21e régiment d'artillerie coloniale

Le 21e régiment d'artillerie coloniale (21e RAC) est une unité militaire de l'artillerie coloniale. Il combat pendant la Première Guerre mondiale au sein de la 11e division d'infanterie coloniale et pendant la Seconde Guerre mondiale au sein de la 5e division d'infanterie coloniale. Il est finalement recréé sur l'île de Madagascar de 1958 à 1964 sous le nom de Ier groupe du 21e régiment d'artillerie de marine (I/21e RAMa), ancien groupe d'artillerie coloniale de Madagascar (GACM).

21e régiment d'artillerie coloniale
Ier groupe du 21e régiment d'artillerie de marine
Image illustrative de l’article 21e régiment d'artillerie coloniale
Insigne du 21e RAC de 1939.

Création 1917
Dissolution 1964
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Type régiment d'artillerie
Rôle artillerie
Fait partie de 11e division d'infanterie coloniale (1917-1919)
5e division d'infanterie coloniale (1939-1940)
Garnison de Madagascar (1958-1964)
Ancienne dénomination Groupe d'artillerie coloniale de Madagascar (1949-1958)
Couleurs rouge et bleu
Inscriptions
sur l’emblème
Monastir 1917-1918
Uskub 1918
AFN 1952-1962
Guerres Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale

Création et différentes dénominations modifier

  •  : création du 21e régiment d'artillerie coloniale (21e RAC)
  •  : dissous
  •  : nouvelle formation du 21e régiment d'artillerie coloniale (21e RAC)
  •  : devient 21e régiment d'artillerie coloniale mixte malgache (21e RACMM)
  •  : détruit au combat
  •  : formation du groupe d'artillerie coloniale de Madagascar (GACM)
  •  : devient Ier groupe du 21e régiment d'artillerie de marine (I/21e RAMa)
  •  : dissous

Historique modifier

Première Guerre mondiale modifier

 
Photographie de couverture de l'historique régimentaire publié vers 1919-1920.

Le 21e régiment d'artillerie coloniale est formé le [1] par réunion des trois groupes de canons de 75 formant l'artillerie divisionnaire de la 11e division d'infanterie coloniale (AD/11e DIC)[2] :

Le régiment est complété par un parc d'artillerie, la 21e section de munitions d'infanterie et les 22e et 23e sections de munitions d'artillerie[2]. Fin 1917, la 101e batterie bis de mortiers de 58 du 1er régiment d'artillerie de montagne devient la 101e batterie de 58 du 21e régiment d'artillerie coloniale[3].

Après l'armistice de Thessalonique () et la capitulation bulgare, les Ier et IIIe groupes stationnent avec la 11e DIC dans la région de Prilep. Pendant ce temps, le IIe groupe participe à l'exploitation de la manœuvre d'Uskub et participe à la poursuite des Autrichiens et des Allemands en direction du Danube. L'avance rapide conduit le groupe à perdre tous ses chevaux et il doit réquisitionner des bœufs dans les différents villages, en plus de chevaux récupérés sur l'armée bulgare. L'équipement des artilleurs souffre également. Il arrive le dans la région de Semendria, en Serbie[4], où il est rejoint par les deux autres groupes fin décembre. Le régiment souffre fortement des conditions climatiques difficiles et perd de nombreux hommes par maladie[5].

Le , les troisièmes batteries de chaque groupe sont dissoutes[5]. Le régiment, entré en Hongrie en janvier 1919[6], est dissous le [1]. Le lendemain, toutes les batteries restantes sont dissoutes, sauf les 21e et 22e qui rejoignent à Szégedin le 274e régiment d'artillerie (76e division d'infanterie)[6].

Seconde Guerre mondiale modifier

Le régiment est recréé le [1]. Mobilisé à Libourne, il forme, avec le 221e régiment d'artillerie lourde coloniale (221e RALC), l'artillerie de la 5e division d'infanterie coloniale[7],[8],[9].

Formé à trois groupes armés de canons de 75[7], le régiment est renforcé par la 10e batterie divisionnaire antichar, équipée de canons de 47, qui rejoint le [9]. La division rejoint la Lorraine dès septembre et passe en première ligne mi-décembre dans la zone de Faulquemont et de Saint-Avold[10]. En février 1940, elle est relevée et repart à l'instruction en Haute-Saône. En avril, l'artillerie divisionnaire reçoit le renfort de 1 000 artilleurs malgaches[11] : les 21e et 221e deviennent des régiments mixtes malgaches (21e RACMM et 221e RALCMM) le 16 avril[12].

Après le déclenchement de la bataille de France le , la 5e DIC et son artillerie, rejoignent d'abord la région de Belfort puis, après contrordres, Creil le . Affectés le lendemain à la 7e armée, les hommes de la division effectuent marches et contre-marches, avant de finalement relever sur la Somme entre Longpré-les-Corps-Saints et Picquigny la 3e division légère de cavalerie le 4 juin au soir[13]. L'offensive allemande est relancée le lendemain matin par le XVe corps d'armée motorisé allemand, alors que la division n'a pas eu le temps de s'installer[14],[15] : du 21e RACMM, seuls le IIe groupe et une batterie du Ier sont en place, respectivement au sud-est de Le Mesge et sur la cote 116 (à l'est de Hangest)[16],[17],[13]. La 7e Panzerdivision attaque par Condé-Folie[18] et la 5e Panzerdivision par Pont-Remy et les deux unités submergent l'infanterie française sans parvenir à la détruire[19]. Les cinq batteries non engagées des Ier et IIIe groupe du 21e RACMM se déploient autour de midi dans le bois de Warlus (entre Warlus et Montagne-Fayel) et bloquent, en tir direct, pendant toute l'après-midi, les blindés allemands qui tentent de poursuivre vers le sud. Incapables de se replier, les deux groupes continuent de résister sur place jusqu'au lendemain matin où leur position est finalement prise par les Allemands. Le rapport d'un officier français, revenu sur le champ de bataille le 7 après sa capture, compte 52 blindés détruits[13].

Le IIe groupe du 21e RACMM parvient seul à replier quelques canons. Installé dans la nuit du 5 au 6 avec les restes de la division sur une ligne de Camps-en-Amiénois à Bougainville, il est à son tour quasiment annihilé[13] : un seul canon de 75 peut être replié jusqu'à Vernon. Les rescapés des 21e et 221e régiments d'artillerie, 267 officiers et soldats, forment avec les 150 fantassins restants un bataillon de marche. Les derniers soldats de la division parviennent à se replier jusqu'au Lot quand l'armistice entre en effet ()[20]. Le 21e RACMM est alors officiellement dissous[1].

Après 1945 modifier

Le , le groupe d'artillerie coloniale de l'Émyrne devient le groupe d'artillerie coloniale de Madagascar (GACM), concentré autour de Diégo-Suarez (aujourd'hui Antsiranana)[21]. Le , le GACM prend le nom de Ier groupe du 21e régiment d'artillerie de marine. Il est dissous le [1].

Chefs de corps modifier

  • 1917 - 1918 : colonel Delbecq[2]
  • 1918 - 1919 : lieutenant-colonel Defer[2]
  • 1939 - 1940 : lieutenant-colonel Damoy[22]

Insignes modifier

 
Insigne du GACM, repris par le I/21e RAMa.

Seconde Guerre mondiale modifier

L'insigne du 21e RAC de 1939-1940 présente un tigre, symbole de la force de frappe du régiment, sur un tube de canon[1].

Après 1945 modifier

Le I/21e RAMa reprend l'insigne du groupe d'artillerie coloniale de Madagascar[23] : un zébu chargeant, sur une carte de l'île[1].

Étendard du régiment modifier

Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[24] :

Décorations modifier

Le régiment n'a pas été cité à l'ordre en tant qu'unité constituée. Les Ier et IIIe groupes du 21e RACMM ont été cités à l'ordre de l'armée pour le résistance au bois de Warlus les 5 et 6 juin 1940[25] (croix de guerre 1939-1945 avec palme).

Références modifier

  1. a b c d e f et g Henri Vaudable, Histoire des troupes de marine, à travers leurs insignes: Des origines à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Service historique de l'Armée de terre, (ISBN 978-2-86323-092-3, lire en ligne), p. 124 & 250
  2. a b c et d Historique 1914-1918, p. 3.
  3. Service historique de l'état-major des armées, Les Armées françaises dans la Grande guerre, vol. 2, t. X : Ordres de bataille des grandes unités : divisions d'infanterie, divisions de cavalerie, Paris, Impr. nationale, , 1092 p. (lire en ligne), p. 972-973
  4. Historique 1914-1918, p. 8.
  5. a et b Historique 1914-1918, p. 9.
  6. a et b Historique 1914-1918, p. 11.
  7. a et b F. Lebert, « Les troupes coloniales en 1939-40 : la mobilisation et la période d'attente », L'Ancre d'Or,‎ , p. 27-38 (lire en ligne)
  8. Revue des troupes coloniales, août 1946, p. 6.
  9. a et b SHA 1967, p. 71.
  10. Revue des troupes coloniales, août 1946, p. 7.
  11. Revue des troupes coloniales, août 1946, p. 8.
  12. SHA 1967, p. 75.
  13. a b c et d Charles Deschenes, « Les troupes coloniales sur le front de la Somme (18 mai - 8 juin 1940) », L'Ancre d'Or,‎ , p. 27-36 (lire en ligne)
  14. Forczyk 2017, p. 284.
  15. Revue des troupes coloniales, octobre 1946, p. 17.
  16. Revue des troupes coloniales, octobre 1946, p. 15.
  17. Revue des troupes coloniales, octobre 1946, p. 16.
  18. Forczyk 2017, p. 285.
  19. Forczyk 2017, p. 286.
  20. Maurice Rives, « Les combattants de l'honneur », L'Ancre d'Or,‎ , p. 27-38 (lire en ligne)
  21. Jacques Sicard, « L'armée française face à la rébellion malgache, 1947-1949 », Armes Militaria Magazine, no 261,‎ , p. 51-60
  22. SHA 1967, p. 84.
  23. Gervais Cadario, « Terre : quelques unités françaises à Madagascar », Revue historique des Armées, vol. 186, no 1,‎ , p. 138–139 (lire en ligne, consulté le )
  24. Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007
  25. Revue des troupes coloniales, octobre 1946, p. 27.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier