de Brunswick, à la tête de 90 000 hommes, s'était porté dès le sur Naumbourg, pour occuper les défilés de Kösen avant les Français. Son corps d'armée se composait de cinq divisions ; celle qui était en tête de la colonne prit position sur les hauteurs, entre Auerstaedt et Gerbstedt. Son quartier général fut établi à Auerstaedt ; le roi de Prusse s'y trouvait en personne. Dans la matinée du , le maréchal Davout avait pris position en avant de Naumbourg, dont il venait de s'emparer. Son corps d'armée était fort de 24 000 combattants seulement. Le pont sur la rivière d'Unstruth, au-dessus de Naumbourg, était occupé par les Français, et le maréchal avait ordonné qu'on le coupât, si l'ennemi s'y présentait. Les Prussiens ayant fait un grand mouvement sur Naumbourg, il envoya un bataillon au défilé de Kœsen, en lui ordonnant de se défendre jusqu'à la dernière extrémité, et s'occupa en même temps des moyens de le soutenir. Jusqu'alors, le maréchal Davout avait été appuyé par la cavalerie de Murat et par le corps d'armée de Bernadotte ; mais le premier, ayant reçu l'ordre de se rapprocher d'Iéna, et le second de se porter sur Comburg et Dornburg, Davout se trouvait obligé, avec 24 000 hommes environ, dont 1 500 de cavalerie seulement, de tenir tête à toute la gauche de l'armée prussienne, presque toute composée de corps d'élite et forte de plus de 90 000 hommes, dont 12 000 de cavalerie. Et il fallait que le maréchal défendît jusqu'à la dernière extrémité les défilés de Kœsen et le passage de la Saale ; car, une fois maître de ces débouchés, le duc de Brunswick aurait pu facilement tourner l'armée française et la placer entre deux feux.
  2. Le , à six heures du matin, la division du général Gudin était déjà formée au-delà des défilés de Kœsen ; les autres divisions se mirent successivement en ligne. Le brouillard était, comme à Iéna, extrêmement épais ; aussi le général Gudin s'avança-t-il jusqu'auprès d'Hassenhausen sans voir l'ennemi et sans être vu. Mais il se trouva tout à coup à portée de l'avant-garde du général Blücher. Le général Gauthier, qui marchait en tête de la division Gudin, fit tirer sur celte colonne quelques pièces chargées à mitraille ; les escadrons et le bataillon de grenadiers ennemis furent dispersés ; l'artillerie à cheval qui les suivait fut mise en déroute ; six pièces de canon tombèrent aux mains des vainqueurs.
  3. Le maréchal ordonna au général Petit d'aller, avec sa brigade (les 21e et 12e régiments de ligne), au secours du 25e régiment sur la droite de Hassenhausen. Pendant ce temps, le 85e régiment, soutenu par deux pièces de canon, se formait à la gauche. L'intervalle était occupé par des tirailleurs français, qui, jetés dans le village, faisaient beaucoup de mal à l'infanterie prussienne. Dix pièces de canon vinrent renforcer la droite du maréchal.
  4. Le brouillard s'étant dissipé, un corps de cavalerie ennemi, après avoir tourné le village de Hassenhausen, se trouva sur le flanc et sur les derrières de la division Gudin qu'il chargea avec impétuosité dans tous les sens. Le général français ne perdit pas la tête : il forma aussitôt son infanterie en carrés pour donner à la division Friant, qui suivait, le temps d'arriver à sa hauteur. La cavalerie prussienne renouvela plusieurs fois sa charge sans aucun succès ; les carrés français foudroyèrent ces nombreux escadrons, qui s'enfuirent dans le plus grand désordre, après avoir essuyé une perte énorme, et sans avoir pu parvenir à entamer un seul bataillon français. Cette cavalerie en déroute se jeta sur Spielberg, où elle fut vivement poursuivie par la cavalerie française.
  5. Les Prussiens occupaient une hauteur couronnée de bois, et que soutenait six pièces d'artillerie. Après avoir enlevé la hauteur sous le feu, le plus vif, les troupes du général Friant occupèrent Spielberg. Le maréchal Davout fit placer près du cimetière douze pièces d'artillerie qui prirent la ligne ennemie en écharpe, et lui firent beaucoup de mal.
  6. Une masse d'infanterie, soutenue par un grand nombre de bouches à feu, y était postée. L'engagement fut terrible, on était à portée de pistolet, et les rangs français étaient rapidement éclaircis par la mitraille. Le général Debilly y fut blessé mortellement. Mais tous les efforts de l'ennemi ne purent empêcher la division Morand de marcher en avant.
  7. Morand, disposant son artillerie sur un contrefort qui dominait tous les environs, prit en flanc l'armée prussienne et mit le désordre dans ses rangs.
  8. Le général Kalkreuth tint ferme pendant quelque temps mais, voyant sa droite débordée par le général Morand, et écrasée par la batterie de Sonneberg dont le feu plongeant balayait toute la plaine, il fut forcé de reprendre sa position première
  9. Le maréchal Davout la fit attaquer par la division Gudin qui se forma en bataille au pied de ces hauteurs. 400 hommes des 12e et 21e régiments gravirent, sous les ordres du général Petit, l'escarpement sans riposter au feu de l'artillerie qui pleuvait sur eux, et chargèrent à la baïonnette.
  10. Isabelle Mayer-Michalon, « L’Entrée de Napoléon à Berlin par Charles Meynier (1763-1832) », Revue du Souvenir napoléonien, Paris, vol. n° 466-467,‎ , p. 70-71.
  11. Antoine de Jomini, Vie politique et militaire de Napoléon, racontée par lui-même, au tribunal de César, d'Alexandre et de Frédéric, Anselin, (lire en ligne), p. 296 (T.2)

Liens externes modifier