États généraux de 1614
Les états généraux de 1614 se tiennent à Paris du au , peu après la déclaration de majorité de Louis XIII et le voyage de celui-ci dans les provinces de l'ouest. Ils se déroulent donc au moment où le pouvoir royal se raffermit face aux manœuvres des grands féodaux. Ce sont les derniers états généraux avant ceux de 1789.
XXXVes (1614)
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3 mois et 27 jours |
Règne | |
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Convocateur | |
Date de convocation | |
Cause |
Affermir le nouveau pouvoir royal face aux manœuvres des grands féodaux |
Type |
Assemblée monocamérale |
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Lieu |
Salle du Petit-Bourbon à Paris |
Système électoral |
Convocation des états généraux de 1614 |
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Élection |
Désignation par les autorités locales |
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Début | |
Fin | |
Durée |
3 mois et 27 jours |
Chambre de la noblesse |
Henri de Bauffremont |
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Chambre du clergé | |
Tiers état |
Membres |
464 députés |
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Groupes politiques |
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Traité de Sainte-Menehould entre les princes et les représentants du roi. Marie de Médicis accepte la tenue des États Généraux | |
Ouverture | |
Fermeture ; La publication du concile de Trente est accordée | |
Le roi supprime la vénalité des charges et de l'impôt paulette pour la noblesse, mais le parlement rejette la mesure le 28 mars |
Organisation et composition
modifierLe roi Louis XIII ordonne que le clergé siège aux Augustins, la noblesse au couvent des Cordeliers, et que les représentants du tiers état se réunissent dans l'hôtel de ville. Cependant, la noblesse et le tiers état demandent la permission de se joindre aux représentants du clergé aux Augustins, ce qui leur est accordé, afin que les trois ordres puissent conférer ensemble.
La Chambre du clergé, sous la présidence du cardinal François de Joyeuse est composée de 140 personnes, dont cinq cardinaux, sept archevêques, quarante-sept évêques et deux chefs d'ordres[1]. Parmi le clergé, un orateur est particulièrement remarqué, Richelieu, alors jeune évêque de Luçon.
La noblesse, sous la présidence du baron de Sennecey Henri de Bauffremont, est représentée par 132 gentilshommes et le tiers état, sous la présidence de Robert Miron, prévôt des marchands de Paris, par 182 « députés », majoritairement officiers de justice ou de finance[1].
Les députés de la ville, prévôté et vicomté de Paris étaient[1] : Henri de Gondi, évêque de Paris ; Louis Dreux, grand archidiacre ; Charles Faye, conseiller au parlement et chanoine de Notre Dame ; Denis Colona, vicaire de Saint-Victor ; Adam Oger, prieur des chartreux de Paris ; Antoine Fayet, curé de Saint-Paul ; Roland Hébert, curé de Saint-Côme ; Henri de Vaudetar, baron de Persan ; Robert Miron, président aux requêtes et prévôt des marchands ; Henri de Mesmes, lieutenant civil ; Israël Desneux et Pierre Clapisson, échevins ; Pierre Sainctot et Jean Perrot, conseillers de la ville et Nicolas Paris, bourgeois de Paris.
Déroulement et décisions
modifierLes états généraux s'ouvrent à l'hôtel du Petit-Bourbon situé près du Louvre, le , après un jeûne public de trois jours et une procession solennelle que l'on a ordonnée pour implorer « l'assistance du ciel ».
L'assemblée se tient au Louvre, dans la grande salle de l'hôtel de Bourbon. Le Roi y siège avec à sa droite la Reine mère, qui est elle-même près de la Première Fille de France, Élisabeth, promise au prince d'Espagne.
Le Roi déclare dans une brève adresse que son but est d'écouter les plaintes de ses sujets et de pourvoir à leurs griefs. Cette première séance est donc consacrée à la désignation des représentants de chaque ordre chargés de rédiger les volontés des sujets du roi.
La deuxième séance se tient le 4 novembre 1614. Le Clergé demande la publication du concile de Trente, la noblesse demande l'abolition du droit de paulette, le tiers état le retranchement des tailles et la diminution des pensions. La noblesse et le clergé demandent également conjointement la réformation des universités et que les jésuites soient admis dans l'université de Paris à condition de se soumettre au règlement de celle-ci. Mais cette demande ne sera d'aucun effet, les jésuites ayant refusé de respecter le règlement. Sont ensuite demandés l'accomplissement du mariage du roi avec l'infante d'Espagne, et celui de madame Élisabeth de France avec le prince d'Espagne.
La proposition la plus notable est introduite par le tiers état. Il s'agit de reconnaître l'autorité du Roi de France, « monarque de droit divin », indépendante de l'autorité papale. Le clergé et la noblesse combattant avec ferveur cette disposition, elle n'est pas adoptée mais le roi et la régente ne perdent pas de vue cette intéressante revendication. Ce sont, en effet, les bases de l'absolutisme français qui sont introduites à cette occasion.
Cependant, la publication du Concile de Trente est accordée.
À la suite des états généraux, le 24 mars 1615, le pouvoir royal annonça la suppression de la vénalité des charges et du droit annuel (paulette). Le parlement s'opposa à cette mesure. Le duc de Luynes, favori de Louis XIII, tenta lui aussi de contrer le parlement, mais c'est ce dernier qui finit par avoir de gain de cause, du moins jusqu'à la « réforme Maupeou » en 1771.
Les états généraux se closent le 23 février 1615.
Citations
modifier- Jean Savaron, député du tiers état d'Auvergne : « Qu'auriez-vous dit, Sire, si vous aviez vu dans vos pays de Guyenne et d'Auvergne, les hommes paître l'herbe à la manière des bêtes ? »
- Robert Miron, prévôt des marchands de Paris et député du tiers état : « Prenons garde que le désespoir ne fasse connaître au peuple que le soldat n'est autre chose qu'un paysan portant les armes. »
Notes et références
modifier- M J De Gaulle, Nouvelle histoire de Paris et de ses environs, 1839, p. 1
Sources primaires imprimées
modifier- Tome X de l'ouvrage Le Grand Vocabulaire François, par une société de gens de lettres, avec approbation et privilège du Roi, 1770.
Bibliographie
modifier- Pierre Blet, « L'article du Tiers aux états généraux de 1614 », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. 2, no 2, , p. 81-106 (lire en ligne).
- Roger Chartier et Jean Nagle, « Les cahiers de doléances de 1614. Un échantillon : châtellenies et paroisses du bailliage de Troyes », Annales. Économies, sociétés, civilisations, no 6 (28e année), , p. 1484-1494 (lire en ligne).
- Roger Chartier, « À propos des États généraux de 1614 », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. 23, no 1, , p. 68-79 (lire en ligne).
- Roger Chartier (dir.) et Denis Richet (dir.), Représentation et vouloir politiques : autour des États généraux de 1614, Paris, Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, coll. « Recherches d'histoire et de sciences sociales / Studies in history and the social sciences » (no 4), , 194 p. (ISBN 2-7132-0795-9, présentation en ligne).
- (en) James Michael Hayden, The Estates General of 1614, Loyola University Chicago, Dissertations. Paper 701, 1963, lire en ligne.
- (en) James Michael Hayden, « Deputies and Qualités : The Estates General of 1614 », French Historical Studies, vol. 3, no 4, , p. 507-524 (DOI 10.2307/286154, JSTOR 286154).
- (en) James Michael Hayden, France and the Estates General of 1614, Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Cambridge Studies in Early Modern History », , XII-334 p. (ISBN 0-521-20325-2, présentation en ligne).
- Penny Roberts, « La monarchie consultative, mythe ou réalité : les états généraux et le « père du peuple », 1560-1614 », dans Michel De Waele (dir.), Lendemains de guerre civile : réconciliations et restaurations en France sous Henri IV, Québec, Presses de l'Université Laval, coll. « Les collections de la République des lettres. Symposiums », , VIII-262 p. (ISBN 978-2-7637-9671-0), p. 89-108.
- (en) George A. Rothrock, Jr., « The French Crown and the Estates General of 1614 », French Historical Studies, vol. 1, no 3, , p. 295-318 (DOI 10.2307/285971, JSTOR 285971).
- (en) George A. Rothrock, Jr., « Officials and King's Men : A Note on the Possibilities of Royal Control in the Estates General », French Historical Studies, vol. 2, no 4, , p. 504-510 (DOI 10.2307/286086, JSTOR 286086).