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Henri Lamaison
Biographie
Naissance
Décès
(à 81 ans)
Paris (France)
Nom de naissance
Jean Henri Lamaison
Nationalité
Formation

Henri Lamaison, né le à Dax (Landes) et mort le à Paris (16e)[1], est un polytechnicien français, officier d'artillerie, prisonnier de guerre, auteur de trois tentatives d'évasion, président de ESSO S.A.F. de 1973 à 1979.

Biographie modifier

Famille modifier

Henri Lamaison est le fils de Léon Lamaison (1868-1924), représentant de commerce, et de sa seconde épouse, Madeleine Commarieu (1883-1925), institutrice. Décédés prématurément à Dax, à 56 et 41 ans[2], ils laissent quatre orphelins, Louise, 12 ans, Robert, 9 ans, Henri, 6 ans et Janine, à peine 1 an. Robert, puis Henri, sont rapidement accueillis par leur demi-frère Pierre E. Lamaison (1896-1980), alors imprimeur à Bayonne, et son épouse, Marie Lartigau (1896-1977), couple sans enfant qui les adopte tous deux légalement en [3].

Peu après son retour de captivité, H. Lamaison épouse en Mathilde Walterspiler (1921-2023), fille d'un dirigeant de PME de l'industrie métallurgique[N 1]. Ils ont quatre enfants.

Formation modifier

Après ses études secondaires au lycée de Bayonne, H. Lamaison obtient le baccalauréat Mathématiques en [4], puis est admis au cours préparatoire à l’École Centrale du lycée de Bordeaux[5]. N'ayant pas atteint son objectif d'intégration à Polytechnique après une deuxième année de prépa à Bordeaux, il rejoint la classe de Mathématiques spéciales du Lycée Louis-le-Grand à Paris en . A l'issue des concours du printemps 1939 il est reçu à Polytechnique, à l’École des Mines et à l’École nationale supérieure d'aéronautique[6] et opte pour Polytechnique.

Mais du fait de l'état de guerre, dix jours après avoir franchi la porte de l'école de la rue Descartes, il doit partir pour l'école d'application de l'artillerie à Fontainebleau suivre une formation accélérée d'élève-officier organisée par l'état-major pour tous les élèves de la promotion 1939 (X39) âgés de plus de 20 ans[N 2].

Engagé dans le conflit sur le front de l'Est dès la fin avril 1940, puis en captivité de à , Henri Lamaison ne retrouve Polytechnique en que pour une seule année de scolarité[N 3] à l'issue de laquelle il démissionne de l'armée d'active pour intégrer l'École nationale supérieure du pétrole et des moteurs dans la section Physico-chimie-raffinage, option exploitation. Fort de son diplôme d’ingénieur de l’École du Pétrole obtenu en , il est recruté quelques semaines plus tard par la Standard française des pétroles (ESSO Standard).

Carrière modifier

Retraite modifier

1940-1945 : captivité en Allemagne modifier

La campagne de France modifier

A l'issue de sa période d'instruction de six mois à Fontainebleau, H. Lamaison est affecté sur sa demande au 14e régiment d'artillerie divisionnaire composé principalement de basques, béarnais et landais[7] et où, bien que sous-lieutenant de très fraîche date, il sert en tant que commandant de sa batterie dont le lieutenant a dû être évacué. Le régiment, rattaché à la 35e division d'infanterie, stationnée au nord de Brumath en arrière de la ligne Maginot doit se porter vers l'ouest dès le pour tenter de contenir l'avancée des troupes allemandes. Au cours d'intenses combats, la détermination d'Henri Lamaison à la tête de la 5e batterie du 14e RAD lui vaut une citation à l'ordre de la division et l'attribution de la Croix de guerre avec étoile d'argent[N 4]. Cependant bousculée par l'offensive ennemie, la division se replie ensuite au sud de Sedan puis au sud-ouest de Nancy, où, encerclées, ses troupes doivent se rendre le . H. Lamaison est capturé à Bainville-sur-Madon et rapidement emmené avec les autres officiers du régiment dans un Frontstalag des Ardennes[8].

L'Oflag VI-A à Soest (Rhénanie-Westphalie) modifier

Le camp de Soest, composé de bâtiments construits en 1938 pour héberger des unités d'infanterie de la Wechmacht, a été transformé en camp de prisonniers pour soldats et sous-officiers prisonniers (stalag) polonais en 1939, puis requalifié en camp pour officiers prisonniers (oflag) en mai 1940. Comme tous les officiers de son régiment, H. Lamaison est transféré à l'Oflag VI-A dès la fin [9].

En , Henri Lamaison fait parvenir à sa famille une photo, prise par les autorités du camp, du groupe des officiers français qui partagent le même dortoir. La plupart sont des officiers du 14e régiment d'artillerie divisionnaire.

 
Oflag VI-A juillet 1941. H. Lamaison assis, 2e rang, 3e à partir de la gauche.
Officiers, principalement du 14e RA, autour du Cdt Palustran (Coll. part., Anonyme, 1941).

A la fin de l'hiver 1942, cinq camarades d'H. Lamaison lui proposent de se joindre à eux pour une évasion par un tunnel qui doit déboucher hors de l'enceinte en passant sous la baraque des colis.

« Le 13 mars [1942], le souterrain atteignait 65 mètres ; il en restait 5 à faire. Mais une sentinelle malencontreusement vigilante aperçut les travailleurs se faufilant sous la baraque. Elle donna discrètement l’alarme et Thibaudin avec Lamaison et un autre camarade fut cueilli dans son chantier. A peine sortis de prison les mêmes recommençaient un autre tunnel visant à atteindre la baraque des colis à partir des caves : 20 mètres environ, une équipe de douze [10]. »

Ils sont donc cette fois nettement plus nombreux au départ de ce deuxième tunnel qui débouche derrière la baraque des colis et doit permettre une sortie par les jardins. Seul le premier de la file, bien que repéré, a pu s'évader. H. Lamaison en seconde position, face à l'agitation des sentinelles, décide de se réfugier dans la kommandantur où il est découvert et mis au cachot. Cette deuxième tentative le fait classer parmi les ennemis du Reich et transférer à Colditz.

L'Oflag IV-C à Colditz (Saxe) modifier

H. Lamaison arrive à Colditz le , dans la forteresse médiévale « dont on ne s'évade pas ». Il y retrouve un fort contingent d'officiers français tous motivés pour faire mentir une nouvelle fois cette affirmation allemande en suivant l'exemple du lieutenant Alain Le Ray, premier évadé le . Toutefois l'échec de la tentative du Grand tunnel français découvert le 16 janvier 1942 sur dénonciation d'une ordonnance complique les projets et limite les ardeurs[11]. Mais l’évasion n’est pas le seul moyen de combattre l’ennemi lorsqu’on est son prisonnier. La collecte et la diffusion de l’information se révèlent être à Colditz des moyens extrêmement efficaces dans le combat moral contre l’Allemagne. H. Lamaison apporte à cette lutte une discrète contribution ainsi contée par un de ses camarades : « Henri Lamaison … a participé dans ce camp [Colditz] à l’installation derrière son lit d’un poste de radio clandestin fin 42 et s’est chargé, avec d’autres camarades, d’assurer l’écoute puis la diffusion des nouvelles de la B.B.C. aux autres nationalités (Anglais, Belges, Polonais, Tchèques, Hollandais) »[12].

Le grand ennui des longues journées de captivité, rythmées par les trois appels réglementaires est parfois rompu par des appels inopinés, quelques promenades dans le jardin du château, des conférences de niveau universitaire et des cérémonies religieuses comme la procession de la Fête-Dieu en dans la cour de la forteresse, s'élançant depuis la porte de la chapelle et dont le P. Yves Congar est le célébrant principal.

 
Henri Lamaison, au 3e rang, 2e en partant de la droite, regarde le photographe.
Officiers en procession derrière le Saint-Sacrement (Coll. part., Anonyme, 1943).

Le , H. Lamaison tente de franchir la palissade du parc de Colditz, sans succès[13]. Le , tous les prisonniers de Colditz, sauf les officiers britanniques, sont transférés à Lübeck.

L'Oflag X-C à Lübeck (Schleswig-Holstein) modifier

L'Oflag X-C à Lübeck constitué d'une vingtaine de grandes baraques d'un seul niveau posées sur un vaste espace bénéficie d'une situation aérée et ensoleillée mais présente l'inconvénient d'être bâti sur un sol sablonneux, nécessitant un lourd étayage pour consolider les tunnels d'évasion. Quelques impatients tentent donc un passage en surface au travers des barbelés :

« [En ], Bernard Brunet et Lamaison qui voulaient exécuter le coup s’habillaient avant l’appel de 16 heures et se tenaient prêts à partir. Avec du Gardin et Guiges qui dirigeaient le scénario éventuel du départ, ils jugeaient si les circonstances étaient favorables ou non … Le vingtième soir où Brunet et Lamaison s’étaient habillés et préparés à partir, tout était propice. Brunet longeant la main courante à quelque distance des barbelés se jette à plat ventre, atteint le réseau et coupe le premier panneau ; du Gardin déclenche la diversion, mais celle-ci trop bruyante alerte le posten [sentinelle] du grand mirador qui crie et arme son fusil. Du Gardin rappelle Brunet qui, très calme revient avec sa cisaille. Il fallait aveugler au plus vite la brèche faite. Le lendemain matin au cours d’une séance d’entraînement de football, le ballon était envoyé au bon endroit et tandis qu’on faisait et obtenait les signaux réglementaires pour avoir la permission de le rechercher, Lamaison rendait aux barbelés leur allure normale[14]. »

 
Schéma du tunnel de l'infirmerie

Brunet retente seul l'opération le 3 février 1944, se fait capturer et disparait[15], tandis que Lamaison réintègre l'équipe dite du Tunnel de l'infirmerie à laquelle il s'était joint au début des opérations fin 1943, pour travailler en première ligne, comme le rapporte Yves Congar :

« Je me rappelle tel après-midi où je faisais le guet en surface, tandis que avec Lamaison, coincé péniblement entre le plancher de l’infirmerie et l’épaisse dalle de ciment coulée sous cette baraque, il [Michel Girot] travaillait à percer le ciment. Après avoir commencé à l’attaquer en grattant, tous deux décidèrent, devant l’insignifiance des résultats, de risquer le tout pour le tout et de découper carrément la dalle à coups de marteau et de burin[16]. »

Le soir du , sur la vingtaine de candidats à l'évasion, seuls quatre parviennent à sortir du puits à l'extérieur des barbelés par suite d'un problème de transmission d'ordres dans le tunnel. L'échec de la tentative étant avéré, H. Lamaison regagne discrètement son baraquement sans être inquiété par les gardes du camp.

Le camp de Lübeck est libéré par les troupes anglaises le . H. Lamaison reste un mois sur place, volontaire pour aider des réfugiés civils sous la direction de Max Lejeune, coordinateur des affaires françaises. Il est rapatrié à Paris le .

Président d'ESSO SAF modifier

Décorations modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Luc Walterspiler (1888-1958), est directeur général de la Société française des fers émaillés, filiale des Forges de Gueugnon, Groupe Wendel (L'économiste français, 4 septembre 1937, p. 19), président du Syndicat des émailleries sur tôle (La Journée industrielle, 22 janvier 1937, p. 1 ; L'Usine nouvelle, 1er juillet 1941, p. 11), conseiller du commerce extérieur (JORF, 15 août 1952, p. 8211), chevalier de la Légion d'Honneur au titre du Ministère de l'Industrie et de l'énergie (JORF, 25 août 1951, p. 9063, col 2).
  2. La promotion des plus âgés, baptisée X39-A, est envoyée dans les écoles d’application y suivre un programme accéléré. Ses membres nommés sous-lieutenants le rejoignent à cette date leurs régiments respectifs. Les élèves de la Promo 1939 âgés de moins de 20 ans constituent la Promo X39-B. Celle-ci reste rue Descartes à Paris. La promotion 39-A, démobilisée par l’armistice (mais déjà amputée des plusieurs élèves morts, disparus ou prisonniers), et la promotion 39-B se retrouvent à Lyon en novembre 1940. Les polytechniciens devenus lyonnais, contraints de démissionner de l’Armée, suivent alors le cursus d’une école d’ingénieur de statut civil (Jean Dupuis et Georges Gonon (dir.), A la mémoire des camarades de la promotion 1939 de l’École Polytechnique morts pour la France, s. l., Amicale des anciens de la promotion X39, Imp. TIP, , 62 p., p. 7-8).
  3. Les 37 élèves de la Promo 39-A, anciens prisonniers des oflags, rapatriés en mai et juin 1945, suivent un cursus sur mesure d’une année, en 1945-1946, au sein d’une mini-promo rebaptisée 39-S (Robert Garabiol (X38), « L’École polytechnique et ses élèves prisonniers de guerre (1940-1945) », La Jaune et la Rouge, Paris, Association des anciens élèves et diplômés de l’École Polytechnique, no 601,‎ , p. 34 (lire en ligne). Major de cette « Division spéciale », René Granier de Lilliac, admis au Corps des Mines, d'abord haut fonctionnaire, poursuit ultérieurement sa carrière dans l’industrie pétrolière. Il est PDG de Total-Compagnie française des pétroles au moment où Henri Lamaison devient PDG d’ESSO SAF en 1973.
  4. « Lamaison Henri, sous-lieutenant à la 5e batterie du 14e régiment d’artillerie. Très jeune officier possédant les plus grandes qualités de valeur militaire. Par son initiative et son sang-froid a contribué largement à la parfaite exécution des missions confiées à sa batterie. Son calme et son mépris du danger, sous les plus violents bombardements, ont été un constant exemple pour ses hommes » (Secrétariat à la Guerre, Ordre n°617-C (extrait), 9 juin 1941 (Journal Officiel, 14 novembre 1941).

Références modifier

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970.
  2. Le Républicain landais, 30 août 1924, p. 3, col. 2.
  3. Tribunal civil de Dax (Landes), jugement du homologuant l'acte d'adoption reçu par Me Duplantier, notaire à Dax, le (Registre des naissances de Dax 1914 - 1918 (AD Landes, 4 E 88/181, vue 208/245).
  4. « Université de Bordeaux - Résultats du baccalauréat », La Petite Gironde,‎ , p. 2.
  5. « Lycée Michel-Montaigne », La Petite Gironde,‎ , p. 14.
  6. « Succès de jeunes bayonnais », Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque,‎ , p. 3.
  7. Gazette de Bayonne-Biarritz et Saint-Jean-de-Luz, 30 mars 1940, p. 2.
  8. Centre de démobilisation Dupleix (Paris XVe), fiche de démobilisation n°2319 au nom d’Henri Lamaison.
  9. Centre national d’information sur les prisonniers de guerre, Liste officielle n°48 des prisonniers français d’après les renseignements fournis par l’Autorité militaire allemande, 4 décembre 1940, p. 35 (Lire en ligne).(
  10. Leur Résistance, p. 115.
  11. Leur Résistance p. 13-16, 25-26.
  12. Henri Pradoura, voir Albert Maloire, Colditz le grand refus : Captifs peut-être, ... Vaincus jamais !, Vincennes, Édition Le Condor, , 432 p., p. 279-287.
  13. Les indomptables, p. 224.
  14. Leur Résistance p. 97-98.
  15. Les indomptables p. 217..
  16. Leur Résistance p. 57.
  17. Chevalier au titre du Ministère des armées, décret du (Journal officiel de la République française, , p. 1732, 1735), officier au titre du Ministère du redéploiement industriel et du commerce extérieur, décret du .
  18. Journal officiel de la République française, .
  19. Journal officiel de la République française, .
  20. Arrêté du ministre de l'agriculture du , Journal officiel de la République française, .

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Robert Aublet (X33), « Henri Lamaison (39) 1918-2000 », La Jaune et la Rouge, Paris, Association des anciens élèves et diplômés de l’École Polytechnique, no 558,‎ , p. 71 (lire en ligne). 
  • Collectif, École polytechnique, 146e promotion, 1939, Paris, Paul Darby éditeur, s. d. (1941), 41 p. (lire en ligne).
  • Yves Congar, Leur Résistance : Mémorial des officiers évadés, anciens de Lübeck et de Colditz, morts pour la France, Avesnes, Auto-édition, , 164 p. (lire en ligne)
  • Général Le Brigant, Les Indomptables, Paris, Berger-Levrault, coll. « La Seconde Guerre mondiale, histoire et souvenirs », , 236 p. (lire en ligne).
  • Pierre Péan et Jean-Pierre Séréni, Les émirs de la République : L'aventure du pétrole tricolore, Paris, Seuil, , 224 p. (ISBN 2-02-006154-6). 
  • Anthony Sampson (trad. Pierre Birman, postface Philippe Simonnot), Les sept sœurs : Les grandes compagnies pétrolières et le monde qu'elles ont créé, Paris, Éditions Alain Moreau, , 516 p.
  • Philippe Simonnot, Le complot pétrolier : Du rapport Schvartz à la dénationalisation d'ELF, Paris, Éditions Alain Moreau, , 238 p.

Liens externes modifier

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