Élections régionales de 2018 en Hesse

Élections régionales de 2018 en Hesse
137 députés du Landtag
(Majorité absolue : 69 députés)
Type d’élection Élection parlementaire
Corps électoral et résultats
Inscrits 4 371 842
Votants 2 941 473
67,28 % en diminution 5,9
Votes exprimés 2 879 302
Votes nuls 62 171
CDU – Volker Bouffier
Voix 776 254
26,96 %
en diminution 11,4
Députés élus 40 en diminution 7
Grünen – Tarek Al-Wazir et Priska Hinz
Voix 570 260
19,81 %
en augmentation 8,7
Députés élus 29 en augmentation 15
SPD – Thorsten Schäfer-Gümbel
Voix 570 166
19,80 %
en diminution 10,9
Députés élus 29 en diminution 8
AfD – Rainer Rahn
Voix 378 376
13,14 %
en augmentation 9,1
Députés élus 19 en augmentation 19
FDP – René Rock
Voix 215 642
7,49 %
en augmentation 2,5
Députés élus 11 en augmentation 5
Linke – Janine Wissler et Jan Schalauske
Voix 181 263
6,30 %
en augmentation 1,2
Députés élus 9 en augmentation 3
Parti vainqueur par circonscription.
Carte
Ministre-président
Sortant Élu
Volker Bouffier
CDU
Volker Bouffier
CDU
wahlrecht.de

Les élections régionales de 2018 en Hesse (en allemand : Landtagswahl im Hessen 2018) se tiennent le [1], afin d'élire les 110 députés de la 20e législature du Landtag, pour un mandat de cinq ans. Du fait des résultats et de la loi électorale, 137 députés sont finalement élus.

Le scrutin est marqué par de très importantes pertes pour la CDU au pouvoir et le SPD, alors premier parti d'opposition, mais allié de la CDU au gouvernement fédéral. Le désaveu des électeurs envers ces deux formations, qui s'ajoute à celui quinze jours plus tôt en Bavière, pousse la chancelière Angela Merkel a annoncer son futur retrait de la vie politique. Partenaires de la coalition gouvernementale depuis cinq ans, les Grünen prennent de très peu la deuxième place tandis que l'AfD entre dans le dernier Parlement allemand où elle ne siégeait pas encore. Près de trois mois après la tenue des élections, le ministre-président Volker Bouffier est reconduit à la tête d'une nouvelle coalition noire-verte.

Contexte modifier

Lors des élections régionales du , l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), emmenée par le ministre-président Volker Bouffier et au pouvoir depuis 15 ans, se maintient comme première force politique de la Hesse. Avec 38,3 % des suffrages exprimés, elle enregistre même une légère progression et fait élire 47 députés sur 110. Deuxième, le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) de Thorsten Schäfer-Gümbel obtient 30,3 % des voix, opérant un redressement de sept points, et envoie 37 élus au Landtag.

La troisième place revient à l'Alliance 90 / Les Verts (Grünen), qui remporte 11,1 % des suffrages et 14 sièges, mais perd tout de même près de trois points. Elle devance Die Linke, qui assure le maintien de sa représentation parlementaire avec 5,2 % des suffrages, soit six députés. La gauche radicale se place ainsi devant le Parti libéral-démocrate (FDP), qui sauve de justesse sa place au Landtag, totalisant six élus avec 5 % des voix, soit une dégringolade de 11 points. Il est suivi du nouveau parti anti-euro, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui réalise un score de 4,1 % des exprimés.

Le même jour se tiennent les élections fédérales. Bien que les résultats diffèrent, l'ordre des forces politiques en Hesse reste quasiment identique. Ainsi, la CDU remporte 39,2 % des voix, ce qui la place devant le SPD qui en obtient 28,8 %. Troisième, les Grünen comptent 9,9 % des suffrages, la Linke les suivant avec 6 %. Enfin, le FDP et l'AfD sont à égalité avec 5,6 %, mais ces derniers devancent les libéraux d'environ 1 000 bulletins de vote.

La « coalition noire-jaune » entre la CDU et le FDP formée en perd donc sa confortable majorité absolue avec 53 parlementaires au total. Le SPD, les Grünen et Die Linke entament des discussions exploratoires pour constituer une « coalition rouge-rouge-verte » mais celles-ci échouent, tout comme celles entreprises dans l'optique d'une « grande coalition ». Finalement, chrétiens-démocrates et écologistes s'entendent et forment en une « coalition noire-verte » disposant de la majorité minimale.

Les élections fédérales du changent la donne électorale dans le Land. Bien qu'ils soient toujours premiers, les chrétiens-démocrates refluent nettement à 30,9 %. Les sociaux-démocrates, deuxièmes, subissent le même sort dans des proportions moindres avec 23,5 %. Ce double mouvement de recul profite d'abord aux nationalistes qui remportent 11,9 %, puis aux libéraux qui atteignent 11,6 %. Les écologistes sont ainsi relégués en cinquième position avec 9,7 %, devant la gauche radicale qui progresse à 8,1 %.

Mode de scrutin modifier

Le Landtag est constitué de 110 députés (en allemand : Mitglied des Landtags, MdL), élus pour une législature de cinq ans au suffrage universel direct et suivant le scrutin proportionnel de Hare.

Chaque électeur dispose de deux voix : la première (en allemand : Wahlkreisstimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription selon les modalités du scrutin uninominal majoritaire à un tour, le Land comptant un total de 55 circonscriptions ; la seconde voix (en allemand : Landesstimme) lui permet de voter en faveur d'une liste de candidats présentée par un parti au niveau du Land.

Lors du dépouillement, l'intégralité des 110 sièges est répartie à la proportionnelle sur la base des secondes voix uniquement, à condition qu'un parti ait remporté 5 % des voix au niveau du Land. Si un parti a remporté des mandats au scrutin uninominal, ses sièges sont d'abord pourvus par ceux-ci.

Dans le cas où un parti obtient plus de mandats au scrutin uninominal que la proportionnelle ne lui en attribue, la taille du Landtag est augmentée jusqu'à rétablir la proportionnalité.

Campagne modifier

Principaux partis modifier

Parti Idéologie Chef de file Résultat en 2013
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne
Christlich Demokratische Union Deutschlands
Centre droit
Démocratie chrétienne, libéral-conservatisme
Volker Bouffier
(Ministre-président)
38,3 % des voix
47 députés
Parti social-démocrate d'Allemagne
Sozialdemokratische Partei Deutschlands
Centre gauche
Social-démocratie, troisième voie, progressisme
Thorsten Schäfer-Gümbel 30,7 % des voix
37 députés
Alliance 90 / Les Verts
Bündnis 90/Die Grünen
Centre gauche
Écologie politique, progressisme
Priska Hinz
(Ministre de l'Environnement)
Tarek Al-Wazir
(Ministre de l'Économie)
11,1 % des voix
14 députés
Die Linke Extrême gauche à gauche
Socialisme démocratique, anticapitalisme, populisme
Janine Wissler et
Jan Schalauske
5,2 % des voix
6 députés
Parti libéral-démocrate
Freie Demokratische Partei
Centre à centre droit
Libéralisme, libéralisme économique
René Rock 5 % des voix
6 députés
Alternative pour l'Allemagne
Alternative für Deutschland
Droite à extrême droite
Euroscepticisme, national-conservatisme, populisme
Rainer Rahn 4,1 % des voix
0 député

Sondages modifier

Sondages en vue des élections régionales de 2018 en Hesse[2]
Institut Date CDU SPD Verts FDP Linke AfD
FGW 23/10/2018 28 % 20 % 20 % 8 % 8 % 12 %
INSA 23/10/2018 26 % 21 % 21 % 7 % 8 % 13 %
Infratest dimap 18/10/2018 26 % 21 % 20 % 9 % 8 % 12 %
Forschungsgruppe Wahlen 18/10/2018 26 % 20 % 22 % 8 % 8 % 12 %
Forschungsgruppe Wahlen 03/10/2018 29 % 23 % 18 % 6 % 8 % 13 %
Infratest dimap 24/09/2018 28 % 23 % 17 % 7 % 8 % 14 %
Forschungsgruppe Wahlen 21/09/2018 32 % 25 % 13 % 6 % 8 % 11 %
INSA 07/09/2018 29 % 24 % 14 % 7 % 8 % 14 %
Infratest dimap 21/06/2018 31 % 22 % 14 % 7 % 7 % 15 %
Forschungsgruppe Wahlen 12/06/2018 31 % 25 % 13 % 8 % 8 % 11 %
INSA 17/05/2018 33 % 24 % 13 % 7 % 8 % 11 %
FW 22/03/2018 31 % 26 % 13 % 7 % 8 % 10 %
Allensbach 02/03/2018 31 % 26 % 12 % 9 % 7 % 11 %
Forsa 25/02/2018 33 % 23 % 14 % 8 % 7 % 10 %
Infratest dimap 19/01/2018 31 % 25 % 13 % 8 % 8 % 12 %
Infratest dimap 12/01/2017 32 % 24 % 14 % 6 % 8 % 14 %
dimap 24/08/2016 36 % 27 % 13 % 4 % 6 % 9 %
Forsa 18/04/2016 33 % 27 % 11 % 7 % 6 % 10 %
Infratest dimap 20/01/2016 34 % 26 % 11 % 5 % 8 % 12 %

Résultats modifier

Voix et sièges modifier

Résultats des élections régionales de 2018 en Hesse[3]
 
Partis Circonscriptions Liste Total
sièges
+/-
Votes % Sièges +/− Votes % Sièges
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) 843 068 29,34 40   1 776 910 26,96 0 40   7
Alliance 90 / Les Verts (Grünen) 517 904 18,03 5   5 570 512 19,80 24 29   15
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) 670 637 23,34 10   4 570 446 19,80 19 29   8
Alternative pour l'Allemagne (AfD) 362 210 12,61 0   378 692 13,14 19 19  
Parti libéral-démocrate (FDP) 205 384 7,15 0   215 946 7,49 11 11   5
Die Linke (Linke) 164 535 5,73 0   181 263 6,29 9 9   3
Électeurs libres (FW) 88 122 3,07 0   85 465 2,97 0 0  
Parti de protection des animaux (Tierschutzpartei) 471 0,02 0   28 095 0,98 0 0  
Die PARTEI (PARTEI) 12 007 0,42 0   18 334 0,64 0 0  
Parti des pirates (PIRATEN) 3 818 0,13 0   11 617 0,40 0 0  
Parti écologiste-démocrate (ÖDP) 3 232 0,11 0   7 539 0,26 0 0  
Parti national-démocrate d'Allemagne (NPD) 6 173 0,21 0 0  
Autres 1 682 0,06 0   30 269 1,05 0 0  
Votes valides 2 873 070 97,63 2 881 261 97,91
Votes blancs et nuls 69 776 2,37 61 585 2,09
Total 2 942 846 100 55   2 942 846 100 82 137   27
Abstentions 1 429 942 32,70 1 429 942 32,70
Inscrits / participation 4 372 788 67,30 4 372 788 67,30

Analyse sociologique modifier

Sondage Forschungsgruppe Wahlen[4]
Catégorie CDU Grünen SPD AfD FDP Linke
Sexe
Hommes 26 % 17 % 19 % 17 % 8 % 7 %
Femmes 27 % 23 % 20 % 9 % 7 % 6 %
Âge
Moins de 30 ans 18 % 25 % 14 % 10 % 10 % 10 %
30-44 ans 23 % 22 % 16 % 15 % 8 % 7 %
45-59 ans 25 % 23 % 18 % 15 % 7 % 6 %
Plus de 60 ans 35 % 14 % 27 % 11 % 7 % 5 %
Statut
Ouvrier 23 % 11 % 23 % 22 % 6 % 6 %
Employé 27 % 22 % 19 % 11 % 8 % 6 %
Fonctionnaire 28 % 21 % 25 % 12 % 7 % 5 %
Indépendant 33 % 20 % 12 % 13 % 13 % 6 %
Études
Hauptschulabschluss 32 % 9 % 29 % 16 % 6 % 4 %
Mittlere Reife 28 % 15 % 20 % 17 % 7 % 5 %
Abitur (baccalauréat) 23 % 26 % 16 % 11 % 7 % 9 %
Hochschulabschluss (supérieur) 25 % 28 % 18 % 8 % 8 % 8 %

Conséquences modifier

L'élection a des conséquences immédiates au niveau fédéral. La défaite relative subie par la CDU et le SPD, tous deux partenaires de coalition au gouvernement fédéral de la chancelière chrétienne-démocrate Angela Merkel, intervient peu après le revers infligé à la CSU et au SPD en Bavière deux semaines plus tôt[5]. En conséquence, le suivant, Angela Merkel annonce son prochain retrait de la vie politique à l'achèvement du mandat en cours du Bundestag, en 2021, ainsi que sa démission dès de la présidence de la CDU, après dix-huit ans passés à sa tête[6].

Une semaine après la tenue du scrutin, le FDP indique se préparer à siéger dans l'opposition et refuser ainsi de constituer une coalition en feu tricolore avec les Grünen et le SPD, ou une coalition jamaïcaine avec la CDU et les Grünen. Cette décision renforce la probabilité d'une réédition de la coalition noire-verte déjà au pouvoir, les écologistes soulignant que « nous avons eu un modus vivendi raisonnable pendant cinq ans et nous pouvons gérer la suite »[7].

Notes et références modifier

  1. (de) « Hessen sollen Landtag am Marathon-Sonntag wählen », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (de) « Sonntagsfrage – Hessen (Wahlumfrage, Wahlumfragen) », sur wahlrecht.de (consulté le ).
  3. (de) « Endgültiges Ergebnis Land Hessen », sur statistik-hessen.de (consulté le )
  4. (de) « Soziale Gruppen », sur www.forschungsgruppe.de (consulté le ).
  5. « Allemagne : la CDU de Merkel et le SPD désavoués lors d’élections régionales dans la Hesse », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Merkel annonce son retrait de la vie politique pour 2021 », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (de) « Neuauflage von Schwarz-Grün wird wahrscheinlicher », Hessenschau,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier