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La criminologie (du latin crimen, « accusation, grief » et du grec ancien λόγος (logos), « science, discours ») est la science[1] qui étudie les caractéristiques, les processus et les causes du phénomène criminel[2]. Ce dernier est considéré à la fois sous l'aspect individuel, mais aussi social. La criminologie est un champ de recherches pluridisciplinaire qui fait appel à de nombreux autres domaines allant de la psychologie, au droit, en passant par la sociologie ou l'économie.

Le spécialiste de la criminologie est le criminologue.

Histoire, Écoles de pensées et autres apports modifier

Le crime et le criminel comme objet de préoccupation intellectuelle n'est pas un fait nouveau. Malgré cela, la constitution d'une discipline scientifique indépendante prenant comme objectif principal l'étude du criminel, du crime et de la réaction sociale qui y est attachée ne s'est pas faite sans difficulté. À ce propos, il est intéressant de remarquer, comme le fait Alvaro Pires, que la dénomination même de cette discipline n'a pas été une évidence, qu'elle s'est faite par tâtonnement (anthropologie criminelle, sociologie criminelle, criminalogie, etc.) à la fin du XIXe siècle et que cette recherche "indique qu'il apparaissait alors quelque chose de nouveau à cette époque, quelque chose qu'on sentait le besoin d'appeler, de réfléchir et de mettre en relief d'une façon ou d'une autre"[3]. Le premier ouvrage utilisant explicitement le terme de "criminologie" dans son titre est le manuel intitulé La Criminologie, que publie Raffaele Garofalo en 1885.

Au delà de ces questions de terminologie, il reste difficile de déterminer avec précision la date de naissance de la criminologie, chaque auteur semblant "choisir" la date qui correspond le mieux à sa conception même de la discipline[4]. S'il n'y a donc pas de consensus sur cette question, il est toutefois possible d'identifier quelques grands mouvements qui ont particulièrement influencé la question de l'étude du crime et du criminel et qui l'influencent encore aujourd'hui.

Prémisces modifier

Antiquité (Platon, Socrate) modifier

Cf Ménon 77e

Moyen-Âge modifier

Renaissance modifier

Les précurseurs modifier

Les juristes de l'école classique (Beccaria, Bentham) modifier

 
Frontispice de la première édition (1764) du Dei delitti e delle pene (Des délits et des peines) de Cesare Beccaria.

Cesare Beccaria (1738 - 1794) et Jeremy Bentham (1748-1832), principaux représentants de l'École classique, ne mènent pas leurs réflexions dans le sens de la constitution d'une discipline criminologique à part entière. Cependant, s'inscrivant dans une réflexion sur le crime et sa prévention, ils peuvent être considérés non seulement comme des penseurs du droit pénal mais également comme des précurseurs de la criminologie et de la politique criminelle.

Cesare Beccaria expose sa philosophie politique et juridique dans son ouvrage majeur intitulé Des délits et des peines. L'auteur y développe la notion de responsabilité individuelle, de libre arbitre et de prophylaxie sociale. Il y exprime également ce que l'on appelle aujourd'hui le principe de légalité[5], s'y oppose à la peine de mort et à la torture, y prône la prévention plutôt que la répression et désigne l'éducation comme meilleur moyen de lutte contre la délinquance.

L'autre grand penseur de ce courant est Jeremy Bentham, inventeur du panoptique[6] (architecture en forme d'étoile utilisée pour les prisons) et père de la philosophie utilitariste. Cette conception pose que chaque individu recherche le plaisir et tente d'éviter la peine et calcule donc chacune de ses actions en fonction de ce couple coût (peine) / bénéfice (plaisir). En partant de ce principe, J. Bentham met en avant la fonction dissuasive de la peine dans son ouvrage majeur Théorie des peines et des récompenses (1811).

Les médecins modifier

Les psychiatres (Pinel, Esquirol) modifier
 
Philippe Pinel

Les noms de Philippe Pinel (1745 - 1826) et de Jean-Étienne Esquirol (1772 - 1840) sont davantage associés aux débuts de la psychiatrie plutôt qu'à ceux de la criminologie. En effet, les comportements délinquants ne sont évidemment pas l'objet principal de la psychiatrie mais sont de fait entrés dans le champ de ses observations, notamment sous l'angle de l'évaluation de la responsabilité pénale[7].

P. Pinel tout d'abord travaille ainsi à distinguer différentes formes d'aliénations (en se basant sur l'observation des troubles dont ses patients sont atteints) et élabore l'une des premières classifications des maladies mentales. Parmi les pathologies ainsi isolées, P. Pinel décrit la manie. Il souligne la violence des crises maniaques[8] et explique que le délire n'est pas systématique. Il décrit la manie sans délire de la façon suivante : "Elle est continue, ou marquée par des accès périodiques. Nulle altération sensible dans les fonctions de l’entendement, la perception, le jugement, l’imagination, la mémoire, etc., mais perversion dans les fonctions affectives, impulsion aveugle à des actes de violence, ou même d’une fureur sanguinaire, sans qu’on puisse assigner aucune idée dominante, aucune illusion de l’imagination qui soit la cause déterminante de ces funestes penchants" [9]. P. Pinel défend enfin l'idée de la guérison possible des manies, guérison qui nécessite un traitement moral dans un cadre institutionnel adapté[10].

J.-É. Esquirol, élève de P. Pinel, poursuit l'œuvre de celui-ci et isole, en partant de la mélancolie décrite par son maître, l'entité nosologique des monomanies. Elles se caractérisent par un délire partiel, ne touchant au début qu'un seul (ou un nombre restreint) d'idées[11]. J.-É Esquirol inscrit les monomanies dans le prolongement des passions humaines, constituant une forme d'exagération qui échappe au contrôle de l'individu. C'est dans ce cadre des monomanies qu'il fera entrer dans le domaine de la maladie mentale des comportements conduisant jusque là leurs auteurs devant un juge plus que devant un médecin. Il décrit en effet la monomanie homicide comme "un délire partiel, caractérisé par une impulsion plus ou moins violente au meurtre"[12].

P. Pinel puis J.-É Esquirol provoquent ainsi directement ou indirectement de nombreux débats sur la question de la responsabilité pénale des criminels.

La phrénologie (F. J. Gall) modifier
 
Crâne phrénologique

Franz Joseph Gall (1758-1828) est un médecin allemand qui a concentré son travail sur l'étude du cerveau. S'il commence par travailler sur les liens entre la matière grise et la substance blanche, il développe par la suite une théorie localisationiste selon laquelle les facultés mentales sont liées spécifiquement à certaines parties du cerveau. Il poursuit sur cette voie et, suite à des observations faites notamment sur ses étudiants, en déduit que la forme du crâne est influencée par le développement des zones cérébrales qu'il contient. Il fait donc un lien direct entre la morphologie du crâne et les traits de caractères, ouvrant la voie aux futurs travaux de Cesare Lombroso...

Sources :

  • Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale ou La manie
    • (1801, 1ère édition) Texte en ligne :Gallica
    • (1809, 2de édition) Texte en ligne : Gallica
  • Histoire des savoirs sur le crime et la peine : Tome 1, Des savoirs diffus à la notion de criminel-né (Amazon, Google books)

L'école cartographique et les statistiques morales (Quételet, Guerry) modifier

L'anthropologie criminelle ou la naissance de la criminologie scientifique modifier

L'école positiviste italienne (Lombroso, Ferri, Garofalo, , etc.) modifier

L'école française du milieu social (Lacassagne, Tarde) modifier

La criminologie au XXe siècle modifier

L'école sociologique de Chicago (Park, Burgess, Sutherland, etc.) modifier

Criminologie critique () modifier

Criminologie post-moderne modifier

Chronologie modifier

Jean PinatelÉtienne De GreeffAlbert K. CohenGabriel TardeAlexandre Lacassagne1886Enrico Ferri (criminologue)Raffaele GarofaloCesare Lombroso1876André-Michel GuerryAdolphe QueteletFranz Joseph GallJean-Étienne EsquirolPhilippe PinelJeremy BenthamCesare Beccaria

Les contours flous de la criminologie modifier

Le statut de la criminologie modifier

L'objet de la criminologie modifier

La méthode de la criminologie modifier

(Ancienne définition entête) modifier

Selon la définition de Maurice Cusson, la criminologie est une science qui étudie les caractéristiques et les causes du phénomène criminel. Elle propose un tableau d'ensemble et un savoir rigoureux sur le crime et tout ce qui s'y rapporte. Alors on peut dire que la criminologie est avant tout une approche descriptive contrairement aux sciences juridiques car elle essaye d'expliquer les comportements criminels dans la société et leurs impacts.

Le mot « criminologie » vient du mot latin crimen, crime et du mot grec logos qui signifie à la fois discours, logique, langage, raison, mais surtout étude.
Le spécialiste en criminologie est le « criminologue ».

(Ancien paragraphe "Histoire") modifier

La criminologie est une discipline relativement jeune et nouvelle, ainsi que l'une des premières à être résolument et délibérément multidisciplinaire ou interdisciplinaire.

En effet, née officiellement à peu près en même temps que la sociologie (voir Auguste Comte et Émile Durkheim), elle s'est presque aussitôt enrichie des apports de la médecine, de la psychologie, du droit et de la pénologie, avant de se développer en direction de la biologie et de la psychologie sociale.

A l'origine, dans la moitié du XIXe siècle, la criminologie est d'abord un discours sur le crime et la criminalité, ce qui en fait un des premiers champs d'étude de la sociologie. Mais, comme depuis le siècle des Lumières, d'une part des juristes s'intéressent au sort que l'on doit réserver aux délinquants (voir Beccaria, Hélie Faustin), d'autre part des médecins cherchent à comprendre et à traiter l'esprit criminel (voir Pinel), très rapidement la criminologie s'est développée dans la direction de la compréhension du criminel (voir Lombroso, Ferri, Lacassagne) et un peu plus tard celle de sa victime.

C'est ainsi que depuis la fin du XIXe siècle, on peut dire que la criminologie au sens large est la science dont l'objet polymorphe est constitué par tout ce qui touche le phénomène criminel, soit aux premiers chefs le crime, la criminalité, le criminel et sa victime, mais aussi et par extension la prévention du crime, la réaction sociale face au crime, la place des victimes dans le processus criminel, les instances de lutte au crime, le contrôle de la déviance, l'étude de la violence physique ou morale, etc. Sur ce vaste et multiple objet, la criminologie a eu du mal à développer son monopole méthodologique et son autonomie scientifique. Dès son origine, elle a été tiraillée par des mouvements tantôt centripètes tantôt centrifuges. Les premiers ont favorisé le passage des disciplines mères à une science autonome ; on a vu, par exemple, la sociologie criminelle devenir la criminologie sociologique, la psychologie criminelle se transformer en criminologie psychologique, la biologie criminelle muer en biocriminologie. Mais, à l'inverse, surtout à la fin du XXe siècle, on a vu croître la tendance au développement de disciplines spécialisées telles que la victimologie, les sciences policières, la polémologie, la génétique criminelle, le profilage criminel, etc.

Comme ceux qui font la criminologie viennent presque toujours d'une formation scientifique particulière, la criminologie souffre d'une maladie congénitale que le discours en faveur de la multidisciplinarité n'a pas encore réussi à endiguer ; il s'agit d'une menace d'éclatement au profit de sciences spécifiques.

Notes et références modifier

  1. Le statut de la criminologie fait encore débat. Ce point sera abordé dans la suite de l'article.
  2. Nous nous basons ici sur la définition donnée par Maurice Cusson en 1998 : Maurice Cusson, La Criminologie, Hachette, coll. « Les Fondamentaux » [détail des éditions]
  3. A. P. Pires 1998
  4. A. P. Pires 1998
  5. « Nullum crimen nulla poena sine lege » (en français : « Pas de crime, pas de punition sans loi ») aujourd’hui qualifié de principe de légalité, la formule ne sera forgée que plus tard (par P. J. A. von Feuerbach). De plus l'idée avait déjà été formulée (sans doute pour la première fois par Thomas Hobbes), mais Beccaria lui donne une importance inédite.
  6. Jeremy Bentham, Panoptique : Sur un nouveau principe pour construire des maisons d'inspection, et nommément des maisons de force, Imprimerie nationale, (lire en ligne)
  7. Histoire des savoirs sur le crime et la peine : Tome 1, p.231
  8. Philippe Pinel, Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale ou La manie [détail des éditions], 1801, p.156 et suivantes.
  9. Philippe Pinel, Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale ou La manie [détail des éditions], 1801, p.155.
  10. Philippe Pinel, Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale ou La manie [détail des éditions], 1809, p.193 et suivantes.
  11. "La folie partielle n'a pas toujours pour caractère l'altération de l'intelligence ; quelquefois les facultés affectives sont seules lésées ; quelquefois on n'observe de désordre que dans les actions. C'est ce que les auteurs ont appelé folie raisonnante" in J.-É Esquirol, Des maladies mentales : considérées sous les rapports médical, hygiénique et médico-légal, 1838, tome 2, p.791.
  12. J.-É Esquirol, Des maladies mentales : considérées sous les rapports médical, hygiénique et médico-légal, 1838, tome 2, p.792

Bibliographie modifier

  • Maurice Cusson, La Criminologie, Hachette, coll. « Les Fondamentaux » [détail des éditions]
  • Christian Debuyst, « Pour introduire une histoire de la criminologie : les problématiques de départ », Déviance et société, vol. 14, no 4,‎ , p. 347-376 (lire en ligne)

Voir aussi modifier

 

Liens externes modifier

Organisations modifier

Enseignement, formations modifier

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